Bruno Latour

OA - Liste

« Comment prendre pour « réaliste » un projet de modernisation qui aurait « oublié » depuis deux siècles de prévoir les réactions du globe terraqué aux actions humaines ?

Comment accepter que soient « objectives » des théories économiques incapables d’intégrer dans leurs calculs la rareté de ressources dont elles avaient pourtant pour but de prévoir l’épuisement ?

Comment parler d’ »efficacité » à propos de systèmes techniques qui n’ont pas su intégrer dans leurs plans de quoi durer plus de quelques décennies ?

Comment appeler « rationaliste » un idéal de civilisation coupable d’une erreur de prévision si magistrale qu’elle interdit à des parents de céder un monde habité à leurs enfants ?  » Bruno Latour

2024

Au terme d’un travail de quinze ans, l’Union internationale des sciences géologiques a voté contre l’inscription de l’anthropocène en tant que période géologique. Mais la décision est loin de faire consensus.

2021

L’Anthropocène, cette nouvelle époque géologique déterminée par l’homme, s’est imposé comme la notion résumant la complexité des dégâts écologiques actuels. Mais le terme a gagné en popularité sans jamais être réellement défini. L’enjeu de son contenu est pourtant majeur car l’Anthropocène ne questionne ni plus ni moins que le récit de notre évolution. Et conditionnera donc le débat sur les solutions à la crise que nous traversons.
Il faut revenir 20 ans en arrière, s'enfermer dans une salle de réunion d’un hôtel mexicain, pour assister à «l'invention» de l'Anthropocène. Une cinquantaine de scientifiques est réunie pour discuter des orientations du Programme International Géosphère Biosphère. Alors que les prises de paroles se succèdent, l'un des participants montre des signes d’impatience. Il s'agit du prix Nobel Paul Crutzen, décédé en janvier 2021.
Les traces de l’activité humaines sont devenues tellement importantes que nous sommes entrés dans un nouvelle ère géologique : l’Anthropocène. C’était la thèse, célébrissime, défendue par le chimiste de l’atmosphère néerlandais Paul Josef Crutzen, qui s’est éteint hier. Lui qui appelait à réduire notre empreinte sur la nature en laissera une, indélébile, dans la pensée écologique. Formé en météorologie à l’université de Stockholm, Paul Crutzen dirigea le prestigieux institut Max-Planck de 1980 à 2000 – et obtiendra, au passage, le prix Nobel en 1995 pour le travail mené, avec Mario J. Molina et Frank Sherwood Rowland, sur la décomposition de l’ozone.