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Dans une interview dans Ouest-France, le 16 juin, le professeur de Science Politique Bruno Villalba répond : « Avec le doctorant David Porchon, nous faisons l’hypothèse que l’épisode de Sainte-Soline est l’expression d’une forme de violence collectivement assumée par les mouvements écologistes : tous estiment désormais légitime, avec plus ou moins d’intensité, l’usage de la violence “offensive” vu l’état de dégradation accélérée de l’environnement[1]. » Tous, vraiment ? En effet, qu’est-ce que la décroissance si ce n’est la non-violence ? La violence, c’est l’accomplissement ultime de la logique de la croissance. C’est la continuation et la conclusion de guerre économique. La décroissance, c'est, par nature, la volonté de désescalade face à la « loi des brutes » (Jacques Ellul). Faut-il croire, comme lors des duels judiciaires du Moyen Âge, que la Justice va être rendue à travers la violence ?
Face à la menace climatique, à l’augmentation des inégalités et à l’incapacité des dirigeant·es à changer radicalement de cap, la tentation de la violence est forte, y compris dans les mouvements qui luttent pour un changement de société. Méconnues, les stratégies de luttes non-violentes représentent pourtant un outil puissant pour redonner du pouvoir au plus grand nombre et construire un monde juste et soutenable.
Au cours des vingt dernières années, de plus en plus de mouvements sociaux et de révoltes contre l’oppression et l’exploitation ont éclaté à travers le monde, et, dans leurs rangs, nombreux sont ceux qui ont compris, avec le temps, que la non-violence ne fonctionne pas. Ils découvrent que les histoires de prétendues victoires non-violentes ont été falsifiées, que des actions ou méthodes spécifiques pouvant être décrites comme non-violents fonctionnent mieux lorsqu’elles sont accompagnées d’autres actions et méthodes illégales ou combatives.
Andreas Malm soutient l’idée que la social-démocratie est strictement incapable de faire face au défi climatique. À rebours des partisans du localisme, de l’autonomie ou de la destitution — qui ont la faveur d’une large part de la gauche radicale —, Malm réhabilite le communisme.
Peu connus de notre côté du Rhin, les militants allemands d’Ende Gelände orchestrent, chaque été depuis 2016, des blocages de mines de lignite massifs, non-violents et visuellement impressionnants. Derrière ces actions spectaculaires, une organisation millimétrée.
Comment agir efficacement pour protéger le climat et nos existences ? Dans cet entretien, Andreas Malm souligne le rôle central du capitalisme dans l’enchaînement des catastrophes écologiques. Et plaide pour le sabotage de biens matériels, sans se limiter à la non-violence.
Nonviolent protests are twice as likely to succeed as armed conflicts – and those engaging a threshold of 3.5% of the population have never failed to bring about change.