Vinz Kanté
Charbon, gaz et pétrole furent des outils de paix, assure le chercheur Pierre Charbonnier dans « Vers l'écologie de guerre ». Fini le « pacifisme libéral » : pour les grandes puissances, agir pour le climat devient un gage de stabilité.
Alors que la Chine et les États-Unis rivalisent pour décarboner leurs économies, l’Europe fait de sa politique énergétique une arme de guerre pour contrer l’attaque de la Russie en Ukraine. Pour le philosophe Pierre Charbonnier, auteur de Vers une écologie de guerre (La Découverte, 2024), il faut voir là les signes d’un nouvel âge géopolitique où l’écologie participerait à la définition de la sécurité collective entre les nations.
Le philosophe Pierre Charbonnier et la chercheuse Yamina Saheb échangent, pour « Le Monde », autour de cette notion qui prend un sens particulier en français. Elle sera au cœur de plusieurs discussions et conférences de La Nuit de l’énergie, organisée par l’Ecole normale supérieure le 20 septembre.
C’est l’hypothèse audacieuse explorée par Pierre Charbonnier dans son ouvrage Vers l’écologie de guerre. Extrait choisi.
Les grand-messes climatiques internationales, au premier rang desquelles les COP, ont largement montré leurs limites. Et si une baisse des émissions mondiales ne pouvait s'envisager sans une certaine dose de conflictualité ? C'est la thèse défendue par le philosophe Pierre Charbonnier, qui publie le 29 août Vers l’écologie de guerre. Une histoire environnementale de la paix aux éditions La Découverte. Entretien.
L'étrange hypothèse qui structure ce livre est que la seule chose plus dangereuse que la guerre pour la nature et le climat, c'est la paix. Nous sommes en effet les héritiers d'une histoire intellectuelle et politique qui a constamment répété l'axiome selon lequel créer les conditions de la paix entre les hommes nécessitait d'exploiter la nature, d'échanger des ressources et de fournir à tous et toutes la prospérité suffisante.
Le livre de Jean-Baptiste Fressoz, Sans transition, doit nous faire réfléchir
Pour le philosophe Pierre Charbonnier, un nouveau compromis social peut être bâti pour répondre à l’impératif écologique, sans remettre en cause les progrès sociaux auxquels est attachée la majorité de la population.
Les études sociales sur l’énergie ont l’habitude de présenter ces enjeux sous la forme d’un trilemme. À ses trois pointes, on trouve (1) la sécurité d’approvisionnement, la réponse aux objectifs climatiques, la distribution sociale ..
L’écologie est désormais incontournable à gauche, mais pour arriver à un aboutissement politique et électoral, il faut l’articuler avec la question sociale, estime le philosophe Pierre Charbonnier.
Les relations de l’homme au milieu naturel ont longtemps été pensées dans le cadre d’une opposition terme à terme entre nature et société. La crise écologique nous invite à interroger ce partage, à revenir sur le sens et les limites de ce clivage. Ce livre vise à éclairer les ambiguïtés du rapport à la nature des modernes à partir de trois œuvres majeures : Les formes élémentaires de la vie religieuse d’Émile Durkheim, La pensée sauvage de Claude Lévi-Strauss et Par-delà nature et culture de Philippe Descola.
Qu’il s’agisse de préparer les systèmes sociaux aux conséquences du changement climatique ou d’en limiter l’impact, une compétition politique s’organise autour de la capacité à intégrer la Terre dans la construction du politique. Est-ce vraiment « la fin de l'abondance » ?
L'invasion de l'Ukraine a ouvert une nouvelle matrice stratégique et politique pour les années Vingt. Pour que les politiques climatiques rencontrent l'histoire, l'écologie de guerre doit devenir une politique sociale.
Alors que le consensus de la modernité verte semble s'imposer partout, nous pouvons encore choisir son modèle. Au-delà de l'alternative stérile entre capitalisme décarboné et apocalypse, l'Europe a les moyens d'inventer une proposition politique moins tributaire de l'esprit de conquête que celles de la Chine et des États-Unis. Suite d'articles.
Pourquoi les écologistes doivent apprendre à parler le langage de la géopolitique.
Sous la forme d'une magistrale enquête philosophique et historique, ce livre propose une histoire inédite : une histoire environnementale des idées politiques modernes. Il n'ambitionne donc pas de chercher dans ces dernières les germes de la pensée écologique (comme d'autres l'ont fait), mais bien de montrer comment toutes, qu'elles se revendiquent ou non de l'idéal écologiste, sont informées par une certaine conception du rapport à la terre et à l'environnement.
Dans la lutte contre le dérèglement climatique, la notion d’«effondrement» a gagné en popularité. Mais le «devoir de vérité» ne risque-t-il pas de dériver en «prédication impuissante» ? Débat entre Corinne Morel Darleux, militante écosocialiste, et le philosophe Pierre Charbonnier.
Face à l’urgence environnementale, faut-il revenir à l’idée de nature, et rompre avec l’imaginaire moderniste selon lequel l’homme peut avoir un contrôle total sur elle ? Faut-il, comme le préconise F. Neyrat, en finir avec le « constructivisme » ? Rien n’est moins sûr, selon P. Charbonnier.