Le mercredi noir

Paul Blume

Ce mercredi 2 février 22 – comme souvent les dates symboles – ne surprend pas.

Il est annoncé depuis des mois. Reflet d’un consensus fortement majoritaire quant aux politiques européennes en matière d’énergie.

Le symbole reste pourtant très violent. Pour qui suit l’actualité mondiale de l’énergie et du climat, un saut vers l’inconnu vient d’être franchi.

Depuis les accords de Paris en 2015 sur le climat, des efforts monumentaux sont annoncés et rencontrés de manière fort partielle.

En Asie, la relance du charbon est présentée comme indispensable pour éviter un effondrement économique. La production de pétrole est loin de diminuer, malgré l’envolée des prix. Le gaz suscite des investissements continus et détermine en partie la géo-politique mondiale.

Et la part des énergies dites renouvelables reste, malgré sa croissance, anecdotique au niveau global.

Dans ce cadre déjà fort sombre pour les objectifs climatiques, l’Europe mise tout sur le gaz et le nucléaire pour éviter de répercuter les contraintes de rationnement de l’utilisation des énergies.

La « relance verte » est une réalité politique que nous allons probablement payer fort cher.

Et cela au moment où un consensus scientifique s’exprime sur les dépassements déjà actés de limites écologiques et du probable dépassement des plafonds de gaz à effet de serre dans les années qui viennent.

Au-delà de ce débat sur la non prise en compte des alertes répétées de différentes instances internationales (Giec, Nations-Unies, Nasa, PNUE, … références : ici ), c’est l’ensemble des mouvements citoyens sur le climat et l’environnement qui sont en deuil.

Que dire ? Que faire ? Comment mobiliser alors que l’ensemble des représentations politiques se comportent comme si l’urgence n’existait pas ?

Le processus européen annoncé aujourd’hui marque la fin d’une époque. Celle de l’espoir d’un sursaut face aux apocalypses climatiques annoncées.

Et maintenant ?

La raison va-t-elle reprendre ses droits ? Avons-nous encore du temps avant que le débat sur l’action anthropique ne se conclue par des formes violentes d’effondrements de nos capacités de vivre sur Terre ?

Il est de bon ton d’espérer. Espérons donc.

En attendant, ce mercredi 2 février 2022 est bien un jour de deuil. Le deuil d’espoirs sans doute vains.


GIEC : impacts, l’adaptation et la vulnérabilité

Traduction. Source : Julien Daniel Pascal Lecaille via FB – Article original en Anglais : ICI.

Prochaine étape importante des discussions internationales : le rapport du 2e groupe de travail du GIEC :
impacts, l’adaptation et la vulnérabilité


Nouveau rapport du GIEC sur le climat pour renforcer la pression en faveur de l’action et de la justice

Approbation du rapport du groupe de travail II du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ( GIEC ) sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité lors d’une session virtuelle (14-25 février).

  • Conférence de presse (virtuelle) à 10h00 CET (Berlin) le lundi 28 février 2022 – 04h00 EDT (New York), 09h00 GMT (Londres), 12h00 EAT (Nairobi), 16h00 ICT (Bangkok )
  • Des informations sur l’enregistrement des médias sont disponibles ici . La date limite d’inscription est le vendredi 18 février 2022.

Genève, Suisse – Les changements climatiques récents à grande échelle sont d’une nature sans précédent dans le contexte de toute l’histoire humaine, a constaté le rapport du Groupe de travail I du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en août. [1] Avec des niveaux record de gaz à effet de serre et de chaleur associée, nous sommes maintenant entrés en territoire inexploré, ont averti les meilleurs climatologues du monde .

Mais le mois prochain, on nous rappellera que ce n’est que le début, alors que le GIEC finalise et publie la prochaine partie de son 6e rapport d’évaluation. Le rapport du groupe de travail II, dont la publication est prévue le 28 février après une session d’approbation virtuelle, résumera les dernières connaissances scientifiques sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, décrivant comment les aléas et les risques climatiques augmenteront avec le réchauffement, avec des considérations de développement durable, des aspects de justice et d’équité, et les mesures nécessaires à prendre pour renforcer la résilience.

Depuis leur précédente évaluation en 2014, la situation s’est, à bien des égards, aggravée. Plus tôt ce mois-ci, la NOAA a averti que les années 2013-2021 se classent toutes parmi les dix années les plus chaudes jamais enregistrées .

« La réalité de la crise climatique est devenue plus personnelle et politique que jamais, tandis que la réalité des inégalités est également devenue plus flagrante. La majorité des pays du Nord ont reçu des rappels COVID-19 l’année dernière, mais seulement environ 8 % des habitants du continent africain ont été entièrement vaccinés contre le COVID-19. En cette période de crises multiples et continues, qui interagissent et s’accélèrent les unes les autres et les injustices qu’elles engendrent, il est extrêmement précieux que la communauté scientifique mondiale se réunisse pour évaluer la situation dans laquelle nous nous trouvons et comment ces défis interconnectés peuvent être combattus .

Nous attendons du rapport qu’il montre à quel point le réchauffement a accru les aléas climatiques et comment les limites de l’adaptation sont déjà atteintes, ce qui affecte de manière disproportionnée les communautés déjà vulnérables et les moins responsables de la crise. Les faits concrets présentés dans le rapport rendront plus évident le manque d’action et d’engagement des grands émetteurs, et les appels à la justice encore plus forts.

Comme nous en avons déjà fait l’expérience, le système interconnecté dans lequel nous vivons n’épargnera personne. Les impacts climatiques se font déjà sentir dans le monde entier. Pour éviter le pire, nous avons besoin d’urgence de réductions d’émissions et de justice climatique. Nous avons besoin d’investissements dans l’adaptation, la création d’équité, la compensation et l’assurance contre les pertes et les dommages et la promotion de voies de développement résilientes où chacun peut participer. Rien de tout cela ne se produira à moins que les grands émetteurs ne réduisent leurs émissions conformément à la science. Sinon, ils peuvent s’attendre à y être obligés très bientôt et j’attends du GIEC qu’il rende impossible d’ignorer les réalités de ceux qui se trouvent dans les situations les plus vulnérables. a déclaré Kaisa Kosonen, experte en climat chez Greenpeace Nordic.

Le rapport faisant autorité renforcera la pression pour aborder les questions qui sous-tendent la discussion sur le financement, l’adaptation et les pertes et dommages : l’équité et la justice climatique. Une action conforme à la limite de réchauffement de 1,5 °C de l’Accord de Paris est fondamentale pour nous permettre de traverser les crises interconnectées. Ces questions, d’une importance particulière pour les communautés déjà touchées, sont susceptibles d’encadrer le récit de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, plus tard cette année.

