Ce 18 juin, nous lançons un appel solennel à toutes les forces social-écologistes en Belgique, y compris celles qui sont isolées, à former un front commun.
Céline, Cédric, David, Eric, Jean-Michel, Laurent, Paul, Raphaël
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Collaborateurs de l’Observatoire de l’Anthropocène
Les résultats des élections du 9 juin dernier ont été un véritable séisme pour les forces progressistes. En Belgique comme dans de nombreux autres pays européens, elles ont essuyé une défaite cinglante face à des formations politiques faisant fi des immenses défis environnementaux et sociaux auxquels l’humanité est confrontée.
Une semaine plus tard, le choc et l’incrédulité demeurent. Comment les artisans de la destruction des équilibres naturels et du creusement des inégalités ont-ils pu être plébiscités par les urnes ? Pourtant, l’urgence n’a jamais été aussi brûlante. La dégradation des écosystèmes et le réchauffement climatique atteignent des niveaux critiques tandis que les fractures sociétales se creusent inexorablement. Nous ne pouvons nous résoudre à cette régression qui condamne nos enfants et la vie sur Terre.
Nous sommes à un moment charnière. La défaite ne doit pas mener au défaitisme mais à la transcendance des divergences. L’occasion est historique de rassembler les forces progressistes autour d’un nouveau contrat social-écologique ambitieux : une économie résiliente, sobre en ressources et respectueuse des équilibres naturels, en rupture totale avec la course destructrice à la croissance. Il s’agit de défendre un modèle plus juste, solidaire, pacifique et en harmonie avec le vivant.
Bien que les divergences sur les modalités précises ne manqueront pas, la détermination à rompre durablement avec le capitalisme écocidaire et productiviste devra être la ligne de conduite de ce large front social-écologiste.
Cependant pour y parvenir, les forces progressistes ne pourront prétendre porter un tel projet de transformation sociétale qu’à condition de procéder elles-mêmes à une profonde remise en cause. Ni écologistes, ni marxistes, ni socialistes, ni humanistes ne peuvent aujourd’hui se hisser à la hauteur de l’enjeu sans une autocritique sévère de leurs diagnostics, projets, programmes et discours. Où avons-nous failli à convaincre au quotidien ? En quoi notre discours et nos propositions sont-ils apparus déconnectés des réalités vécues au quotidien ?
Ce processus de réinvention ne sera pas aisé, tant les intérêts économiques et politiques établis chercheront à le freiner. Mais n’oublions pas qu’il y a 84 ans, un autre appel, celui du 18 juin 1940, a changé le visage des pays vaincus. Il a résonné dans une situation qui semblait désespérée. Aujourd’hui comme hier, les forces progressistes doivent puiser dans les réservoirs du courage et de la détermination pour faire l’Histoire.
Cette union des forces vives est la seule voie possible. Les dérives du système actuel ont été démontrées, aucune solution durable n’est envisageable en son sein. C’est pourquoi ce mouvement social-écologique peut et doit devenir culturellement hégémonique et politiquement majoritaire, s’il s’organise avec vision, stratégie et pragmatisme.
Dans cette période cruciale de reconstruction idéologique et programmatique, chaque force vive devra prendre sa part afin que chaque citoyen et citoyenne puisse habiter dignement un territoire, avoir accès à des services publics performants, mettre des aliments sains sur sa table, se projeter dans un métier qui a un sens, ou encore, proposer une éducation de qualité à ses enfants.
C’est à ce prix que la mobilisation populaire pourra embrasser la cause social-écologique dans toute son ampleur transformatrice.
Avant qu’il ne soit trop tard, l’heure est venue de relever ce défi historique. Faisons front commun. Mobilisons-nous dès aujourd’hui, par la réflexion, la sensibilisation et l’engagement concret sur le terrain.