La Nature, la vie, nous n’avons pas d’alternative.

par Marc Blasband

Protéger la nature

 

On attribue à Pythagore (mais on ne prête qu’aux riches); «Veille le matin, que ta couche ne laisse pas voir que tu y as dormis». Cette symbolique est sans doute le premier précepte écologique de l’histoire ?

Il y a cinq ou dix ans, je croyais qu’il fallait protéger la vie et le bonheur de mes enfants et petits-enfants, parfois contre leur propre opinion. Le danger à long terme semblait évident. La propension des humains à ne considérer que le court terme expliquait le peu de résonance de ces idées dans la société.

Entre-temps, Siensano a calculé les nombres de morts surnuméraires belges dus à la chaleur (1340 en 2020 et 2219 en 2022). Cette publication a changé ma perception: ma vie est directement menacée. Ma position a évolué d’un certain altruisme, vers une position plus égoïste. Je dois protéger la Nature pour ma survie à moi.

La Nature n’a pas d’état d’âme, même pas d’objectifs. Elle a connu cinq extinctions de masse, et la sixième est en route à un rythme plus soutenu que pour toutes les précédentes. Ces disparitions ne l’émeuvent pas. Quelques millions d’années plus tard et la vie foisonne à nouveau partout sur Terre.

Pythagore n’avait pas ces préoccupations terrifiantes quand il a fait son injonction. Je n’étais pas près de lui pour en discuter, mais il avait vraisemblablement une vision éthique. L’humain doit garder sa position dans l’ordre des choses, contrairement à ceux qui voient dans la Genèse un chèque en blanc pour exploiter la Terre sans retenue. Pour suivre l’éthique de Pythagore, nous ne pouvons modifier la nature qu’à la marge, par de petites modifications sans conséquences.

 

Nous protégeons donc la Nature, pour des raisons égoïstes, notre survie, celle de notre culture et de notre civilisation, celle de notre descendance, ou pour des raisons moins pragmatique, mais plus proche d’une vision centrée sur les équilibres naturels. Ces conséquences sont dans l’ordre de dangerosité: la sixième extinction de masse, qui a déjà été citée, le réchauffement climatique, les pollutions ainsi que les différences entre classes sociales, qui risquent de fomenter des guerres civiles.

La Vie est résiliente. Elle s’adapte aux nouvelles situations. Les dangers cités plus haut ne l’influencent pas sur le long terme. Après chacune des 5 extinctions précédentes, elle a rebondi, plus forte, plus vigoureuse, plus diversifiée. Contrairement aux ingénieurs, elle ne cherche pas le processus le plus efficace pour réduire les coûts. Par exemple pour assurer notre mort et ainsi le renouvellement des populations avec en corollaire l’évolution, elle a prévu des loups et des ours, mais aussi des bactéries et des virus. Quand ces grands et petits êtres vivants ne suffisent pas, elle utilise la stupidité humaine, pour faire des guerres meurtrières.

Depuis environ 15,000 ans, les humains exploitent la terre, par l’agriculture, la pêche et les mines. D’un phénomène marginal, c’est devenu une menace très convaincante sur la pérennité de notre société. Il semble impératif de changer de cap et de réduire l’extractivisme qui détruit la nature et rapproche la date d’échéance.

L’humanité, s’exprimant unie à l’Onu, lutte surtout contre le réchauffement climatique (27 COPs y ont été consacrées) et les pertes de biodiversité (15 COPs). Si l’intention est excellente, les intérêts financiers des euro-terroristes sont tels que toute avancée réelle a été impossible. Pour éviter le réchauffement de notre planète, il est clair qu’il faut décroître, ou plus politiquement correct, être frugal.

Pour lutter contre les pertes de biodiversité aussi. On cherche à réintroduire des espèces. C’est sympa et pousse la population à délier les cordons de la bourse. Mais jamais les petits machins. Or, sans protéger l’entièreté des écosystèmes, ces réintroductions ne restent que de temporaires emplâtres sur des jambes de bois.

En fait, la vie se défend très bien sans notre aide. Des champignons inédits menacent nos cultures (jusqu’à 20 ou 30%) ce qui risque d’aggraver la famine qui menace. Les îles de plastiques dans l’océan Pacifique foisonnent de vie, comme d’ailleurs le pied des éoliennes de mer (et tant pis pour les mouettes). Nous tremblons tous encore de la pandémie de COVID 19.

Pour protéger la Vie et pour survivre, l’humanité se doit de réduire la voilure.