Recherche alternatives politiques au suicide collectif

Paul Blume

S’il était encore besoin de citer les raisons de s’inquiéter de l’avenir des sociétés humaines, la liste serait énorme.

En résumé : des pollutions de toutes tailles, de produits variés, à doses macro-industrielles qui mettent en péril la vie elle-même. Une pseudo-transition énergétique qui s’accompagne d’une croissance inespérée pour les investisseurs de projets d’exploitations de ressources fossiles. Et un greenwashing à hauteur inimaginée qui portent les politiques dits « verts » à soutenir la croissance économique à sauce libérale voir libertarienne. Entre autres.

Force est de constater que ce chemin vers l’anéantissement de notre existence est soutenu par une majorité de citoyennes et citoyens. Les explications multiples et diverses de cette réalité ne font que cacher une réalité dérangeante : une évidente propension à opter pour un suicide dans la joie consumériste plutôt qu’une sobriété salvatrice.

Pour celles et ceux qui s’inquiètent des réalités systémiques et de leurs impacts de plus en plus visibles, il est souvent douloureux d’essayer d’en partager les récits.

Traités de pessimistes au mieux, raillés pour ne pas faire une confiance absolue dans la technologie et dans la capacité intrinsèque de l’humanité à trouver des « solutions », un mur de plus en plus épais semble les séparer des gens dits normaux.

Sauf qu’au delà du respect que l’on peut porter à celles et ceux qui souhaitent quitter la vie collectivement, quelles qu’en soient les raisons ou les biais cognitifs, il est plus que temps que le choix de donner une chance au vivant en général et à la résilience humaine en particulier redevienne LE sujet principal.

Il est également temps que les femmes et les hommes en souffrance de solastalgie, éco-anxiété ou autres formes de dépressions liées aux constats du réel prennent en compte que ce sont leurs pensées qui sont porteuses d’avenir. Les suicidaires sont dans l’autre camp. Et, pour l’instant, ils sont victorieux.

Les moments heureux partagés dans toute une séries de projets dits de « transition » portant sur l’alimentation, l’énergie, l’entraide, etc … permettent d’expérimenter un potentiel alternatif réel.

Une résistance quotidienne à l’apocalypse selon Saint-Profit se met doucement en place.

Reste à trouver des relais politiques. Ou, à tout le moins, de tenter de définir un comportement collectif alternatif à la relance de l’économie de croissance par le soutien aux fossiles et aux technologies réputées indispensables pour ladite croissance.

Ce qui s’est révélé de manière évidente ces dernières années, c’est la disparition progressive et continue du caractère alternatif de l’écologie politique représentée.

Le prochain rendez-vous électoral européen sera-t-il l’occasion de voir enfin apparaître des relais politiques potentiels à la sauvegarde de la vie ?

Si ce n’est pas le cas, faute de temps par exemple, espérons qu’une expression salvatrice se mette enfin en place. L’important étant moins les résultats électoraux que l’idée même d’afficher une pensée non-suicidaire.


Les questions demeurent

Paul Blume

Dans les rues de Bruxelles, le dimanche 23 octobre, une manifestation a rappelé que s’éloigner des objectifs mondiaux de réduction des gaz à effet de serre n’est pas la bonne voie.

Organisé à l’appel de la « Coalition Climat » et d’autres organisations en lutte contre le réchauffement, l’événement – pacifique et convivial – a suffisamment réuni de participations diverses pour que s’éloignent les craintes d’un désintérêt citoyen de cette cause majeure.

Réussite rassurante de cette mobilisation, donc.

Et pourtant, des questions subsistent.

A commencer par celle des objectifs réels des différentes composantes du cortège.

Si la méfiance historique des organisations sociales vis-à-vis des mouvements « climat » s’est heureusement atténuée, ne serait-ce pas au prix d’un énorme quiproquo ?

La documentation des liens entre croissance économique et consommation des énergies fossiles entraîne une interrogation quant à la revendication permanente d’augmentation du pouvoir d’achat, chère à ces organisations.

