Paul Blume
La décision daterait de la fin de l’année 2021 lors de la COP de Glasgow. La 28ème Conférence des Parties (wikipedia) sera organisée par les Émirats Arabes Unis.
Pour en assurer la Présidence, le choix s’est porté sur le Sultan Al Jaber, ministre de l’industrie et PDG de la compagnie pétrolière nationale.
Si l’on peut comprendre que la mécanique complexe des attributions des conférences internationales implique parfois de drôles de contradictions, de sérieuses questions commencent à déranger les militantes et militants de la cause climatique.
Climat ou croissance, quel choix faisons-nous ?
Conception Alvarez, dans un article paru début janvier dans Novethic * décrit bien ces enjeux complexes mêlant intérêts politiques et économiques.
Est-il vraiment concevable de donner les clefs d’une conférence internationale sur le climat à un magnat du pétrole ?
Est-il acceptable de l’entendre proposer d’émettre moins de co2 tout en consommant plus d’énergies fossiles ?
Par définition, ces grands caucus sont des proies évidentes pour différentes formes de propagandes diplomatico-politiques ou lobbyings divers sur le plan économique.
La question est de déterminer si on ne passe pas, en l’espèce, une ligne rouge.
Est-il vraisemblable pour le monde scientifique de cautionner un pareil mélange des genres ?
Pour les états d’Europe, déjà empêtrés dans des débats curieux sur la définition même de ce que sont les énergies renouvelables *, participer à un événement de cette envergure dans un tel cadre n’est pas non plus une opération évidente en terme de crédibilité.
Comment imposer à l’industrie des transports une mutation coûteuse vers une moindre utilisation des énergies fossiles tout en donnant une importante fenêtre de promotion aux compagnies pétrolières ?
On peut juger le boycott d’événements internationaux inefficace, contre-productif, excessif.
On peut aussi se demander si la participation à cette COP ne marquerait pas définitivement une forme de renoncement public aux objectifs de contenir le réchauffement face aux diktats économiques. Une forme de sacrifice collectif.
Poser la question n’est pas y répondre. Ne pas poser la question serait déjà renoncer.
Voir COP28