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Paul Jorion
Paul et Vincent Burnand-Galpin avaient évoqué l’hypothèse d’un « moment Pearl Harbor », un choc écologique assez puissant pour faire basculer l’opinion publique dans le sens de l’écologie et permettre la mobilisation générale face à l’urgence existentielle. J’ai aussi écrit à ce sujet. C’était faire l’hypothèse d’une boucle de rétroaction négative (régulatrice) dans le système combiné de la Mégamachine et de la Biosphère...
Or, il y a des circonstances, par exemple, ce qu’on appelle la « capacité de charge d’une espèce par rapport à son environnement », qui font que quand on dépasse les limites et qu’on produit du réchauffement climatique, la montée des eaux des océans, la disparition des espèces animales : baisse de la biodiversité, ce qu’il faudrait dire aux gens sur comment on va arranger les affaires, c’est des choses que les gens n’ont pas envie d’entendre.
Donc, cher Mr Mann : ...
Je propose à mes lecteurs d’illustrer brièvement mes développements théoriques un peu arides à l’aide de mon expérience personnelle. La première phase de l’économie que j’ai connue est une phase de crises, traversée dans ma petite enfance : l’occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale. Mes parents habitaient à la lisière de Paris, près du bois de Boulogne. Lorsque l’aviation alliée a attaqué les usines Renault de Boulogne-Billancourt, nous nous sommes réfugiés chez ma grand-mère dans le cinquième arrondissement. J’entends encore le son des alertes nocturnes et je me revois descendre à la cave avec mes parents. Le souvenir qui me reste de cette époque est l’espoir d’une libération proche, mais qui tarde toujours à arriver.
Je me permets de partager avec vous cet article sur les travaux scientifiques relatifs à l’Anthropocène : Un lac canadien choisi pour représenter le début de l’Anthropocène. Et quelques réflexions, dans mon style prospectif habituel, que vous me pardonnerez (le prospectiviste émet des scénarios du pire pour espérer être détrompé, par le fait de les avoir « prophétisés » justement). La définition de l’Anthropocène au niveau scientifique est un processus scientifique qui a une énorme portée pour la pensée, le discours et l’action écologiques, environnementales, climatiques, sociales, démocratiques (NB : je choisis ici de mettre les adjectifs au féminin).
Paradoxalement, alors que nous pataugeons dans un no man’s land de nuit et de brouillard, tout devient clair. Nous sommes l’émanation de la vie, nous nous revendiquons comme tels. Nos ennemis sont le parti de la mort. Si redoutable que soit leur arsenal de guerre, il suffit d’un reste de vivant immiscé dans leur comportement mécanique pour les déstabiliser et les pousser de guingois.
Quand le réel résiste irrémédiablement à notre désir et notre volonté, nous pouvons renoncer à ce désir et à cette volonté ou décider, consciemment ou non, de vivre dans une fiction où le réel se pliera tôt ou tard à notre désir et à notre volonté. A nos risques et périls. Durant l’histoire, une telle attitude effrontée s’est soldée par des découvertes scientifiques importantes… ou le malheur, voire la mort de son porteur. Les frontières perçues de la réalité ont été repoussées plus loin, devenant vraisemblablement plus proches des limites du réel, toujours en partie insaisissables. Nous vivons toujours dans une régime particulier de réalité. Notre imagination est bornée par des frontières souvent arbitraires. C’est pourquoi la politique a souvent été définie comme « l’art de rendre possible ce qui semble impossible ».
Certains pensent que les armes nucléaires créent une stabilité géopolitique internationale par le risque de destruction mutuelle assurée. D’autres, exactement l’inverse : que cette apparence de sécurité est une illusion catastrophique.
Un ami haut fonctionnaire se demandait récemment, dans cette époque où les urgences s’accumulent toujours plus, si l’État avait jamais géré autre chose que les urgences durant l’histoire. Et qui plus est, ne les avaient pas « gérées » seulement dans la débandade et l’inefficacité. Une maxime prétend que « gouverner, c’est prévoir ». Le réel semble indiquer que « gouverner, c’est ne rien prévoir ».
Une gestion prudente des risques exige la prise en compte de scénarios allant du moins bon au pire. Or, dans le cas du changement climatique, ces futurs potentiels sont mal connus. Le changement climatique anthropique pourrait-il entraîner l’effondrement de la société mondiale, voire l’extinction de l’humanité ? À l’heure actuelle, il s’agit d’un sujet dangereusement sous-exploré. Pourtant, il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale. L’analyse des mécanismes à l’origine de ces conséquences extrêmes pourrait contribuer à galvaniser l’action, à améliorer la résilience et à informer les politiques, y compris les réponses d’urgence. Nous exposons les connaissances actuelles sur la probabilité d’un changement climatique extrême, expliquons pourquoi il est vital de comprendre les cas les plus défavorables, exposons les raisons de s’inquiéter des résultats catastrophiques, définissons les termes clés et proposons un programme de recherche. Le pr
François Gemenne produit une densité impressionnante de pensées politiquement incorrectes en ce moment. Après avoir subi une lourde frustration, à cause de la défaite des écologistes français, malgré l’expertise qu’il a prêtée au candidat Jadot, et en plein questionnement existentiel sur le rôle des scientifiques et des intellectuels face à l’Écocide mondial, il ne mâche plus ses mots.
après 40 ans de science climatique, qu’est-ce qui pourrait en effet “nous affecter” avec suffisamment de force, nous é-mouvoir et nous mouvoir avec suffisamment d’énergie, pour transformer notre déni et notre inertie en réveil et en mobilisation générale pour la sauvegarde du genre humain ?
Un article du Guardian annonce que “L’assureur britannique Prudential travaille avec la Banque asiatique de développement sur un projet de rachat de centrales électriques au charbon en Asie afin de les fermer d’ici 15 ans.”
L’affaire de la fuite dans les médias du brouillon du rapport du GIEC sur le climat pourrait être l’illustration d’une des principales causes de l’échec le plus patent de l’histoire de la communauté scientifique : ne pas être parvenus à sonner une alarme écologique effective pour l’humanité, suffisamment tôt et clairement pour engendrer une prise de conscience et une mobilisation générales.
Ne regrettons pas à l’heure ultime de ne pas avoir été beaucoup beaucoup beaucoup plus offensifs dans notre engagement pour le climat : c’est pour la survie de l’humanité que nous nous battons, ni plus ni moins.
Pour Joseph Tainter, théoricien de l’effondrement, la théorie du conflit problématise l’État comme institution coercitive de la domination et de l’exploitation. La théorie de l’intégration en fait une solution: l’institution consensuelle des intérêts sociaux partagés. Dépassant ces visions limitées, le philosophe Michel Foucault rejette l’idée d’État comme trop abstraite etse concentre sur les modes d’exercice pratiques du pouvoir, la gouvernementalité. ...
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Ce mois-ci, ce sont 10.000 scientifiques, et 10 millions de manifestants, et nul ne serait surpris si le mois prochain, c'étaient 100.000 scientifiques signant au bas de la pétition, et 100 millions de manifestants dans les rues. Que se passera-t-il quand ce seront 1 million de scientifiques signataires, et 1 milliard de personnes défilant en cortège?
La voilà, la solution à tous nos maux : l’énergie “infinie” dans les grandeurs utilisées actuellement par les sociétés humaines, et pour encore des siècles de croissance, qui permet de sauver intégralement l’idéal de Progrès ! En théorie c’est possible, via cette fameuse fusion nucléaire.