En nous émancipant des énergies fossiles, nous sombrons en réalité dans une nouvelle dépendance : celle aux métaux rares. Graphite, cobalt, indium, platinoïdes, tungstène, terres rares… ces ressources sont devenues indispensables à notre nouvelle société écologique (voitures électriques, éoliennes, panneaux solaires) et numérique (elles se nichent dans nos smartphones, nos ordinateurs, tablettes et autre objets connectés de notre quotidien). Or les coûts environnementaux, économiques et géopolitiques de cette dépendance pourraient se révéler encore plus dramatiques que ceux qui nous lient au pétrole. Dès lors, c’est une contre-histoire de la transition énergétique que ce livre raconte – le récit clandestin d’une odyssée technologique qui a tant promis, et les coulisses d’une quête généreuse, ambitieuse, qui a jusqu’à maintenant charrié des périls aussi colossaux que ceux qu’elle s’était donné pour mission de résoudre.
Partout, l'heure est à l’intensification de l’exploitation industrielle des «ressources naturelles». Forêts, eau douce, minerais, sable, rivières, faune sauvage, gaz de schiste, pétrole, terres fertiles, paysages grandioses: tout y passe! La justification de ces efforts est partout la même: cette exploitation est un facteur de croissance essentiel dont il serait fou de ne pas profiter alors que les emplois manquent et que les États sont endettés. C’est le choix de l’extractivisme. Si ce phénomène suscite des débats, ceux-ci ne portent généralement que sur les conditions de l’exploitation de ces richesses: qui va vraiment profiter de ces ressources? Comment ne pas faire trop de dégâts en les mettant à profit ? Est-ce le bon moment de les exploiter?