Croiser les urgences climatiques et sociales, c’est accepter de parler d’un impensé pourtant incontournable : solidarité et entraide sociale doivent se réinventer dans le cadre d’une forte contrainte à la baisse de l’enveloppe globale du « pouvoir de nuisance ».

A vouloir édulcorer le discours environnemental pour l’intégrer aux causes sociales, on passe à côté du réel. L’humanité se met en péril et la majorité des revendications sociales continuent à ne pas prendre en compte les limites physiques de l’empreinte écologique.

Le temps du gagnant-gagnant est terminé. Les revendications justes en faveur des plus démunis ne peuvent plus justifier une croissance de la consommation des autres couches sociales.

Réclamer l’accès à une vie décente (logement, alimentation, soins, éducation, culture, sport, loisirs,…) pour celles et ceux qui souffrent de l’exclusion sociale ne peut plus justifier une croissance continue de la consommation (véhicules de plus en plus gros, voyages en avion, km parcourus, etc …) de l’ensemble de la société.

La volonté affichée des mouvements climat d’intégrer la justice sociale s’enrichirait d’une exigence de prise en compte des réalités écologiques par les organisations sociales.

Du côté politique, le flou est également de mise.

Certains partis présents à la manifestation sont aux commandes des différents niveaux de pouvoir du pays. Les organisateurs semblent avoir tout fait pour faciliter leur présence effective au détriment de revendications politiques précises.

Et là encore, c’est la prise en compte des contraintes physiques qui marque la frontière entre greenwashing et réel investissement dans des politiques « climat » crédibles.

Outre le refus d’envisager autre chose que des formes de croissances économiques, les discours des partis sont symptomatiques de l’incapacité pour une toute grande majorité de la société – y compris dans les mouvements climat – d’envisager la finitude de notre modèle économique.

La perception du caractère irréaliste des tentatives de l’humain de maîtriser « son » environnement, s’améliore. Globalement, l’idée que tout ira forcément toujours mieux demain perd également du terrain.

Mais les partis restent accrochés à leurs paradigmes de croissance. Toutes obédiences confondues.

Encore une fois, c’est notre incapacité collective à intégrer le réel qui permet la multiplication souvent contradictoire de messages politiques qui ne peuvent qu’entraîner frustrations et colères.

Qui a oublié que le gaz est passé d’énergie fossile polluante à alternative au pétrole pour éviter le nucléaire ? Le discours a changé depuis. Ce sont les mêmes ministres des mêmes partis présents à la manifestation qui valident les politiques actuelles…

L’investissement dans le nucléaire revient, in fine, au devant des politiques énergétiques. Dans le même temps, la consommation du charbon augmente, en Europe et dans le monde.

La bienveillance de la coalition climat envers les organisations politiques pose donc question. Comment dénoncer l’exploitation des ressources et flirter avec celles et ceux qui l’organisent ?

Comment soutenir la communauté scientifique et l’organisation des Nations-Unies quand elles dénoncent l’insuffisance des politiques et les dangers que celles-ci font courir à l’humanité et refuser de mettre clairement en cause les femmes et les hommes politiques qui portent ces politiques ?

On le sait, la perfection n’existe pas. La bonne volonté des organisations initiatrices reste une évidence. Le travail est énorme et le résultat bien réel.

Les questions demeurent.


Enfin !

ObsAnt

Ces derniers mois, on a vu différents « prestataires de contenus » s’engager à œuvrer pour une information scientifique destinée au grand public sur les questions climatiques.

Changement des pratiques des météorologues (*), présence médiatique et discours intensifiés des scientifiques, débats dans diverses rédactions tant du côté de la presse « écrite » que des médias télévisuels et web. Les choses semblent enfin bouger.

L’exemple de Radio France est significatif d’une démarche qu’il serait intéressant d’élargir au plus vite à l’ensemble des intervenants médias sur les questions climatiques.


