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Alain Gras
Le risque de coupures, cet hiver, nous a confrontés à la dépendance de notre société à l’électricité. Son abondance est un mythe, rappellent les sociologues Alain Gras et Gérard Dubey. Gérard Dubey est sociologue et professeur à l’Institut Mines-Télécom Business School. Alain Gras est professeur émérite de socioanthropologie des techniques à l’université Paris 1-Sorbonne. Ils ont coécrit La servitude électrique — Du rêve de liberté à la prison numérique (Seuil, 2021). Reporterre — L’hiver a été marqué par un (...)
Pour décarboner, il va falloir produire plus d'électricité... voire développer l'énergie nucléaire. Une impasse ? Éléments de réponse avec Alain Gras, co-auteur de « La servitude électrique » (Seuil) et Bernard Laponche, ingénieur et physicien nucléaire, co-auteur de « En finir avec le nucléaire »
Dans son dernier rapport, le gestionnaire du réseau de transport électrique français (RTE) propose ainsi 6 scénarios de consommation et de production électriques à l’horizon de 2050 avec pour objectif la « neutralité carbone » . Une première question surgit à la suite de cette publication très attendue et commentée : cela suffit-il pour rendre possible une transition ? Notre salut climatique passe-t-il vraiment par l’électrification du monde ?
Les auteurs livrent une critique radicale de la transition énergétique, plus particulièrement de l’électrification tous azimuts qu’elle recouvre. Et pour eux, plutôt que révolutionner nos manières de consommer et produire, le numérique installe le vecteur électrique comme hégémonique, étendant plus encore le macrosystème technique et ses emprises
L'action de l’électricité se révèle dans trois domaines principaux : la lumière, la force, l’information. Son efficacité repose essentiellement sur le pouvoir du feu, elle n’est qu’un vecteur énergétique. Dégâts et déchets sont cachés en amont ou en aval de son utilisation. Les auteurs démontent les coulisses et les travers du mythe électrique et de la numérisation de nos existences. Non, le tout-électrique-tout-numérique ne sauvera pas la planète !
Comment a-t-on pu négliger à ce point l'énergie de l'eau, du vent ou de la terre ? Des quatre éléments, notre civilisation n'en a retenu qu'un pour produire son énergie : le feu. Le pétrole, le charbon ou les grandes chaudières que sont les centrales nucléaires fournissent ainsi aujourd'hui l'essentiel de notre énergie.