2024
Au Japon, le plus occidental Etat d’Extrême-Orient, acquis aux règles économiques du marché à l’européenne, l’économiste et philosophe Kohei Saito vient jouer l’empêcheur de penser en rond. Diplômé de l’université Humboldt de Berlin et professeur d’économie politique à l’université d’Osaka au Japon, Kohei Saito nous enjoint à tourner le dos à la croissance infinie et indéfinie et de construire, sur la base de coopératives, une sobriété partagée. Ce qu’il appelle le «communisme de décroissance», seul à même, selon lui, de dépasser le capitalisme productiviste, nocif à la planète.
La traduction française de Hitoshinsei no Shihonron (Le capital dans l’anthropocène), best-seller du philosophe japonais Kohei Saito, spécialiste de Marx, vient de paraître sous le titre "Moins ! La décroissance est une philosophie" (Seuil, 368 p. 23 euros).
Marx attaque. Le projet de ce jeune penseur : dépoussiérer la pensée de Karl Marx pour l’adapter à l’urgence écologique. Son dernier livre, Moins ! La décroissance est une philosophie (Seuil, 2024), vient d’être traduit en français. Portrait.
À propos de : John Bellamy Foster, Marx écologiste, éditions Amsterdam. John Bellamy Foster présente une approche marxiste de la crise écologique fondée sur le matérialisme écologique, l’hypothèse de la « rupture métabolique » et la dialectique de la nature.
Paul Guillibert est philosophe au CNRS et spécialiste de l'application du marxisme aux questions socio-écologiques. Dans cette conférence, il parle des différentes manières dont le capitalisme met les humains, le vivant et la nature au travail — et des pistes pour se réapproprier l'appareil productif.
Le philosophe Kohei Saïto, né à Tokyo en 1987, est une star du marxisme au Japon. Dans son pays, son livre Hitoshinsei no Shihonron (Le capital dans l’anthropocène), publié dans sa version originale en 2020 et non traduit en français, s’est vendu à plus d’un demi-million d’exemplaires. Ses ouvrages synthétisent ses recherches, qui articulent marxisme et écologie. « Aux Etats-Unis, le terme “communisme” revêt des connotations négatives. Au Japon, c’est pratiquement pareil », explique Saïto depuis son bureau à l’université de Tokyo, où il est professeur associé et « le seul » expert sur le marxisme. Il a également publié La nature contre le capital : l’écologie de Marx dans sa critique inachevée du capital.
Il est indéniable que Marx s’est intéressé aux problèmes de l’environnement à son époque, et a critiqué les dégâts provoqués par le mode capitaliste de production. Mais il faut reconnaitre que les thèmes écologiques ne prennent pas une place centrale dans le dispositif théorique marxien et que les écrits de Marx sur le rapport entre les sociétés humaines et la nature sont loin d’être univoques et peuvent donc être l’objet d’interprétations différentes.
2023
L’activiste et théoricien suédois s’attache à concilier marxisme et environnementalisme, et invite le mouvement climat à dépasser le pacifisme pour lutter contre le « capitalisme fossile ».
Lorsqu’en 1867 Marx publie à Hambourg le livre I du Capital, cinq longues années sont nécessaires pour écouler le tirage de 1 000 exemplaires. Cent-cinquante ans plus tard, un universitaire japonais publie « Le Capital dans l’anthropocène » qui se vend à 500 000 exemplaires… Kōhei Saitō y propose une relecture écologiste du philosophe allemand, alliant décroissance et communisme. Le « redoutable missile » que Marx croyait avoir « lancé à la tête de la bourgeoisie » vient-il d’être à nouveau mis en orbite depuis le Japon ? Éléments de réponse dans cet entretien avec l’auteur.
2022
Le marxisme est-il l’avenir de l’écologie politique ? Si cette question surprendra ceux qui découvrent le courant écosocialiste, les autres y reconnaîtront l’orientation fondamentale du travail de John Bellamy Foster : voir dans le mode de production capitaliste la cause principale de la destruction de la nature aussi bien que des vies humaines, et ramener à Marx les luttes écologistes de la gauche contemporaine. Avec Brett Clark, lui aussi professeur de sociologie aux États-Unis, ils proposent ainsi dans Le pillage de la nature un parcours qui va des études consacrées par Marx aux effets du capitalisme sur les terres agricoles,...