Qui mangera quoi demain ? Qui le produira ?

Raphaël Goblet

Eco-Conseiller chez Les Joyeux Résistants ; Administrateur de L’Ardoise, Monnaie Locale ; Animateur & Conférencier ; Organisateur d’événements ; Auteur, compositeur, interprète.

Voici un petit compte-rendu complet de nos deux journées de travail avec L’Atelier Paysan ces 8&9 décembre derniers à Neufchâteau: Qui Mangera Quoi Demain, Qui le Produira ? Je vous ai concocté un petit concentré de ce que nous y avons (ré)appris, les processus en jeu, la méthode employée et les résultats obtenus ! Ce fut jouissif, mais le meilleur reste à venir !

Retour sur deux journées de travaux et de rencontres entre producteurs, consommateurs, acteurs sociaux, les 8 et 9 décembre 2023 à Neufchâteau[1].

Après un premier succès en 2022 avec la venue du systémicien Arthur Keller pour deux jours de réflexion autour de la résilience alimentaire territoriale[2], le collectif organisateur s’est élargi pour proposer deux journées de travail concret sur l’alimentation avec L’Atelier Paysan [3] comme intervenant principal.

Auteur de « Reprendre la Terre aux Machines, manifeste pour une autonomie paysanne et alimentaire » (Seuil)[4], l’Atelier Paysan se définit comme « une coopérative d’intérêt collectif à majorité paysanne, qui œuvre à la généralisation d’une agroécologie paysanne, pour un changement de modèle agricole et alimentaire radical et nécessaire ». Un programme plutôt ambitieux ! D’autant que mobiliser suffisamment de personnes (producteurs, citoyens, collectifs, associations, travailleurs sociaux, …) pendant deux journées n’est pas une sinécure ! Mais les 11 membres du collectif et les 6 citoyen.ne.s du groupe organisateur ont plus d’un tour dans leur sac, et après 8 mois de travail, ce sont plus de 80 personnes issues d’horizons, d’âges, de régions très diversifiées (un quart de producteurs, un quart de représentants d’associations et collectifs, et une moitié de citoyen.ne.s soucieux de l’avenir de leur alimentation) qui ont participé à ce défi avec la promesse qu’il ne s’agisse pas d’une énième rencontre intéressante, certes, mais stérile.

Photo : Le collectif organisateur & les animateurs de l’Atelier Paysan

L’engagement ? Nous ne nous quitterons pas sans avoir compris la nature profonde des enjeux et pris rendez-vous pour mettre en œuvre et réaliser des projets concrets qui répondent à ces défis fondamentaux. Un pari audacieux, certes, mais qui sera couronné de succès !

Retour sur un processus de réflexion et de création collective.

Comprendre avant de se lancer

La première journée était dédiée à l’exploration des enjeux de la production de nourriture et les questions d’alimentation, sous la verve habile d’Hugo Persillet et Arina Susa, de l’Atelier Paysan. Des exposés percutants, touchants, et surtout donnant de sacrés coups de pieds dans la fourmilière de nos idées reçues.

Il s’agissait de commencer par comprendre que les producteurs, éleveurs, agriculteurs, maraîchers, peu importe leur manière de travailler et leur filière, sont piégés de la même façon par un système agro-industriel qui tend à les dépouiller du sens (et du produit) de leur travail.

En aval, ils sont pieds et poings liés par une industrie de collecte, de transformation et de distribution qui les relèguent à de simples « producteurs de minerai » dont ils n’ont pas à se poser la question de la destination : de nourriciers du monde, ils ne sont plus qu’un fournisseur de matières premières parmi d’autres.

En amont, ils sont liés (souvent par les mêmes groupes industriels qu’en aval) pour la quasi-totalité de leurs ressources et intrants : des semences aux engrais en passant par la grande famille des -cides, les producteurs sont devenus des exécutants de tâches prédéfinies par les besoins de l’agro-industrie, perdant par la même occasion toute souveraineté économique, maîtrise de leurs pratiques et de leur éthique : pressés comme des citrons entre  ces deux flux opiniâtres et sans pitié, très peu d’entre eux peuvent encore dire qu’ils vivent de leur travail sans affronter des fins de mois pour le moins très compliquées. Pour les conglomérats en amont et en aval, par contre, pas de souci à se faire : les dividendes pleuvent plus fort chaque année.

Le but de ce système agro-industriel ? Faire baisser un maximum les prix des denrées alimentaires, afin de libérer une part croissante du budget des ménages pour les allouer à d’autres postes. Il est « amusant » de noter que la courbe de l’augmentation des loyers suit de manière exactement inverse la courbe de la baisse du prix de la nourriture, par exemple[5]. Le constat du prix anormalement bas de la nourriture agro-industrielle est d’ailleurs une vraie question : une nourriture respectueuse du sol, du vivant en général, et des êtres humains en particulier ne peut rivaliser au niveau de son coût avec les denrées issues du système « conventionnel » : dès lors il faudra peut-être reparler du vrai prix de la nourriture, qui ne pourra s’assumer qu’en réaugmentant la part financière que les ménages allouent à ce poste, au détriment d’autres choses… et en instaurant idéalement une réelle sécurité sociale alimentaire (nous y reviendrons plus loin).

Certes, le prix du ticket de caisse de l’alimentation produite par l’agro-industrie n’inclut pas ses « externalités négatives » (et il n’est pas près de le faire), dont les dépenses en matière de santé publique : une nourriture de moins bonne qualité, tant gustative que nutritionnelle ne permet plus aux populations d’être correctement nourries (apparition de maladies liées aux carences alimentaires, par exemple). Passons sur le trop gras, trop sucré, trop salé généralisé (diabète, obésité, …), ajoutons les résidus de pesticides ingérés, les eaux polluées aux nitrates et phosphates, et pensons aux producteurs eux-mêmes qui sont en toute première ligne face aux produits phytos qui leur détruisent la santé. Il est évident qu’aucun d’entre eux ne se lève le matin tout réjoui d’aller épandre de la chimie de synthèse sur ses terres : ils sont tout simplement pris au piège, avec peu d’espoir d’en sortir la tête haute, quand ils ne sont pas éreintés au point de ne même plus se poser de questions, avec la série de dénis (climatiques & idéologiques principalement) qui peuvent aller avec.

Photo : Des exposés en grand groupe impactants et mobilisants par Hugo Persillet

Ajoutons les aides de la PAC, qui ne figurent pas non plus sur la facture au consommateur, mais qu’il paye pourtant de manière indirecte via ses impôts. Il n’inclut pas non plus la casse sociale générée par ce système, ni le mal-être flagrant des producteurs.

Enfin, on peut ajouter la facture énergétique (le plus souvent de l’énergie fossile : pétrole pour la plupart des machines, gaz pour les engrais, …) et environnementale qui ne devrait même plus faire débat : nous le savons, l’agriculture, comme tous les autres pans de nos sociétés, doit se remettre en question si nous désirons éviter d’hypothéquer les conditions mêmes de survie des espèces actuelles, humains inclus.

Ne pas opposer, mais rassembler autour d’une cible commune.

Une chose est très claire, il est contre-productif de fustiger les producteurs, de viser personnellement les femmes et les hommes qui travaillent la terre, pilotent des machines ou gèrent des exploitations. Au contraire, identifier un « ennemi commun », définir une cause commune à toutes et tous peut permettre de rassembler, plutôt que diviser : c’est déjà un défi en soi ! Mais un défi salvateur.

En attendant, reconnaissons-le, toute une série d’initiatives, de manières de faire, de techniques moins gourmandes en intrants, moins polluantes, plus respectueuses du vivant, du sol, de l’eau, des humains et non-humains voient le jour, en réponse à une prise de conscience profonde de nombreux producteurs et consommateurs. En circuit court bien sûr, avec souvent un impératif de transformation et vente directe pour assurer la rentabilité minimale nécessaire à la pérennisation de l’activité.

Cessons d’être inoffensifs…

« Croire, ou faire croire, qu’une multitude d’initiatives, aussi disruptives ou subversives soient-elles, vont pouvoir faire pencher la balance vers une autre agriculture globale relève de la fable. »

Ces alternatives sont motivantes, innovantes, prometteuses, mais bien qu’on nous laisse à penser que ces modes de production deviennent petit à petit la norme, ou se développement massivement, ils restent totalement inoffensifs pour le système agro-industriel, quand ils ne le renforcent pas carrément : la bio, le labellisé du terroir, le « producteur local » font un complément d’offre parfait pour la clientèle aisée du supermarché. Depuis les années 80, par exemple on parle d’une progression du bio de 300%[6], mais dans le même temps, une progression dans des proportions comparables est constatée sur les ventes de pesticides et engrais artificiels[7], qui jouent eux à une tout autre échelle !

Croire, ou faire croire, qu’une multitude d’initiatives, aussi disruptives ou subversives soient-elles, vont pouvoir faire pencher la balance vers une autre agriculture globale relève de la fable : cela n’arrivera pas. Groupes d’achats communs, jardins partagés, réseaux d’achats paysans, épiceries locales sont autant de projets jubilatoires qui vont dans le bon sens, mais ils n’ont aucune chance de renverser un système globalisé, robuste, où trop d’acteurs ont trop d’intérêts. Du moins si on en reste là.

Les 3 piliers de la transformation sociale.

Car nous avons besoin d’une profonde et réelle transformation socio-économique, sur la quasi-totalité des aspects de notre vivre ensemble.

