Philippe Bihouix

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2023

Je reçois Damien Salel et Philippe Gauthier, experts en énergies renouvelables, pour parler du cas de l'Australie Méridionale, dont l'expérience est méconnue et pourtant incroyable : passer en 15 ans d'un système électrique 100% fossile (gaz et charbon) à un système 70% solaire et éolien (dont 0% d'éolien en mer !), un peu de batteries, et le reste gaz fossile (avec un plan pour s'en débarrasser quasi-entièrement). Ce territoire est plutôt avantagé par l'ensoleillement et le vent, mais désavantagé par son isolement, sa population éparpillée, et l'absence de fleuves exploitables (donc pas d'hydraulique pour juguler la variabilité du vent et du soleil). Comment un tel exploit fut-il possible ? Damien et Philippe ont passé des dizaines d'heures à essayer de comprendre, et nous en font ici un résumé

2022

L’industrie pétrolière est dans une situation paradoxale. D’une part, les investissements et le nombre de puits en exploitation chutent depuis 2014. D’autre part, la production se maintient sans réelle difficulté et les profits augmentent rapidement. Ces étonnants constats ont été rendus publics lors d’un événement en ligne d’une demi-journée tenu le 1er septembre par Rystad Energy. Et la guerre en Ukraine n’a qu’une influence marginale sur cette tendance, amorcée dès le milieu des années 2010. Mais l’industrie n’est pas tirée d’affaire : le pic pétrolier est toujours en vue.
Dans un long article publié en juillet dans la revue scientifique IEEE Access, une équipe de chercheurs dirigée par Christian Breyer fait une revue de la littérature relative aux scénarios de transition reposant à 100 % sur les énergies renouvelables. Plus de 700 articles scientifiques ont déjà été publiés sur sujet. Le domaine de recherche est en pleine explosion depuis 2018 et de nombreux modèles démontrent la faisabilité technique du projet. Pourtant les autorités gouvernementales et les instances internationales tardent à reconnaître ces résultats, s’en tenant à des scénarios plutôt frileux.
Philippe Gauthier revient sur Plan(s) B pour tenter de nous permettre d'y voir plus clair dans la situation actuelle, avec certaines analyses rassurantes, d'autres moins (mais surmontables à terme selon lui) :
La récente étude de KU Leuven sur les métaux de la transition a fait bondir bien des gens lorsque les médias ont révélé que la demande en lithium de l’Europe allait bondir de 3 500 % d’ici 2050. Mais ce chiffre alarmant est trompeur. D’une part, il ne représente que le lithium utilisé dans la fabrication de batteries, domaine dont l’Europe est presque absente en ce moment. D’autre part, les besoins de l’Europe ne représenteront que 11,7 % de la demande mondiale de lithium en 2050, ce qui est élevé, mais pas excessif. La part des autres métaux sera encore plus faible, de l’ordre de 2 à 3 % seulement.
Peu après le début du conflit en Ukraine, en février, la presse internationale a alerté l’opinion publique sur les risques de pénurie de néon, un gaz rare, mais crucial pour la production des semi-conducteurs. Les données, quelque peu contradictoires, indiquaient que l’Ukraine fournirait entre 55 et 90 % du néon utilisé dans le monde. L’industrie des semi-conducteurs devait donc se préparer à une crise majeure à relativement brève échéance. Puis, à partir du début d’avril, silence radio. La crise s’est-elle résorbée? À quel point était-elle sérieuse en premier lieu? Enquête sur un gaz méconnu.
Le groupe de recherche et de réflexion sans but lucratif Ember, basé en Angleterre, vient de publier son rapport annuel sur la production électrique dans le monde en 2021. Son principal constat : pour la première fois, la contribution des énergies renouvelables intermittentes (photovoltaïque et éolien) vient de dépasser celle du nucléaire : 10,3 % du total, contre 9,9 %. Autre constat, plus alarmant : la très forte hausse de la demande en électricité dans le monde en 2021 (+7 %) a principalement été comblée avec du charbon, puis avec des renouvelables. Les autres formes d’énergie, dont le gaz, n’ont joué qu’un faible rôle.
Les réserves mondiales de cuivre seront-elles réellement épuisées dans 31 ans, comme on le lit parfois? Bien que les ressources minérales ne soient évidemment pas illimitées, ces spéculations ne reflètent aucunement l’état actuel de la recherche géologique. Nous ne serons pas à court de cuivre, comme de la plupart des autres métaux, dans un avenir prévisible. Les enjeux de rareté ne portent pas sur l’état des stocks, mais sur le débit de production. Il y a assez de cuivre dans le sous-sol, mais le rythme d’extraction ne suit pas le rythme de la demande.
Selon l’autorité de surveillance financière des États-Unis (GAO – Government Accountability Office), le département de l’Énergie a investi environ 1,1 milliard de dollars entre 2009 et 2015 dans neuf projets de capture et séquestration du carbone (CCS).
On affirme souvent que les panneaux photovoltaïques ne sont pas soutenables parce qu’il faut absolument utiliser du charbon pour raffiner le silicium dont ils sont composés. Mais combien de charbon faudrait-il au juste pour compléter le volet photovoltaïque de la transition énergétique? Une rapide analyse montre que les quantités nécessaires sont insignifiantes et qu’elles ne constituent en aucun cas un frein à la transition.
Les zones d’exploitation du pétrole et du gaz de schiste sont dans un état de déplétion beaucoup plus avancé que ce que laissent entendre les statistiques de l’EIA, l’agence américaine d’information sur l’énergie. C’est du moins ce qu’avance le géologue canadien David Hughes, dans un rapport publié en décembre 2021 par le Post Carbon Institute.
Le retour d’une technologie ancienne aide l’Australie à gérer sa variabilité électrique

