Pourquoi les effets du changement climatique pourraient nous rendre moins enclins à réduire les émissions

Joel Millward-Hopkins

Source : The ConversationTraduction Deepl – Josette

Les incendies de forêt qui font rage dans la province du Québec, au sud-est du Canada, sont sans précédent. Un printemps chaud et sec a permis au petit bois de s’accumuler et les orages du début du mois de juin ont allumé l’allumette, intensifiant de manière spectaculaire la saison des incendies de 2023.

En se propageant vers le sud, la fumée a engendré un ciel apocalyptique dans le nord-est des États-Unis et a placé plus de 100 millions de personnes en état d’alerte concernant la qualité de l’air, plaçant la ville de New York en tête du classement mondial des villes dont l’air est le plus pollué.

Des scientifiques canadiens ont mis en garde contre le rôle du changement climatique dans la propagation des incendies de forêt en 2019. Le changement climatique n’est peut-être pas à l’origine des incendies, mais il augmente considérablement la probabilité qu’ils se produisent et, à l’échelle mondiale, les incendies de forêt devraient augmenter de 50 % au cours de ce siècle.

On pourrait au moins espérer qu’à mesure que ces effets de plus en plus graves du changement climatique sont ressentis par les pays riches et fortement émetteurs, les gens seront persuadés d’agir avec la conviction nécessaire pour éviter la crise climatique, qui menace la vie de millions de personnes et les moyens de subsistance de milliards d’autres.

Toutefois, comme je l’ai indiqué dans un article récent, l’espoir qui sous-tend cette hypothèse pourrait être mal placé. Au fur et à mesure que les effets du réchauffement se font sentir, nous risquons au contraire d’élire au pouvoir des personnes qui s’engagent à aggraver le problème.

Cela s’explique par un chevauchement entre les effets plus larges du changement climatique et les facteurs qui ont favorisé la montée des dirigeants nationalistes, autoritaires et populistes en Europe, aux États-Unis, au Brésil et ailleurs, en particulier au cours des dernières années.

Les conséquences plus larges du changement climatique

On s’attend généralement à ce que le changement climatique ait une série d’impacts, allant de l’augmentation de la fréquence et de la gravité des tempêtes, des sécheresses, des inondations, des vagues de chaleur et des mauvaises récoltes à la propagation plus large des maladies tropicales. Mais il entraînera également des problèmes moins évidents liés aux inégalités, aux migrations et aux conflits. Ensemble, ils pourraient créer un monde où les inégalités et l’instabilité s’aggravent, où les changements sont rapides et les menaces sont clairement perçues – un environnement dans lequel les dirigeants autoritaires ont tendance à prospérer.

Le changement climatique menace de creuser les inégalités au sein des pays et entre eux. En fait, les faits montrent que c’est déjà le cas. En effet, les populations les plus pauvres sont généralement plus exposées aux effets du changement climatique et plus vulnérables aux dommages qui en découlent.

Les pays pauvres, et les populations pauvres des pays riches, sont confrontés à un cercle vicieux où leur situation économique les maintient dans les zones les plus exposées aux conditions météorologiques extrêmes et les empêche de s’en remettre. En revanche, les riches peuvent rendre leurs maisons étanches aux fumées, engager des pompiers privés, faire fonctionner leur climatisation sans se soucier de la facture – ou simplement acheter une maison ailleurs.

Le changement climatique devrait également entraîner une augmentation des migrations. Les estimations du nombre de personnes qui devraient migrer en réponse au changement climatique sont très incertaines, en raison de la combinaison de facteurs sociaux et politiques, et les discussions dans les médias ont parfois eu tendance à l’alarmisme et au mythe.

Bien que l’on s’attende à ce que la plupart des mouvements se produisent à l’intérieur des pays, il est probable que l’on assiste à une augmentation significative du nombre de personnes se déplaçant des pays pauvres vers les pays riches. D’ici le milieu du siècle, un nombre important de personnes dans des régions telles que l’Asie du Sud pourraient être exposées à des vagues de chaleur auxquelles les humains ne peuvent tout simplement pas survivre, faisant de la migration la seule échappatoire possible.

Enfin, le changement climatique devrait accroître le risque de conflits et de violences. Des guerres pourraient éclater pour des ressources de base telles que l’eau. À plus petite échelle, la violence et la criminalité pourraient augmenter. Des recherches ont montré que même les tweets sont plus haineux sous la chaleur.

Populisme autoritaire

Les hommes politiques de droite ont réussi à exploiter le discours autour des questions que le changement climatique enflamme : l’immigration, l’inégalité économique et l’insécurité mondiale. Leurs promesses d’inverser la tendance à la baisse du niveau de vie d’une partie de la population, de soulager les services publics (sous-financés) et de protéger la nation des menaces extérieures passent invariablement par des appels à la fermeture des frontières et à la désignation des migrants comme boucs émissaires.

Ces dirigeants sont également anti-environnementalistes. Donald Trump, Vladimir Poutine et Jair Bolsanaro ont fétichisé les industries traditionnelles telles que l’extraction du charbon, abandonné les défis mondiaux au profit de poursuites nationales et sont ouvertement sceptiques quant à l’influence de l’homme sur le climat, quand ils ne la nient pas carrément.

L’absence d’une conscience mondiale et d’une volonté de coopération, inhérente à cette politique, rendrait le maintien d’un climat sûr presque impossible.

La liberté qui subsiste

Il s’agit d’une vision sombre. Mais il s’agit d’un avertissement et non d’une prévision, et il y a de bonnes raisons de ne pas être pessimiste.

L’une d’entre elles est qu’il est prouvé que le fait d’être confronté à des conditions météorologiques extrêmes renforce le soutien à l’action en faveur du climat. Il se peut donc que les effets du changement climatique ne se contentent pas d’éloigner les gens d’une réponse politique appropriée.

Plus important encore, le changement climatique n’est pas directement à l’origine de phénomènes tels que les migrations, les conflits et la violence. Au contraire, il les rend plus probables en raison des interactions avec les problèmes sociaux et politiques existants, tels que la répression gouvernementale, le chômage élevé ou les tensions religieuses. C’est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.

Tout d’abord, la mauvaise nouvelle. Les chercheurs suggèrent que la pauvreté et les inégalités constituent des facteurs de conflit et de migration plus importants que le changement climatique. Mais ces facteurs sont eux-mêmes amplifiés par le changement climatique. Le changement climatique pourrait donc jouer un rôle encore mal compris dans les conflits et les migrations.

La bonne nouvelle, c’est que ces interactions complexes entre les conditions environnementales et notre vie politique et sociale nous montrent que, dans une large mesure, c’est encore à nous de décider de l’avenir. Dans l’anthropocène, l’homme est devenu un agent du changement planétaire – nous pouvons déterminer l’avenir de l’environnement. Mais l’environnement ne déterminera pas le nôtre. Néanmoins, il est essentiel de comprendre comment le changement climatique peut indirectement influencer la politique pour trouver une politique adaptée aux défis auxquels nous sommes confrontés.



Cercles vicieux écologiques :

Pourquoi l’effondrement des écosystèmes peut se produire beaucoup plus tôt que prévu

John Dearing, Gregory Cooper et Simon Willcock, The Conversation

Source : Phys.org Traduction Deepl – Josette

Partout dans le monde, les forêts tropicales humides se transforment en savane ou en terres agricoles, la savane s’assèche et se transforme en désert, et la toundra glacée fond. En effet, des études scientifiques ont désormais enregistré des « changements de régime » de ce type dans plus de 20 types d’écosystèmes différents, où des points de basculement ont été franchis. Dans le monde entier, plus de 20 % des écosystèmes risquent de changer de régime ou de s’effondrer.