EN TANT QUE MÉDIA :

  1. Nous nous tenons résolument du côté de la science, en sortant du champ du débat la crise climatique, son existence comme son origine humaine. Elle est un fait scientifique établi, pas une opinion parmi d’autres
  2. Nous fournirons une information de confiance sur les effets de la crise climatique en France et dans le monde, en nous fondant sur des données vérifiées et en utilisant un vocabulaire qui reflète la réalité de cette crise, sans la minorer.
  3. Nous éclairerons la transition écologique. Nous ferons vivre sur nos antennes un espace public contradictoire et civilisé sur les choix auxquels nous sommes confrontés. Nous contribuerons à faire connaître les innovations et les solutions, des comportements individuels les plus quotidiens aux changements économiques les plus structurants, veillant ainsi à ne pas nourrir un découragement climatique mais à donner à chacun les clés pour comprendre, débattre et agir. POUR CELA : 
  4. Les antennes de Radio France font de la crise climatique un axe éditorial majeur. Il se déclinera dans nos programmes et nos tranches d’information, au quotidien et dans des spéciales. Nous maintiendrons également un volume conséquent d’émissions et de chroniques dédiées. Un accès thématique facile à ces programmes sera disponible en permanence sur le site et l’application Radio France.
  5. Radio France lance le plus grand plan de formation de son histoire à destination de ses journalistes, ses producteurs et équipes de production, et ses animateurs, sur les questions climatiques et scientifiques. Nous changeons de philosophie : l’environnement et la science ne seront pas l’affaire des seuls journalistes spécialisés, ils constitueront le socle de connaissances indispensables mobilisables par toutes nos équipes éditoriales.
  6. Nous accélérons notre transition vers une publicité plus responsable en visant l’exclusion progressive des produits et services les plus polluants. Nous augmenterons de 15 % par an le volume de publicités consacrées aux produits, services et entreprises responsables, mesuré par un organisme extérieur. Nous élargissons notamment le nombre d’espaces publicitaires offerts aux organisations engagées dans la transition (+ 20 % d’espaces « transition en commun »).
  7. Nous faisons de notre sobriété numérique une priorité. La radio est un média par construction sobre, nous avons néanmoins conscience du défi que présentent les usages numériques. Une équipe dédiée à la sobriété énergétique optimise le code de nos produits et leurs utilisations. Nous nouerons un dialogue avec les acteurs du numérique pour réduire le bilan carbone lié au stockage et à la diffusion de nos contenus.


    EN TANT QU’ENTREPRISE :
  8. Nous adoptons un plan de sobriété énergétique immédiat (notamment : limitation des températures de chauffage et de climatisation suivant les recommandations officielles, extinction des éclairages non indispensables, etc.).
  9. Nous nous engageons à baisser de 40 % notre bilan carbone d’ici 2030.
  10. Nous serons transparents sur nos progrès en rendant régulièrement compte de l’avancement de nos objectifs.

https://www.radiofrance.com/presse/radio-france-engage-un-tournant-environnemental


Il est plus qu’urgent d’informer correctement et complètement. Il est plus qu’urgent que les décideuses et décideurs se forment aux questions climatiques. Message encore martelé récemment par Jean-Marc Jancovici dans « C à vous ».

https://www.youtube.com/watch?v=3UAOmMgl17s



Pétition pour le bilan carbone obligatoire des projets industriels et immobiliers en Wallonie

proposé par Laetitia


Pour l’intégration obligatoire d’un bilan carbone dans le dossier des gros projets immobiliers et industriels !

Nous sommes un petit groupe de citoyens qui militons actuellement pour rendre obligatoire le bilan carbone complet pour les grands projets immobiliers et industriels en Wallonie.

Pour cela, nous utilisons le système de pétition officiel du Parlement, un processus citoyen prévu dans le cadre du droit de pétition (article 28 de la Constitution). L’objectif est d’atteindre 1000 signatures avant juillet pour obtenir une audition auprès de la Commission compétente. Les signataires doivent avoir plus de 16 ans, résider en Wallonie et s’identifier via la plateforme d’authentification fédérale (itsme, lecteur de carte ID + code PIN, ou token).