Le rapport devrait aborder, entre autres :

  • Comment le réchauffement a déjà un impact sur nous et sur le monde dans lequel nous vivons , y compris les écosystèmes et leurs services, avec les niveaux actuels et engagés de réchauffement et d’élévation du niveau de la mer.
  • Comment les impacts et les risques climatiques augmenteront avec un réchauffement supplémentaire , et comment différentes voies de développement exacerbent ou atténuent ces risques.
  • Comment et dans quelle mesure les impacts et les risques peuvent être gérés et réduits , en reconnaissant les limites de l’adaptation et les pertes et dommages qui se produisent au-delà de ces limites.
  • Qui sont particulièrement vulnérables aux impacts et aux risques climatiques et pourquoi , et comment ces vulnérabilités peuvent être réduites et la résilience renforcée.
  • Ce que nous savons des grandes inconnues , c’est-à-dire des résultats à hautes conséquences pour lesquels les probabilités sont faibles ou inconnues.
  • Cadres de solutions avec un accent particulier sur les voies de développement résilientes au changement climatique.
  • Le rôle de la justice sociale, de l’équité et des différentes formes d’expertise dans le développement résilient au climat, avec une attention élargie accordée aux aspects de la justice climatique.
  • La situation particulière des communes côtières ; villes et agglomérations au bord de la mer.

Le rapport du groupe de travail II sera suivi d’un autre rapport du GIEC en avril, la contribution du groupe de travail III au 6e rapport d’évaluation, qui évaluera les moyens d’atténuer le changement climatique. Un rapport de synthèse (SYR) des travaux réalisés par les groupes de travail I, II et III et les précédents rapports spéciaux seront publiés en octobre. Il fournira un aperçu de l’état des connaissances sur la science du changement climatique depuis le RE5 et encadrera les délibérations gouvernementales sur la manière de « revoir et renforcer » leurs objectifs climatiques pour 2030 d’ici la fin de 2022, d’assurer le financement climatique et d’envisager des moyens de faire face aux pertes. et dommages.

Greenpeace est un observateur officiel du GIEC et participera à la réunion virtuelle d’approbation du rapport du GT2. Des experts sont disponibles pour commenter.

La réunion d’approbation débutera par une cérémonie d’ouverture à 10h00 (CET) le lundi 14 février 2022. La cérémonie d’ouverture d’une heure sera diffusée en direct et comprendra des allocutions du président du GIEC, de hauts fonctionnaires du Programme des Nations Unies pour l’environnement. , l’Organisation météorologique mondiale et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La cérémonie d’ouverture est ouverte à tous. Le reste de la réunion d’approbation ( 14-25 février 2022 ) sera fermé au public et aux médias.

[1] Climate Change 2021: The Physical Science Basis, la contribution du groupe de travail I au sixième rapport d’évaluation. Voir le chapitre 1 sur le contexte et le cadrage.

Article original : https://www.greenpeace.org/international/press-release/52057/new-ipcc-climate-report-add-pressure-action-justice/


Des jeunes militants demandent à l’ONU de déclarer « l’urgence climatique à l’échelle du système ».

Exclusif : Greta Thunberg fait partie des jeunes qui intentent une action en justice pour que la crise climatique soit déclarée urgence mondiale de niveau 3.

Traduction Josette – article original de Miranda Bryant : Youth activists petition UN to declare ‘systemwide climate emergency’

Greta Thunberg s’est exprimée lors d’un rassemblement sur le climat à Glasgow vendredi, au cours duquel elle a qualifié la Cop26 d’ « échec » et de « festival de greenwashing ».

Greta Thunberg et de jeunes militants pour le climat du monde entier ont déposé une pétition juridique auprès du secrétaire général des Nations Unies, lui demandant de déclarer une « urgence climatique à l’échelle du système ».

Alors que la Cop26 entre dans ses derniers jours, les défenseurs du climat devaient déposer mercredi un document juridique demandant à António Guterres d’utiliser les pouvoirs d’urgence pour égaler le niveau de réponse adopté pour la pandémie de coronavirus en déclarant la crise climatique comme une urgence mondiale de niveau 3 – la catégorie la plus élevée des Nations Unies.

Outre la militante suédoise pour le climat, qui a déclaré vendredi que la Cop26 était un « échec » et un « festival de greenwashing » alors qu’elle appelait à des réductions annuelles drastiques des émissions en s’adressant aux manifestants à Glasgow, le groupe de 14 personnes comprend Ranton Anjain et Litokne Kabua des îles Marshall, Ridhima Pandey d’Inde, Alexandria Villaseñor des États-Unis et Ayakha Melithafa d’Afrique du Sud.

Ils espèrent qu’une déclaration d’urgence permettra d’envoyer rapidement des ressources et des compétences techniques aux pays les plus menacés par le réchauffement de la planète, en particulier les petits États insulaires et les pays en développement, afin de soutenir l’adaptation au changement climatique, l’analyse de la climatologie et les mesures de santé publique.

Il semblerait que l’ONU ait déjà vu une ébauche de la pétition et qu’une urgence de niveau 3 soit en cours de discussion, mais un porte-parole du bureau du secrétaire général a refusé de commenter l’éventualité de sa mise en œuvre.

Dans un avant-projet de la pétition, que le Guardian a pu consulter, les militants demandent au secrétaire général et aux autres agences des Nations Unies de « mobiliser une réponse globale des Nations Unies à l’urgence climatique ». Ils les exhortent également à nommer une équipe de gestion de crise pour « superviser une action mondiale immédiate et complète sur le climat ».

Citant les mesures prises par M. Guterres et le Comité permanent interorganisations (IASC), le forum de coordination humanitaire des Nations Unies, en réponse à la Covid-19, ils affirment : « L’urgence climatique – qui menace chaque personne sur la planète dans un avenir prévisible – est une menace au moins aussi grave qu’une pandémie mondiale et nécessite de la même manière une action internationale urgente.« 

Scott Gilmore, avocat spécialisé dans les droits de l’homme au sein du cabinet Hausfeld et principal conseiller dans cette affaire, a déclaré qu’une déclaration d’urgence pourrait conduire à la création d’un organe spécial, ou d’un « tsar du climat », chargé de coordonner les efforts entre les agences des Nations Unies.

Il a déclaré : « C’est l’une des grandes leçons que l’on a tirées de la réponse à la Covid. L’Organisation mondiale de la santé a été chargée de diriger la réponse, mais elle a reçu le soutien organisationnel et l’infrastructure nécessaires au sein des Nations Unies. Ces dernières années, le secrétaire général a vraiment pris l’initiative de pousser les États à déclarer des urgences climatiques nationales« , a-t-il ajouté. « Les Nations Unies n’ont pas encore franchi cette étape. Le point de vue des pétitionnaires dans cette affaire est que le moment est venu.« 

Cette action intervient après que le même groupe ait vu son action, dans laquelle il affirmait que les pays qui perpétuent la crise climatique violent leurs droits de l’homme, rejetée par le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies le mois dernier.

Dans leur dernière action en justice, ils affirment qu’une réponse globale des Nations Unies est nécessaire parce que « l’action climatique ne doit pas s’arrêter aux frontières des États » et pour s’attaquer aux « inégalités fondamentales du changement climatique« .

Ils affirment également que cette réponse est nécessaire pour montrer aux jeunes du monde entier que l’ONU « ne nous a pas abandonnés à un avenir sombre« .

La militante Alexandria Villaseñor, 16 ans, qui a commencé à faire grève à l’âge de 13 ans devant le siège de l’ONU à New York, a appelé à une action immédiate.