Nous devons travailler collectivement deux autres angles d’attaque que nous avons tendance à oublier, tant l’urgence peut nous presser à développer des solutions pratiques : toutes les transformations sociales qui ont abouti dans l’histoire comportaient trois piliers, complémentaires et indispensables. Le premier étant la construction d’alternatives crédibles, opérables, efficaces, prêtes à prendre le relais. C’est ce que nous avons fait presque exclusivement pendant les dernières décennies : nous ne devons certainement pas laisser tomber cette démarche, et continuer à la développer encore et encore !

Le second pilier consiste à travailler les rapports de force : le déséquilibre est tel que la puissance et la force de frappe est très nettement en faveur du système agro-industriel. Nous regrouper (fédérations, syndicats, collectifs, …), pratiquer un lobbyisme assumé, repolitiser le sujet, ne pas hésiter à aller au front, de toutes les manières possibles, saboter, empêcher, confisquer, « ZAD partout », … tout est bon pour rééquilibrer la balance au maximum.

Nous aurons beau avoir les meilleures idées concernant les manières de produire de quoi manger, scientifiquement et empiriquement démontrées, si nous ne sommes pas capables de rivaliser massivement avec le système agro-industriel, celui-ci ne changera pas pour nos beaux yeux ou pour préserver l’environnement et le vivant (si non, cela aurait déjà eu lieu !).

« Si nous ne sommes pas capables de rivaliser massivement avec le système agro-industriel, celui-ci ne changera pas pour nos beaux yeux ou pour préserver l’environnement et le vivant. »

Vient enfin l’éducation populaire et permanente : il nous faut aménager des espaces sûrs, dédiés, où l’on peut se retrouver, réfléchir, apprendre, développer une pensée critique sur les circonstances et les processus, identifier les acteurs (tant nos alliés que les autres). Sans permettre les conditions de la construction d’un savoir autogénéré par les premiers concernés (à priori : toute personne soucieuse de produire et manger mieux), nous ne pourrons ni développer des alternatives suffisamment solides ni des rapports de force à notre avantage.

Complémentarité plutôt que rivalité !

Bien entendu, impossible pour chaque individu de se consacrer aux 3 piliers : nous avons tous nos propres appétences, préférences, connaissances, compétences, les journées ne sont pas près de faire plus de 24h et le quotidien a une fâcheuse tendance à se rappeler intempestivement à chacun d’entre nous. Non, l’idée n’est pas d’être sur tous les fronts à la fois, mais à minima de ne pas les opposer. On peut être séduit ou non par les activistes (les terribles écoterroristes diraient certains) et leurs actions coup de poing, ils participent néanmoins au changement de rapports de force. On peut penser que prendre le temps de s’asseoir autour d’une table et discuter soit improductif ou en tout cas pas assez rapide, nous ne rallierons pas durablement des forces vives si elles n’ont pas pu prendre le temps de se convaincre intimement de la nécessité de proposer des alternatives ou de s’opposer frontalement aux règles imposées par un système prétendument tout-puissant. On peut croire que l’association qui pratique l’agroécologie à très petite échelle serait tout de même bien plus utile en manif, il n’en reste pas moins qu’elle participe à la co-construction et la (re)découverte d’un savoir et d’un savoir-faire qui risquent d’être plus que bienvenus quand il faudra commencer à prendre le relais de l’agro-industrie pour nourrir une part croissante de la population.

C’est donc bien un triptyque qu’il nous faut déployer, forcément de manière collective. Nous devons créer des ponts entre les piliers, nous encourager et nous soutenir mutuellement plutôt que de se tirer dans les pattes en pensant avoir trouvé « LE » seul moyen d’action efficace. L’histoire nous a montré que quand les étoiles sont alignées et que vient le moment de tester concrètement le rapport de force (ce moment arrive rarement à l’initiative de la minorité qui veut le changement, mais survient souvent quand le système dominant commence à faillir ou quand il va trop loin), il faut être capable de proposer immédiatement des alternatives, qui soient crédibles et déjà éprouvées, portées par un réseau d’individus et de collectivités profondément encapacités à conduire, gérer, transposer et déployer ces alternatives. Sans un projet solide comme contre-proposition, la transformation sociale a toutes les chances d’échouer à l’issue des affrontements (on ne se met pas à réfléchir en pleine bataille), et peut même laisser le champ libre à des projets pires et moins démocratiques encore, mortifères et liberticides : l’histoire regorge d’exemples et les tournants politiques que prennent de nombreuses régions du monde actuellement résonnent comme des avertissements glaçants.

Voilà pour les premiers constats. Effrayants. Désarmants. Mais aussi puissamment remotivants : passé l’effroi, c’est l’envie (la nécessité ?) de se jeter dans l’arène qui prend le pas !

Photo : Réflexions et sentiments restitués en grand groupe

Produire, c’est une chose. Comment on se nourrit en est une autre…

Passé le temps nécessaire à digérer tout cela (ainsi qu’un excellent buffet communautaire à partager, préparé par les participants eux-mêmes), les premiers échanges en groupes débutent autour de trois thèmes liés à l’alimentation (qui est le pendant complémentaire de la production) : la violence alimentaire sous toutes ses formes (tant pour les producteurs que les consommateurs, et spécifiquement les mangeurs déjà précarisés), sur base d’un extrait vidéo d’une interview de Bénédicte Bonzi[8] ; un recensement des initiatives existantes pour contrer la précarité alimentaire (précarité qui, avec la pauvreté en générale, est un sous-produit inhérent au système agro-industriel lui-même : il s’agit d’un « dommage collatéral » au mieux, d’une intention consciente au pire) ; et un travail sur la notion de la SSA : la sécurité sociale alimentaire, qui part du constat qu’une part croissante de la population connaît des difficultés financières pour s’alimenter, et en tout cas n’a pas accès à un choix d’aliments réellement sains.

La Sécurité Sociale Alimentaire (SSA) comme arme de réappropriation massive.

Déjà en test dans plusieurs grandes villes de France, et pointant timidement le bout de son nez en Belgique, la SSA consiste à assurer à toutes et tous un minimum d’accès à une production alimentaire correcte tant du point de vue nutritionnel que de la préservation de notre planète. Pour résumer le principe dans ses grandes lignes : chaque personne sur un territoire donné se voit remettre une somme d’argent (monnaie marquée, chèque, bon, évalué à l’heure actuelle à un montant de 150€ par personne et par mois) à dépenser en achat de denrées alimentaires.

3 grands principes sous-tendent la SSA :

C’est un droit universel : chaque personne, du nouveau-né à la personne âgée, du travailleur au chômeur en passant par le migrant ou le SDF, reçoit inconditionnellement cette aide, chaque mois.

La SSA est basée sur une cotisation, idéalement gérée par une structure indépendante du pouvoir politique, afin d’en garantir la stabilité dans le temps. Le montant de la cotisation dépend évidemment des moyens de chacun, les plus aisés cotisant bien d’avantage afin de compenser les faibles cotisations (ou l’absence de celles-ci) des plus démunis. C’est donc un système redistributif, que nous connaissons déjà bien sous d’autres formes (et donc : ça fonctionne !) comme la sécurité sociale tout court, les mutuelles, les impôts, …

Dernier principe, où l’exercice démocratique est prépondérant : le conventionnement. Il convient de définir collectivement les denrées, point de vente, produits, modes de production, éligibles au système, qui seront donc conventionnés. L’idée n’est pas de prioriser ou favoriser à priori la ou les filières dans lesquelles la population pourra faire usage de son droit à la SSA, mais bien d’en débattre de manière informée (un peu comme l’expérience de la convention citoyenne pour le climat, malheureusement sabordée ensuite par le gouvernement Macron).

Il subsiste peu de doutes que les filières de productions locales et vertueuses pourraient bien être les premières bénéficiaires, mais à l’heure actuelle il n’y a généralement pas suffisamment de production que pour approvisionner pour 150€ par tête de pipe sur un territoire donné. Mais l’objectif de cette démarche est de générer une demande forte qui puisse tirer la production nettement vers le haut, mais de manière durable (contrairement à la période post-covid que nous avons connue). Les producteurs locaux, étant assurés d’un débouché rentable sur la durée, seront probablement plus enclins à développer des filières et adopter des pratiques correspondant aux critères du conventionnement de leur territoire.

Il s’agit d’un chantier d’envergure, qui nécessitera temps et énergie, mais qui pourrait réellement rééquilibrer le rapport de force et contribuer à l’éducation populaire et permanente !

Forts de toute cette matière, nos quelques 80 participants ont pu passer aux choses sérieuses le lendemain, après une soirée festive bien méritée…

Passer au concret. Pour du vrai.

L’engagement de l’Atelier Paysan et du collectif organisateur était donc clair : nous ne nous quitterions pas sans avoir démarré des projets concrets, et pris rendez-vous ferme, date, heure, lieu et ordre du jour à l’appui, pour faire avancer, dans la vraie vie, les projets en question.

« L’engagement était clair : nous ne nous quitterions pas sans avoir démarré des projets concrets. »

La méthode utilisée est relativement simple : il s’agit d’employer l’intelligence collective, en dirigeant le moins possible les échanges (mais en les cadrant de manière assez stricte), afin de parvenir à faire émerger des idées concrètes, réalisables avec les moyens disponibles. Cela peut paraître candide, mais c’est diablement efficace.

