L’écocide est un crime contre l’humanité, comme le génocide

Jean-Jacques

A propos de : Stop ecocide foundation


Un panel d’experts indépendants a proposé, dans un rapport de ce mois de juin 2021, une définition légale de l’écocide qui peut être adoptée dans le Statut de Rome.

Cette définition est construite à partir des définitions de génocide et de crime de guerre, comme 5e crime international, preuve qu’il s’agit bien d’un changement de paradigme fondamental dans la pensée : détruire l’environnement au-delà d’un certain seuil est un crime contre l’humanité, au même titre qu’un génocide. Cela ouvre la porte à tout un nouvel univers dans le discours politique : comme pour l’esclavagisme, le génocide ou la guerre, les politiciens, activistes, militants peuvent davantage utiliser une posture morale, éthique, de justice et de droit, pour justifier une ligne politique écologiste, et plus seulement des arguments technocratiques de coûts-bénéfices.

On pourrait presque dire que la finalité de l’écologie est d’empêcher l’écocide, y compris au niveau de l’économie. Ces trois mots partagent la même racine grecque « éco / oikos » = maison en grec. Notre maison commune la Terre.

Le terme « écocide » combine le mot grec « oikos », qui signifie « maison » (et plus tard « habitat »), avec le mot « cide », qui signifie « tuer ». Il s’inspire de l’approche adoptée par le juriste polonais Rafael Lemkin, qui a inventé le mot « génocide » en novembre 1944.

1. Aux fins du présent Statut, on entend par « écocide » des actes illicites ou gratuits commis en sachant qu’il existe une probabilité substantielle que ces actes causent à l’environnement des dommages graves et généralisés ou de longue durée.

2. Aux fins du paragraphe 1 :

a. « Téméraire » signifie avec une insouciance téméraire pour des dommages qui seraient manifestement excessifs par rapport aux avantages sociaux et économiques escomptés ;

b. « Grave » signifie des dommages qui impliquent des changements négatifs très graves, des perturbations ou des dommages à tout élément de l’environnement, y compris des impacts graves sur la vie humaine ou les ressources naturelles, culturelles ou économiques ;

c.  » Largement répandu  » désigne les dommages qui s’étendent au-delà d’une zone géographique limitée, dépassent les frontières des États, ou sont subis par un écosystème ou une espèce entière ou un grand nombre d’êtres humains ;

d. « Long terme » signifie des dommages qui sont irréversibles ou qui ne peuvent être réparés par une récupération naturelle dans un délai raisonnable ;

e.  » Environnement  » désigne la terre, sa biosphère, sa cryosphère, sa lithosphère, son hydrosphère et son atmosphère, ainsi que l’espace extra-atmosphérique.

L’étape suivante sera peut-être de reconsidérer le critère de légalité -car aujourd’hui une bonne partie de l’écocide planétaire est certainement légale-, ou du moins de parvenir à la conclusion que de nombreuses activités économiques aujourd’hui « légales » sont en réalité « illégales » au regard des droits humains, des traités et des législations environnementales (cf. le jugement qui a condamné Dutch Shell aux Pays Bas). Il s’agirait alors qu’économie et écologie « reviennent ensemble à la maison ».

Il se pourrait que des personnages comme le président brésilien Jair Bolsonaro ou l’ex président américain Donald Trump, et certains de leurs fonctionnaires, soient un jour condamnés devant l’équivalent d’un Tribunal de Nuremberg écologique. Il s’agirait d’un basculement historique.

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