Elle a déclaré : « L’ONU nous a montré qu’elle était capable de se mobiliser contre des menaces mondiales imminentes, et la crise climatique est la plus grande menace mondiale jamais connue par l’humanité… Nous n’avons plus beaucoup de temps pour protéger les enfants et les générations futures, et nous demandons aux adultes de se mobiliser dès maintenant pour apporter une réponse mondiale critique à la crise climatique. »

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général, a déclaré : « Le secrétaire général, en tant que président du CCS [le Conseil des chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies pour la coordination], a clairement indiqué que l’ensemble de l’organisation est mobilisé pour faire pression en faveur d’une action climatique plus importante et vérifiable de la part des États membres et du secteur privé, ainsi que pour faire pression sur les inégalités, la désinformation et le manque de solidarité.« 


L’heure de vérité

OA - Liste
Plaidoyer en faveur d’une décroissance immédiate des émissions des gaz à effet de serre
Collectif

L’humanité est au bord de l’enfer. L’Anthropocène devient « pyrocène » sous nos yeux. Il n’est plus temps d’alimenter en gaz les feux de la croissance.

Ralentir, c’était hier. Nous ne l’avons pas fait. L’espérance, c’était avant-hier. On n’a pas ralenti.

Ce texte est une véritable exhortation. Pas à l’attention des politiques actuels. A l’évidence, elles/ils ne s’engagent pas dans la bonne direction.

Mais à l’attention des citoyens conscients et inquiets. Organisés ou pas. Des « Youth for climate », « Rise for climate », « climate justice », … A l’attention des enseignés et enseignants qui manifestent depuis des années. Des « Grands-parents », des familles, …

Ne laissons pas notre futur s’envoler en fumée.

Notre société se fracture et vouloir négocier des objectifs ‘acceptables pour tou.te.s n’est plus de mise. L’urgence est aujourd’hui de créer une rupture claire d’avec celles et ceux qui, par climato-scepticisme ou opportunisme, refusent d’envisager d’arrêter à court terme de brûler des combustibles fossiles.

Certes, décroître notre dépendance énergétique est un défi colossal. Quid de notre consensus social? Quid des nombreux avantages de l’accumulation de richesses ?

Mais ces défis, aussi gigantesques soient-ils, ne sont rien comparés au défi de survivre si notre climat devenait totalement erratique.

De l’ONU au GIEC (voir les références en fin de texte), des scientifiques du climat aux spécialistes de la santé humaine, le constat est sans appel. Pour survivre en tant qu’espèce, nous devons respecter un budget carbone de plus en plus restreint.

A compter de ce jour, chaque euro privé ou public qui sera investi dans l’infrastructure fossile, pétrolière, gazière ou charbonnière – routes, aéroports, centrales au gaz, 5G, agriculture intensive, élevage intensif de viande, industrie pétrochimique, étalement urbain… – fait payer par le citoyen et les consommateurs l’accélération de la destruction de leur propre maison la Terre. Il faut dire STOP au fossile ! Maintenant.

STOP aux nouvelles centrales au charbon, au pétrole ou au gaz.

Réduction drastique, chaque année, des importations des produits qui en sont dépendants dans leurs fabrications ou usages.

Moins de km parcourus en avions, tankers, voitures individuelles. Moins de mazout pour le chauffage des institutions collectives et des logements individuels. Et cela de façon constante, sur base annuelle.

Moins d’échanges commerciaux sur de longues distances, moins de commercialisation de produits non-utiles.

Ces constats sont sans appel. Et l’urgence, c’était hier !

Nous voulons plus de chants d’oiseaux, plus d’air pur, plus de calme, de sécurité et de nature en ville et sur les routes, plus de Voie lactée dans le ciel nocturne, plus de temps de loisir, de partage et d’engagement dans la société, plus de zones de baignades naturelles, plus de pistes cyclables, de trains et de trams, plus de nourriture saine et soutenable, plus d’économie et d’emplois durables, plus d’énergie renouvelable, plus d’écoquartiers zéro énergie, plus de services publics de qualité, plus de tourisme apaisé, plus de finance durable, plus de convivialité et de joie de vivre.

Nous appelons la société belge à un sursaut salvateur. Stop aux fossiles, maintenant.

Tous les politiques, quelles que soient leurs couleurs, devraient placer l’urgence climatique et la sortie des énergies fossiles au centre de leur action.

Lors de manifestations ou de pétitions : que les slogans soient précis.

Cessons tout soutien aux gouvernements pro-fossiles. Changeons de cap. Il n’est plus acceptable de remettre à plus tard les actions que la situation actuelle appelle.


filtre:
Pablo Servigne

2021


Climat : Scoop

Pablo Servigne

16 08 2021 – post FaceBook

Le résumé aux décideurs du troisième volet du rapport du GIEC (groupe III) a fuité cette semaine ! (Vous savez que le premier volet est paru il y a une semaine, l’info a été massive)

Le troisième volet ( = les moyens de réduire l’influence humaine sur le climat) était en relecture et de devait pas sortir avant mars 2022, mais certains scientifiques/rédacteurs l’ont fait fuiter car ils craignaient que le rapport soit édulcoré au fil des mois par les gouvernements. Comme ça, on saura exactement ce qu’ils retoucheront…

C’est un journal espagnol, CTXT, qui a relayé l’info.

https://ctxt.es/es/20210801/Politica/36900/IPCC-cambio-climatico-colapso-medioambiental-decrecimiento.htm

Puis le Guardian :

https://www.theguardian.com/environment/2021/aug/12/greenhouse-gas-emissions-must-peak-within-4-years-says-leaked-un-report

Avant d’aller plus loin, plusieurs points intéressants sur cette fuite :

  • Cela explique comment fonctionne le GIEC, qu’il existe plusieurs groupes, etc.
  • Cela montre que la communauté scientifique est nerveuse et veut crier plus fort. Et qu’ils ne veulent pas que les gouvernements retouchent le rapport.
  • Cela chauffe l’ambiance pré-COP-26 à Glasgow et les actions possibles des mouvements…

L’info est parue dans plusieurs pays : Japon, GB, Chine, Brésil, Turquie, Allemagne, Algérie, Algérie… Elle devrait bientôt se répandre en France. En attendant, voici la traduction de l’article de CTXT, suivi de celle du Guardian :


CTXT

Le GIEC considère la décroissance comme la clé de l’atténuation du changement climatique

Une autre partie du rapport le plus important du monde a été divulguée.

Le 23 juin, quelque chose de très inhabituel s’est produit. L’AFP (Agence France Presse) a divulgué une partie du contenu du résumé du Groupe II du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) à l’intention des responsables politiques – l’organe chargé d’analyser les impacts du changement climatique. La nouvelle a fait le tour du monde, et le titre le plus répété – tiré du rapport lui-même – était le suivant : « La vie sur Terre peut se remettre d’un changement climatique majeur en développant de nouvelles espèces et en créant de nouveaux écosystèmes. L’humanité ne le peut pas. L’anomalie s’est répétée avant le cap des deux mois. Une autre brèche dans le GIEC, autrefois hermétique, une autre fuite.