Photo : Réflexions thématiques en sous-groupes

Le grand groupe est divisé en 3, selon différents sujets relativement larges. Chacun est libre de se diriger dans le groupe qu’il désire et d’en changer quand il le souhaite. Les discussions se déroulent selon un canevas soigneusement minuté de 3×30 minutes : d’abord on énumère pêle-mêle les problèmes à résoudre, les freins à lever, les verrous à faire sauter. Ensuite on lance des idées d’initiatives concrètes dans un monde idéal (où l’on ne manque ni de temps, ni d’argent, ni de main d’œuvre). Attention, il ne s’agit pas de supprimer la faim dans le monde, la guerre, l’argent, ou tout autre intention louable mais chimérique : il doit s’agir de concret, avec une méthode si possible, des étapes et un but réaliste à atteindre ! Les idées fusent, certaines très terre-à-terre, d’autres plus farfelues, mais c’est le jeu : on rêve un peu, et ça fait du bien. La dernière phase réintroduit la réalité dans les utopies. Qu’est-ce qui, dans ces projets lancés, pourrait aboutir dans le monde réel, dans lequel nous avons peu de temps, pas assez d’argent et bien souvent moins de bras qu’il n’en faudrait, moyennant des étapes intermédiaires, une révision à la baisse de l’ambition, des créations de partenariats ?

A l’issue de ce processus, ce ne sont pas moins de 14 idées de projets qui sont affichées sur le mur de la grande salle. 14 potentialités réalisables qui agissent sur l’un des 3 piliers de la transformation sociale : les rapports de force, l’éducation populaire et permanente et le développement d’alternatives. C’est déjà une très belle satisfaction ! Mais nous ne sommes pas encore au bout du processus, il reste le principal à accomplir : définir, ici et maintenant, la manière dont on va s’y prendre, et se lancer.

Ce sera l’objet du travail de l’après-midi : chacun est invité à choisir un des 14 projets (pas forcément celui qu’il a proposé, mais celui qui l’enthousiasme le plus), et à se regrouper autour de cette proposition. Après un petit quart d’heure, 11 des 14 projets sont attribués (dans des groupes de 2 à 8 personnes). Cela signifie que 3 projets ne verront peut-être jamais le jour… et ce n’est rien : ce n’était pas le bon jour, pas les bonnes personnes pour les développer. Il n’en reste pas moins que pendant l’heure et demie qui va suivre, c’est la créativité de terrain qui va prendre le dessus : les groupes définissent leurs objectifs, la ou les manières de les atteindre, et mettent en place une série de jalons, dont le plus important : quand est-ce qu’on se revoit, où, et à quelle heure, avec quel ordre du jour !

Photo : Travail concret sur les propositions d’actions réalistes: quoi, comment, et quand !

C’est ainsi que sont nés ces 10 projets, au stade de phase de lancement :

1.      Demander/provoquer un débat constructif et respectueux sur les différents modèles d’agriculture à la foire agricole de Libramont.

2.      Création d’un podcast recueillant la manière donc les acteurs agricoles voient l’impact de la technologie sur leur vie et leur travail.

3.      Présentation d’outils de maraîchage « do it yourself » ou low techs à la petite foire de Semel avec la Fabriek Paysanne et d’autres acteurs.

4.      A l’occasion des élections qui se profilent en 2024, obliger l’ensemble des partis à se positionner et donner leur vision de l’agriculture de demain.

5.      Création d’une fondation sur l’autonomie paysanne, analyser la vision de l’autonomie que les paysans ont, définir les besoins et chercher des pistes pour y répondre collectivement.

6.      Création d’ateliers partagés pour que les paysans puissent construire leurs machines de maraîchage sans devoir investir dans des outils onéreux.

7.      Recensement et cartographie des outils, plans et lieux qui existent déjà pour que les paysans puissent construire leurs outils de travail du sol.

8.      Recensement et soutien des projets de distribution de produits locaux, identifier les zones blanches en province de Luxembourg, tenter de les combler.

9.      Projet de mutualisation des ressources des producteurs afin d’alléger leur responsabilité sociétale amenant vulnérabilité et sentiment de malaise.

10.    Groupe de réflexion concernant la sécurité sociale alimentaire, la documenter, recenser les initiatives, concocter un argumentaire et soumettre le principe aux candidats des élections 2024.

11.    Projet de cassure des barrières sociales : comment amener les publics moins favorisés à s’intéresser par eux-mêmes à l’alimentation issue de l’agriculture paysanne ?

Ne soyons pas naïfs, certains de ces projets seront menés à leur terme, mais d’autres n’aboutiront peut-être pas, ou pas comme imaginés. Cependant tout est réuni pour donner les meilleures chances à chacun d’entre eux.

Affaires à suivre…

Raphaël Goblet, pour le collectif organisateur.

Photo : Partages, échanges et gratitude tous ensemble avant de nous quitter, provisoirement, avant de nouvelles aventures !


Envie de participer au prochain événement ? Des suggestions, des propositions ? Contactez-nous :

Johanna Reynckens, Nature Attitude, 063 42 47 27 – 0477 729 149 – johanna.reynckens@natureattitude.be

Raphaël Goblet, Les Joyeux Résistants, 0497 27 64 70 – raphael.goblet@gmail.com

Nathalie Monfort, citoyenne, 0473 32 91 01 – contact@nathaliemonfort.be


[1] https://quimangeraquoi.jimdosite.com

[2] https://www.youtube.com/watch?v=iGbP3t7X6wg

[3] https://www.latelierpaysan.org/

[4] https://www.seuil.com/ouvrage/reprendre-la-terre-aux-machines-l-atelier-paysan/9782021478174

[5] https://www.observationsociete.fr/modes-de-vie/evolutionconsommation/

[6] https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2018/10/carnet_monde_2017.pdf

[7] https://www.novethic.fr/actualite/environnement/agriculture/isr-rse/atlas-des-pesticides-entre-addiction-et-monopole-tout-comprendre-en-infographie-151531.html et https://www.researchgate.net/figure/Evolution-de-la-production-et-de-la-demande-mondiale-et-francaise-en-engrais-azotes_fig1_332800086

[8] https://www.youtube.com/watch?v=_vHa_a8Mjak


Devenez des activistes !

Plus d’un millier de scientifiques spécialistes du climat exhortent le public à devenir des activistes

« Nous avons besoin de vous », déclare Scientist Rebellion, qui comprend les auteurs des rapports du GIEC sur les changements climatiques, alors que les diplomates se réunissent dans le cadre de la Cop28.

4 décembre 2023 – Damien Gayle – traduction deepl / Josette – voir l’article original sur The Guardian


Wolfgang Cramer a participé pour la première fois aux travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans les années 90. Il a travaillé sur le deuxième rapport d’évaluation, publié en 1995, qui confirmait l’existence d’un dérèglement climatique d’origine anthropique. À cette époque, personne ne pouvait dire qu’il ne savait pas ce qui se passait.


Près de trois décennies plus tard, M. Cramer a fait partie de l’équipe scientifique internationale qui a préparé le sixième rapport du GIEC. La conclusion de ce rapport, rendue en mars dernier, lance à la civilisation humaine un sombre « dernier avertissement » : la biosphère est sur le point de subir des dommages irrévocables.

Aujourd’hui, alors que les diplomates se réunissent à Dubaï pour le 28e cycle de négociations sur le climat de la Cop, au cours d’une année qui devrait être la plus chaude jamais enregistrée et alors que les émissions de carbone continuent d’augmenter, M. Cramer est l’un des 33 auteurs du GIEC parmi les 1 447 scientifiques et universitaires qui ont signé une lettre ouverte appelant le public à prendre des mesures collectives pour éviter l’effondrement du climat.


« Nous sommes terrifiés », préviennent-ils. « Nous avons besoin de vous. »


« Où que vous soyez, devenez un défenseur ou un activiste du climat », implore la lettre, publiée lundi par Scientist Rebellion, un groupe d’activistes du climat. « Rejoignez ou créez des groupes qui militent en faveur de politiques visant à garantir un avenir meilleur. Contactez les groupes actifs dans votre région, renseignez-vous sur leurs réunions et participez-y.


« Si nous voulons créer un avenir vivable, l’action climatique doit cesser d’être quelque chose que les autres font pour devenir quelque chose que nous faisons tous. »


Cette lettre est envoyée alors que les délégués se réunissent aux Émirats arabes unis, un pays riche en pétrole, pour la Cop28. Ils y débattent de la question de savoir s’il convient d’ « éliminer » ou de « réduire progressivement » l’utilisation des combustibles fossiles émetteurs de gaz à effet de serre, qui sont la principale cause du dérèglement climatique. Un fonds a été créé pour les pays les plus pauvres, pour lesquels les catastrophes liées au climat sont déjà une réalité.

Wolfgang Cramer déclare que lui et ses collègues scientifiques étaient de plus en plus frustrés. Les gouvernements occidentaux, les gouvernements européens ont tendance à dire : « Oh, nous faisons déjà beaucoup » », a-t-il déclaré au Guardian. « Et oui, bien sûr, nous devons nous en féliciter, nous devons nous réjouir de chaque petit pas dans la bonne direction.


« Mais je pense que l’échec de la communication en ce moment est de parler suffisamment de l’inadéquation, de la déconnexion totale, entre les engagements que nous voyons de la part des gouvernements lors des Cop, et dans la mise en œuvre de leurs engagements à la maison, d’une part, et les objectifs clairs de l’accord de Paris, d’autre part. »


En amont de la Cop28, le Programme des Nations unies pour l’environnement a lancé un avertissement sévère selon lequel les politiques nationales de réduction du carbone sont si insuffisantes que le réchauffement de 3 °C (5,4 °F) par rapport aux niveaux préindustriels sera atteint au cours de ce siècle, soit le double de la limite de 1,5 °C (2,7 °F) qui, selon les accords de Paris sur le climat, permettrait d’éviter les effets les plus catastrophiques de l’effondrement du climat.

