Arthur KELLER – En privé: peut-on changer le système ?

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Les élections approchent à grands pas, et il faut bien constater que le débat des basculements écologiques et sociétaux est soit mal posé, soit mal compris, soit carrément absent du discours politique actuel, peu importe le niveau de pouvoir concerné. Pourtant c’est maintenant qu’il faut exiger des choix clairs et des actions concrètes.

C’est même urgentissime ! Dans le cadre de la campagne juin2024.eu de l’observatoire de l’anthropocène, qui a produit un appel (https://obsant.eu/deuc2024/) et une carte blanche dans LeSoir (https://www.lesoir.be/…/ne-laissons…, nous vous proposons de chercher à comprendre, ensemble, l’aspect systémique de nos multiples défis, afin de pouvoir interpeller intelligemment nos dirigeants et candidats, qu’ils se positionnent, et qu’ils portent ces questions sur la place publique, avec nous.

J’ai le grand plaisir de recevoir Arthur Keller à la maison, qui partagera avec nous, en petit comité et pendant deux heures, le fruit de ses réflexions, de ses recherches ainsi que quelques pistes pour l’avenir. Arthur Keller est spécialiste des stratégies de résilience face aux risques sociétaux, des vulnérabilités des territoires et des organisations ainsi que des leviers de transformation collective. Ingénieur et systémicien de formation, il est aussi conférencier, formateur et consultant. Face aux grands défis du XXIe siècle, il développe une approche à la fois rigoureuse et créative et propose conjointement une caractérisation systémique des enjeux et une boîte à outils permettant à chacune et chacun – élu, décideur, citoyen, organisation, région… – de visualiser une trajectoire viable et d’orchestrer le changement.

Résolument force de propositions, il ne se résume pas à un penseur d’alertes mais met un point d’honneur à équiper les gens de leviers actionnables. Sa maîtrise du storytelling et son énergie communicative donnent une force inspiratrice à ses conférences, qui ne sont pas seulement des sources d’informations mais des moments riches en émotions, dont on ressort animé d’un élan. Lors de ses conférences, son objectif est avant tout de créer un déclic, modeler une vision, dessiner des perspectives et déclencher des sursauts. Si vous avez déjà vu une ou plusieurs de ses conférences, vous aurez ici un bon rappel condensé de la problématique. Si vous n’avez encore jamais entendu Arthur, préparez-vous au déclic ! Vous pouvez par ailleurs déjà visionner la conférence qu’il a donnée lors de son passage à Bertrix en décembre dernier : https://www.youtube.com/watch?v=iGbP3…

 

Conférence Arthur Keller – Liège

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INCROYABLE MAIS VRAI! LOW-TECH LIÈGE et avec le soutien de la Province de Liège et de son service Culture est fière de vous présenter une conférence exceptionnelle d’Arthur Keller à Liège!
Arthur Keller est un expert des risques systémiques et des stratégies de résilience collective.
Ingénieur de formation, spécialiste de la pensée systémique, diplômé de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, il s’est consacré à l’identification et à la caractérisation des vulnérabilités des sociétés modernes face aux risques systémiques liés au dépassement des limites planétaires et a conçu un référentiel permettant le développement de la résilience des systèmes socio-écologiques.
Il enseigne la systémique à l’école CentraleSupélec, forme des élus à la sécurité globale des territoires, conseille des collectivités et des agences publiques (ADEME, Cerema), a été auditionné par l’Assemblée nationale dans le cadre d’une mission d’information sur la résilience nationale, et a élaboré une stratégie de transformation sociétale permettant de se préparer collectivement pour affronter dans la dignité les ruptures de continuité majeures qui se profilent. Il compte également parmi les spécialistes reconnus de l’innovation low-tech.
Infos:
Quand: 20 octobre à 17h
Où: B3, Centre de ressources de la Province de Liège 1, Place de Arts 4020 Liège
PAF: 10€ sur place
8€ en prévente
5€ adhérent.e.s
Renseignements: lowtechliege@gmail.com

Festival des Territoires Résilients

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Aménagement du territoire, démocratie locale, régénération de la biodiversité,… Quels diagnostics et quelles pistes d’actions concrètes pour des territoires à même de faire face aux crises présentes et à venir?
👉 Quels sont les acteurs qui œuvrent à la résilience à l’échelle des territoires?
👉 Que peut-on attendre des institutions publiques et privées qui gèrent les territoires?
👉 Que peut-on attendre des citoyen·nes qui s’auto-organisent?
Un festival pour imaginer, comprendre et agir. Deux journées immersives de rencontres, d’inspirations, de prise de hauteur, d’exercices appliqués, d’ateliers créatifs, d’échanges et de partages.