CTXT a eu accès au contenu d’une autre partie du sixième rapport du GIEC, l’organe dans lequel des scientifiques du monde entier, issus de différents domaines de connaissance, collaborent volontairement et pour le prestige, dans l’un des efforts de coopération internationale les plus porteurs d’espoir qui soient. Au GIEC, ils cherchent à élaborer une série de rapports qui, en fin de compte tous les 5 ou 6 ans, mettent à jour les connaissances sur le défi le plus important auquel nous sommes confrontés, à la fois bilatéral et imbriqué : s’adapter au chaos climatique que nous avons déjà généré, et comment évoluer vers une économie et un modèle énergétique qui peuvent durer dans le temps. Ses efforts sont répartis en trois groupes pour produire des rapports interdépendants : Science (groupe I), Impacts (groupe II) et Atténuation (groupe III). Des rapports d’avancement spécifiques sont également publiés au cours de cette période.

Le contenu des résumés est filtré pour les politiciens, afin d’éviter que le rapport ne soit fortement édulcoré au cours du processus.

L’explication de ces fuites est claire : de nombreuses personnes au sein même du GIEC sont très préoccupées par la situation d’urgence actuelle, par la tiédeur de certaines des conclusions des rapports successifs, et aussi par la difficulté évidente de traduire les mesures proposées en politique. Le GIEC fonctionne depuis 1990, et depuis cette date jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien eu d’autre qu’une augmentation très nette des émissions et des effets secondaires négatifs, même si cela est la responsabilité de l’inertie économique, sociale et politique. C’est pourquoi le contenu des résumés est communiqué aux responsables politiques, afin d’éviter que le rapport ne soit trop édulcoré au cours du processus et d’attirer l’attention sur lui dans une décennie où tout est en jeu.

Quelle est la situation actuelle ? En bref : des records de température extraordinaires sont enregistrés un peu partout, comme au Canada il y a un mois, où le précédent record a été battu trois jours de suite pour atteindre cinq degrés Celsius supplémentaires d’un coup, tout près de 50 degrés Celsius. Nous assistons également à des inondations incroyables, comme celles qui ont frappé l’Allemagne, la Belgique ou la Chine, avec des centaines de disparus et de morts, et bien sûr d’énormes dégâts économiques, ainsi qu’à des incendies gigantesques dans une grande partie du monde. Ces derniers jours, la Grèce et la Turquie ont été les perdants de la loterie climatique. Une loterie dans laquelle tous les pays ont plusieurs numéros et il n’y aura pas de gagnant.

Les présentations étant faites, passons au rapport. Dans le cas présent, la fuite concerne la première version du résumé du groupe III destiné aux décideurs politiques, ceux qui sont chargés d’analyser la manière de réduire les émissions, d’atténuer et de limiter les impacts. Voici quelques-unes des principales conclusions du projet de rapport, dont le contenu définitif sera publié en mars 2022 :

– « Les émissions de CO2 devraient atteindre un pic avant 2025 et un niveau net nul entre 2050 et 2075 ». Cela implique une plus grande ambition à court et moyen terme, et une accélération de l’action et de la mise en œuvre effective, qui se heurte à des obstacles politiques, économiques et sociaux. Ce qui peut être plus efficace économiquement peut être politiquement irréalisable ou éthiquement inacceptable. Et c’est là un point essentiel, les changements doivent tenir compte des inégalités pour être acceptés (voir le cas des gilets jaunes).

– « Aucune nouvelle centrale au charbon ou au gaz ne devrait être construite, et les centrales existantes devraient réduire leur durée de vie », qui est généralement de plus de 30 ans, à environ 10 ans.

– Il est reconnu qu’un certain degré de capture et de séquestration du carbone et d’élimination du carbone (CDR-CCS-BECCS) est nécessaire pour atteindre des émissions nettes nulles. Ces technologies sont loin d’être au point et représentent un nouveau coup de pouce dans la croyance que l’évolution technologique viendra toujours à la rescousse. Cela contredit complètement l’un des principes de base de la science : le principe de précaution. En outre, certaines recherches mettent en doute la capacité du sol à stocker autant de carbone. Encore plus sur une planète qui se réchauffe.

– Le changement technologique mis en œuvre jusqu’à présent au niveau mondial n’est pas suffisant pour atteindre les objectifs en matière de climat et de développement. Depuis 2010, le coût des technologies renouvelables a baissé au-delà des attentes (notamment le solaire -87%, et les batteries -85%), mais au total, le solaire et l’éolien représentent 7% de la fourniture d’électricité. » Les progrès escomptés dans d’autres technologies, telles que le captage et la séquestration du carbone, l’énergie nucléaire et l’élimination du dioxyde de carbone, ont été beaucoup moins encourageants.

-La croissance de la consommation d’énergie et de matériaux est la principale cause de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES). Le léger découplage observé entre la croissance et la consommation d’énergie [et largement dû à la délocalisation de la production] n’a pas permis de compenser l’effet de la croissance économique et démographique ». Cela montre que les développements technologiques qui permettent d’améliorer l’efficacité et de passer à des sources d’énergie à faibles émissions ne sont pas suffisants. Par conséquent, une transition très massive de la consommation de matériaux à l’échelle mondiale pourrait même, temporairement, entraîner un pic des émissions.

On espère pouvoir passer des véhicules légers à combustion aux véhicules électriques, tandis que pour les machines lourdes, il est admis que la technologie appropriée n’existe pas encore (d’où l’engagement discutable en faveur de l’hydrogène) et que des recherches supplémentaires sont nécessaires. Le risque d’épuisement des matériaux critiques des batteries est explicitement mentionné, mais tout repose sur le recyclage des matériaux.

La température moyenne de la Terre est d’environ 15 degrés Celsius. L’augmenter de deux degrés seulement reviendrait à augmenter un corps humain de près de cinq degrés.

Le réchauffement planétaire associé aux différents scénarios d’émissions publiés va de moins de 1,5°C à plus de 5°C d’ici 2100 par rapport aux niveaux préindustriels. Les scénarios de référence sans nouvelles politiques climatiques conduisent à un réchauffement moyen de la planète compris entre 3,3 et 5,4ºC. La température moyenne de la Terre est d’environ 15 degrés Celsius. L’augmenter de deux degrés seulement reviendrait à augmenter un corps humain de près de cinq degrés. Cette comparaison permet peut-être de comprendre pourquoi les fameux deux degrés suscitent tant d’inquiétude. La stabilité du climat serait impossible et le risque pour la vie serait énorme. Le problème est que la trajectoire actuelle va non seulement dépasser ces deux degrés, mais aussi déclencher encore davantage les redoutables mécanismes de rétroaction qui, si les freins d’urgence du système ne sont pas actionnés sans délai, nous conduiront à un changement climatique déjà absolument hors de contrôle. Malgré cela, nous ne devons pas être paralysés, il existe des possibilités d’éviter les pires scénarios, mais nous devons agir de manière coordonnée. Déjà.

-Il n’est pas incompatible de lutter contre la pauvreté énergétique et le changement climatique. En effet, les plus gros émetteurs sont les plus riches : les 10% les plus riches émettent dix fois plus que les 10% les plus pauvres. Ainsi, l’augmentation de la consommation des plus pauvres à des niveaux de subsistance de base n’augmenterait pas beaucoup les émissions ».