« Aucun pays n’agit dans le sens d’un réchauffement de 1,5°C », indique la lettre de Scientist Rebellion. « Poursuivre sur cette voie entraînera des souffrances indicibles. De grandes parties de notre planète deviendront inhabitables, créant des centaines de millions de réfugiés, des famines sans précédent et de graves conflits politiques ».


Mais « nous n’avons pas à nous résigner à cet avenir », insiste le rapport. « Les solutions existent, mais leur mise en œuvre dépend d’une « mobilisation à grande échelle de la société » pour vaincre les intérêts particuliers qui profitent du statu quo.


« Nous devons rapidement abandonner les combustibles fossiles, mais la Cop28 est présidée par le PDG d’une compagnie pétrolière, ce qui illustre l’influence profonde de ce pouvoir bien établi », ajoute la lettre.


Minal Pathak, professeure associée au centre mondial pour l’environnement et l’énergie de l’université d’Ahmedabad et autre signataire, était scientifique principal dans l’unité de soutien technique du groupe de travail III du sixième rapport du GIEC, qui portait sur l’atténuation de la dégradation du climat. Tout comme M. Cramer, elle s’est sentie frustrée par l’impuissance apparente des avertissements des scientifiques. Elle a déclaré au Guardian qu’elle était en fait en colère.

« À un moment donné, on aurait pu penser que la rédaction d’articles percutants dans des revues de grande qualité ou la publication de rapports de l’ONU étaient la solution pour établir des preuves », a-t-elle déclaré. « Mais apparemment, cela ne fonctionne pas, n’est-ce pas ? Ou ne fonctionne pas comme il le faudrait. Je suis vraiment, vraiment déçue de la façon dont les choses se passent. J’ai une fille adolescente et j’ai vu ce qui s’est passé pendant une décennie. Qu’est-ce qu’il faut faire, vraiment, pour agir ? »


Sauvegardons Neerpede

Un projet d’étang de baignade au cœur du Parc des Étangs de Neerpede met en danger la biodiversité

Josiane Van Obbergen

Le mouvement citoyen « Sauvegardons Neerpede » s’oppose au projet d’étang naturel de baignade sur l’un des 3 principaux étangs du Parc des Etangs de Neerpede, à Anderlecht.

Le 6 décembre 2021, le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron a convoqué la presse pour annoncer la création du premier étang de baignade à Neerpede en 2024. Bruxelles-Environnement venait de publier une étude de faisabilité envisageant la transformation des étangs Mayfair ou Moyen en un étang « naturel » de baignade, et d’indiquer lequel serait le plus approprié à cette activité. C’est l’étang Moyen qui a été retenu.

L’étang Moyen constitue la partie centrale du futur Parc de Neerpede, situé dans le quartier de Neerpede, partie excentrée d’Anderlecht nichée dans le sud-ouest de Bruxelles. L’étang Moyen, l’étang Mayfair et le bassin d’orage Bruxelles Mobilité constituent le périmètre visé par le projet et occupent le centre de l’enfilade des étangs de Neerpede et de Marius Renard. Cette partie ne peut pas être isolée des autres étangs qui assurent ensemble d’équilibre écosystémique de ce couloir écologique. Cet endroit encore préservé de la ville, havre semi-sauvage de plans d’eau, de friches, de ruisseaux, de boisements, de champs, de prairies et cheminements déjà présents et praticables, remplit le rôle de poumon vert d’Anderlecht, en périphérie de Bruxelles.

Suivant Bruxelles-Environnement, l’enfilade fait partie du réseau écologique bruxellois et présente des zones à très haute valeur écologique, haute valeur biologique et valeur biologique importante. L’étang Moyen est majoritairement de valeur biologique importante.

Pour le mouvement citoyen « Sauvegardons Neerpede », à l’heure où l’importance de la biodiversité, l’importance de protéger la nature et l’importance de développer des zones vertes dans les quartiers n’en ayant pas, ne sont plus à démontrer, il est inconcevable de proposer une activité qui drainera une foule trop importante pour la préservation d’un tel espace vert.

La présence de 225 baigneurs simultanément ainsi que de toutes les personnes qui s’accumuleront aux abords de l’étang (2000 personnes par jour) pour profiter d’une aire de repos, tout au long de la journée, apporteront immanquablement des nuisances au site tout entier.

D’autre part, la présence massive de personnes entraînera un changement radical en transformant cet endroit paisible où chacun.e peut venir se ressourcer au contact de la nature en un endroit bruyant et hyper actif.

Le Plan Régional de Développement Durable (PRDD) adopté en 2018, a pour ambition d’apporter les réponses adéquates aux défis et enjeux que connaît Bruxelles en tant que territoire urbain.

Autour de l’étang de baignade de Neerpede, les aires de repos se situent pour certaines dans une zone définie comme étant un « site semi-naturel à protéger et à revaloriser ».

En 2020 et 2021, une phase test a été menée sur quelques jours, quelques heures et uniquement sur réservation. Cette phase test a démontré qu’une jauge réduite de 15 personnes devait être respectée pour préserver la biodiversité. Aujourd’hui, il est effectivement interpellant de constater que la jauge a été multipliée par 17 et que la préservation de la biodiversité a perdu de son intérêt.

La commune d’Anderlecht possède une piscine intérieure au Céria, une piscine en plein air, à côté du canal, au niveau du pont Marchant («Flow», projet géré par Pool is Cool), ouverte depuis 2021 pendant les mois d’été et la future piscine aux Abattoirs de Cureghem, sur le toit du bâtiment Manufacture. Bruxelles-Ville a également un projet de piscine naturelle au quai Béco.

Le permis d’urbanisme et d’environnement pour le projet d’étang de baignade a été déposé en décembre 2022. En mars 2023, l’enquête publique a été lancée. Celle-ci s’est terminée en avril de la même année. Le 15 mai 2023, l’avis de la Commission de Concertation a été publié : pas d’avis commun. Abstention de Bruxelles Environnement (le porteur du projet), avis défavorable de la commune d’Anderlecht et avis favorable d’URBAN (section Monuments et Sites et Urbanisme) sous conditions.

A partir de l’avis, le dossier repasse aux mains de la Région. Bruxelles Environnement a 6 mois pour revoir sa copie et doit répondre à chaque condition émise dans l’avis. Dans certains cas, ce délai peut être prolongé. Le collectif citoyen « Sauvegardons Neerpede » craint que l’administration régionale de l’Urbanisme passe outre et n’accorde un permis malgré tout.

En un mot, l’ambition régionale vise à rassembler les différentes zones en un tout cohérent, sur les 40 hectares du futur Parc de Neerpede. S’opposer à cette première phase est donc crucial pour la préservation de l’ensemble du site sur le long terme.

Le collectif citoyen « Sauvegardons Neerpede » a été co-fondé par Madame Yannick Laurent en décembre 2021 suite à l’annonce de Monsieur Alain Maron de l’ouverture du premier étang de baignade à Neerpede en 2024, comme si c’était un fait accompli.

Sauvegardons Neerpede s’oppose à la transformation de ce site du maillage vert et bleu en une zone récréative nuisible à la faune, à la flore et à la quiétude ambiante.

Il dénonce le détournement du Plan Opérationnel de Neerpede, datant de septembre 2020, à des fins récréatives de masse par pure ambition mégalomane. Malgré les dires de certains acteurs impliqués dans l’élaboration du projet, aucune concertation citoyenne et surtout riveraine n’a été organisée.

Sauvegardons Neerpede a lancé une pétition en ligne et papier (actuellement plus de 7000 signatures). Le mouvement est présent sur les réseaux sociaux. Des affiches et des communiqués de presse ont été diffusés. Des rencontres avec les porteurs du projet et la commune ont été planifiées et le seront encore.

Vu que rien n’est décidé encore, de nouveaux arguments sont en cours de développement ainsi qu’une éventuelle action au Conseil d’État. Sauvegardons Neerpede continue le combat. Parce que tous les espaces verts de Bruxelles encore intacts tissent la trame de la survie sur le long terme de toutes les espèces dont nous faisons partie. La nature nous sauve et non le contraire. Ne sacrifions par l’étang Moyen, futur martyr écologique, à l’autel d’un récréatif consumériste ! Neerpede est un lieu à préserver de toute urgence, avant qu’il ne soit trop tard.

Afin d’être informés des suites du dossier, vous pouvez vous abonner à la page Facebook de Sauvegardons Neerpede. Vous y trouverez également les moyens mis à disposition pour soutenir le collectif.


Documentation & contact :


Pour signer la pétition :

https://www.change.org/p/a-la-région-bruxelloise-sauvegardons-neerpede


Freiner ? Pas ma priorité…

Aasha Cinta, activiste
Jérôme Beitz, enseignant en sciences
Justine Foubert, logopède
Matteo Pisano, activiste de Youth for Climate
Samuel Melchior et Stéphane Vanden Eede, co-fondateurs du collectif Pakman

Ceci n’est pas un conte …

Il conduit droit vers le mur. Elle (la passagère) alerte. Les enfants, à l’arrière, n’éprouvent pas, dans leur chair, la gravité de la menace.