Ces effondrements pourraient se produire plus tôt qu’on ne le pense. L’homme soumet déjà les écosystèmes à de nombreuses pressions, que nous appelons « stress ». Si l’on ajoute à ces pressions une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes liés au climat, la date à laquelle ces points de basculement sont franchis pourrait être avancée de 80 %.


Cela signifie qu’un effondrement de l’écosystème que nous aurions pu espérer éviter jusqu’à la fin de ce siècle pourrait se produire dès les prochaines décennies. Telle est la sombre conclusion de nos dernières recherches, publiées dans Nature Sustainability.


La croissance de la population humaine, l’augmentation de la demande économique et les concentrations de gaz à effet de serre exercent des pressions sur les écosystèmes et les paysages pour qu’ils fournissent de la nourriture et maintiennent des services essentiels tels que l’eau propre. Le nombre d’événements climatiques extrêmes augmente également et ne fera qu’empirer.


Ce qui nous inquiète vraiment, c’est que les extrêmes climatiques pourraient frapper des écosystèmes déjà stressés, qui à leur tour transmettraient des stress nouveaux ou accrus à un autre écosystème, et ainsi de suite. Cela signifie qu’un écosystème qui s’effondre pourrait avoir un effet d’entraînement sur les écosystèmes voisins par le biais de boucles de rétroaction successives : un scénario de « cercle vicieux écologique » aux conséquences catastrophiques.


Combien de temps avant l’effondrement ?


Dans notre nouvelle recherche, nous voulions avoir une idée du niveau de stress que les écosystèmes peuvent supporter avant de s’effondrer. Pour ce faire, nous avons utilisé des modèles, c’est-à-dire des programmes informatiques qui simulent le fonctionnement futur d’un écosystème et sa réaction aux changements de circonstances.


Nous avons utilisé deux modèles écologiques généraux représentant les forêts et la qualité de l’eau des lacs, ainsi que deux modèles spécifiques à l’emplacement représentant la pêche dans le lagon de Chilika, dans l’État indien d’Odisha, et l’île de Pâques (Rapa Nui), dans l’océan Pacifique. Ces deux derniers modèles incluent explicitement les interactions entre les activités humaines et l’environnement naturel.


La principale caractéristique de chaque modèle est la présence de mécanismes de rétroaction, qui contribuent à maintenir l’équilibre et la stabilité du système lorsque les pressions sont suffisamment faibles pour être absorbées. Par exemple, les pêcheurs du lac Chilika ont tendance à préférer capturer des poissons adultes lorsque le stock de poissons est abondant. Tant qu’il reste suffisamment d’adultes pour se reproduire, la situation est stable.

Cependant, lorsque les pressions ne peuvent plus être absorbées, l’écosystème franchit brusquement un point de non-retour – le point de basculement – et s’effondre. À Chilika, cela peut se produire lorsque les pêcheurs augmentent les prises de poissons juvéniles en période de pénurie, ce qui compromet encore davantage le renouvellement des réserves de poissons.


Nous avons utilisé le logiciel pour modéliser plus de 70 000 simulations différentes. Dans les quatre modèles, les combinaisons de stress et d’événements extrêmes ont avancé la date du point de basculement prévu de 30 à 80 %.
Cela signifie qu’un écosystème dont l’effondrement est prévu dans les années 2090 en raison de l’augmentation progressive d’une seule source de stress, telle que les températures mondiales, pourrait, dans le pire des cas, s’effondrer dans les années 2030 si l’on tient compte d’autres facteurs tels que les précipitations extrêmes, la pollution ou une augmentation soudaine de l’utilisation des ressources naturelles.


Il est important de noter qu’environ 15 % des effondrements d’écosystèmes dans nos simulations se sont produits à la suite de nouveaux stress ou d’événements extrêmes, alors que le stress principal est resté constant. En d’autres termes, même si nous pensons gérer les écosystèmes de manière durable en maintenant constants les principaux niveaux de stress – par exemple, en régulant les captures de poissons – nous ferions mieux de garder un œil sur les nouveaux stress et les événements extrêmes.

Il n’y a pas de sauvetage écologique


Des études antérieures ont suggéré que les coûts importants liés au dépassement des points de basculement dans les grands écosystèmes se feront sentir à partir de la seconde moitié de ce siècle. Mais nos résultats suggèrent que ces coûts pourraient survenir bien plus tôt.


Nous avons constaté que la vitesse à laquelle le stress est appliqué est essentielle pour comprendre l’effondrement d’un système, ce qui est probablement pertinent pour les systèmes non écologiques également. En effet, la vitesse accrue de la couverture médiatique et des processus bancaires mobiles a récemment été invoquée pour augmenter le risque d’effondrement des banques. Comme l’a fait remarquer la journaliste Gillian Tett :


« L’effondrement de la Silicon Valley Bank a fourni une leçon terrifiante sur la manière dont l’innovation technologique peut changer la finance de manière inattendue (dans ce cas-ci, en intensifiant le regroupement numérique). Les récents krachs éclairs en offrent une autre. Toutefois, il s’agit probablement d’un petit avant-goût de l’avenir des boucles de rétroaction virales.


Mais la comparaison entre les systèmes écologiques et économiques s’arrête là. Les banques peuvent être sauvées tant que les gouvernements fournissent un capital financier suffisant dans le cadre de renflouements. En revanche, aucun gouvernement ne peut fournir le capital naturel immédiat nécessaire pour restaurer un écosystème effondré.


Il n’existe aucun moyen de restaurer des écosystèmes effondrés dans un délai raisonnable. Il n’y a pas de sauvetage écologique. Dans le jargon financier, nous devrons simplement encaisser le coup.



La droite dure et la catastrophe climatique sont intimement liées. Voici comment.

George Monbiot

Source : The Guardian – Traduction Deepl – Josette

À mesure que la politique climatique s’affaiblit, les conditions météorologiques extrêmes s’intensifient et de plus en plus de réfugiés sont chassés de chez eux – et le cycle de la haine se poursuit.


La boucle est bouclée. Alors que des millions de personnes sont chassées de chez elles par les catastrophes climatiques, l’extrême droite exploite leur misère pour étendre son influence. À mesure que l’extrême droite gagne du pouvoir, les programmes climatiques sont arrêtés, le réchauffement s’accélère et de plus en plus de personnes sont chassées de chez elles. Si nous ne brisons pas rapidement ce cycle, il deviendra l’histoire dominante de notre époque.

Des stations météorologiques du golfe Persique ont déjà enregistré des mesures de température humide – une combinaison de chaleur et d’humidité – au-delà du point (35 °C à 100 % d’humidité) auquel la plupart des êtres humains peuvent survivre. D’autres stations, sur les rives de la mer Rouge, du golfe d’Oman, du golfe du Mexique, du golfe de Californie et de la partie occidentale de l’Asie du Sud, ont enregistré des températures proches de ce seuil. Dans de grandes parties de l’Afrique, il n’y a pratiquement pas de surveillance des épisodes de chaleur extrême. Il est probable qu’un grand nombre de personnes soient déjà mortes du stress thermique, mais la cause de leur décès n’a pas été enregistrée.

L’Inde, le Nigeria, l’Indonésie, les Philippines, le Pakistan, l’Afghanistan, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le Soudan, le Niger, le Burkina Faso, le Mali et l’Amérique centrale sont confrontés à des risques extrêmes. Des phénomènes météorologiques tels que des inondations massives et une intensification des cyclones et des ouragans continueront de frapper des pays comme le Mozambique, le Zimbabwe, Haïti et le Myanmar. De nombreuses personnes devront se déplacer ou mourir.