Il souligne également l’expansion de certaines activités économiques à forte intensité d’émissions, par exemple « l’aviation qui augmente de 28,5 % entre 2010 et 2020 ». Malgré cela, à ce stade, le gouvernement espagnol est heureux de donner des millions pour l’agrandissement des aéroports de Barajas et d’El Prat. Si l’on suit les rapports successifs qui seront publiés par le GIEC dans les prochains mois, ces projets devraient être considérés comme l’absurdité absolue qu’ils sont, sauf pour ceux qui en profitent. Éviter ces extensions serait un bon tournant positif, qui pourrait signifier un changement de dynamique.

-Reconnaissance du fait qu’il existe un problème non résolu avec les plastiques.

-L’acceptation implicite que les scénarios d’atténuation impliquent des pertes de PIB. Fondamentalement, elle accepte ce que l’Agence européenne pour l’environnement a elle-même déclaré : la préservation de l’environnement n’est pas compatible avec la croissance économique. En fait, le rapport note : « Dans les scénarios où la demande d’énergie est réduite, les défis de l’atténuation sont considérablement réduits, avec une moindre dépendance à l’égard de l’élimination du CO2 (CDR), une moindre pression sur les terres et des prix du carbone plus bas. Ces scénarios n’impliquent pas une diminution du bien-être, mais la fourniture de meilleurs services. » Il s’agit littéralement d’un scénario d’adaptation à la décroissance.

En ce qui concerne les mesures et les étapes à franchir, le rapport souligne qu’il n’existe pas de mécanisme politique ou de système de gouvernance unique qui puisse à lui seul accélérer la transition nécessaire. Une combinaison de ces éléments sera nécessaire, qui sera différente dans chaque contexte.

Parmi les exemples de mécanismes, citons la législation, qui peut inciter à l’atténuation en fournissant des signaux clairs aux différents acteurs, par la fixation d’objectifs, ou la création d’institutions et de mécanismes de marché, comme la fixation d’un prix pour le carbone, pour autant que la justice sociale soit prise en compte. D’autres facteurs qui peuvent aider seraient les mouvements sociaux climatiques – le GIEC reconnaît le travail des grèves climatiques – qui contribuent à la montée d’un autre facteur clé : un pourcentage élevé de personnes engagées. Il est également souligné que les mesures permettant d’obtenir des réductions doivent être des changements de comportement social : moins de transports, délocalisation du travail, régimes alimentaires plus végétariens, etc.

Et voici l’une des clés, il n’y a aucune mention claire du changement radical indispensable d’un système économique dont le fonctionnement pervers d’accumulation et de reproduction du capital à perpétuité nous a amenés au point critique actuel. Un point où il est déjà difficile de cacher l’évidence qu’un autre point, le point de non-retour, est, pour le moins, très proche. Comme cela s’est déjà produit pour l’Amazonie, qui émet plus de carbone qu’elle n’en absorbe, ou pour le Groenland, qui a battu des records de température et de déversement d’eau fraîche et froide dans l’océan, augmentant ainsi le risque de ralentissement et d’effondrement du courant thermohalin, la courroie de transmission essentielle à la stabilité de notre système climatique. Son effondrement aurait des conséquences incalculables.

Si les freins d’urgence du système n’étaient pas actionnés sans délai, nous nous dirigerions vers un changement climatique qui s’est déjà emballé.

C’est là que l’on peut entrevoir le petit/grand défaut de l’organisme, qui par définition semble difficile à résoudre et qui fera que ces fuites continueront à se produire : le GIEC fonctionne en recherchant un large consensus, ce qui rend difficile la prise en compte des positions les plus audacieuses dans le rapport final, et nous ne parlons pas de scientifiques radicaux isolés : outre l’Agence européenne pour l’environnement, Nature, l’une des revues académiques les plus prestigieuses au monde, a déjà publié des études montrant que la seule « solution », tant pour la transition énergétique que pour l’urgence climatique, est de partir du principe que continuer à croître sans causer plus de dommages est évidemment impossible, et qu’il faut donc prévoir une stabilisation et/ou une diminution dans la sphère matérielle. Partager pour bien vivre, mais dans certaines limites.

Récemment, le baromètre français de la consommation responsable a montré que l’opinion publique est plus ouverte que ce que beaucoup voudraient nous faire croire. 52% des Français estiment que le modèle fondé sur le mythe de la croissance infinie doit être totalement abandonné. Ainsi, l’espoir de travailler dans le sens d’une acceptation du problème et en même temps d’un travail pour y remédier globalement de la manière la plus équitable possible s’accroît, alors que nos chances de continuer à croître sans s’écraser dans la tentative diminuent.

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*Nous tenons à remercier les membres du collectif Scientist Rebellion pour leur collaboration dans l’envoi de la fuite. Au scientifique du CSIC, Antonio Turiel, pour ses conseils sur la préparation de cet article. Et à certaines femmes scientifiques qui ne souhaitent pas être nommées – afin de ne pas courir de risques professionnels – qui ont également apporté leur aide. Ils savent qui ils sont.

*La conférence de presse pour présenter le rapport final du groupe I aura lieu le lundi 9 août.

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Juan Bordera est scénariste, journaliste et militant d’Extinction Rebellion et de València en Transició.

Fernando Prieto est titulaire d’un doctorat en écologie, de l’Observatoire de la durabilité.


THE GUARDIAN

Les émissions de gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum d’ici quatre ans, selon un rapport des Nations unies qui a fait l’objet d’une fuite.

Un groupe de scientifiques publie le projet de rapport du GIEC, craignant qu’il ne soit édulcoré par les gouvernements.

Fiona Harvey et Giles Tremlett

Les émissions globales de gaz à effet de serre doivent atteindre un pic dans les quatre prochaines années, les centrales électriques au charbon et au gaz doivent fermer au cours de la prochaine décennie et des changements de mode de vie et de comportement seront nécessaires pour éviter un effondrement du climat, selon le projet de rapport qui a fait l’objet d’une fuite et qui émane de la principale autorité mondiale en matière de climatologie.

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Les riches de tous les pays sont, dans leur grande majorité, plus responsables du réchauffement de la planète que les pauvres, les SUV et la consommation de viande étant pointés du doigt. La future croissance économique intensive en carbone est également remise en question.

La fuite provient de la troisième partie du rapport historique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, dont la première partie a été publiée lundi et qui met en garde contre des changements climatiques sans précédent, dont certains sont irréversibles. Le document, appelé sixième rapport d’évaluation, est divisé en trois parties : la science physique du changement climatique, les impacts et les moyens de réduire l’influence humaine sur le climat.

La troisième partie ne devrait pas être publiée avant mars prochain, mais un petit groupe de scientifiques a décidé de faire fuiter le projet via la branche espagnole de Scientist Rebellion, une émanation du mouvement Extinction Rebellion. Elle a été publiée pour la première fois par le journaliste Juan Bordera dans le magazine en ligne espagnol CTXT.

Bordera a déclaré au Guardian que la fuite reflétait l’inquiétude de certaines personnes ayant participé à la rédaction du document, qui craignaient que leurs conclusions ne soient édulcorées avant leur publication en 2022. Les gouvernements ont le droit d’apporter des modifications au « résumé pour les décideurs ».