Elle demande :

  • Pourquoi tu ne freines pas ? » 

Il (le conducteur) répond : 

  • Les enfants me font confiance pour être à l’heure à la fête, voilà mon seul objectif ; ils attendent de moi que je tienne ma promesse. Tu n’as qu’à essayer de gagner leur confiance si tu penses que les enfants préféreraient arriver en vie. Ton discours catastrophiste ne les séduira jamais.
  • Prétends-tu que j’ai tort dans mon constat que nous allons droit vers la catastrophe ?
  • Non, je ne remets pas en question ce que tu me dis, tu as raison sur le fond. Mais, c’est moi qui conduis, j’ai entendu ton alerte et tu ne peux pas dire que je ne freine pas.
  • Mais tu ne freines pas assez fort ! Tu devrais freiner pied au plancher, il nous reste une fenêtre d’opportunité.
  • Si je freine en catastrophe, je risque d’abîmer mes pneus et la décélération brusque risque de secouer les enfants.
  • Mais, on n’a pas le choix, il faut accepter d’être bousculé. Je veux juste que nous restions tous en vie, s’il te plait.
  • Vous avez entendu à l’arrière ? Elle veut vous imposer des décisions au détriment du confort paisible que vous méritez, n’est-ce pas ? Évaluez la situation les enfants, sans prendre en compte nos avis. De mon côté, en toute impartialité et neutralité, nous agirons en fonction de vos délibérations.
  • Mais nous n’avons pas le temps. Freeeeeeeeeine !

Crash

Il n’a jamais avoué qu’il s’en foutait éperdument que les enfants soient à l’heure à la fête. Il souhaitait garder le volant, le contrôle. Il ne pouvait donc pas avouer que la passagère avait raison. Il les utilisait comme prétexte à son unique intérêt personnel : conserver à tout prix le pouvoir.

La passagère, consciente du danger, aurait peut-être dû prendre par la force sa place afin de leur sauver la vie. Malgré les appels à l’aide, les preuves d’une mort certaine si rien ne change, malgré les discussions paisibles et les interpellations directes et radicales, la trajectoire reste mortifère. L’obéissance à la décision du conducteur les a écrasés contre le mur; pour seule issue, ils étaient condamnés à la désobéissance.

Évidemment, ce n’est pas un crash soudain ! C’est la destruction progressive du vivant, c’est la terre de nos agriculteurs en 2020, c’est la vie des habitants le long de la Vesdre en 2021, ce sont les forêts en 2022, c’est l’air que l’on respire, c’est l’eau que l’on boit, c’est au Pakistan, en Libye, au Mexique, en Flandre occidentale, dans le nord de la France… C’est, cette société qui se meurt en plein burnout collectif, étranglée par un système financier cyniquement inhumain et menacée démocratiquement par les poussées ultralibérales, tout récemment en Argentine et aux Pays-bas, qui se nourrissent des pulsions de replis sur soi face à la migration climatique que notre confort occidental cause silencieusement.

Pour manifester, pour s’informer, cela prend du temps. Nous consentons d’être dépossédés de notre temps : il faut conduire les enfants au foot, étudier pour les examens, se vider la tête, abandonner son écran… Le vivant ? La biodiversité ? Le climat ? La lutte des classes ? Le vivre ensemble ? Certains diront “c’est important, oui… mais ce n’est pas ma priorité ! » On a tous mieux à faire de notre temps que de marcher pour une cause qui nous dépasse…

Comprenez-vous pourquoi on se bat ?

La tête dans le sable, notre déni collectif masque l’issue funeste. Mais si on retire les mains de nos yeux et de nos oreilles, on constatera que le mur devant nous se rapproche inéluctablement.

Sur la même route, Camille E. avait annoncé à tous les occupants de son bus que deux passagers, tirés au sort, allaient dialoguer avec Peter K. afin d’évaluer la situation et rapporter les faits aux passagers et rapidement voter une décision. Ainsi, ces deux passagers s’adressent aux autres de manière très claire : “Il y a un mur sur la route ; si nous ne freinons pas, nous mourrons et souffrirons”. Un vote à main levée est unanime et contraint Camille à un freinage d’urgence les secouant tous, tant le bus avait une vitesse au-delà des limites physiques pour leur sécurité.

Crash

Malgré de gros dégâts matériels et de nombreuses blessures lourdes, toutes les vies sont sauvées. Camille E. avait déjà commencé à ralentir doucement car elle avait conscience que ses responsabilités l’obligeaient à appliquer le principe de précaution.

Nous sommes toutes et tous des passagers et peu de nous sont conducteurs. Les passagers de ces véhicules à la course folle ont un certain pouvoir sur le conducteur, les inégalités font que certains sont à l’avant et que d’autres se trouvent tout au fond du bus. Des gardes violents bloquent parfois l’accès à la cabine, ce qui oblige ceux qui n’en ont pas à agir plus rapidement. Il est vital et urgent de libérer la parole, avec ses proches, sur les réseaux sociaux, dans les écoles, les centres culturels… La situation semble calme mais une seule question doit guider l’agenda de nos actions : on est toujours en vie mais pour combien de temps ?

Le jour où l’on aura la réponse à cette question, il sera probablement trop tard, la fenêtre d’opportunité ne sera plus qu’un regrettable souvenir. Alors, sortons vite de notre déni collectif ! Déplaçons rapidement ces conducteurs de leurs outils de pouvoir tant que cette fenêtre est encore ouverte, ne serait-ce que légèrement. Gardons en tête que cette réalité honteuse est la conséquence directe de la stratégie des industries fossiles et plus largement du système capitaliste. Mais surtout, ne commettons pas l’erreur de baisser les bras ! Car même si la situation est objectivement catastrophique, il est techniquement encore temps d’agir pour que notre avenir ressemble à celui du bus et non celui de la voiture.

Rendez-vous le 3 décembre dans les rues de Bruxelles !

Parce que c’est LA première priorité !


Plus de 2° ?

reprise d’un post de Thomas WagnerBon Pote – sur Linkedin

Pour la première fois, la planète Terre aurait franchi le 17 novembre la barre des +2°C de réchauffement mondial, par rapport à la période de référence 1850-1900 (données ERA5, ECMWF)
Cela ne veut pas dire que l’Accord de Paris est enterré, mais ce n’est clairement pas une bonne nouvelle. Pour pouvoir dire que l’objectif des +1.5°C ou +2°C de réchauffement est enterré, il faudrait que ce soit le cas sur une moyenne à 20 ans comme le GIEC le présente, et non une seule journée.
MAIS. Pendant ce temps, la semaine dernière, nous apprenions que les promesses des gouvernements permettraient de baisser de 2% les émissions d’ici 2030, et non de 43% comme il le faudrait pour avoir une chance de respecter l’Accord de Paris.
Les records continuent d’être battus un par un en 2023, pendant que l’inaction climatique des gouvernements nous précipite vers un monde en partie inhabitable. Si un monde réchauffé de +2°C ne vous parle pas, plusieurs articles sont disponibles en accès libre sur Bon Pote, n’hésitez jamais à demander ou poser des questions.
On aimerait vraiment que les médias s’emparent du sujet et en fassent une priorité.
Pour suivre quotidiennement le sujet, ce n’est pas le cas.
Nous avons aussi besoin que les politiques en parlent et relayent ce message. Que les citoyens et citoyennes relayent également. Nous aurons besoin de tout le monde.

documentation :


Le « vacillement » des systèmes terrestres nous met en garde :

agissons maintenant, ou nous verrons disparaître notre paradis déjà dégradé.

George Monbiot

Deepl traduction : Josette – The ‘flickering’ of Earth systems is warning us: act now, or see our already degraded paradise lost – 31 octobre 2023

Lorsque Rishi Sunak a accordé 27 nouvelles licences en mer du Nord cette semaine, il ne pensait pas à la survie du monde vivant.

Le voyez-vous déjà ? L’horizon des systèmes terrestres – le point où nos systèmes planétaires basculent dans un nouvel équilibre, hostile à la plupart des formes de vie ? Je pense que oui. L’accélération soudaine des crises environnementales que nous avons connue cette année, associée à l’inutilité stratégique des puissants gouvernements, nous précipite vers le point de non-retour.

On nous dit que nous vivons la sixième extinction de masse. Mais il s’agit là d’un euphémisme. On parle d’extinctions massives parce que le signe le plus visible des cinq catastrophes précédentes de l’ère phanérozoïque (depuis l’apparition des animaux à corps dur) est la disparition des fossiles dans les roches. Mais leur disparition est le résultat de quelque chose d’encore plus grand. L’extinction de masse est un symptôme de l’effondrement des systèmes terrestres.

Dans le cas le plus extrême, l’extinction Permien-Trias, il y a 252 millions d’années – lorsque 90 % des espèces ont disparu -, les températures planétaires ont grimpé en flèche, la circulation de l’eau autour du globe s’est plus ou moins arrêtée, le sol a été dépouillé, les déserts se sont étendus sur une grande partie de la surface de la planète et les océans se sont désoxygénés et acidifiés de manière drastique. En d’autres termes, les systèmes terrestres ont basculé dans un nouvel état, inhabitable pour la plupart des espèces qu’ils abritaient.

Ce que nous vivons aujourd’hui, à moins que nous et nos gouvernements ne prenions des mesures soudaines et radicales, est le sixième grand effondrement des systèmes terrestres.

Dans de nombreux systèmes terrestres, nous observons désormais le type d’instabilité – que les théoriciens des systèmes appellent « vacillement » – qui pourrait suggérer qu’ils s’approchent d’un point de basculement. Selon un article publié cette année, la perte totale de la glace de mer de fin d’été dans l’Arctique est désormais acquise et pourrait se produire dès les années 2030. Ce phénomène est susceptible de déclencher des phénomènes météorologiques encore plus extrêmes dans l’hémisphère nord en raison de l’affaiblissement du courant-jet.

Dans l’Antarctique, la fonte de la glace de mer s’est considérablement accélérée au cours de l’été austral cette année, après quoi elle ne s’est étrangement pas rétablie au cours de l’hiver austral. Cela suggère un changement d’état de plus en plus rapide, qui pourrait entraîner l’effondrement en cascade des plates-formes de glace d’eau douce perchées au-dessus de la glace de mer, ce qui aurait des conséquences catastrophiques sur l’augmentation du niveau des mers à l’échelle mondiale.

