groupe de réflexion
ecologie21.eu
Origines de l’initiative
À l’origine de cette initiative, il y a d’abord un effroi psychologique et social. Le constat de notre déni collectif et de notre paralysie face aux effondrements en cours.
Alors que les scientifiques sonnent l’alarme depuis plus de 50 ans, alors que canicules, sécheresses, incendies, inondations, pénuries et pandémie ont déjà frappé lourdement notre pays et le monde, alors que nous pouvons toutes et tous le ressentir, nous n’avons toujours pas décidé de nous hisser ensemble à la hauteur de l’urgence écologique, sociale et démocratique.
À l’origine de cette initiative, il y a ensuite un choc politique. Le choc de constater qu’au soir du 9 juin 2024, les Belges, mais aussi nos concitoyens européens, avaient massivement voté pour des partis qui alimentent ce déni collectif et cette paralysie face aux effondrements en cours.
En Belgique et en Europe, il n’existe toujours pas de majorité politique stable pour nous hisser ensemble à la hauteur de l’urgence écologique, sociale et démocratique.
Vu le contexte, les forces de l’écologie, au sens le plus large et non partisan, viennent de subir la pire défaite de leur histoire, alors que c’est d’une victoire incontestable dont nous avions besoin.
Pire, depuis une dizaine d’années, nous sentons une progression croissante de la réaction anti-écologique, anti-sociale et anti-démocratique, à la fois chez les électeurs et chez les élus. Comme si les démocraties voulaient se suicider.
À l’origine de cette initiative, il y a enfin une angoisse scientifique. Nos choix politiques et économiques, en Belgique et ailleurs dans le monde :
– accélèrent l’écocide planétaire et aggravent la souffrance des humains et des animaux,
– favorisent la démesure et empêchent la mise en place des limites indispensables à l’exploitation économique des êtres humains et des espèces vivantes
– nous confrontent donc à une situation que l’on doit qualifier d’urgence écologique, sociale et démocratique de nature existentielle.
Le consensus scientifique est clair :
– la sixième extinction de masse – certains scientifiques parlent d’éradication – du vivant s’accélère,
– six limites planétaires sur les neufs identifiées sont franchies et deux autres en passe de l’être,
– de nouvelles pandémies ont toutes les chances de survenir, plus fréquentes et plus meurtrières,
– la sécurité alimentaire mondiale est gravement menacée,
– des zones entières vont devenir inhabitables à cause de la catastrophe climatique, entraînant des flux migratoires sans précédent.
De plus en plus d’entre nous l’ont compris : nos existences et celles de nos enfants sont en jeu. C’est pourquoi il importe de sortir immédiatement du déni et de la paralysie, afin d’agir ensemble en tant que membres d’un même pays démocratique.
Nous refusons que ces forces mortelles l’emportent sur notre pulsion de vie.
Mais comment agir ensemble ? Et que faire concrètement ? Le découragement et le désespoir guettent même les plus engagés d’entre nous. Le mouvement climat qui a émergé à la suite de l’été de tous les records et du rapport spécial du GIEC à l’automne 2018 semble être tombé dans le coma. Comme si ce découragement et ce désespoir qui poussent à l’action s’étaient transformés en résignation qui pousse à la passivité.
Nous refusons de nous résigner car il n’y a jamais eu dans l’histoire de fatalité au pire.
Bien qu’aucun de nous n’ait de baguette magique pour tout résoudre, nous disposons toutes et tous d’une capacité d’action, individuelle ET collective, qui nous rend individuellement ET collectivement responsables de nos choix politiques et économiques, en tant que citoyennes et citoyens d’un pays démocratique.
Nous refusons d’éteindre notre lucidité, de nous taire et de ne rien faire.
Nous resterons lucides jusqu’au bout, nous dirons haut et voir ce que nous voyons et nous continuerons à agir.
Certes, le consensus scientifiques est clair : les catastrophes que nous connaissons déjà vont se multiplier et s’intensifier de manière certaine, à cause de l’inertie du système économique et du système Terre. Nous pensons que l’instrument de la destruction de nos conditions de vie se trouve dans cette économie mondialisée, productiviste, capitaliste, néolibérale, transhumaniste, totalement hors-sol et déconnectée du réel. La foi béate dans la technoscience ainsi qu’une approche inepte des menaces participent également de ce déni et de cette paralysie mortelles. Il semble que nous soyons incapables d’imaginer une autre économie, une autre société, une autre politiques, d’autres institutions qui puissent être à la fois soutenables, jutes, démocratiques, et favorables au bien-être humain et non humain.
Nous refusons de considérer l’existant et l’actuel comme indépassables.
Nous pensons que l’aventure humaine est loin d’être terminée et d’avoir atteint son sommet. Nous sommes convaincus que seule une rupture de notre trajectoire de civilisation peut répondre à l’urgence existentielle actuelle.
