Transnistrie ?

Source : transcription d’une question / réponse parue dans Le Monde (ici)


Bonjour et merci pour votre travail. Je tente ma question, bien que je ne sois pas abonné. Pouvez-vous nous donner les dimensions de la Transnistrie ? Vous présentez des cartes, vous nous dites que la population est de 500 000 habitants, c’est très bien, mais on ne voit qu’une mince bande coincée entre la Moldavie et l’Ukraine sans pouvoir estimer sa longueur et sa largeur, et donc le danger que ce territoire peut représenter pour cette dernière. Quant à la Moldavie, ils ont adopté le Roumain comme langue officielle, il y a longtemps un Roumain nous avait dit que la Moldavie était rattachée à la Roumanie avant-guerre (WW II) puis avait été annexée par Staline, mais les Moldaves n’ont-ils donc jamais demandé le rattachement à la Roumanie depuis l’éclatement de l’URSS ? Merci pour votre bienveillance envers un pauvre petit vieux non-abonné.

Transnistrie sur wikipedia (ici)


Bonjour,

Large de 45 kilomètres et longue de 450 kilomètres de long, la Transnistrie couvre un territoire d’un peu plus de 4 100 kilomètres carrés entre le fleuve Dniestr, à l’ouest, et la frontière ukrainienne, à l’est.

Pour comprendre les logiques géopolitiques à l’œuvre entre Moldavie et Transnistrie, il faut remonter avant 1992, date à laquelle la Transnistrie a fait sécession. Les frontières de l’actuelle Moldavie sont issues de la chute de l’URSS, en 1991, année où le pays a acquis son indépendance, en même temps que la plupart des autres anciennes Républiques socialistes soviétiques, dont l’Ukraine. Dans les siècles qui ont précédé, ce territoire a cependant été écartelé entre plusieurs puissances, dont les mémoires portent encore la trace.

La principauté de Moldavie, dont la population était roumanophone, existe depuis le milieu du XIVe siècle. Après avoir été vassale de l’Empire ottoman aux XVIe et XVIIe siècles, elle a été divisée en deux en 1812, lorsque l’Empire russe en a conquis la partie orientale, baptisée la Bessarabie. Les frontières de ce territoire sont proches de celle de l’actuelle Moldavie, sans la Transnistrie. Après la première guerre mondiale, la Bessarabie rejoint le royaume roumain, tandis que le territoire correspondant à la Transnistrie reste au sein de ce qui devient l’URSS. Cette dernière crée en 1924 une République autonome soviétique socialiste moldave (RASSM), qui inclut le territoire transnitrien et s’étend à l’est, dans une partie de l’actuelle Ukraine.

Il s’agissait d’une « entité modèle destinée à attirer les populations de Moldavie roumaine et des travailleurs venus de toute l’Union soviétique autour d’une nouvelle capitale, Tiraspol, et d’un projet de modernisation et d’industrialisation », selon Catherine Durandin, historienne spécialiste de la Roumanie, professeure émérite à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Une situation créant, de fait, une fracture entre un espace « moldave roumain sous contrôle de Bucarest » et la « RASSM soviétisée ».

Entre 1940 et 1944, la Bessarabie est tour à tour sous occupation soviétique, puis à nouveau intégrée à la Roumanie alliée d’Hitler, avant d’être fusionnée avec la RASSM pour devenir une république socialiste soviétique jusqu’en 1991, date de son indépendance. Si un élan proroumain a bien existé à cette période, le courant unioniste est aujourd’hui minoritaire, selon Catherine Durandin, et il n’a plus été question, pour la Moldavie, de s’unir à la Roumanie.

INFOGRAPHIE LE MONDE

Boum, quand mon p’tit drone fait boum

OA - Liste
Paul Blume

Tout a changé depuis hier
Et la rue a des yeux qui regardent aux fenêtres
Y a du lilas et y a des mains tendues
Sur la mer le soleil va paraître
Charles Trenet – 1938 (*)

Les drones

On se souvient des reportages sur ces militaires américains qui les pilotent dans le monde entier depuis leurs postes de commande aux États-Unis. Des « gamers » tueurs. Travail psychologiquement dur, paraît-il.

Il y des drones de toutes les tailles. Avec caméra, électronique et/ou armement embarqué.

La genèse de ces véhicules sans pilote est plus longue que l’on ne pourrait le penser. Mais, c’est une autre histoire.

Celle qui nous intéresse, c’est celle d’engins actuels, de plus en plus perfectionnés, fabriqués et vendus de tous les côtés.

En Ukraine

L’une des stars de la défense militaire ukrainienne est d’origine turque. Nommé Bayraktar (voir références), il est craint des Russes pour ses performances anti-chars.

Turquie qui, considérée comme très liée à Moscou, laisse vendre ces engins à l’Ukraine, en pleine guerre…

Mais, la miniaturisation permet l’émergence d’autres formes d’engins pilotés à distance.

Au départ, cela ressemble à des jouets pour grands.

Semblables à ceux utilisés dans l’agriculture pour l’analyse des sols, le cinéma, la sécurité, le transport de transplants, … ou le pilotage sportif.

Les plus petits sont livrés en kit et sont relativement bon marché.

Munis de caméras, ces engins permettent d’espionner le voisinage … ou les positions précises d’objectifs ennemis dans le cadre d’un conflit armé.

Ce qui n’a pas échappé à un collectif nommé Nebesna Kara (« Châtiment céleste »), « des amateurs enthousiastes [qui] fabriquent discrètement des drones létaux destinés à être utilisés sur le front de la guerre contre la Russie » (voir références).

Lestés de grenades ou autre armes létales ad hoc, voilà nos « dronichoux » devenus de véritables petites machines de guerre, sophistiquées, maniables, précises et relativement bon marché.

D’autant plus que la communauté ukrainienne des pilotes sportifs de drones apporte la connaissance, assure le montage, et que des financements participatifs allègent la facture.

Il ne fait vraiment pas bon être chauffeur de char en Ukraine ces temps-ci.

Quant aux conséquences globales …

Nous en sommes donc là !

Un peu de bricolage, un financement relativement faible et une communauté – quels que soient ses objectifs – est susceptible d’aller larguer de la peinture ou une grenade, en passant par des confettis ou des cailloux, sur quelle que cible que ce soit.

Il semble urgent de revoir les conditions des assurances familiales …

Surtout, les enfants, ne tentez rien sans en parler à des adultes ! Ne tentez rien, en fait !

Côté organisation de la protection de nos centrales nucléaires ou au gaz, de nos zones industrielles « Seveso » ou non, ne pas oublier que dorénavant :

Boum. Les p’tits drones font boum boum.


Références :

Bayraktar signifie « porteur de drapeau » en turc, mais c’est aussi le patronyme du gendre du président Recep Tayyip Erdogan, Selçuk Bayraktar, dont l’entreprise produit, d’abord pour l’armée turque, puis pour l’exportation, des drones de plus en plus redoutables. Le Bayraktar TB2, testé à partir de 2014, peut voler pendant plus d’une journée d’affilée, dans un rayon de 150 kilomètres, avec l’électronique nécessaire pour frapper sa cible de jour comme de nuit.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, le collectif Nebesna Kara ("Châtiment céleste") a déjà fabriqué une quarantaine de drones de ce type pour l'armée ukrainienne.