La fonte, à son tour, semble affecter la circulation des courants dans l’océan Austral, qui a ralenti d’environ 30 % depuis les années 1990. Ce phénomène entrave le transfert de chaleur et de froid et réduit l’oxygénation. On observe des effets similaires dans l’hémisphère nord, où la fonte des glaces de l’Arctique a réduit la circulation dans l’Atlantique.

De nouvelles recherches menées en Amazonie ont mis en évidence ce que les scientifiques appellent des « signaux précurseurs » d’une « transition critique imminente ». La combinaison de la déforestation et du dérèglement climatique pourrait interrompre la circulation des précipitations dans le bassin, déclenchant un passage rapide de la forêt tropicale à la savane.

Les vastes puits de carbone que constituent les zones humides tropicales et les tourbières pergélisolées de l’Arctique semblent également s’approcher d’un point de basculement, comme le suggèrent les pics soudains de méthane, de dioxyde de carbone et d’oxyde nitreux. Ces zones font partie des réserves de carbone les plus importantes au monde, mais par le biais d’une rétroaction auto-accélérée classique, certaines d’entre elles se transforment maintenant en puissantes sources de gaz à effet de serre.

Le mois de juillet de cette année a été le plus chaud jamais enregistré. Le mois de septembre a battu le précédent record de 0,5 °C. Un article publié l’année dernière explique comment cette dégradation du climat pourrait entraîner un effondrement de la société. Par exemple, dans moins de 50 ans, un tiers de la population mondiale pourrait vivre dans des endroits aussi chauds que le sont aujourd’hui les zones les plus chaudes du Sahara, souvent dans des régions déjà très instables sur le plan politique. Et ce n’est pas le pire. L’une des conséquences possibles de l’augmentation des concentrations de dioxyde de carbone au cours de ce siècle est la disparition soudaine des couches de nuages stratocumulus, ce qui entraînerait un réchauffement supplémentaire de la surface de 8 °C environ.

Comme lors des précédents grands effondrements des systèmes terrestres, ces impacts se traduisent par la disparition d’espèces. Un article récent révèle que la population de 48 % des espèces de la planète diminue, tandis que celle de 3 % seulement augmente. Beaucoup plus d’espèces sauvages pourraient être en voie d’extinction que ce que l’on estimait jusqu’à présent. Si la disparition des espèces est le symptôme d’un effondrement systémique, il se pourrait que nous vivions déjà en sursis.

Rien de tout cela n’est certain, à moins que nous ne fassions en sorte qu’il en soit ainsi. Mais loin de s’attaquer à la plus grande crise que l’humanité ait jamais connue, nos gouvernements accélèrent le pas vers l’horizon. Par exemple, Rishi Sunak, qui n’était jusqu’à présent qu’un simple accident de parcours dans l’histoire politique du Royaume-Uni, semble maintenant avoir découvert son objectif : saccager la planète au nom du pouvoir des entreprises. Des sources gouvernementales affirment qu’il profitera du discours du roi de la semaine prochaine pour redoubler son attaque contre les politiques écologiques.

Lundi, son gouvernement a annoncé l’octroi de 27 nouvelles licences d’exploitation de pétrole et de gaz en mer du Nord. Le même jour, une étude publiée dans Nature Climate Change a révélé que le budget carbone restant – la quantité nette de dioxyde de carbone que l’homme peut encore émettre pour conserver une chance sur deux de ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement de la planète – sera épuisé en seulement six ans si l’on continue à faire comme si de rien n’était. Seule une décision d’urgence de laisser les combustibles fossiles dans le sol est susceptible d’empêcher le franchissement de ce seuil de température.

Chaque heure est désormais un moment « si seulement » : elle offre une meilleure chance d’éviter l’effondrement que l’heure qui suit. Aussi sinistre que soit notre époque sur Terre, les générations futures y verront un âge d’or. Un âge d’or de la vie sauvage, du temps clément, de la stabilité, de la prospérité, des possibilités d’agir. Notre monde vivant est une ombre grise de ce qu’il a été, mais un paradis vibrant en comparaison de ce qu’il sera. À moins que, à moins que.


Un enjeu mondial pour la santé

Lettre ouverte de la communauté médicale et sanitaire mondiale à la COP28 sur les combustibles fossiles

https://cop28healthletter.com/french/

Cher président désigné de la COP, 

Cette année, les dirigeants mondiaux rassemblés aux EAU pour faire le point sur leurs engagements climatiques se concentreront pour la première fois sur une planification officiellement dédiée à la santé. Nous, les signataires de cette lettre, vous soutenons dans vos efforts de placer la santé au premier plan de la COP 28.

En tant que leaders mondiaux du domaine de la santé, nous nous engageons à offrir santé et bien-être à tous. Sans un climat sûr et stable, cet objectif est irréalisable. L’Accord de Paris a entériné le « droit à la santé » comme obligation essentielle de l’action climatique. Pourtant, les communautés, les professionnels de santé et les systèmes de santé du monde entier sont déjà confrontés aux conséquences préoccupantes de l’évolution du climat. La fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes induits par le changement climatique s’intensifient ; nombre de pays luttent contre les conséquences sanitaires des chaleurs extrêmes, de tempêtes inédites, d’inondations, de l’insécurité hydrique et alimentaire, des feux de forêt et du déplacement des populations. Pour que la COP 28 soit réellement une « COP de la santé », elle doit s’attaquer à la cause profonde de la crise climatique : la poursuite de l’extraction et de l’utilisation des combustibles fossiles, notamment le charbon, le pétrole et le gaz. Nous lançons un appel à la présidence de la COP 28 et aux dirigeants de tous les pays pour qu’ils s’engagent à accélérer la suppression progressive, juste et équitable des énergies fossiles, car il s’agit de la trajectoire qui déterminera la santé de tous. 

En mettant fin à notre dangereuse dépendance envers les énergies fossiles, nous améliorerons les perspectives de santé des générations futures et sauverons des vies. Il est essentiel de maintenir l’augmentation des températures mondiales en dessous de l’objectif de 1,5 °C de l’Accord de Paris pour garantir la santé et la prospérité économique de tous. Or, seule une suppression progressive rapide des combustibles fossiles nous permettra d’y parvenir. En limitant le réchauffement planétaire, cette suppression progressive des combustibles fossiles protégera notre santé des conséquences dévastatrices des événements extrêmes et empêchera de nouvelles dégradations écologiques et pertes de biodiversité. Si nous maintenons notre dépendance, les conséquences pour la santé seront désastreuses, tout comme la perte de ressources naturelles et de services écosystémiques cruciaux pour la santé des espèces humaines et non humaines. Nous mettrions donc en danger « One Health » (Une seule santé) et la santé de la planète.

Outre les conséquences du climat sur la santé, la pollution de l’air, en partie due à l’utilisation de combustibles fossiles, provoque 7 millions de décès prématurés chaque année. Le coût économique des conséquences de la pollution de l’air sur la santé s’élevait à plus de 8,1 mille milliards de dollars, soit 6,1 % du PIB mondial, en 2019. En améliorant la qualité de l’air, les gouvernements s’attaquent directement au fardeau que représentent de nombreux cancers, les maladies cardiaques, les troubles neurologiques comme les accidents vasculaires cérébraux, ainsi que les maladies respiratoires chroniques aiguës comme l’asthme ou la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). L’investissement dans les sources d’énergie propre permettra d’économiser chaque année des centaines de milliards de dollars en dépenses de santé associées à la pollution de l’air, tout en réduisant les pertes économiques issues des phénomènes météorologiques extrêmes dont les dommages s’élevaient à 253 milliards de dollars en 2021

Supprimer progressivement, entièrement et rapidement le recours aux combustibles fossiles s’avère la meilleure façon d’assurer la qualité de l’air, de l’eau et de l’environnement, sans laquelle nous ne pourrons vivre en bonne santé. Nous ne pouvons pas nous reposer sur des solutions inadéquates et peu fiables, comme le captage et stockage du carbone (CCS). Elles prolongent l’utilisation des énergies fossiles, sans générer immédiatement de réelles améliorations en termes de santé, comme une transition vers les énergies renouvelables le ferait. Les fausses solutions comme le CCS risquent d’accroître les émissions nocives, de faire pression sur la santé des communautés au fardeau disproportionné et de retarder notre avancée vers un réel progrès climatique.

La transition énergétique doit être juste et équitable pour tous. La transition vers un avenir d’énergies propres offre la possibilité de remédier aux injustices d’un système de dépendance aux énergies fossiles. Elle peut adopter une approche systématique et mettre l’accent sur la santé, l’attention aux autres et le bien-être de la communauté, en veillant à n’oublier personne. Les dirigeants du monde entier doivent s’assurer que tout le monde, y compris les États fragiles et les communautés les plus reculées et exclues, a accès à une énergie propre, résiliente, accessible, fiable, abordable et non polluante, mais aussi aux nouvelles technologies pour exploiter au mieux ces énergies. Une transition juste présente l’opportunité de réduire les inégalités de santé auxquelles sont confrontées les minorités et les communautés marginalisées, notamment lorsqu’il s’agit des conséquences sanitaires de l’utilisation actuelle des énergies fossiles et de notre dépendance. 

Le déverrouillage de financements s’avère décisif pour une transition juste et saine. Nous ne pourrons atteindre nos objectifs climatiques et sanitaires qu’en arrêtant d’investir dans les énergies fossiles pour privilégier les solutions avérées pour le climat et la santé. Chaque année, les pays dépensent des centaines de milliards de dollars pour subventionner l’industrie des énergies fossiles, alors que cet argent pourrait contribuer à la création d’un avenir sain. Les pays aux revenus élevés, les institutions financières de développement et le secteur privé doivent augmenter drastiquement leurs engagements — et les honorer — de favoriser les investissements dans les énergies propres, la qualité de l’air et le développement économique pour les communautés les plus touchées par le changement climatique et la pollution issue des combustibles fossiles.