Érigés en bouc émissaire ou invisibilisés, les enjeux climatiques et environnementaux ont été quasi absents de la campagne pour le scrutin du 9 juin dernier et son résultat est venu confirmer que ces menaces pourtant existentielles sont complètement passées à l’arrière-plan.
Nous sommes très inquiets que le débat public soit quasi inexistant et que très souvent, des propos faussement rassuristes soient opposés au discours scientifique. La démocratie repose sur un débat public où la population doit avoir accès à des informations fiables pour comprendre les enjeux et les menaces. L’urgence climatique, et plus largement le maintien de l’habitabilité de la planète pour le vivant (humains compris), est le plus grand défi de l’histoire de l’humanité. Nier ou minimiser ces menaces, semer le doute et vendre du rêve, équivaut à collaborer à l’inaction écocidaire.
Malgré la défaite historique du 9 juin 2024, nous avons l’impression qu’un silence assourdissant règne parmi les forces progressistes, démocratiques, sociales et écologiques au sein de la société civile, des corps intermédiaires et des partis. Nous n’avons pas connaissance d’un exercice d’évaluation des causes de l’échec historique ni d’un exercice d’analyse de la situation et des suites à y donner, qui soit explicitement mené, scientifiquement crédible et communiqué publiquement.
Nous refusons ce déni politique des forces progressistes, qui consiste à faire comme s’il ne s’était rien passé le 9 juin.
Nous voulons agir pour qu’une évaluation et une analyse sérieuses et publiques de la défaite des forces progressistes, démocratiques, sociales et écologiques soit menée et proposée à la population.
Il est tout aussi urgent de penser que d’agir.
Objectifs
Le 18 juin 2024, nous lancions un appel solennel à toutes les forces social-écologistes en Belgique, y compris celles qui sont isolées, à former un front commun : l’appel social-écologique du 18 juin 2024.
Plus de 3 mois après le scrutin du 9 juin, de nombreuses questions demeurent et il ne semble pas y avoir eu de tentatives parmi les forces progressistes d’entamer une réflexion collective ni de chercher à réaliser un diagnostic de la situation, étape pourtant nécessaire à l’action collective face à l’urgence écologique, sociale et démocratique.
C’est pourquoi le groupe Écologie21, initié par des co-animateurs de l’Observatoire de l’Anthropocène, souhaite proposer aux citoyennes et citoyens une réflexion collective afin de dresser un constat avant de pouvoir envisager la suite de l’appel social-écologique du 18 juin 2024 et d’éventuelles actions.
Voici quelques-unes des questions auxquelles nous souhaitons réfléchir ensemble :
- Comment expliquer l’échec de la gauche progressiste en général, des socialistes, des écologistes, des activistes, des associations, à déployer une forme d’hégémonie culturelle et stabiliser une majorité politique pour mettre démocratiquement en œuvre une politique sociale-écologique ?
- Qu’est-ce qui fait qu’on « n’y arrive pas » ?
- Que faire pendant 5 ans où les partis de droite « dure », du centre et de gauche « mous » vont gouverner ?
- Quelle stratégie pour trouver l’assentiment d’une majorité de la population/de l’électorat ?
Moyens d’action :
Rassembler des citoyen.ne.s engagés, souhaitant réfléchir ensemble, bénévolement et convivialement, à une série de questions-problèmes et formuler des constats en vue d’apporter une contribution au débat / à la progression de l’enjeu écologique grâce à l’intelligence collective, ceci afin de proposer une stratégie pour faire face aux défis actuels.
Les réunions d’Ecologie21 seront soumises aux règles dites de Chatam House : « Quand une réunion, ou l’une de ses parties, se déroule sous la règle de Chatham House, les participants sont libres d’utiliser les informations collectées à cette occasion, mais ils ne doivent révéler ni l’identité, ni l’affiliation des personnes à l’origine de ces informations, de même qu’ils ne doivent pas révéler l’identité des autres participants. »
Nous n’avons pas d’exclusive a priori à l’encontre des participants sauf si leur participation empêche la réalisation des objectifs d’Ecologie21 et/ou contrevient à nos valeurs et nos moyens d’action, ce dont l’équipe organisatrice sera seule juge. Des membres de partis, d’associations ou d’institutions qui souhaitent y participer à titre personnel sont les bienvenus.
Calendrier de travail :
- Réunion de lancement le 06 octobre 2024
- Calendrier ultérieur encore à déterminer
Valeurs :
Respect du savoir scientifique, des limites planétaires et du vivant, des libertés et droits humains, de la démocratie, de l’État de droit, de la justice sociale, de la soutenabilité écologique, du bien-être humain et non humain, de l’indépendance vis-à-vis des partis et institutions, de la transparence, de l’accueil, de la convivialité et de la diversité, du courage de penser juste et de dire vrai.
Plus d’information sur l’Observatoire de l’Anthropocène ici.
Contact : contact[at]ecologie21.eu