Les 10 % des émetteurs mondiaux les plus riches contribuent entre 36 et 45 % des émissions, soit 10 fois plus que les 10 % les plus pauvres, qui ne sont responsables que de 3 à 5 % environ, selon le rapport. « Les modes de consommation des consommateurs aux revenus les plus élevés sont associés à des empreintes carbone importantes. Les principaux émetteurs dominent les émissions dans des secteurs clés, par exemple les 1 % les plus riches sont responsables de 50 % des émissions de l’aviation », indique le résumé.

Le rapport souligne les changements de mode de vie qui seront nécessaires, notamment dans les pays riches et parmi les personnes aisées au niveau mondial. S’abstenir de surchauffer ou de surrefroidir les habitations, marcher et faire du vélo, réduire les voyages en avion et utiliser moins d’appareils énergivores sont autant de mesures qui peuvent contribuer de manière significative aux réductions d’émissions nécessaires, selon le rapport.

Les habitudes alimentaires dans de nombreuses régions du monde riche devront également changer. « Un passage à des régimes alimentaires comportant une part plus importante de protéines végétales dans les régions où la consommation de calories et d’aliments d’origine animale est excessive peut entraîner des réductions substantielles des émissions, tout en offrant des avantages pour la santé… Les régimes à base de plantes peuvent réduire les émissions jusqu’à 50 % par rapport au régime alimentaire occidental moyen à forte intensité d’émissions », indique le rapport.

Fournir de l’énergie moderne à tous ceux qui en sont actuellement privés (800 millions de personnes n’ont pas accès à l’électricité) aurait un effet « négligeable » sur l’augmentation des émissions, indique le rapport.

La réduction des émissions au cours de la prochaine décennie sera cruciale pour tout espoir de maintenir le réchauffement de la planète à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, au-delà desquels les effets du dérèglement climatique provoqueront une dévastation généralisée. « Une action plus faible à court terme mettrait hors de portée la limitation du réchauffement à ces niveaux, car elle impliquerait des hypothèses sur l’accélération ultérieure de l’élaboration des politiques et du développement et du déploiement des technologies, incompatibles avec les preuves et les projections de la littérature évaluée », avertit le rapport.

Le rapport réaffirme la nécessité de réduire de moitié les émissions au cours de la prochaine décennie pour ne pas dépasser 1,5 °C et atteindre des émissions nettes nulles d’ici à 2050.

Les investissements nécessaires pour faire passer l’économie mondiale sur une base à faible émission de carbone font également défaut. Selon le rapport, les investissements actuels sont inférieurs à ce qui est nécessaire « par un facteur de cinq », même pour maintenir le réchauffement à la limite supérieure de 2°C. Environ 546 milliards de dollars ont été consacrés à la réduction des gaz à effet de serre et au renforcement de la résilience aux impacts de la crise climatique en 2018.

« Les infrastructures et les investissements existants et planifiés, l’inertie institutionnelle et un parti pris social en faveur du statu quo entraînent un risque de verrouillage des émissions futures qui peuvent être coûteuses ou difficiles à réduire », indiquent les scientifiques.

Les actifs échoués seront un problème croissant, car les centrales électriques au charbon et au gaz, dont la durée de vie se mesure généralement en décennies, devront être mises hors service dans les neuf à douze ans suivant leur construction, selon le rapport. Les scientifiques se font l’écho de l’avis récent de l’Agence internationale de l’énergie selon lequel aucune nouvelle exploitation de combustibles fossiles ne peut avoir lieu si l’on veut que le monde ne dépasse pas 1,5°C de réchauffement.

« Les impacts économiques combinés des ressources et des capitaux de combustibles fossiles bloqués pourraient s’élever à des milliers de milliards de dollars », indique le rapport. Ce risque pourrait être réduit en orientant les investissements vers des biens et services à faible teneur en carbone.

Les technologies permettant de capter et de stocker le dioxyde de carbone n’ont pas encore progressé assez rapidement pour jouer un rôle majeur, selon le rapport, mais des technologies permettant d’éliminer le dioxyde de carbone de l’atmosphère seraient presque certainement nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C.

Le rapport note qu’il existe des raisons d’être optimiste. Les énergies solaire et éolienne et la technologie des batteries sont désormais bien moins chères, grâce aux politiques qui ont encouragé leur utilisation. La réduction des émissions de méthane contribuerait également à freiner la hausse des températures.

Prendre davantage soin des forêts et des terres, qui constituent d’importants puits de carbone, contribuerait également à limiter l’augmentation de la température, mais il ne faut pas trop y compter. Ces mesures sont relativement peu coûteuses, mais elles ne peuvent compenser la lenteur de la réduction des émissions dans d’autres secteurs, selon le rapport.

CTXT, la publication espagnole qui a divulgué le projet de rapport, a déclaré qu’il montrait que l’économie mondiale devait s’écarter rapidement de la croissance conventionnelle du PIB, mais que le rapport sous-estime cet aspect. « Le changement radical indispensable d’un système économique dont le fonctionnement pervers d’accumulation et de reproduction du capital à perpétuité nous a amenés au point critique actuel n’est pas clairement mentionné », écrit CTXT.

Le GIEC a déclaré qu’il ne commentait pas les fuites et que l’objectif du processus de rédaction était de donner aux scientifiques le temps et la tranquillité nécessaires pour élaborer leur évaluation sans commentaire extérieur. Jonathan Lynn, responsable de la communication du GIEC, a déclaré : « Une grande partie du texte cité ici – apparemment tiré de la première version du résumé à l’intention des décideurs dans le projet de deuxième ordre du Groupe de travail III diffusé aux gouvernements et aux experts examinateurs en janvier – a déjà changé dans la dernière version interne du résumé à l’intention des décideurs actuellement examinée par les auteurs. »


Des éléphants sur la table

Paul Blume

«L’éléphant est sur la table» se dit d’un sujet évident, important, voir incontournable, pour lequel les protagonistes développent des stratégies d’évitement. (*)


Malgré une période délétère qui a vu un Président fou tenter de bloquer l’application des accords de Paris sur le climat (2015 – lien), la thématique semble enfin être devenue une priorité mondiale.

Bien évidemment, des lobbies tentent d’inverser cette tendance. Mais l’heure est bien aux débats de politiques ambitieuses, tant au niveau international qu’européen.

Plans, lois, législations, accords, rencontres, conférences, … donnent une impression de compétition vertueuse.
Et voici nos pachydermes qui s’invitent. Trônant silencieusement sur les tables.

L’éléphant de Gaz.

Les gaz à effet de serre (GES) n’ont pas tous les mêmes caractéristiques. Certains disparaissent relativement rapidement. D’autres ont un impact plus important pour une quantité fortement moindre. Etc…

Et, pas de chance pour nous, les caractéristiques du dioxyde de carbone (CO2) sont telles que l’arrêt immédiat de leurs émissions n’impliquerait pas leur disparition à court ou moyen terme. La réponse du système n’est pas immédiate. L’inertie est telle que l’on parle de décennies entre émissions et impact sur le climat.