Dans les pays riches, nous avons encore le choix : nous pouvons limiter considérablement les dégâts causés par la dégradation de l’environnement, dont nos nations et nos citoyens sont les premiers responsables. Mais ces choix sont délibérément et systématiquement fermés. Les entrepreneurs de la guerre culturelle, souvent financés par des milliardaires et des entreprises commerciales, font passer les tentatives les plus innocentes de réduction de nos impacts pour une conspiration visant à restreindre nos libertés. Tout est contesté : les quartiers à faible trafic, les villes de 15 minutes, les pompes à chaleur et même les plaques de cuisson à induction. Il est impossible de proposer le moindre changement sans qu’une centaine d’influenceurs professionnellement indignés ne se lèvent pour annoncer : « Ils viennent pour votre … ». Il devient de plus en plus difficile, à dessein, de discuter calmement et rationnellement de questions cruciales telles que les SUV, la consommation de viande et l’aviation.

Le déni de la science du climat, qui avait presque disparu il y a quelques années, est revenu en force. Les scientifiques et les défenseurs de l’environnement sont bombardés d’affirmations selon lesquelles ils sont des laquais, des comploteurs, des communistes, des meurtriers et des pédophiles.

Alors que les effets de notre consommation se font sentir à des milliers de kilomètres de là, et que des personnes se présentent à nos frontières, cherchant désespérément un refuge pour échapper à une crise qu’elles n’ont pratiquement pas contribué à provoquer – une crise qui pourrait impliquer de véritables inondations et de véritables sécheresses – les mêmes forces politiques annoncent, sans la moindre ironie, que nous sommes « inondés » ou « asséchés » par les réfugiés, et des millions de personnes se rallient à leur appel en faveur de l’étanchéité de nos frontières. Parfois, il semble que les fascistes ne peuvent pas perdre.

Alors que les gouvernements se tournent vers la droite, ils mettent fin aux politiques visant à limiter la dégradation du climat. Il n’y a pas de mystère à ce sujet : les politiques de droite dure et d’extrême droite sont le mur de défense érigé par les oligarques pour protéger leurs intérêts économiques. Au nom de leurs bailleurs de fonds, les législateurs du Texas font la guerre aux énergies renouvelables, tandis qu’une proposition de loi de l’Ohio classe les politiques climatiques parmi les « croyances ou politiques controversées » qu’il est interdit aux universités d' »inculquer » à leurs étudiants.

Dans certains cas, le cycle se déroule en un seul lieu. La Floride, par exemple, est l’un des États américains les plus exposés aux catastrophes climatiques, notamment à la montée des eaux et aux ouragans. Mais son gouverneur, Ron DeSantis, fonde sa candidature à la présidence sur le déni climatique. Sur Fox News, il a dénoncé la science du climat comme étant une « politisation de la météo ». Dans son état, il a adopté une loi obligeant les villes à continuer d’utiliser des combustibles fossiles. Il a réduit les impôts, y compris la taxe sur la préparation aux catastrophes, sapant ainsi la capacité de la Floride à répondre aux crises environnementales. Mais la droite dure se nourrit de catastrophes et, une fois de plus, on a l’impression qu’elle ne peut guère perdre.

Si vous voulez savoir à quoi ressemble un avenir possible – un avenir dans lequel on laisse ce cycle s’accélérer – pensez au traitement des réfugiés actuels, amplifié de plusieurs ordres de grandeur. Déjà, aux frontières de l’Europe, les personnes déplacées sont repoussées dans la mer. Elles sont emprisonnées, agressées et utilisées comme boucs émissaires par l’extrême droite, qui élargit son champ d’action en les rendant responsables des maux qui, en réalité, sont causés par l’austérité, les inégalités et le pouvoir croissant de l’argent en politique. Les nations européennes paient les gouvernements au-delà de leurs frontières pour qu’ils arrêtent les réfugiés qui pourraient se diriger vers elles. En Libye, en Turquie, au Soudan et ailleurs, les personnes déplacées sont kidnappées, réduites en esclavage, torturées, violées et assassinées. Les murs s’élèvent et les personnes désespérées sont repoussées avec toujours plus de violence et d’impunité.

Déjà, la haine fabriquée des réfugiés a aidé l’extrême droite à conquérir ou à partager le pouvoir en Italie, en Suède et en Hongrie, et a considérablement amélioré ses perspectives en Espagne, en Autriche, en France et même en Allemagne. Dans tous les cas, nous pouvons nous attendre à ce que le succès de cette faction soit suivi d’une réduction des politiques climatiques, avec pour résultat que davantage de personnes n’auront d’autre choix que de chercher refuge dans les zones de plus en plus restreintes dans lesquelles la niche climatique humaine reste ouverte : souvent les nations mêmes dont les politiques les ont chassées de chez elles.
Il est facile d’attiser le fascisme. C’est le résultat par défaut de l’ignorance politique et de son exploitation. Le contenir est beaucoup plus difficile, et sans fin. Les deux tâches – empêcher l’effondrement des systèmes terrestres et empêcher la montée de l’extrême droite – sont indivisibles. Nous n’avons pas d’autre choix que de lutter contre ces deux forces à la fois.


Références Georges Monbiot

juin2024.eu


Vive la Récession ?

Paul Blume

Durant la législature du Parlement européen qui se termine, de la crise Covid à la guerre en Ukraine, sans oublier la gestion des aspects énergétiques, s’est confirmé un constat aujourd’hui sans appel : il n’y aura pas de découplage entre Produit Intérieur Brut (PIB) et écocide.

Progression du PIB mondial d’un coté, disparition du vivant, pollutions, dégradations de l’ensemble des conditions de vie sur terre en ce compris l’aspect climatique de l’autre, sont intimement liés (réf).

La récession est-elle inévitable ? Est-elle indispensable ?

Si, comme les soubresauts d’une agonisante, l’économie mondiale s’essaie encore aux investissements massifs dans les énergies fossiles, les résultats n’ont rien d’encourageant au regard des conséquences bien réelles et déjà ressenties de cette folle course vers l’effondrement.

Que l’on nomme l’indispensable ralentissement économique décroissance, sobriété ou récession, c’est bien d’une baisse des capacités humaines de destruction dont il est question. L’extrême urgence est dans le renversement de la courbe du PIB, de la courbe de la croissance.

La transition heureuse, elle, semble n’être qu’un mythe. Un récit inévitablement porteur de violences extrêmes.

Rien n’est pire que de promettre la lune. Si nous souhaitons reforger un consensus social minimum, partir de la réalité n’est-il pas incontournable ?

La promesse d’une transition énergétique, elle, s’envole.

Non seulement rien ne vient actuellement corroborer la possibilité d’une substitution globale des énergies fossiles par des alternatives non-émettrices de gaz à effet de serre, mais le doute s’installe de plus en plus quant à la possibilité même de réaliser une quelconque transition énergétique (réf).

Sans oublier que la finalité n’est pas l’économie, mais la Vie.

Garder le taux actuel de recours à quelque forme d’énergie que ce soit implique de continuer de produire, consommer, détruire, polluer… De mener la guerre contre le vivant.

La « bête » humaine devrait fortement et rapidement se replier dans un cadre économique et social compatible avec la perpétuation de l’ensemble des vivants, y compris non-humains. Sous peine d’une réelle disparition.

La question sociale, enjeu crucial.