 

Earth Celebration avec Pablo Servigne

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Le rendez-vous annuel, fin de l’été, pour célébrer la communauté ! Convivialité, reliance, partages, résilience, rencontres ou retrouvailles, cette journée est une occasion unique d’échanger et de nourrir nos aspirations de transition.
Au programme ?
🥾 16:00 Balade écosophique : une balade interactive ponctuée de textes, de questions et de réflexion sur notre lien au collectif et notre rapport au monde.
🥙 18:00 Repas préparé par Paulette à Bicyclette (nouveau resto à l’Arbre qui Pousse, bio, sain et de saison)
🎙 19:15 Conférence de Pablo Servigne “Entraide et reliance comme réponses à l’urgence”
🎶 21:00 Concert de Buen Vivir Acustica
🔥 22:00 Moment convivial autour du feu
Cette année, nous avons l’honneur d’accueillir Pablo Servigne, auteur et conférencier in-terre-dépendant, pour cette journée de festive et conviviale autour de la Terre. Une voix éminente en ce qui concerne les questions d’effondrement, d’entraide et de résilience. Pablo animera une conférence sur le thème: « Entraide et reliance comme réponses à l’urgence ».
Après une balade inspirée de ses écrits, son intervention nous guidera dans une réflexion profonde sur nos liens entre humains, avec le monde vivant et la manière dont nous pouvons faire face collectivement aux défis auxquels nous sommes confrontés.
Buen Vivir Acustica clôturera la soirée en musique ! Un groupe passionné, des textes ancrés dans la réalité, des notes teintées de sens, d’espoir et d’engagement accompagnant les transitions multiples avec joie et puissance.
📍 Rendez-vous le 30 août à l’Arbre qui Pousse (Chemin du Griffon, 1 – 1340 Ottignies)

Consolider nos phares et nos clochers

« Ce serait une consolation pour notre faiblesse et nos œuvres si toutes choses devaient périr aussi lentement qu’elles adviennent ; mais il est ainsi, la richesse est lente, et le chemin de la ruine est rapide. » Sénèque, Lettres à Lucilius, n. 91

Paul Blume

19 – 10 – 2020

Que l’on nous nomme collapsologues ou autrement, nous – femmes et hommes particulièrement attentifs aux signaux systémiques – sommes confrontés à une réalité qui dépasse l’appréciation inquiète que nous pouvions en avoir il y a cinq ans à peine. L’emballement tant redouté se matérialise sous nos yeux.

Le dessin de la courbe de Sénèque (illustration – réf : http://adrastia.org/effet-seneque/ ) mise dans le contexte de l’avenir de notre société industrialisée alerte les sens ; se tenir tout en haut, au début de la forte décroissance de la courbe, est tout simplement effrayant.

L’accélération de l’effondrement est vertigineuse.

Rappelons que si des penseurs ont, il y a déjà très longtemps, évoqué les potentielles limites à toute forme de croissance dans un environnement fini, les premières modélisations modernes de ces contraintes systémiques sur les activités humaines n’ont été publiées que dans les années septante (réf : http://meadows.cdeclin.be/). On n’y parlait pas encore du climat !

Les « trente glorieuses » étaient encore bien présentes dans la conscience collective.

Depuis, nous avons vécu des périodes de croissances économiques de plus en plus entachées par une croissance exponentielle des inégalités sociales mondiales.

Cela – pour une partie seulement de l’humanité – dans un confort certes disparate, en fonction de sa place dans l’ordre social, mais dans un cadre général où divers indices des Nations Unies se révélaient globalement de moins en moins négatifs, générations après générations.

Et voici qu’en l’espace de quelques années seulement, les vices cachés de notre ordre économique mondial dévoilent les uns après l’autre, l’ampleur de leur potentiel destructeur. (ref : article réservés aux abonnés – Le Monde)

Avec, au premier plan, une réalité extrêmement contraignante. L’environnement dans lequel nous vivons, nous est devenu globalement hostile.

Respirer, s’alimenter, s’abreuver, se soigner impliquent le plus souvent de recourir à des processus de contrôle de l’impact potentiel des résidus de nos processus industriels. Des baromètres, indices, campagnes d’information nous alertent sur nos façons de consommer biens et services.

Le temps de la recherche d’une relation équilibrée avec un environnement présupposé salvateur est révolu. Il y a sans doute, heureusement, encore moyen de favoriser des oasis de vie plus ou moins équilibrée, mais la prévalence des risques est incontestable.

Plusieurs aspects révélateurs de l’hostilité de notre environnement à nos façons d’exister se matérialisent très douloureusement, tels l’effondrement de la biodiversité, l’explosion de pollutions diverses, l’emballement du réchauffement climatique.

Sans oublier le tsunami social qui pointe son nez à l’occasion d’une seule pandémie, dont nous allons fêter cet hiver le premier anniversaire.

A l’évidence, le recours aux mirages d’un monde en croissance continue n’est plus de mise et nous ne sommes pas encore assez matures collectivement pour entrevoir une forme globale d’adaptation.

Le temps est venu, comme nous l’enseignent les épisodes sombres de notre histoire, de tester rapidement toute forme possible d’entraide et de solidarité.

Terminés les débats byzantins sur l’architecture du lieu, le bâtiment est en train de s’effondrer. Rien ne sert de râler sur les éventuelles incompétences du conseiller en prévention, il faut en sortir au plus vite. Utiliser les sorties de secours en l’état, en créer d’autres en urgence.

Faut-il pour autant oublier nos engagements humanistes ? L’équité sociale, l’égalité des genres, l’antiracisme, la solidarité, … ? Certainement pas. Mais la course au sauve-qui-peut est lancée.