Lien : https://www.parlement-wallonie.be/pwpages?p=petition-detail&id=247

S’il est facile de trouver 1000 personnes qui soutiennent notre demande, il est plus difficile d’obtenir qu’elles signent effectivement. La procédure est complexe et en plusieurs étapes (se connecter, créer un compte, retourner à la pétition pour signer) et beaucoup de personnes ne vont pas jusqu’au bout, parfois sans le savoir.

Votre signature est d’autant plus précieuse, et nous vous remercions pour votre contribution !

Pourquoi signer cette pétition ?

À tous les niveaux de pouvoir, de l’Europe à la Région concernée, des engagements ont été pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de moitié d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone (zéro émissions nettes) en 2050. Pour avoir une chance d’atteindre ces objectifs, il faut mettre en place rapidement des dispositifs contraignants qui permettent d’évaluer d’abord l’impact, puis la pertinence des aménagements et projets au regard de la trajectoire climatique visée. Or, il n’existe pour le moment aucune obligation en ce sens, et lorsqu’un bilan carbone est présenté, il exclut souvent le scope 3 (émissions indirectes), ce qui fait qu’un aéroport n’y compte pas les avions, qui sont pourtant sa première source d’émissions. 

Notre demande vise à combler ce manque, et sa mise en pratique permettra aux citoyens de mieux proposer des alternatives qui réduiraient les émissions de CO2 de ces projets.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait l’association des Shifters avec le projet de PAD Médiapark à Bruxelles, et nous nous en inspirons.

the shifters bilan carbone

Bilan Carbone du projet PAD MédiaPark – pdf


GIEC : impacts, l’adaptation et la vulnérabilité

Traduction. Source : Julien Daniel Pascal Lecaille via FB – Article original en Anglais : ICI.

Prochaine étape importante des discussions internationales : le rapport du 2e groupe de travail du GIEC :
impacts, l’adaptation et la vulnérabilité


Nouveau rapport du GIEC sur le climat pour renforcer la pression en faveur de l’action et de la justice

Approbation du rapport du groupe de travail II du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat ( GIEC ) sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité lors d’une session virtuelle (14-25 février).

  • Conférence de presse (virtuelle) à 10h00 CET (Berlin) le lundi 28 février 2022 – 04h00 EDT (New York), 09h00 GMT (Londres), 12h00 EAT (Nairobi), 16h00 ICT (Bangkok )
  • Des informations sur l’enregistrement des médias sont disponibles ici . La date limite d’inscription est le vendredi 18 février 2022.

Genève, Suisse – Les changements climatiques récents à grande échelle sont d’une nature sans précédent dans le contexte de toute l’histoire humaine, a constaté le rapport du Groupe de travail I du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) en août. [1] Avec des niveaux record de gaz à effet de serre et de chaleur associée, nous sommes maintenant entrés en territoire inexploré, ont averti les meilleurs climatologues du monde .

Mais le mois prochain, on nous rappellera que ce n’est que le début, alors que le GIEC finalise et publie la prochaine partie de son 6e rapport d’évaluation. Le rapport du groupe de travail II, dont la publication est prévue le 28 février après une session d’approbation virtuelle, résumera les dernières connaissances scientifiques sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité, décrivant comment les aléas et les risques climatiques augmenteront avec le réchauffement, avec des considérations de développement durable, des aspects de justice et d’équité, et les mesures nécessaires à prendre pour renforcer la résilience.

Depuis leur précédente évaluation en 2014, la situation s’est, à bien des égards, aggravée. Plus tôt ce mois-ci, la NOAA a averti que les années 2013-2021 se classent toutes parmi les dix années les plus chaudes jamais enregistrées .

« La réalité de la crise climatique est devenue plus personnelle et politique que jamais, tandis que la réalité des inégalités est également devenue plus flagrante. La majorité des pays du Nord ont reçu des rappels COVID-19 l’année dernière, mais seulement environ 8 % des habitants du continent africain ont été entièrement vaccinés contre le COVID-19. En cette période de crises multiples et continues, qui interagissent et s’accélèrent les unes les autres et les injustices qu’elles engendrent, il est extrêmement précieux que la communauté scientifique mondiale se réunisse pour évaluer la situation dans laquelle nous nous trouvons et comment ces défis interconnectés peuvent être combattus .