L’inévitable contraction des activités humaines ne se fera, à l’évidence, pas sans douleur.

Certes, des utopies existent pour guider nos chemins vers des horizons les moins sombres possibles, mais éluder la question des impacts catastrophiques du partage d’un gâteau amoindri année après année serait incompréhensible.

C’est donc à tous les étages du scrutin de juin 2024 que nous devrons être attentifs aux propositions des programmes politiques en matière d’équité sociale.

Le consensus social actuel, né après la deuxième guerre mondiale, se fissure fortement. Ce débat doit être remis en haut des priorités. On ne gère pas les inégalités, la santé collective, l’accès aux ressources vitales de la même façon en temps de disette qu’en temps d’abondance.

Revenus de remplacement, retraites, sécurité sociale risquent de ne pas tenir le choc sans de profonds aménagements.

Écologistes, mutuellistes, syndicalistes, monde associatif et culturel, citoyennes et citoyens, nous avons tous un intérêt vital à exercer des pressions sur la confection des programmes politiques qui seront présentés à nos suffrages en juin 2024.

L’absence d’alternative unique, simple, agréable ne doit pas nous freiner. L’important réside dans la réouverture d’un débat public sur les finalités même de nos sociétés.

C’est de la multiplicité et de la variété des points de vue qui seront échangés que naîtront potentiellement nos nouvelles modalités de gestion des « communs ». Dans l’intérêt du plus grand nombre, en minimisant au maximum les risques vitaux. Sur une base commune la moins inéquitable possible.

Il nous reste un an pour influencer les dernières législatures avant l’année 2030. Cette année qui figure dans tellement de textes, de rapports, comme échéance indicative d’engagements à tenir. Une étape à ne pas rater.



Et si on mettait en pratique la #décroissance ?

Arnaud Diemer

Et si on mettait en pratique la #décroissance ? Que l’on soit pour ou contre la décroissance, il faut admettre que les idées portées par les décroissants questionnent les individus que nous sommes. Dans un paysage économique où le collectif et la coopération ne sont pas de mises, il est utile d’avoir un projet de société qui repose sur des valeurs fortes, qui recentre notre attention sur les humains et non sur les choses. Passé cet enthousiasme, il faut maintenant mettre en pratique la décroissance, proposer des scénarios réalistes en mobilisant toutes les idées qui ont germé dans l’imaginaire collectif (sobriété énergétique, production citoyenne d’énergie, low tech, agroécologie, AMAP, circuits courts, régime alimentaire végétarien, mobilité douce, monnaies locales, baisse du temps de travail, allongement de la durée de vie des produits…).

Pour être opérationnel dans un scénario de décroissance, ces différents leviers doivent être reliés entre eux (analyse systémique), rattachés à un objectif (réduire notre empreinte environnementale tout en garantissant un certain niveau de vie) et illustrés par des grands principes (coopération, réciprocité, proximité, résilience…).

La modélisation (notamment modulaires) peut apporter un regard intéressant sur les forces en mouvement, toutefois le niveau de complexité est tel qu’il faudrait des années pour embrasser une telle dynamique (on atteint ici les limites de la modélisation 🙂 ). Dès lors, la quête du Graal ne réside pas dans la production d’un modèle qui va tout résoudre mais bien dans le développement d’une logique collective.

Ainsi, la production d’énergie citoyenne (notamment via la création d’une structure qui canalise l’épargne d’un groupe d’individus) est une réponse qui s’inscrit totalement dans la décroissance. Cela permet de produire ce dont on a besoin et de garder la maîtrise de sa consommation. Cette forme de décentralisation de l’énergie a sa place dans le futur modèle énergétique français. On peut imaginer les bienfaits de nombreuses initiatives via des boucles causales (circuit court, compost des déchets alimentaires, réseau de chaleur…), et ce dans les dimensions environnementales, sociales ou économiques (sans oublier la culture et la gouvernance).

Ayant utilisé le modèle #iSDG pour cerner la dynamique qui s’installe entre différents modules (population, alimentation…), il est possible d’amender ce modèle afin d’intégrer tous les enjeux auxquels nous sommes confrontés. Il est ainsi possible de comprendre les tenants et aboutissants d’une politique de 0 terres artificialisées ou encore les questions posées à un programme d’alimentation territoriale.

Si l’on suit les préceptes de la décroissance, sa mise en pratique devrait passer par la mise en place d’assises citoyennes sur les grands enjeux de société, assises non décrétées par l’Etat mais bien par les citoyens… La décroissance redeviendrait ainsi ce qu’elle a toujours été, un programme politique 🙂



Médias : comment (bien) parler de
l’urgence climatique ?

Michel De Muelenaere, Gil Durand

Reprise d’un article paru dans Le Soir le 22 mai 2023


La crise climatique s’accélère et la question de la transition s’invite dans les médias. Ces derniers l’ont bien compris mais ne sont néanmoins pas épargnés par la critique : trop peu présents ou, au contraire, trop militants. Alors, comment (bien) parler des changements climatiques et de leurs conséquences ?

En Belgique, plusieurs académiques ont appelé les médias « à mener en leur sein une réflexion radicale et globale sur la manière d’aborder les enjeux et questions relatives au climat et à la biodiversité ». Un message (en partie) entendu dans les rédactions, notamment au Soir. Un pôle Planète avec sept journalistes a été créé pour traiter l’environnement, la mobilité ou l’énergie de manière globale.

Mais les écoles de journalisme ne sont pas en reste et s’interrogent sur l’opportunité de modifier leurs programmes de cours pour y faire une meilleure place aux questions climatiques, environnementales et aux enjeux de la transition. Au-delà des écoles de journalisme, si les universités francophones sont à des stades différents de leur conscientisation aux questions de transition et de durabilité, toutes ont compris qu’il faudrait mettre un accent plus fort sur l’environnement.

Chapitre 1

Réchauffement climatique : dans les écoles, un journalisme en (lente) transition

La crise climatique s’accélère. La biodiversité file un très mauvais coton. Partout on parle de transition, de changement. Les médias sont exposés aux critiques. Les écoles qui forment les futurs journalistes s’ébranlent, lentement.

C’est un changement progressif. Un frémissement tardif, diront certains. Les écoles de journalisme de la Communauté française s’interrogent sur l’opportunité de modifier leurs programmes de cours pour y faire une meilleure place aux questions climatiques, environnementales et aux enjeux de la transition. Certaines ont franchi le pas, mais pas toutes : à l’UCLouvain on a choisi. Pourquoi
changer ? Outre l’urgence des enjeux, des responsables pointent les « demandes » des étudiants, « génération très conscientisée », voire un appel du « marché » : des rédactions qui seraient, elles mêmes davantage soucieuses de la problématique et demanderaient que l’on prépare mieux les futurs journalistes.

Dame, les critiques sont adressées de toutes parts aux « médias » : trop peu présents, trop catastrophistes, trop conservateurs, trop ignorants, trop enfermés dans les modèles traditionnels ou au contraire, trop militants… Il fallait agir. Reste qu’on est loin du raz-de-marée généralisé.

