Jean Jouzel

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« L’urgence est là, nous regardons ailleurs »

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2025

L'Irak a été presque totalement privé d'électricité publique pendant plusieurs heures lundi à cause d'une panne géante provoquée, selon les autorités, par des températures record, atteignant 50°C à Bagdad et dans plusieurs provinces, et une hausse de la consommation. Dans ce pays de 46 millions d'habitants, où les canicules sont de plus en plus fréquentes, la plupart des foyers peuvent néanmoins s'alimenter grâce aux générateurs, alors que la vague de chaleur actuelle devrait encore durer pendant plus d'une semaine, selon les services météorologiques.
Le réseau électrique en Irak connaît lundi une "panne totale" provoquée par "une hausse record des températures" et une augmentation de la consommation qui ont entraîné l'arrêt de deux lignes de transmission, a annoncé le ministère de l'Electricité. Si les foyers peuvent encore s'alimenter grâce aux générateurs, cette panne intervient au moment où le thermomètre atteint jusqu'à 50°C à Bagdad et dans 11 provinces du centre et du sud du pays. La hausse de la demande concerne notamment la province de Kerbala, a expliqué le ministère, où des millions de pèlerins affluent vers la ville sainte chiite à l'occasion de l'importante commémoration religieuse de l'Arbaïn.
Selon les autorités irakiennes, 2025 est l’une des années les plus sèches depuis 1933, et les réserves en eau sont actuellement à 8 % de leur capacité.
Trois champs pétrolifères de la région autonome du Kurdistan, dans le nord de l'Irak, ont été touchés mercredi matin par des attaques de drones chargés d'explosifs, selon les forces kurdes, au lendemain d'une attaque similaire ayant entraîné l'interruption des activités d'un champ pétrolifère. La production dans deux champs pétrolifères exploités par le groupe norvégien DNO ASA a été temporairement suspendue, a indiqué la société. Ces dernières semaines, l'Irak a été le théâtre d'une série d'attaques de drones et de roquettes non revendiquées. Cinq champs pétrolifères ont été touchés au Kurdistan irakien en l'espace d'une semaine et Bagdad a promis d'ouvrir une enquête.
Un tiers de la région autonome du Kurdistan irakien bénéficie désormais d'une électricité publique ininterrompue, ont annoncé mercredi les autorités, qui prévoient une couverture complète d'ici fin 2026. Cette région du nord de l'Irak se présente comme un îlot de stabilité dans un pays largement tributaire des importations pour répondre à ses besoins énergétiques, malgré ses richesses en hydrocarbures, et subissant régulièrement de longues coupures de courant.
Les Irakiens, touchés de plein fouet par le dérèglement climatique, s'adaptent comme ils le peuvent à des températures infernales, qui durent de juin à fin septembre.
Cette région pétrolifère du sud du pays est frappée par une multiplication des cas de cancer. De nombreux documents et experts mettent en cause la fumée rejetée par les sites d’extraction. Mais le gouvernement, qui tire 90 % de ses revenus de la vente d’hydrocarbures, persiste à nier toute crise sanitaire.
L'Irak a signé mercredi un accord avec un consortium emmené par une entreprise chinoise pour un méga-projet dans le Sud visant à augmenter la production de pétrole et d'électricité, selon un communiqué. Le projet impliquant le géant pétrolier chinois Geo-Jade et l'entreprise irakienne Hilal al-Basra va multiplier par cinq la production du champ pétrolier de Tuba, dans la région de Bassora, pour atteindre les 100.000 barils par jour (pbj), selon un communiqué du ministère du Pétrole citant le ministre Hayan Abdel-Ghani.
L'Irak pratique l'agriculture désertique en puissant de l'eau dans ses nappes phréatiques. Cette technique lui a permis en 2024 de dépasser l'autosuffisance avec 6,4 millions de tonnes de blé récoltées. Mais elle risque par ailleurs de causer l'épuisement des réserves hydriques souterraines du pays.
Dans le sud de l’Irak, le delta formé par la confluence du Tigre et de l’Euphrate abrite les marais de Mésopotamie. Cet écosystème unique est le refuge des tribus maadans. Ces éleveurs de buffles peuplent des villages lacustres dont l’origine remonte aux prémices de la civilisation. Aujourd’hui, leur survie est menacée par le réchauffement climatique et l’assèchement des marais accéléré par la mauvaise gestion des ressources hydriques irakiennes et l’extractivisme pétrolier.