C’est cela l’emballement. Les évènements se succèdent de plus en plus vite et ne suivent que leurs logiques propres. Le temps de l’analyse des risques potentiels est dépassé.

Nous allons inévitablement tâtonner longtemps encore. Heureusement, dans un monde où l’obscurantisme le plus crasse occulte les issues, l’élévation de balises, de repères, constitue un outil qui peut « sauver des vies ».

Ce rôle de phare dans la brume, de clocher dans le paysage vaut aussi bien pour notre santé mentale, que pour l’ensemble de nos activités.

En utilisant les outils les plus performants connus pour gérer les catastrophes – les sciences, l’expérience, la culture, l’humanisme, l’empathie, l’entraide, la solidarité – nous pouvons au moins rendre une cohérence à nos actes, un avenir à nos pensées.

Clôturons les recherches d’un seul chemin pour l’humanité. La globalisation de l’économie a, paradoxalement, fait éclater la notion d’avenir commun. Nos futurs se déclinent désormais au pluriel.

Pour les zones concernées par un dépérissement rapide des conditions agricoles, la recherche d’une réappropriation des sols pour leur redonner vie ne freine pas les départs massifs vers les villes, voire les pays ou continents moins impactés. Les formes d’adaptations locales cohabitent avec la fuite vers des zones moins hostiles.

Face à la disparition de plus en plus rapide d’emplois suffisamment rémunérateurs, des expérimentations sur les différentes formes de seuils de subsistance voient timidement le jour.

La création de seuils sociaux dignes de ce nom devrait intervenir rapidement, tant que nous en avons les moyens. Peu importe l’éventuelle diversités des formes. Du revenu universel à l’accès non monétarisé aux ressources essentielles, appliquons ces outils.

Et les impératifs économiques ? La sacro-sainte compétition ?

Pas mal d’idées circulent. Dont celle visant à la création de monnaies locales, régionales ou sectorielles. Monétariser différemment les parties salvatrices de l’économie pourrait donner un sérieux coup de pouce en différenciant les intérêts vitaux de la recherche du profit.

Vivre, par essence, c’est recourir à des ressources, dissiper de l’énergie pour traiter ces ressources et renvoyer dans l’environnement les résidus du processus.

Le temps est venu de privilégier ce qui est indispensable, de se débarrasser de ce qui est purement spéculatifs.

Nous continuerons à avoir besoin de roues, de grues, de livres. Les SUV, l’aviation de loisir, le réseau 5G sont à l’évidence des produits intéressants uniquement en terme de profit. Leurs coûts environnementaux n’est plus assumable.

Vue depuis le confort dont bénéficie encore la majorité d’entre nous, l’analyse pourrait paraître exagérée.

C’est oublier qu’en plus de ces constats, rien que pour contenir l’emballement climatique, nous devrions déjà réduire toute forme d’activités génératrices de gaz à effet de serre dans des proportions énormes. Il s’agit, ni plus ni moins, que d’un impact économique annuel supérieur à celui de l’actuelle pandémie …

Pour le dire autrement, non seulement nous devons parer les chocs en cours (chocs économiques, sociaux, sanitaires, environnementaux,…), mais sacrifier dans un même temps toutes les activités qui alimentent déjà aujourd’hui la puissance des catastrophes de demain.

Souvenons-nous, les conditions météorologiques actuelles sont l’expression de nos émissions des années 80-90. Et celles-ci ont crû de façon exponentielle depuis.

Et l’espoir ? Où est-il ? Comment gérer nos ascenseurs émotionnels ?

Sur ce plan également, les propositions « évidentes pour toutes et tous » n’ont plus cours. Méfions-nous des sciences occultes, des gourous plus ou moins bon marché, des idées toutes faites, des négationnismes et conspirationnismes.

Pour certaines et certains, ce sont les actes de solidarité qui apporteront de l’espoir. La fabrication en réseaux à bas coûts de matériel médical. L’organisation de distributions alimentaires. L’entraide concrète et matérielle.

Pour d’autres, ce seront d’autres types d’activités favorisant le lien social. Culture, sport, …

La psychologie nous apprend que dans les phases du deuil, passées celles du déni, de la sidération et de la colère, les « possibles » reviennent.

Sur des bases nouvelles. Sans oublier le passé. Mais en envisageant les opportunités avec un regard rationnel. Et nouveau.

Pas les « possibles » chantés par les adeptes de comportements sectaires ou messianiques, mais des possibles – encore mal perceptibles aujourd’hui – réalisables en fonction des contraintes du réel (physiques, chimiques, biologiques, …).

Prôner l’entraide, la solidarité pour que soient testés dans l’urgence des chemins différents, tout en restant rationnel, peut paraître être contradictoire.

Sans doute. Mais, n’est-ce pas le propre de l’efficacité dans le cadre d’une catastrophe ?

On s’appuie sur ses connaissances, mais aussi sur l’appréciation rationnelle immédiate.

La porte de secours est condamnée ? Rien ne sert de s’apitoyer. Il faut en chercher une autre en se servant des balises et repères existants.