Dès l’année prochaine, l’Ecole de Journalisme de l’UCLouvain lancera ainsi un cours « Journalisme, transition environnementale et changement climatique » en première année de master, explique Grégoire Lits, qui en sera cotitulaire avec un professionnel du métier pour les aspects plus pratiques. « Outre l’actualité, on est confronté à pas mal de demandes aussi bien des étudiants que des médias. Là, il y a une attente, mais on trouve relativement peu de journalistes traitant des questions environnementales et scientifiques », poursuit Lits. Obligatoire, la nouvelle formation ne sera pas un enseignement sur le climat, les étudiants y auront déjà été exposés auparavant. Elle est axée sur le changement climatique, mais avec une vision élargie sur la transition systémique. »

Aucun cours spécifique en revanche du côté de l’école universitaire de journalisme de Bruxelles, détaille son directeur, David Domingo. « Nous encourageons les étudiants à suivre des cours de l’Institut de gestion de l’environnement et d’aménagement du territoire (Igeat) et à participer à la délégation de jeunes qui se rendent aux sommets sur le climat (les COP). Mais cela ne fait pas
partie du cursus officiel. Notre stratégie consiste plutôt à proposer des thématiques d’actualité sur lesquelles les étudiants travaillent pendant quatre mois, encadrés par des professeurs de journalisme et avec des conférences d’experts, pour livrer des productions journalistiques. L’an prochain, je proposerai que l’environnement soit la thématique choisie. »

Modifier la formation pour y inclure un accent plus fort sur l’environnement ? « Nous n’en avons pas discuté, indique Domingo. Pourquoi mettre l’accent spécifiquement sur cette question en laissant de côté d’autres enjeux essentiels comme l’égalité des genres ou la diversité ? Ces questions devraient être assumées dans n’importe quel cours, comme un enjeu transversal. »

La plupart des facultés de journalisme disent aborder les questions environnementales dans des cours, des ateliers ou des travaux pratiques, sous l’angle des événements d’actualité. Difficile d’ignorer cette thématique qui s’impose massivement. La parution, l’an dernier, de la charte française « pour un journalisme à hauteur de l’urgence écologique » a par ailleurs entraîné nombre de réflexions – souvent anglées sur la déontologie journalistique. Cette charte a été signée par quatorze écoles de journalisme reconnues en France ; aucune en Belgique. A l’Ecole de Journalisme de Lille, tous les étudiants sont même exposés à deux jours de formation autour des questions climatiques et environnementales. Et l’école a mis en place un « Master Pro Climat et Médias ».
A l’Ihecs (l’Institut des hautes études en communications sociales), un cours facultatif de « politique internationale de l’anthropocène », de 24 heures, est donné (en anglais) en dernière année. Il porte sur la science et la politique – le Giec, la convention des Nations unies sur le changement climatique, les COP », explique Caroline Zickgraf qui le délivre. Le rapport avec les
pratiques professionnelles ? « On demande également aux futurs journalistes de trouver des articles sur le sujet pour en discuter et ils participent à une simulation de COP ».

« Très en retard »

« Comme beaucoup d’écoles de journalistes nous sommes très en retard sur les questions environnementales, de même que sur le traitement des questions de genre, livre cependant Nordine Nabili, le très cash responsable du master en journalisme à l’Ihecs. Au-delà de petites opérations ponctuelles qui nous déculpabilisent un peu, ces questions ont assez peu infusé dans les enseignements. » Modifier la formation ? « Peut-être que le public et les étudiants eux-mêmes l’imposeront, estime-t-il. Si, au sein de l’Ihecs, des groupes d’étudiants chamboulaient les débats en imposant l’urgence climatique, il y a belle lurette que les choses auraient changé. Mais cette pression ne vient ni des étudiants, ni de l’équipe. »

« On pourrait, d’initiative, changer la formation, mais je n’ai pas le sentiment qu’il y a une demande. Si, demain, je suis assailli de coups de téléphone des patrons de presse qui, pour des services nouveaux, sont à la recherche de journalistes particulièrement préparés sur les questions environnementales et de transition, les choses changeront. Mais je ne pense pas que les écoles puissent préparer des profils qui n’ont pas leur place au sein des rédactions. » L’Institut apporte des réponses ponctuelles, dit Nabili, comme des sujets d’ateliers ou des travaux de fin d’étude. Mais sur les questions de société, il y a une sorte de ronronnement. » L’Ihecs « fait une promesse très technique aux étudiants : apprendre à filmer, tourner, monter, à faire un podcast, prendre des photos, écrire. On aimerait avoir la même ambition sur des questions de société sur le climat. »

A l’ULiège, on n’envisage pas de mettre en place un cours spécifique permettant aux futurs journalistes de mieux couvrir les questions environnementales, ajoute Dick Tomasovic, directeur de l’école de journalisme. « La thématique est abordée dans un cours de technique de journalisme en 3e bachelier qui aborde une série de sphères d’investigation, comme la politique, l’économie ou l’environnement. C’est donc un sujet d’investigation. Et, en master, de très nombreux étudiants veulent s’emparer de ces questions-là dans des enquêtes, des travaux de fin d’étude. » La faculté de journalisme complétera par ailleurs la formation « de base » en baccalauréat par un complément « orienté culture et médias ». « Ce crédit abordera les évolutions climatiques, les récits médiatiques, les éco-fictions… »

Chapitre 2

Dans les unifs, la transition pour (presque) tous

Les universités francophones sont à des stades différents de leur conscientisation aux questions de transition et de durabilité. Mais elles ont toutes compris qu’il faut changer de braquet.

La question de la durabilité et de la transition s’invite dans toutes les universités francophones du pays. Toutes les facultés, tous les enseignements sont invités à s’y ouvrir. Et la plupart ne se font pas prier. Depuis la rentrée 2022-2023, l’ULB propose, en deuxième année de baccalauréat, un cours transversal d’introduction « aux enjeux de durabilité », entame Charline Urbain, vice-rectrice au
développement durable. « Ce cours, donné en présentiel par deux professeurs de disciplines différentes, est accessible aux étudiants de toutes les facultés. En fonction de celles-ci, il est soit obligatoire soit optionnel. C’est unique en Fédération Wallonie-Bruxelles ». L’université soutient par ailleurs « les initiatives individuelles et collectives des facultés ou des enseignants qui veulent
introduire plus de durabilité dans leurs cours. C’est le cas des sciences techniques, exactes et naturelles, mais c’est aussi indispensable en sciences humaines ».

Les facultés restent libres d’organiser leur enseignement, « mais on les encourage à penser des contenus et des savoirs adaptés aux grands défis de la société. Nous sommes là pour montrer l’urgence, donner les moyens, créer les occasions, et pour faciliter les interactions entre chercheurs… »

Même volonté de plonger tôt dans le sujet à l’ULiège, sans doute pour la rentrée de 2024, explique Sibylle Mertens, conseillère de la rectrice à la transition : « L’ensemble des étudiants en bac – en droit, en économie, en journalisme ou en psycho – suivront un cours transversal en ligne accompagné de travaux sur la durabilité et la transition. L’approche est systémique : il s’agit de donner les clefs de compréhension des enjeux en lien avec les sciences du vivant, les inégalités sociales, les enjeux sociétaux… » Ce cours comprendra également une partie spécifique à chaque faculté et liée à sa spécialisation.

Des projets en formation

L’Université de Mons devrait suivre cette voie, témoigne Diane Thomas, vice-rectrice « aux transitions de développement durable et interactions avec la société ». Elle est fière de la création, l’an prochain, d’un master en génie de l’énergie en fac polytechnique qui s’ajoutera aux masters en « transition et innovation sociale » et au master en biologie et écologie. Mais « la sensibilisation doit venir plus tôt et toucher plus largement », juge Thomas. La réflexion est encore embryonnaire, mais l’idée serait – « pour la rentrée 2024-2025 », espère-t-elle –, un cours sous forme d’introduction générale « qui pourrait être constituée d’interventions d’enseignants abordant ces questions dans leurs thématiques ». En option ou obligatoire ? « C’est à voir », poursuit Diane Thomas. « Nous faisons actuellement le recensement des cours qui abordent ces sujets. En règle générale, même si beaucoup de collègues intègrent déjà le développement durable dans leur enseignement, il faudrait apprendre à nos enseignants à mieux intégrer cette dimension ».