Ajoutons à cela que nous sommes déjà arrivés bien trop près du plafond de sa condensation au-dessus de nos têtes. Les scientifiques parlent d’une limite au-delà de laquelle le processus deviendra totalement incontrôlable.

Dit autrement, il ne s’agit pas d’avoir la meilleure des politiques acceptables, mais bien d’une obligation de résultat.

Nous ne jouons pas le chrono aux 100 mètres, mais la barre au saut à la perche.

Un effort un peu trop faible ? Échec total …

L’éléphant des Fossiles.

Le lien entre dioxyde de carbone et énergies fossiles implique que l’effort le plus important porte sur nos consommations de charbon, pétrole et gaz. Ce qui pose la question des alternatives et de la capacité de celles-ci à répondre à nos demandes en énergie.

Là aussi, le dossier semble en grande partie ignoré. Il n’y aura pas de substitution de sources d’énergie dans une proportion suffisante pour alimenter nos modes de vie actuels.

La démonstration est physique et non contestée.

Raison, peut-être, pour laquelle économistes et politiques l’ignorent ? S’abstiennent d’en parler et finissent par ne plus en tenir compte ? Quand ils la comprennent…

On continue donc à nous promettre à la fois une réduction drastique du recours aux fossiles et un accès abondant à l’énergie.

Incompétence ? Mensonge ? Évitement en tout cas.

L’éléphant découplage.

A chaque augmentation de point de croissance économique correspond une augmentation du recours aux énergies fossiles. Et ce malgré le recours à d’autres sources dites propres.

Si la corrélation n’est pas vérifiée à 100 % sur de courtes périodes, elle se révèle intransigeante sur le temps long.

La croissance des richesses, du bien-être reste intimement liée à l’accès aux énergies fossiles.

D’où la question du découplage. Comment et dans quelle mesure serions-nous capables de désolidariser la courbe de nos consommations d’énergies fossiles de la courbe de production de nos biens et services ?

Aujourd’hui, ce découplage est tellement réduit que personne ne prend le temps d’en expliquer l’importance. Encore un évitement.

Chaque applaudissement d’un point de croissance est un applaudissement à la consommation du fossile et par conséquent au réchauffement climatique.

Quand la croissance baisse, on n’applaudit plus. Souvenons-nous de l’année économique 2020 …

L’éléphant catastrophe.

Quand des scientifiques essaient de présenter les conséquences d’un réchauffement de plus de 2° ou 3°, la terminologie utilisée ne correspond rapidement plus à nos standards de confort.

Si l’importance de la thématique semble, enfin, prévaloir, l’appréciation de la réalité reste bien en-dessous des risques réels.

On parle de réductions drastiques des zones habitables, des terres cultivables, des zônes de pêche.

On parle de successions de plus en plus récurrentes de périodes extrêmement chaudes, voir mortelles.

On parle de successions d’inondations, de sécheresses, de catastrophes dites « naturelles ».

Et cela dans un avenir proche.

Le temps presse pour s’attaquer à la crise climatique, avertit l’ONU: « Nous sommes au bord du précipice ».(*)

Sur quelles tables ces éléphants ?

Ces éléphants, et d’autres évitements, trônent sur des tables diverses.

Celles des institutions internationales, des grands acteurs financiers, de l’Europe, des Etats-Unis, des pays riches et de leurs plans de croissance, leurs accords commerciaux internationaux, leurs investissements planétaires,…

Celle de la France de Macron dont le traitement des propositions de l’assemblée citoyenne attire les foudres des écologistes français.

Celle des écologistes belges qui prônent les centrales au gaz et la 5G.

Incompétence ? Ignorance ? Peur ? Politiques à court terme ?

Évitements, en tout cas.

Nous avons eu des campagnes d’information sur le Brexit et la Covid. Qu’en est-il du climat ?

George Marshall

05 mai 2021 – traduit (deepl version gratuite) de https://www.theguardian.com/commentisfree/2021/may/04/information-campaigns-brexit-covid-climate-crisis-cop26


A l’approche de la Cop26, les connaissances du public sur la crise sont superficielles, et peu comprennent l’ampleur de la menace.

Les gouvernements ont lamentablement échoué à informer ou à consulter leurs citoyens sur la crise climatique.

L’une des principales leçons de la pandémie de Covid-19 est que des politiques fortes nécessitent un engagement public fort : les gens devaient comprendre la nature du virus avant d’accepter des contraintes au niveau de leur vie ou de donner au gouvernement un mandat pour agir.

Pourtant, le monde est confronté à un autre problème majeur qui transforme déjà les économies, les infrastructures et les modes de vie : la crise climatique. Et dans ce cas, les gouvernements ont lamentablement échoué à informer ou à consulter leurs citoyens. Aucune des nations les plus polluantes présentes au sommet sur le climat organisé par Joe Biden la semaine dernière ne dispose d’une stratégie cohérente ou d’un budget national dédié à l’engagement public.

Les citoyens ignorent en grande partie que nous avons le « droit de savoir » en ce qui concerne la crise climatique : l’article 6 de la convention de Rio sur le climat (1992) engage les gouvernements à informer, éduquer et consulter leurs citoyens. Cet engagement contraignant a été repris, presque mot pour mot, dans l’accord de Paris de 2015.

À première vue, le manque d’engagement pourrait ne pas sembler être un problème. Après tout, des majorités importantes et croissantes à travers le monde se disent préoccupées et perçoivent la dégradation du climat comme une menace. Toutefois, cette prise de conscience est superficielle, et peu de gens comprennent la rapidité et l’ampleur de la menace. Les recherches effectuées par le gouvernement montrent qu’environ la moitié seulement des Britanniques acceptent que l’activité humaine soit la principale cause du dérèglement climatique. Et selon un rapport de 2019, seul un tiers des personnes comprend qu’il existe un consensus partagé par la grande majorité des scientifiques.

Cela représente de multiples défis pour les décideurs politiques. Comment peuvent-ils s’attendre à ce qu’une décarbonisation rapide soit acceptée par des citoyens qui ne comprennent pas pleinement les preuves qui sous-tendent ces politiques ? Comment peuvent-ils s’attendre à ce que les gens acceptent l’impératif de limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C alors que, selon un sondage britannique, la plupart des gens pensaient que cela ne deviendrait dangereux qu’à huit degrés ?

Et comment s’étonner que les gens s’opposent et résistent à des politiques pour lesquelles aucun mandat n’a jamais été demandé ou obtenu ? Comme nous l’avons constaté avec la Covid-19, lorsque les gens sont peu engagés, le déni et la méfiance peuvent se propager à travers les conversations dans la vie réelle et les médias sociaux. En 2014, la résistance à la tarification du carbone en Australie a fait tomber le gouvernement. Le président Macron a été contraint de retirer une taxe climatique sur les carburants après l’irruption des manifestations des « gilets jaunes » dans les rues françaises en 2018. En l’absence d’une compréhension nationale partagée de la crise climatique, ces politiques légères en matière de changement climatique – bien plus faibles que celles requises pour atteindre les nouveaux objectifs climatiques – sont facilement devenues une procuration pour le désenchantement social et la polarisation politique.

