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momentum
24 juillet 2025
« Le monde devient ce que nous avons rêvé ou ce que nous avons laissé advenir. Les pires réalités de notre époque sont des réalités fabriquées. Il nous incombe donc, en tant que participants créatifs dans l'univers, de repenser notre monde. Le fait de posséder de l'imagination signifie que tout peut être repensé. » C’est sur ces propos tenus par le poète et romancier nigérian Ben Okri que s’est ouvert le "premier symposium transdisciplinaire mondial sur les risques systémiques", selon les termes des organisateurs, près de Paris, le 7 juin 2025, en présence de quelque 300 participants venus d’une cinquantaine de pays.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022 a constitué un tournant brutal, à la fois géopolitique et intellectuel. Alors que j’étais engagé dans ma deuxième année de post-doctorat à l’École Polytechnique, menant des recherches sur les méthodes d’anticipation des conflits armés, j’ai été confronté à l’échec cuisant des outils classiques de prévision. En janvier, les discussions allaient bon train parmi les experts, mais le consensus était clair : la Russie ne franchirait pas le pas. Elle bluffait, et les signaux d’alerte émis par les États-Unis étaient interprétés comme de la surenchère stratégique. En vérité, nos analyses, si savantes soient-elles, n’étaient guère plus pertinentes que celles que l’on aurait pu entendre dans un café parisien — et sans doute bien moins éclairantes que celles échangées dans un bistrot du Donbass. Ce décalage soulignait le poids des grilles d’analyse dominantes. Nombre d’entre nous restions prisonniers d’un cadre rassurant, forgé notamment par les thèses de Steven P
13 janvier 2025
Au-delà du contexte des initiatives de transition, le concept de résilience se diffuse dans de nombreuses disciplines scientifiques et est invoqué de manière exponentielle par les institutions politiques et économiques mondiales. Critiqués pour la profusion d’usages qui contribue à entretenir un flou théorique, les travaux sur la résilience doivent aujourd’hui se démarquer de la récupération néolibérale qui guette le concept.
Comment vivre avec les « super mauvaises nouvelles » ? Les sciences sont d’une grande aide pour répondre à cette question et nous aider à comprendre les mécanismes psychologiques qui entrent en jeu, mais elles ne peuvent pas grand-chose lorsqu’il s’agit de vivre des émotions, de recréer un imaginaire, ou de transformer notre rapport au monde. Sur ces chemins de traverse (pour la collapsologie), des questions éthiques, métaphysiques et spirituelles s’ouvrent alors... Nous constatons, à travers notre expérience et les récits d’autres collapsologues, que la compréhension (et l’acceptation) des catastrophes globales, et la manière dont celles-ci nous transforment en profondeur, passent non seulement par une approche scientifique transdisciplinaire, mais aussi par une vision plus holistique du monde, et même par une vision sensible... et que ces chemins enrichissent l’analyse collapsologique.
L'apocalypse serait-elle devenue un sujet d'étude aussi banal que la photosynthèse ou les fractales ? Ces deux dernières décennies, le vocabulaire de la fin du monde s’est métamorphosé en un champ lexical scientifique florissant. Des concepts comme l’anthropocène ou les planetary boundaries ont proliféré dans les revues académiques. Des notions plus anciennes comme la polycrise d’Edgar Morin et le collapse ont resurgi récemment, transcendant les frontières disciplinaires, tandis que les cascading failures, les wicked problems ou les compound risks sont devenus incontournables dans l’analyse des risques.
26 octobre 2024
Nous allons examiner un objet monstrueux, alors que notre époque est déjà marquée par des guerres cruelles et des catastrophes à répétition. Je ne voudrais pas aujourd’hui ajouter du malheur au malheur, du pathos à la misère, mais affronter rationnellement un objet de pensée peu débattu : l’effondrement systémique mondial.
23 juin 2024
(10/09/2022) - Johann Chapoutot
Nouvelles croyances et complotisme résonnent avec les grands traumatismes sociaux et la perte des grands récits. Le tout sur fond de déclinisme alimenté par une vision déploratoire et doloriste de l’Histoire : c’était mieux avant. Dans un contexte de productivisme acharné orchestré par un management en partie hérité de l’époque du Troisième Reich, le complotisme illustre une désorientation et une absence de sens. En l’occurrence, récession économique et pandémies convoquent une pensée magique à l'heure d’une indifférence totale à la vérité et de l’émergence d'un régime pulsionnel pré-totalitaire.
26 septembre 2023
Au début de leur Mémo sur la nouvelle classe écologique, Bruno Latour et Nicolaj Schultz se demandent « à quelles conditions l'écologie, au lieu d'être un ensemble de mouvements parmi d'autres (un sujet parmi d'autres du débat public, dont l'importance varie au gré de l'actualité), pourrait-elle organiser la politique autour d'elle ? » Autrement dit, pourquoi l'écologie demeure-t-elle politiquement impuissante, minoritaire, alors qu'elle porte, dans la politique humaine, la parole de la menace la plus puissante et la plus universelle qui soit ? Pourquoi les nouvelles, et à présent la perception, des dérèglements catastrophiques, ne provoquent-elles pas l'action, la « mobilisation générale », qu'elles devraient normalement produire ?
31 août 2023
Après 60 ans de progrès scientifiques et techniques, sans précédent dans l’Histoire de l’humanité, un milliard d’individus souffrent de la faim dans le monde; les ressources naturelles (pétrole, métaux) s’épuisent; la biodiversité diminue; l’air, l’eau et la terre sont de plus en plus pollués; la couche d’ozone est en danger, le climat se réchauffe. Dans les pays développés, les inégalités sociales augmentent, le chômage devient endémique, les gouvernements s’endettent. Est-ce là où mène le progrès? De nombreux scientifiques de ma génération, notamment dans le domaine des sciences de l’univers, s’interrogent123. Si, dans l’ensemble, l’humanité progresse vers plus de confort et une longévité accrue, l’Histoire nous montre que cette progression est loin d’être régulière. Depuis l’antiquité, des périodes de vaches maigres succèdent aux périodes de vaches grasses; des temps de guerre succèdent aux temps de paix; des civilisations disparaissent, de nouvelles les remplacent. D’une manière générale, l’Histoire est p
Comme tous les êtres vivants, les sociétés humaines sont des structures dissipatives. Elles s’auto-organisent suivant un processus universel auquel le physicien danois Per Bak a donné le nom de « criticalité auto-organisée ». La structure dissipative produit du travail mécanique en décrivant des cycles de Carnot autour d’un point critique. Il y a alternance entre une transition de phase continue et une transition abrupte. Comme le métabolisme des êtres vivants, l’état de l’économie peut être décrit à l’aide de potentiels de Gibbs. Lademande est associée à un potentiel P représentant une « pression sociale », tandis que l’offre correspond à une « température économique » T , liée à la monnaie. Les cycles économiques apparaissent comme des cycles de Carnot au cours desquels ces deux paramètres oscillent en quadrature.