A Namur comme à Bruxelles, on a lu attentivement un rapport remis aux autorités françaises préconisant de « former aux enjeux de la transition écologique et du développement durable dans l’enseignement supérieur ». « Préparer tous les citoyens à la transition écologique, entendue comme la transformation de la société afin de rétablir la viabilité de la planète par la mise en œuvre des objectifs du développement durable, relève des missions de l’enseignement supérieur », disent ses auteurs. Cela implique « la mobilisation et l’évolution de tous les cursus, en formation initiale comme en formation continue ». Pas de cours obligatoire transversal à l’université de Namur, indique Laurent Schumacher, le vice-recteur « à la formation et au développement durable ».

Des formations complémentaires en matière de développement durable existent ou sont en projet. Et il y a une réflexion sur les programmes existants. « Mais il faut tenir compte de la liberté académique.

On creuse le sillon, en voulant convaincre par l’exemple. Par ailleurs, les étudiants interpellent le corps enseignant pour bénéficier d’une formation au goût du jour ». Dans l’intervalle, des enseignants ont ouvert leur cours à l’ensemble du public (étudiants ou pas), dans des « unités d’enseignement transversal ».

Chapitre 3

Le changement climatique dans la presse belge : transversalité et formations

Les médias belges ne sont pas inattentifs aux évolutions planétaires. Les urgences climatiques et environnementales sont lentement remontées « en haut de la pile ». Avec parfois des changements dans les structures et les pratiques.

Dans les médias français, 2022 a été l’année des chartes. Au début de l’été, un texte plaidant « pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » secoue la profession. Signé par plusieurs rédactions et des centaines de journalistes – dont quelques Belges – il exhorte le milieu à effectuer un virage radical dans sa manière de traiter les enjeux climatiques. « Nous, journalistes, devons modifier notre façon de travailler pour intégrer pleinement cet enjeu dans le traitement de l’information », dit la charte. Elle invite à « traiter le climat, le vivant et la justice sociale de manière transversale. Ces sujets sont indissociables. L’écologie ne doit plus être cantonnée à une simple rubrique ; elle doit devenir un prisme au travers duquel considérer l’ensemble des sujets. »

Suivront d’autres documents, rédigés par des entreprises de presse ou des rédactions –Radio France, Ouest-France, Le Monde… Avec quelques engagements prononcés.

En Belgique, nulle charte. Dans Le Soir du 6 mars dernier, plusieurs académiques exhortent pourtant les médias « à mener en leur sein une réflexion radicale et globale sur la manière d’aborder les enjeux et questions relatives au climat et à la biodiversité ».

Message entendu ? Diversement. « La question d’une charte a été discutée en interne, indique Frédéric Gersdorff, directeur adjoint de l’information à la RTBF. Mais l’idée a été écartée. Nous craignions qu’être liés à une telle charte ouvre la porte à devoir faire de même avec les droits humains, les féminicides, le travail des enfants ou d’autres excellentes causes. Nous ne voulions pas nous démarquer sur un enjeu en particulier. » La chaîne publique n’a pas non plus créé de rédaction spécialisée, considérant que « l’environnement touche à toutes les spécialités – économie, politique belge, science, éducation, international… ». On a donc opté pour une approche plus transversale des sujets environnementaux.

Depuis un moment, des émissions sous de nombreux formats et styles ont vu le jour en plusieurs lieux de la grille de programmes, dont « Alors on change », présentée par Gwenaëlle Dekegeleer produite par la cellule « Impact » de la RTBF, mais aussi plus récemment des podcasts (Déclic Le Tournant, d’Arnaud Ruyssen), une page « Ensemble pour la Planète » sur le site internet, des opérations spéciales comme le prime time sur Tipik, l’an dernier, « Il n’y a pas de planète B » ou la « Yourte » , sorte « d’éco-télé-réalité » campagnarde.

Plus de transversalité

Pas de charte mais plus de transversalité, c’est aussi le mot d’ordre à La Libre Belgique, dont le rédacteur en chef Dorian de Meeûs rappelle l’existence d’un service Planète, fusionné récemment avec le service Monde. « Notre volonté est de faire remonter davantage de reportages sur le changement climatique de nos correspondants », indique-t-il. Par ailleurs, « il importe de s’assurer
que les questions environnementales ne soient pas limitées à un service mais que chaque journaliste à son niveau l’intègre dans son travail – la géostratégie, l’économie, l’industrie ou les débats ».

A la RTBF, un « pôle interrédaction », selon les mots de Gersdorff – réseaux d’échange entre journalistes intéressés – fait circuler les infos et les idées. « Ça bouge beaucoup plus qu’avant, constate Dekegeleer. Les choses évoluent, je sens une volonté. » Ici, une formation s’annonce, au profit de tous les journalistes, présentateurs ou éditeurs intéressés, proposée par la cellule Impact en collaboration avec Johanne Montay, la responsable éditoriale sciences-santé-innovation.

De formation, il en est également question à L’Echo, raconte Paul Gérard, son rédacteur en chef. Le quotidien a déjà proposé trois modules de formation de trois jours à 24 de ses journalistes. « Nous devions travailler cette question-là, dit-il. Les enjeux climatiques et leurs impacts, ce ne sont pas des sujets qui font partie intégrante de la formation des journalistes, même des jeunes.

Nous ne sommes clairement pas assez équipés. Certains travaillent sur la matière, d’autres sont plus sensibilisés pour
des raisons personnelles. » Insuffisant, pour le patron du quotidien économique et financier : « Le sujet est devenu incontournable et doit traverser toutes nos pages, toutes les rubriques. Pour cela, il est nécessaire d’être mieux outillés. » Les journalistes ayant participé aux formations sont revenus « très enthousiastes », affirme Gérard. Qui songe à étendre la formation à l’ensemble des
journalistes et annonce, pour la suite, « un travail d’intelligence collective : une charte maison ? Des nouvelles rubriques ? D’autres pratiques qui n’existent pas encore ? C’est à discuter… »

A des degrés divers et avec des moyens parfois limités, ça bouge dans la presse belge. Et les nouvelles sont contrastées : la formation continue sur « la couverture du réchauffement climatique » proposée par l’Association des journalistes professionnels pour octobre prochain n’a séduit qu’une poignée de journalistes. La question de son maintien est posée.

Entretien

Pourquoi « Le Soir » crée un pôle Planète

Comment donner une meilleure place aux questions climatiques, environnementales et aux enjeux de la transition, alors que les médias sont tantôt perçus comme trop peu présents, tantôt trop catastrophistes ?
Christophe Berti, rédacteur en chef du «Soir», explique le positionnement de la rédaction.

Alors que la crise climatique s’accélère, comment Le Soir s’organise-t-il pour mieux répondre aux enjeux de la transition ?

Christophe Berti : Après la crise du covid, la rédaction s’est interrogée sur ses pratiques et sur la bonne façon de traiter les thématiques qui traversaient nos sociétés. On s’est rendu compte que des sujets comme le covid, mais aussi la guerre en Ukraine ou la crise climatique, devaient être traités de manière plus transversale. Si on regarde ces thématiques avec un seul spectre (uniquement comme un sujet santé, politique, économique…), on passe à côté d’une partie de l’information.