Ce qui est le plus préoccupant, c’est que les populations les plus vulnérables du monde sont encore extrêmement mal préparées à l’impact de la dégradation du climat. Deux années de recherches menées à travers l’Afrique du Nord par Climate Outreach, dont je suis l’un des directeurs fondateurs, ont révélé que la plupart des gens pouvaient parler avec éloquence des changements qu’ils avaient déjà subis – tels que les sécheresses et les températures record – mais qu’ils ne comprenaient pas, ou très peu, la vitesse ou la gravité des impacts futurs ou ce qu’ils étaient susceptibles de signifier pour leurs communautés. Le manque d’informations dans cette région est un multiplicateur de menaces, réduisant la capacité des gens à prendre des décisions en connaissance de cause ou à se préparer à l’avance à des événements météorologiques extrêmes.

Il est temps pour les gouvernements de lancer un dialogue durable et éclairé avec leurs citoyens.

Si le gouvernement britannique acceptait de relever ce défi – après tout, il est avide d’occasions de montrer son leadership en matière de climat – il devrait appliquer le même niveau d’investissement qu’il a régulièrement appliqué à d’autres questions prioritaires, comme les 8 millions de livres sterling qu’il a dépensés en 2004 pour envoyer à chaque foyer un dépliant de 22 pages sur les dangers du terrorisme, les 100 millions de livres sterling qu’il a budgétisés pour la campagne « Get Ready for Brexit » ou les 184 millions de livres sterling qu’il a dépensés tout au long de 2020 pour mobiliser les citoyens à propos de la Covid-19.

Cependant, cette expérience récente avec la Covid-19 nous rappelle également que de nombreuses personnes, en particulier dans les groupes les plus sceptiques, sont profondément méfiantes à l’égard des politiciens et des messages bien ficelés. Les gouvernements doivent résister à l’envie instinctive d’engloutir des budgets dans des campagnes éphémères de publicité, de soutien de célébrités et de slogans politiques. Une certaine publicité de fond est précieuse, mais nos recherches montrent que la communication sur la crise climatique nécessite également une approche plus durable : recruter des vrais communicateurs dignes de confiance, former des scientifiques pour qu’ils s’expriment avec habileté, adapter les messages aux valeurs des différents publics et atteindre les gens par le biais de leurs communautés, de leurs lieux de travail et de leurs réseaux confessionnels. Après tout, l’objectif est de construire une compréhension commune, et non de vendre un produit.

Whitehall ferait bien de regarder au nord de la frontière. Au cours des 13 dernières années, le gouvernement écossais a soutenu de manière discrète et permanente des organisations communautaires afin d’initier des conversations locales sur le climat avec un budget annuel modeste de 8,5 millions de livres. Nous savons ce qu’il faut faire, mais il faut le faire à plus grande échelle.

Enfin, le gouvernement doit accepter que la construction d’un mandat collectif exige qu’il touche tout le monde, en accordant une attention particulière à ceux qui sont sceptiques, marginalisés et désengagés. Il existe d’excellents modèles issus des campagnes de santé, de lutte contre la toxicomanie et d’alphabétisation qui fournissent des stratégies, des objectifs et des mesures de réussite clairs. À l’heure actuelle, l’engagement climatique n’a rien de tout cela.

À l’approche de la conférence sur le climat de la COP26, nous devons remettre en question la culture technocratique qui suppose que les objectifs en matière de carbone peuvent être atteints uniquement grâce à une ingénierie intelligente et à des feuilles de calcul. Nous entendons beaucoup parler de leadership, mais le leadership n’a pas de sens s’il n’y a pas d’adeptes, et l’ambition est un fantasme si elle n’est pas largement partagée et soutenue. L’engagement public n’est pas de la poudre aux yeux, c’est le fondement essentiel de toute politique.


George Marshall est le directeur fondateur de Climate Outreach et l’auteur de « Don’t Even Think About It : Why Our Brains Are Wired to Ignore Climate Change ».


Seule une discussion sur l’effondrement permettra de s’y préparer

Lettre publique – traduction

En tant que scientifiques et universitaires du monde entier, nous appelons les décideurs politiques à s’engager ouvertement face au risque de perturbation, voire d’effondrement, de nos sociétés. Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, nous n’avons pas réussi à réduire nos émissions de carbone, et nous devons maintenant en tirer les conséquences.

S’il est essentiel de déployer des efforts courageux et équitables pour réduire les émissions et ré-absorber naturellement le carbone, les chercheurs de nombreux domaines considèrent désormais l’effondrement de la société comme un scénario crédible pour ce siècle. Les avis diffèrent sur le lieu, l’étendue, la date, la durée et la cause de ces perturbations ; mais la manière dont les sociétés modernes exploitent les hommes et la nature est une préoccupation commune à tous.

Ce n’est que si les décideurs politiques ouvrent le débat sur cette menace d’effondrement de la société que les communautés et les nations pourront commencer à s’y préparer et à en réduire la probabilité, la rapidité, la gravité et les dommages infligés aux plus vulnérables et à la nature.

Les armées de plusieurs pays considèrent déjà l’effondrement comme un scénario crédible, nécessitant une planification. Des enquêtes publiques montrent qu’une partie importante des populations anticipent désormais l’effondrement de la société. Malheureusement, c’est déjà le quotidien ou même l’histoire de nombreuses communautés du Sud. Cependant, le sujet n’est pas traité équitablement dans les médias, et est généralement absent de la société civile et de la politique.

Lorsque les médias couvrent le risque d’effondrement, ils citent généralement des personnes qui condamnent la discussion sur le sujet. Les spéculations mal informées, comme celles citant des campagnes de désinformation venant de l’étranger ou les répercussions sur la santé mentale et la motivation ne favorisent pas une discussion sérieuse. De telles affirmations ne tienne pas compte des milliers d’activistes et représentant des mouvements citoyens qui anticipent l’effondrement comme une motivation supplémentaire pour demander des changements sur le climat, l’écologie et la justice sociale.

Les citoyens qui se préoccupent des questions environnementales et humanitaires ne devraient pas être découragées de débattre des risques de perturbation ou d’effondrement de la société, faute de laisser ce sujet être dominé par des acteurs moins soucieux de ces valeurs.

Certains d’entre nous pensent qu’une transition vers une nouvelle forme de société est possible. Elle impliquera une action déterminée pour réduire les dommages causés au climat, à la nature et aux humains, en incluant la préparation à des perturbations majeures de la vie quotidienne. Nous percevons les efforts cherchant à supprimer le débat sur l’effondrement comme une entrave à cette possibilité de transition.

Nous avons constaté à quel point il est difficile, sur le plan émotionnel, de reconnaître les dommages infligés au quotidien, et la menace croissante qui pèse sur notre propre mode de vie. Nous connaissons également le grand sentiment de fraternité qui peut naître une fois que ce débat s’ouvre. Il est temps de s’engager ensemble dans des conversations difficiles, afin de réduire notre participation aux détériorations en cours, et d’être créatifs pour faire émerger le meilleur d’un avenir turbulent.

Présentation, version originale, signataires :
https://iflas.blogspot.com/2020/12/international-scholars-warning-on.html