Bruno Latour

OA - Liste

« Comment prendre pour « réaliste » un projet de modernisation qui aurait « oublié » depuis deux siècles de prévoir les réactions du globe terraqué aux actions humaines ?

Comment accepter que soient « objectives » des théories économiques incapables d’intégrer dans leurs calculs la rareté de ressources dont elles avaient pourtant pour but de prévoir l’épuisement ?

Comment parler d’ »efficacité » à propos de systèmes techniques qui n’ont pas su intégrer dans leurs plans de quoi durer plus de quelques décennies ?

Comment appeler « rationaliste » un idéal de civilisation coupable d’une erreur de prévision si magistrale qu’elle interdit à des parents de céder un monde habité à leurs enfants ?  » Bruno Latour

2021

Si l’abeille à miel est devenue le symbole de la pollinisation, elle n’est en réalité qu’un des membres, certes illustre, d’une immense famille : celle des indispensables insectes butineurs.
Les anciens tests se contentent de vérifier si les abeilles exposées aux pesticides ne meurent pas à court terme (toxicité aiguë). Ils ne prennent pas systématiquement en compte les effets d’un produit à long terme (toxicité chronique), ni ses nombreux effets «sublétaux», c’est-à-dire les dégâts qui ne tuent pas directement les pollinisateurs mais provoquent leur mort en différé : cerveau des abeilles endommagé et désorientation, malformations des larves, troubles de la reproduction, baisse de l’immunité etc. Les impacts des pesticides sur les abeilles solitaires et les bourdons, parfois plus vulnérables encore que les abeilles domestiques, sont également ignorés.