Les intérêts du secteur des énergies fossiles n’ont pas leur place dans les négociations climatiques. Il faut interdire à l’industrie des énergies fossiles de poursuivre sa campagne décennale d’obstruction de l’action climatique aux négociations de la CNUCC et en dehors. Tout comme l’industrie du tabac n’a pas le droit de participer à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac, il faut impérativement protéger la collaboration mondiale en matière de progrès climatique du lobbying, de la désinformation et des retards privilégiés par les intérêts de l’industrie.

Sans une action climatique ambitieuse, le fardeau des systèmes de santé et des professionnels de santé sera insurmontable. Les avancées de santé des dernières décennies auront été en vain, et nous verrons les conséquences nocives du changement climatique détruire toute chance d’avenir sûr, équitable et juste. 

En cette année extraordinaire, la santé étant pour la première fois au programme de la COP, nous vous sommons de faire réellement progresser le climat : engagez-vous en faveur de l’accélération d’une suppression progressive, juste et équitable des énergies fossiles ; présentez la transition énergétique renouvelable comme la trajectoire qui décidera de la santé de tous. 

Cordialement,

Dirigeants d’organisations mondiales de la santé (par ordre alphabétique)

Dr. Githinji Gitahi, CEO, Amref Health Africa

Dr. Pam Cipriano, President, International Council of Nurses

Dr. Salman Khan, Liaison Officer for Public Health Issues, International Federation of Medical Students’ AssocIations

Dr. Naveen Thacker, President, International Pediatric Association

Dr Christos Christou, International President, Médecins Sans Frontières

Dr. María del Carmen Calle Dávila, Executive Secretary, Organismo Andino du Salud (Andean Health Organization)

Prof. Luis Eugenio de Souza, President, World Federation for Public Health Associations

Dr. Lujain Alqodmani, President, World Medical Association

Leaders régionaux dans le domaine de la santé (par ordre alphabétique)

Dr. Mary T. Bassett, Director, FXB Center for Health and Human Rights, Harvard University

Dr. Fiona Godlee, Former Editor-in-chief of the British Medical Journal

Prof. (Dr.) Arvind Kumar, Chairman, Institute of Chest Surgery, Chest Onco Surgery and Lung Transplantation, Medanta Hospital, India

Dame Parveen Kumar, Emeritus Professor of Medicine and Education, Barts and The London School of Medicine and Dentistry

Dr. Lwando Maki, Secretary, Public Health Association of South Africa

Dr. Jemilah Mahmood, Executive Director, Sunway Center for Planetary Health – Malaysia

Dr. Kari C. Nadeau, MD, PhD, Chair of the Department of Environmental Health at Harvard School of Public Health

Prof. (Dr.) K Srinath Reddy, Past President of Public Health Foundation of India


Cette lettre est soutenue et approuvée par d’organisations nationales de santé :

AFRICA

Ong Zéro Décès en Donnant La Vie, Côte d’Ivoire

Dr. Agonafer Tekalenge, President, Ethiopian Public Health Association

Dr. Adeline Kimambo, Executive Secretary, Tanzania Public Health Association

African journal of gastroenterology and hepatology, Egypt

The Board of the Public Health Association of South Africa

Annals of Health Research – The Journal of the Medical and Dental Consultants Association of Nigeria, Nigeria

Nurses Across The Borders Humanitarian Initiative, Nigeria

Youth Advocacy and Development Network, Uganda

ASIA

Global Journal of Medicine and Public Health, India

Green Practice Japan, Japan

Health and Global Policy Institute, Japan

Khyber Medical University Journal, Pakistan

CENTRAL & SOUTH AMERICA

Dr. Vital Ribeiro, Chair, Associação Civil Projeto Hospitais Saudáveis, Brazil

Dr. Rosana Teresa Onocko Campos, President, Associação Brasileira de Saúde Coletiva, Brazil

ACT Health Promotion, Brazil

Health Hospitals Project, Brazil, US

Fundación Colombiana del Corazón, Colombia

Asociación Latinoamericana De Pediatría, Uruguay

EUROPE

Diederik Aarendonk, Forum Coordinator Global Health Organization Leadership, European Forum for Primary Care

Dr. Ansgar Gerhardus, Board Chair, German Public Health Association

Prof. Kevin Fenton, President, UK Faculty of Public Health

Dr Latifa Patel, Representative Body Chair, British Medical Association

Kamran Abassi, Editor-in-Chief, British Medical Journal

Dr. Richard Smith, Chair, UK Health Alliance on Climate Change

Sheila Sobrany, President, Royal College of Nursing

Diana Zeballos, Executive Secretary, Sustainable Health Equity Movement

EuroHealthNet, Belgium

Association of Basic Medical Sciences of Federation of Bosnia and Herzegovina, Bosnia and Herzegovina

International Federation of Medical Students’ Associations – Denmark, Denmark

KLUG – German Alliance on Climate Change and Health, Germany

Deutsche Gesellschaft für Epidemiolgie e. V, Germany

Galician Health Service, Spain

Tsubaki Diseño Slu, Spain

Swedish Doctors for the Environment, Sweden

Doctors for the Environment Switzerland, Switzerland

Health for Future Switzerland, Switzerland

Public Health Schweiz, Switzerland

International Society of Doctors for the Environment, Switzerland

Faculty of Medicine, University of Geneva, Switzerland

Santé En Transition, Réunion

Palliative Care Sustainability Network, UK

Greener Practice, UK

World Health Innovation Summit, UK

Ride For Their Lives, UK

OCEANIA

Dr. Kate Wylie, Executive Director, Doctors for the Environment Australia

Dr. Frances Peart, President & Board Chair, Climate and Health Alliance Australia

Veterinarians for Climate Action, Australia

NORTH AMERICA

Katie Huffling, DNP, Executive Director, Alliance of Nurses for Healthy Environments

Canadian Medical Association, Canada

Canadian Health Association for Sustainability and Equity, Canada

Canadian Association of Physicians For The Environment, Canada

Medical Society Consortium on Climate and Health, US

Climate Psychiatry Alliance, United States

Climate Health Now, United States

Michigan Clinicians for Climate Action, United States

Physicians for Social Responsibility/Sacramento, United States

Physicians for Social Responsibility Pennsylvania, United States

Carolina Advocates for Climate, Health, and Equity, United States

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En ces temps de crises environnementales et climatiques

Odile Bury

Reprise d’un post FaceBook parut le 16 octobre 2023 : https://www.facebook.com/odile.bury

En ces temps de crises environnementales et climatiques et avec le sentiment d’urgence grandissant qui est le mien, je suis dans l’incapacité de poursuivre mon mandat d’Echevine de manière acceptable.

Alors que, comme tous les niveaux de pouvoir, nous sommes appelés dans notre commune à mettre en place un plan climat*, chaque semaine m’amène à participer à des décisions qui augmentent notre empreinte écologique et la quantité de gaz à effet de serre que nous rejetons dans l’atmosphère plutôt que les diminuer.

Nous continuons à mobiliser des ressources naturelles, humaines et financières, de plus en plus limitées, sans nous poser la question du besoin auquel leur utilisation va répondre.Les réponses technologiques qui sont données aux enjeux climatiques me paraissent aussi aggraver encore la situation au niveau environnemental.

Tout, y compris dans notre commune, semble être envisagé sauf la sobriété et le renoncement volontaire à ce que nous pourrions identifier ensemble et démocratiquement comme moins nécessaire ou accessoire.

Pire, nous créons de nouveaux « besoins » inutiles anéantissant d’un coup les efforts qui sont faits par ailleurs en terme de transition écologique. Je ne vois personnellement pas le chemin pour continuer à participer à un système qui ajoute à grands frais aux missions communales l’installation d’une patinoire en plastique lors du marché de Noël mais qui réduit l’alimentation bio dans les crèches faute de budget.

A l’heure où la banalisation de l’inaction climatique et environnementale est à l’ordre du jour au niveau européen, légitimant cette posture pour d’autres niveaux de pouvoir, les priorités ne me semblent pas mises au bon endroit. Nous restons attachés à un modèle qui ne répond pas aux enjeux auxquels nous sommes confrontés en tant qu’humanité. Des changements certes radicaux mais plus que nécessaires doivent commencer aujourd’hui.

Pour cela, nous devons toutes et tous être prêts à perdre des acquis ou des privilèges. Nous ne réduirons pas notre empreinte écologique en augmentant notre confort.

A force de vouloir maintenir le modèle actuel, nous nous empêchons d’en créer un nouveau, plus sobre, plus simple, dans lequel nous pourrions trouver d’autres satisfactions et d’autres solidarités.

Pour aider les politiques à bouger leurs lignes en ces temps pré-électoraux, ceux et celles qui sont prêtes au changement doivent l’afficher haut et fort.

Sans cela, les politiques ne bougeront pas avant d’y être acculés par des faits.

Montrons que nous voulons autre chose que du pain et des jeux !

Je n’ai pas réussi à partager le degré d’urgence extrême que je ressens pour agir en termes d’environnement et de transition, comme je n’ai pas réussi à partager au sein de la majorité actuelle le besoin d’être plus fort aux côtés de la nouvelle jeunesse Boitsfortoise.

