Adrien Couzinier
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Reprise d’un post FaceBook du 30/07/2024
Le puits carbone végétal en 2023, y compris les émissions liées au changement d’affectation des terres, a diminué pour atteindre une valeur faible de 0,44 ±0,21 GtC en 2023, contre une moyenne de 2,04 GtC/an au cours de la période 2010-2022.
Ce résultat est alarmant car les températures continueront à être très élevées en 2024.
Il est trop tôt pour conclure à un effondrement durable du puits terrestre après 2023. (ça fait froid dans le dos, ce genre de phrase)
Cependant, les forêts brulées au Canada ne reconstitueront pas complètement leurs stocks de carbone au cours des prochaines décennies, étant donné qu’il faut environ 100 ans aux arbres boréaux pour reconstituer leur biomasse initiale. Les forêts des zones tropicales humides se sont avérées vulnérables aux sècheresses extrêmes précédentes, mais elles se sont également rétablies rapidement, par exemple en l’espace de quelques années dans la plupart des régions après le violent El Niño de 2015-16[32].
La résilience des forêts a diminué au fil du temps en Amazonie. On ne sait pas si un nouveau régime de sécheresses plus chaudes dans les tropiques induira un changement dans la mortalité des arbres qui pourrait transformer ces systèmes critiques riches en carbone en sources de carbone à long terme. En ce qui concerne les forêts nordiques, il semble que les conditions chaudes récurrentes aient déjà commencé à affaiblir leur absorption de carbone au moins depuis 2021. La résilience de ces forêts aux sècheresses et aux impacts liés aux sècheresses (attaques d’insectes), combinée aux futures pratiques de gestion telles que les taux de récolte, déterminera la stabilité à court terme du puits nordique.
L’observation selon laquelle 2023 a eu un puits terrestre exceptionnellement faible malgré un El Niño modéré constitue un banc d’essai pour les modèles du système terrestre qui n’intègrent pas dans leurs projections les processus provoquant des pertes rapides de carbone, tels que les incendies extrêmes et la mortalité des arbres induite par le climat, et qui peuvent donc être trop optimistes pour estimer les budgets de carbone restants[34].
Si les taux de réchauffement très élevés se poursuivent au cours de la prochaine décennie et ont un impact négatif sur les puits terrestres comme en 2023, il est urgent d’agir pour renforcer le piégeage du carbone et réduire les émissions de gaz à effet de serre à zéro net avant d’atteindre un niveau de réchauffement dangereux auquel les puits naturels de CO2 pourraient ne plus fournir à l’humanité le service d’atténuation qu’ils ont offert jusqu’à présent en absorbant la moitié des émissions de CO2 induites par l’homme.
Documentation:
- Low latency carbon budget analysis reveals a large decline of the land carbon sink in 2023 – clic
- Les puits de carbone – clic
- El Nino – clic