2021

L’Australie se lance actuellement dans un effort de transition écologique particulièrement audacieux. On prévoit que l’électricité y sera 100 % renouvelable certaines journées dès 2025. Les carburants fossiles ne joueront plus qu’un rôle d’appoint en 2030.
Les discussions sur la transition énergétique se terminent souvent sur le constat que la sobriété est importante. L’ennui, c’est que ce concept n’est pas défini. Quel serait un mode de vie compatible avec les limites planétaires?
Les terres rares et les métaux peu courants y abondent, souvent utilisés dans des alliages ou comme dopants pour améliorer la sensibilité et la performance des circuits.
Quelle est la cause des délestages électriques qui affligent actuellement une grande partie de la Chine? Les médias ont vite sauté sur deux hypothèses pour expliquer la sous-production des usines électriques chinoises : l’embargo sur le charbon australien et la chute de la production en Chine même.
La production de cobalt et de nickel va continuer à augmenter, mais pas à un rythme suffisant pour couvrir tous les besoins de l’industrie des batteries.
Quelles sont les conséquences de cette situation sur la production des métaux? Sur les techniques d’exploitation? Sur la capacité de l’industrie minière à répondre à nos besoins à long terme? Voilà quelques-uns des thèmes qu’aborde une récente étude de Simon P. Michaux, un géologue australien à l’emploi de la commission d’études géologiques de la Finlande.
Dans une étude récente, l’ingénieur pétrolier Jean Laherrère, connu pour avoir popularisé la notion de pic pétrolier, s’est attaqué à l’épineuse question du pic des métaux. Ses conclusions, admet-il lui-même, doivent être manipulées avec prudence, parce que les réserves mondiales de métaux demeurent mal connues et que les rares sources disponibles tendent à se contredire. Le principal intérêt de cette étude consiste au final à voir l’auteur confronter les données et les soumettre à son jugement critique.
Le taux de retour énergétique (EROEI) de l’énergie solaire serait compris entre 22 et 52 pour 1, selon le niveau d’ensoleillement du site. Ce sont là les résultats d’une nouvelle étude américaine publiée le 1er juin dans la revue Progress in Photovoltaics.
e suis un spécialiste des enjeux énergétiques et, à ce titre, je vais aborder le bilan de la décroissance sous l’angle de la production et de la consommation d’énergie. Dans ce domaine, la décroissance offre peu d’outils analytiques qui lui sont propres. Elle emprunte une bonne partie de ceux qu’elle utilise au monde de l’économie physique (on dit aussi biophysique ou écologique) avec qui elle entretient des liens étroits.