J’ai besoin aujourd’hui de pouvoir dire et faire en cohérence avec qui je suis et ces derniers mois m’ont démontré que je ne trouverai pas de chemin pour y arriver dans le cadre de mon mandat. Je n’attendrai donc pas la fin de la législature pour aller vers ce qui me parait nécessaire.

Je démissionne ce jour de mon poste d’échevine.

Avec regrets car j’ai aimé la fonction et les personnes avec qui j’ai pu travailler au sein de l’administration, la Maison des jeunes, la Recyclerie mais aussi avec le sentiment d’avoir été aussi loin qu’il m’était possible dans le contexte politique actuel.

Je les remercie pour tout ce qui a pu être fait car les politiques ne sont rien sans une bonne administration. Quelle chance j’ai eu de les croiser !A ceux et celles qui peuvent encore, courage !

* Dans le cadre des objectifs européens climat-énergie 2030, la Belgique s’est vue attribuer un objectif de réduction de 35 % en 2030 par rapport à 2005. En région bruxelloise, l’objectif en 2030 est une réduction de 40% d’émissions par rapport à 1990 et de -90% d’émissions en 2050 par rapport à 1990.


Nous ne sommes pas encore condamnés

Le climatologue Michael Mann parle de notre dernière chance de sauver la civilisation humaine

Damian Carrington

Traduction deepl Josette – article original sur The Guardian

Le nouveau livre du célèbre scientifique américain examine 4 milliards d’années d’histoire du climat pour conclure que nous vivons un « moment fragile », mais qu’il est encore temps d’agir.

« Nous n’avons pas encore dépassé les limites d’une civilisation humaine viable, mais nous nous en approchons », déclare le professeur Michael Mann. « Si nous continuons [à émettre du carbone], les jeux sont faits ».


La crise climatique, qui provoque déjà des phénomènes météorologiques extrêmes et dévastateurs dans le monde entier, a engendré un « moment fragile », déclare l’éminent climatologue et communicateur dans son dernier livre, intitulé « Our Fragile Moment » (Notre moment fragile). Selon lui, il est encore possible de maîtriser la crise climatique, mais d’énormes obstacles politiques se dressent devant nous.


Michael Mann, de l’université de Pennsylvanie aux États-Unis, fait partie des climatologues les plus en vue depuis qu’il a publié, en 1999, le célèbre graphique en forme de crosse de hockey, qui montre comment les températures mondiales ont grimpé en flèche au cours du siècle dernier.

Pour comprendre la situation difficile dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui, Michael Mann a remonté l’histoire du climat de la Terre afin d’avoir une vision plus claire de notre avenir potentiel. « Nous disposons d’une période de 4 milliards d’années dont nous pouvons tirer des enseignements », a-t-il déclaré dans une interview au Guardian.


« Nous voyons des exemples de deux qualités qui s’affrontent, la fragilité et la résilience. D’une part, on trouve des mécanismes stabilisateurs qui existent dans le climat de la Terre, lorsque la vie elle-même a contribué à maintenir la planète dans des limites adaptées à la vie. Par exemple, la luminosité du soleil a augmenté de 30 % depuis l’apparition de la vie sur Terre, mais la vie a maintenu des températures adaptées.


« Mais il y a des exemples où le système terrestre a fait exactement le contraire, où il est devenu incontrôlable, et ce à cause de la vie elle-même », explique Michael Mann. Lors du grand épisode d’oxydation survenu il y a 2,7 milliards d’années, des bactéries primitives ont commencé à produire de l’oxygène, ce qui a entraîné la destruction du méthane, un puissant gaz à effet de serre présent dans l’atmosphère. « Cela nous a plongés dans une Terre boule de neige qui a failli tuer toute forme de vie. »


« Lorsque nous examinons tous ces épisodes passés, nous avons le sentiment que nous ne sommes pas encore condamnés – nous n’avons pas encore assuré notre extinction », ajoute-t-il. « Mais si nous continuons à dépendre des combustibles fossiles, nous sortirons de la zone de sécurité que nous indiquent les données de l’histoire de la Terre. C’est ce qui rend ce moment si fragile : nous sommes au bord du précipice ».

Selon Michael Mann, l’une des motivations du livre est la montée du catastrophisme climatique : « Nous n’avons pas vu la fin du déni climatique, mais il n’est tout simplement plus plausible, car les gens peuvent voir et ressentir que cela se produit. Les pollueurs se sont donc tournés vers d’autres tactiques et, ironiquement, l’une d’entre elles est le catastrophisme. S’ils peuvent nous convaincre qu’il est trop tard pour faire quoi que ce soit, pourquoi le faire ?


Michael Mann explique qu’il a remarqué que l’histoire du climat était instrumentalisée par les alarmistes. « L’idée que les extinctions massives du passé se traduisent par une extinction massive assurée aujourd’hui en raison, par exemple, d’un emballement du réchauffement dû au méthane [lors de la fonte du pergélisol] n’est pas vraie – la science ne le confirme pas.


Un réchauffement de 1,5 °C est déjà très grave, mais un réchauffement de 3 °C pourrait mettre fin à la civilisation.


Le sort de notre climat est en suspens, selon Michael Mann : « Il existe des preuves assez convaincantes du passé, combinées aux informations fournies par les modèles climatiques, qui montrent que si nous parvenons à maintenir le réchauffement en deçà de 1,5 °C, nous pourrons préserver cette période de fragilité. Mais si nous dépassons les 3 °C, il est probable que nous ne pourrons pas le faire. C’est entre les deux que nous jetons les dés ». Les politiques et actions actuelles en matière de climat conduiraient à un réchauffement d’environ 2,75 °C, tandis que la réalisation de tous les engagements et objectifs fixés à ce jour se traduirait par un réchauffement de 2 °C.

« La question est donc de savoir jusqu’à quel point nous sommes prêts à laisser la situation se dégrader », dit-il. « 1,5 °C est déjà très grave, mais 3 °C pourrait mettre fin à la civilisation. »

Les vagues de chaleur généralisées, les incendies de forêt et les inondations clairement liés au réchauffement planétaire ont donné un caractère d’urgence à l’appel à l’action, explique Michael Mann : « Mais l’urgence sans l’action ne fait que nous conduire au désespoir et au défaitisme. C’est ce que les pollueurs aimeraient, prendre tous ces militants du climat et les faire passer de la ligne de front à la ligne de touche ».


Il est possible de mettre fin à l’urgence climatique, affirme Michael Mann : « Nous savons que les obstacles au maintien du réchauffement en deçà des niveaux catastrophiques ne sont pas encore physiques ni technologiques, mais politiques. Mais il y a actuellement des obstacles politiques assez importants ».


« Ici, à Penn State, il y a tellement d’anxiété, de peur et de désespoir, et même de chagrin », dit-il. « Une partie de ces sentiments provient de l’idée erronée qu’il est physiquement trop tard et je veux dissiper cette idée. Mais une partie provient d’un cynisme compréhensible à l’égard de nos politiciens, et c’est un défi bien plus important. »


Son évaluation d’une victoire potentielle de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine de 2024 est sévère, la qualifiant « d’éloignement de la démocratie vers le fascisme, et il n’y a pas de voie vers une action climatique significative qui passe par le fascisme plutôt que par la gouvernance démocratique ».

« Nous devons sortir et voter, et les jeunes doivent sortir en grand nombre et voter », déclare Michael Mann. « Si nous le faisons, nous pourrons élire des hommes politiques qui agiront en notre nom, au lieu de se contenter d’approuver les pollueurs.


Le principal sommet des Nations unies sur le climat, la Cop28, débutera fin novembre et sera accueilli par les Émirats arabes unis, ce que Michael Mann qualifie de « très inquiétant ». Les Émirats arabes unis ont les troisièmes plus grands plans d’expansion pétrolière et gazière au monde, et le président de la Cop28 est également le PDG d’Adnoc, la compagnie pétrolière d’État des Émirats arabes unis.


Il n’y a pas de voie vers une action climatique significative qui passe par le fascisme plutôt que par la gouvernance démocratique.


« Il n’est pas normal de leur permettre d’adopter l’imprimatur de l’action climatique mondiale en accueillant la Cop28 », déclare Michael Mann. « C’est légitimer un comportement de leur part et de la part d’autres pays pétroliers qui est fondamentalement en contradiction avec la tâche qui nous attend. Je trouve cela très inquiétant.


Michael Mann est la cible privilégiée des négationnistes du climat depuis la publication du graphique en crosse de hockey. Il se montre cinglant à l’égard de la gestion par Elon Musk de la plateforme de médias sociaux X, anciennement appelée Twitter.

« Musk était considéré comme un héros de l’environnement, en raison de son rôle chez Tesla », explique M. Mann. « Mais de plus en plus, il a montré son vrai visage, son allégeance politique à Trump et au fascisme ».


« Twitter était une place publique mondiale, un forum pour communiquer sur la crise climatique », poursuit-il. « Ce que Musk a fait, c’est le transformer en un forum toxique pour la promotion du négationnisme climatique et de tout ce qui est mauvais dans le monde. C’est stupéfiant. » Michael Mann note que le prince Alwaleed bin Talal d’Arabie saoudite, l’un des « pires acteurs pétroliers », a joué un rôle de 1,9 milliard de dollars dans l’achat de Twitter par M. Musk.


Michael Mann a également souligné que le prince Alwaleed était l’un des principaux bailleurs de fonds de l’empire médiatique de Rupert Murdoch jusqu’en 2017. « Rupert Murdoch a utilisé son réseau mondial de médias pour promouvoir le négationnisme climatique et s’attaquer aux énergies renouvelables, ce qui correspond à son idéologie et aux intérêts de certains des puissants pétro-États, en particulier l’Arabie saoudite. »