Après un travail collectif, qui a impliqué l’ensemble de la rédaction, on a décidé de transformer nos services en pôles, pour partir des contenus, en se demandant : « Qui peut apporter de la valeur ajoutée sur ces sujets », peu importe sa place dans la rédaction.

Ça, c’est fondamental, c’est le vrai changement de cette réforme.

Cette réforme a-t-elle permis de donner une meilleure place aux questions environnementales ?

Nous n’avons pas attendu cette transformation pour traiter des sujets liés au changement climatique, bien évidemment, mais dans la réflexion commune, cette thématique a émergé naturellement et s’est imposée dans notre nouvelle organisation. Il nous semblait dès lors important de dégager des moyens adéquats : nous avons donc créé un pôle Planète avec sept journalistes qui vont travailler ensemble sur ces matières. L’environnement, la mobilité ou l’énergie vont être traitées de manière globale, pas uniquement d’un point de vue économie ou politique…

Les sujets liés à la crise climatique seront donc traités par le pôle Planète

Mais pas seulement : il ne faut pas réserver la question climatique aux journalistes Planète mais que celles et ceux qui suivent la politique, l’économie, le sport ou la culture soient aussi concernés et impliqués dans ces thématiques. Au-delà du pôle Planète, ce qu’on a mis en place à la rédaction, c’est un travail de transversalité entre les pôles.

C’est une manière de répondre aux lecteurs qui estiment que Le Soir n’en fait pas assez ?

C’est avant tout la rédaction au Soir qui décide de ce qu’elle fait. On ne fait pas ça pour répondre à des critiques ou pour faire du marketing. L’urgence climatique s’est imposée dans notre traitement de l’actualité. Nous avons une responsabilité journalistique et sociale de davantage nous intéresser à ces matières et de les traiter avec déontologie. Si certains pensent qu’on en fait trop ou d’autres pas assez, c’est sans doute bon signe…

En France, plusieurs médias ont publié une charte pour encadrer leurs pratiques. Y a-t-il une démarche similaire au Soir ?

Je pense que le premier travail qu’on doit faire, c’est d’améliorer notre expertise sur le fond. Après, on jugera, au Soir, si on a besoin de fixer des règles au sein de la rédaction, de l’entreprise ou d’une charte pour faire encore mieux notre travail d’information.



Contribution zéro

Juin 2024 – Contribution Zéro

vers juin2024.eu / juin2024 le Blog

En juin 2024 se dérouleront les élections pour le renouvellement du Parlement européen ainsi que pour le renouvellement de la Chambre des Représentants et du Sénat fédéral de Belgique, sans oublier les parlements régionaux.

* L’Observatoire de l’Anthropocène et le média LIMIT lancent le projet « Juin 2024 ».

Avec comme objectif de rendre visibles les idées, pensées, contributions, débats alternatifs aux politiques menées ces dernières années en matière de lutte contre les effets systémiques liés aux activités humaines, à l’érosion rapide de la biodiversité, aux changements climatiques, à la destruction de notre environnement.

* Nous constatons les insuffisances voire les inerties sociétales face aux catastrophes et urgences écologiques.

A l’évidence, les politiques menées depuis les accords de Paris sur le Climat, loin d’avoir programmé des réductions sur base annuelle du recours aux énergies fossiles, permettent aujourd’hui la relance d’investissements dans de nouvelles exploitations entraînant nos sociétés vers un avenir de plus en plus sombre.

A l’échelon des instances qui gèrent les décisions quotidiennes, force est de constater qu’aucune force politique actuellement impliquée dans la gestion de notre pays n’a souhaité ou osé aborder ce qui s’annonce incontournable : une forme de décroissance, de sobriété, choisie ou subie.

* Pour contribuer au débat public francophone sur l’urgence écologique, la décroissance et la résilience, nous invitons citoyennes et citoyens engagés, activistes, scientifiques, journalistes, intellectuels, cadres des organisations sociales politiques à exprimer leurs points de vue.

Analyses globales ou contributions ciblées, nous souhaitons susciter des échanges à tous les niveaux de notre maison commune. Dans le respect des différences de convictions, d’appréciations, d’engagements.

Pas pour essayer de construire une nouvelle pensée unique, mais pour faire vivre la défense du vivant dans la multiplicité des implications personnelles et collectives.

* Concrètement, nous mettons nos ressources (site internet, blog, agenda, outils de communication,…) à disposition de celles et ceux qui le souhaitent pour exprimer une opinion, diffuser interviews, témoignages ou billets d’humeur, organiser des rencontres citoyennes, rédiger des interpellations, etc …

La page web du projet :
https://obsant.eu/juin-2024/

contact : contact[AT]juin2024.eu


Transformer la société

David Hercot

Alors que 80 % des Belges considèrent les changements climatiques comme un problème qui nécessite une action urgente . Les premières mesures, même pas significatives mises en œuvre pour tenter de réduire l’empreinte carbone font déjà l’objet de farouches résistances .

On pourrait arguer que ces résistances sont montées en épingle par les opposants politiques de ceux qui étant au pouvoir actuellement sont chargés de les mettre en œuvre. Mais ce serait trop réducteur. Il y a dans la nature humaine quelque chose d’instinctif qui freine le changement : la peur de l’impensable. Chacun instinctivement se construit une vision organisée du monde . Si cette vision vient à être remise en cause, le confort symbolique est mis en danger et la première réaction sera le rejet dans un parti pris de conservation morale, religieuse ou scientifique. Ce fut le cas dans toute l’histoire des sciences nous dit Jean-Claude Passeron . Mais lorsque l’idée cheminant, commence à être acceptée comme une banalité, un secret de polichinelle, on entre dans une période, jugée après coup, « pré-révolutionnaire ». Les portes s’ouvrent et l’axiome honni devient réalité ouvrant les portes à une révolution scientifique, morale, religieuse .

Si l’on peut postuler que le dérèglement climatique est entré dans l’ordre de l’axiome banal, il n’en est pas de même pour les limites planétaires, ni et surtout sur les conséquences morales qui en découlent en termes de révolution de la société qui serait nécessaire pour construire une société compatible avec les limites planétaires.

Réussir la transition écologique nécessite donc dans un premier temps de faire accepter la possibilité d’une organisation alternative de la société qui soit compatible avec les limites planétaires. De créer cet état pré-révolutionnaire qui permettra de passer au-delà des peurs initiales de remise en cause de l’ordre symbolique de la croissance infinie pour embrasser la nécessité d’organiser une société post thermo-industrielle dans un environnement dégradé.

Il sera donc nécessaire de construire un récit auquel les personnes concernées peuvent adhérer. En premier lieu les personnes qui se sentent affectée par la transformation en cours, qu’elle soit choisie ou subie, vont tenter de comprendre quelle place elles auront dans la nouvelle situation. Si la seule perspective pour eux c’est le chômage ou la perte de sens par rapport à ce qu’ils ont fait ou font depuis des années, ils vont naturellement émettre des réticences.

Pour les acteurs qui portent la transition, appelons-les les transformateurs, il est donc nécessaire d’être à l’écoute des personnes impactées. Il s’agit à la fois de comprendre ces réticences, les reconnaitre comme normales et apporter des réponses. Les réponses doivent à la fois donner du sens, à quoi je sers, et de la sécurité, pourrais-je m’occuper de moi et des personnes qui me sont chères, enfants, parents, proches,…

Les transformateurs sont en général déjà convaincus eux-mêmes de la nécessité du changement et ont déjà fait une partie de leur deuil du monde d’avant et du chemin de reconstruction. Ils sont donc en avance sur d’autres. Ils proposent des solutions désirables à leurs yeux mais qui peuvent faire peur de par la dimension insécurisante qu’elle génère. Cette insécurité est certes d’ordre symbolique mais elle est aussi bassement matérielle.