2020

L’idée d’un monde basé sur les transports actifs, et en particulier sur le vélo, est un thème récurrent dans les réflexions sur la décroissance. C’était l’une des pistes de transformation du Manifeste du Mouvement québécois pour une décroissance conviviale1 et cette notion joue également un rôle important dans les réflexions du groupe Degrowth.info, basé en Allemagne2. Les grands médias associent également décroissance et pratique du vélo3.
La facture de nettoyage est estimée à environ 280 milliards de dollars, dont 117 milliards pour le Texas qui compte à lui seul 783 000 puits non obturés documentés. Les puits non obturés peuvent laisser s’échapper des restes de pétrole et de gaz naturel et constituent une menace pour les milieux naturels et le climat.
La géothermie est souvent présentée comme une source d’énergie propre et illimitée. On peut se demander, dans ces conditions, pourquoi elle n’est pas davantage exploitée. Comme souvent, c’est un mélange de contraintes techniques et de limites physiques qui la rendent peu attrayante. Et en pratique, la géothermie n’est pas si propre que cela non plus.
Existe-t-il vraiment des réserves de charbon pour plusieurs siècles? Plusieurs spécialistes de la question ont émis de sérieux doutes à ce sujet dans le passé, mais les réserves mondiales de charbo…
Entendre cette clameur des vivants qui habitent avec nous la Terre est devenu une affaire de vie ou de mort. Tel est le sens des « propositions pour un retour sur Terre » : engager une politique qui viendrait se substituer à celle de la croissance et de la consommation infinies pour ouvrir la voie d'un habiter terrestre, viable et fraternel.
Penser écologiquement et socialement le monde de demain, celui de l’après Covid-19, préoccupe et nourrit de nombreuses réflexions. Afin de nourri le débat, nous republions ici en intégralité les Propositions pour un retour sur Terre proposées par Dominique Bourg, Philippe Desbrosses, Gauthier Chapelle, Johann Chapoutot, Xavier Ricard-Lanata, Pablo Servigne et Sophie Swaton

2019

L’Alberta compterait près de 343 000 puits de pétrole et de gaz. Sur ceux-ci, 150 000 sont inactifs (ne sont plus exploités, sans être rebouchés) ou abandonnés (rebouchés de manière définitive et sûre). On est également sans nouvelles d’environ 100 000 puits qui ne paient plus de redevances et qui ne produisent sans doute plus d’hydrocarbures. La loi exige la remise en état de ces sites par les entreprises pétrolières responsables,
Une étude récente, menée dans les Pyrénées françaises et publiée dans la revue Nature Geoscience, révèle que même les régions montagneuses isolées sont exposées à une pluie continue de particules de plastique qui sont en suspension dans l’air. Les vents transportent ces particules sur des distances qui atteignent au moins 95 km, et probablement plus.
Dans un blogue récent, Ugo Bardi attire l’attention sur le déclin de la production mondiale de ciment. Depuis 1940, celle-ci doublait tous les dix ans, à un rythme remarquablement constant et indépendant des crises économiques. Mais en 2015, cette croissance s’arrête sans crier gare. Le phénomène n’a pas encore beaucoup attiré l’attention des médias, mais les nouvelles données pour 2018 confirment ce plafonnement de la production, qui est peut-être un signe avant-coureur de la fin de la croissance.

2018

La fabrication de ciment est l’une des activités industrielles les plus émettrices de gaz à effet de serre (GES) dans le monde. L’énergie nécessaire au procédé représente environ 40% des émissions, mais 60 % provient du calcaire lui-même, qui libère du carbone sous forme de CO2 lors qu’il se transforme en ciment. Ce texte présente les trois avenues envisagées pour réduire les émissions des cimenteries : réduction des pertes de chaleur, carburants alternatifs et modifications à la composition du ciment.
En dépit des statistiques rassurantes selon lesquelles les réserves de charbon seraient quasi inépuisables, la production mondiale de charbon a atteint un sommet en 2013 et décline lentement depuis. Certains voudront y voir la preuve que la planète délaisse le charbon pour atteindre ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre. Mais comme les autres carburants fossiles ne suivent pas la même tendance, il est plus raisonnable d’estimer qu’il existe des contraintes géologiques – autrement dit, que la déplétion de la ressource est plus avancée que prévu.
Parler d’énergie, oui, mais pas n’importe comment. Il n’existe pas de solution purement technologique. Il faut remettre en question nos besoins sans cesse croissants, pas s’acharner à les assouvir par tous les moyens. Ne miser que sur la réduction des émissions de carbone nous enferme dans une logique de destruction continue des écosystèmes et d’épuisement des ressources.

2016


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