Le management d’entreprise a souvent été utilisé pour augmenter la performance, la rentabilité des travailleurs mais pour se faire, il s’est appuyé sur des théories du changement de comportement qui pourraient tout aussi bien être étudiée pour amener un changement désirable pour tous.

En tout état de cause, ce serait une erreur stratégique pour les transformateurs de feindre d’ignorer les résistances au changement sous prétexte qu’elle ne cadre pas dans leur modèle de pensée symbolique. La transformation nécessaire de la société doit s’accompagner d’une stratégie qui prend en compte le besoin de stabilité symbolique de chacun et proposer un récit dans lequel chacun perçoit une place pour lui-même qui fasse sens.


Références David Hercot


La Nature, la vie, nous n’avons pas d’alternative.

par Marc Blasband

Protéger la nature

 

On attribue à Pythagore (mais on ne prête qu’aux riches); «Veille le matin, que ta couche ne laisse pas voir que tu y as dormis». Cette symbolique est sans doute le premier précepte écologique de l’histoire ?

Il y a cinq ou dix ans, je croyais qu’il fallait protéger la vie et le bonheur de mes enfants et petits-enfants, parfois contre leur propre opinion. Le danger à long terme semblait évident. La propension des humains à ne considérer que le court terme expliquait le peu de résonance de ces idées dans la société.

Entre-temps, Siensano a calculé les nombres de morts surnuméraires belges dus à la chaleur (1340 en 2020 et 2219 en 2022). Cette publication a changé ma perception: ma vie est directement menacée. Ma position a évolué d’un certain altruisme, vers une position plus égoïste. Je dois protéger la Nature pour ma survie à moi.

La Nature n’a pas d’état d’âme, même pas d’objectifs. Elle a connu cinq extinctions de masse, et la sixième est en route à un rythme plus soutenu que pour toutes les précédentes. Ces disparitions ne l’émeuvent pas. Quelques millions d’années plus tard et la vie foisonne à nouveau partout sur Terre.

Pythagore n’avait pas ces préoccupations terrifiantes quand il a fait son injonction. Je n’étais pas près de lui pour en discuter, mais il avait vraisemblablement une vision éthique. L’humain doit garder sa position dans l’ordre des choses, contrairement à ceux qui voient dans la Genèse un chèque en blanc pour exploiter la Terre sans retenue. Pour suivre l’éthique de Pythagore, nous ne pouvons modifier la nature qu’à la marge, par de petites modifications sans conséquences.

 

Nous protégeons donc la Nature, pour des raisons égoïstes, notre survie, celle de notre culture et de notre civilisation, celle de notre descendance, ou pour des raisons moins pragmatique, mais plus proche d’une vision centrée sur les équilibres naturels. Ces conséquences sont dans l’ordre de dangerosité: la sixième extinction de masse, qui a déjà été citée, le réchauffement climatique, les pollutions ainsi que les différences entre classes sociales, qui risquent de fomenter des guerres civiles.

La Vie est résiliente. Elle s’adapte aux nouvelles situations. Les dangers cités plus haut ne l’influencent pas sur le long terme. Après chacune des 5 extinctions précédentes, elle a rebondi, plus forte, plus vigoureuse, plus diversifiée. Contrairement aux ingénieurs, elle ne cherche pas le processus le plus efficace pour réduire les coûts. Par exemple pour assurer notre mort et ainsi le renouvellement des populations avec en corollaire l’évolution, elle a prévu des loups et des ours, mais aussi des bactéries et des virus. Quand ces grands et petits êtres vivants ne suffisent pas, elle utilise la stupidité humaine, pour faire des guerres meurtrières.

Depuis environ 15,000 ans, les humains exploitent la terre, par l’agriculture, la pêche et les mines. D’un phénomène marginal, c’est devenu une menace très convaincante sur la pérennité de notre société. Il semble impératif de changer de cap et de réduire l’extractivisme qui détruit la nature et rapproche la date d’échéance.

L’humanité, s’exprimant unie à l’Onu, lutte surtout contre le réchauffement climatique (27 COPs y ont été consacrées) et les pertes de biodiversité (15 COPs). Si l’intention est excellente, les intérêts financiers des euro-terroristes sont tels que toute avancée réelle a été impossible. Pour éviter le réchauffement de notre planète, il est clair qu’il faut décroître, ou plus politiquement correct, être frugal.

Pour lutter contre les pertes de biodiversité aussi. On cherche à réintroduire des espèces. C’est sympa et pousse la population à délier les cordons de la bourse. Mais jamais les petits machins. Or, sans protéger l’entièreté des écosystèmes, ces réintroductions ne restent que de temporaires emplâtres sur des jambes de bois.

En fait, la vie se défend très bien sans notre aide. Des champignons inédits menacent nos cultures (jusqu’à 20 ou 30%) ce qui risque d’aggraver la famine qui menace. Les îles de plastiques dans l’océan Pacifique foisonnent de vie, comme d’ailleurs le pied des éoliennes de mer (et tant pis pour les mouettes). Nous tremblons tous encore de la pandémie de COVID 19.

Pour protéger la Vie et pour survivre, l’humanité se doit de réduire la voilure.

 

 


Le dernier des Ecolos ?

Paul Blume

Belgique. Dans la tribu des Ecolos, appelons le cohérent.

Celui pour qui le néo-libéralisme reste du néo-libéralisme. Qui se refuse de qualifier de « vert » ce qui est gris. Qui garde le bagage théorique issu du rapport Meadows comme grille d’analyse du réel.

Président des verts au parlement européen, il n’aura pas hésité à affirmer : «L’Europe a saboté son label vert avant même qu’il soit opérationnel».

Philippe Lamberts, tout juste soixantenaire, a annoncé ne pas se représenter aux élections européennes de l’année prochaine.

LIMIT – 12 mai 2023

Quand on regarde ses prises de positions ces dernières années – sélection – deux évidences sautent aux yeux.

D’abord, la cohérence. Pas de compromis avec la science. Souplesse d’esprit, mais ancrage permanent dans le réel.

Ensuite, l’isolement au sein de sa famille politique belge. Sur les questions fondamentales, en tout cas.

Dans le même tempo que ses prises de positions sur la taxonomie européenne, une ministre fédérale Groen portait l’idée de remplacer le nucléaire par du gaz avant de finir par concéder que la Belgique choisira et le gaz, et le nucléaire.

Sa contribution à la critique de la croissance (ex : Beyond Growth) côtoie l’enthousiasme d’une autre ministre fédérale Groen pour les solutions techno-centrées et la croissance.

Et que dire du silence de la ministre fédérale du Climat ? Philippe Lamberts aurait-il accepté d’occuper un tel poste pour ne rien en faire ?

Plus largement, malheureusement, on peut poser la question : mais où sont les militantes et militants d’Ecolo ?

Pour reparler Climat, comment se peut-il que les structures associatives actives dans ce domaine voient aussi peu de soutien du peuple Ecolo depuis le début de la participation au gouvernement belge ?

Ce qui semble se profiler, c’est un choix sociétal collectif résolument éco-libéral. Probablement plus porteur électoralement que décroissance et sobriété. Mais, est-ce encore de l’écologie ?

Dans l’interview accordée par Philippe Lamberts à Limit, la frontière entre la défense du vivant et le caractère suicidaire des options actuelles est très bien décrite.

A quand le sursaut des écologistes belges ?