Nous attendons du rapport qu’il montre à quel point le réchauffement a accru les aléas climatiques et comment les limites de l’adaptation sont déjà atteintes, ce qui affecte de manière disproportionnée les communautés déjà vulnérables et les moins responsables de la crise. Les faits concrets présentés dans le rapport rendront plus évident le manque d’action et d’engagement des grands émetteurs, et les appels à la justice encore plus forts.

Comme nous en avons déjà fait l’expérience, le système interconnecté dans lequel nous vivons n’épargnera personne. Les impacts climatiques se font déjà sentir dans le monde entier. Pour éviter le pire, nous avons besoin d’urgence de réductions d’émissions et de justice climatique. Nous avons besoin d’investissements dans l’adaptation, la création d’équité, la compensation et l’assurance contre les pertes et les dommages et la promotion de voies de développement résilientes où chacun peut participer. Rien de tout cela ne se produira à moins que les grands émetteurs ne réduisent leurs émissions conformément à la science. Sinon, ils peuvent s’attendre à y être obligés très bientôt et j’attends du GIEC qu’il rende impossible d’ignorer les réalités de ceux qui se trouvent dans les situations les plus vulnérables. a déclaré Kaisa Kosonen, experte en climat chez Greenpeace Nordic.

Le rapport faisant autorité renforcera la pression pour aborder les questions qui sous-tendent la discussion sur le financement, l’adaptation et les pertes et dommages : l’équité et la justice climatique. Une action conforme à la limite de réchauffement de 1,5 °C de l’Accord de Paris est fondamentale pour nous permettre de traverser les crises interconnectées. Ces questions, d’une importance particulière pour les communautés déjà touchées, sont susceptibles d’encadrer le récit de la COP 27 à Charm el-Cheikh, en Égypte, plus tard cette année.

Le rapport devrait aborder, entre autres :

  • Comment le réchauffement a déjà un impact sur nous et sur le monde dans lequel nous vivons , y compris les écosystèmes et leurs services, avec les niveaux actuels et engagés de réchauffement et d’élévation du niveau de la mer.
  • Comment les impacts et les risques climatiques augmenteront avec un réchauffement supplémentaire , et comment différentes voies de développement exacerbent ou atténuent ces risques.
  • Comment et dans quelle mesure les impacts et les risques peuvent être gérés et réduits , en reconnaissant les limites de l’adaptation et les pertes et dommages qui se produisent au-delà de ces limites.
  • Qui sont particulièrement vulnérables aux impacts et aux risques climatiques et pourquoi , et comment ces vulnérabilités peuvent être réduites et la résilience renforcée.
  • Ce que nous savons des grandes inconnues , c’est-à-dire des résultats à hautes conséquences pour lesquels les probabilités sont faibles ou inconnues.
  • Cadres de solutions avec un accent particulier sur les voies de développement résilientes au changement climatique.
  • Le rôle de la justice sociale, de l’équité et des différentes formes d’expertise dans le développement résilient au climat, avec une attention élargie accordée aux aspects de la justice climatique.
  • La situation particulière des communes côtières ; villes et agglomérations au bord de la mer.

Le rapport du groupe de travail II sera suivi d’un autre rapport du GIEC en avril, la contribution du groupe de travail III au 6e rapport d’évaluation, qui évaluera les moyens d’atténuer le changement climatique. Un rapport de synthèse (SYR) des travaux réalisés par les groupes de travail I, II et III et les précédents rapports spéciaux seront publiés en octobre. Il fournira un aperçu de l’état des connaissances sur la science du changement climatique depuis le RE5 et encadrera les délibérations gouvernementales sur la manière de « revoir et renforcer » leurs objectifs climatiques pour 2030 d’ici la fin de 2022, d’assurer le financement climatique et d’envisager des moyens de faire face aux pertes. et dommages.

Greenpeace est un observateur officiel du GIEC et participera à la réunion virtuelle d’approbation du rapport du GT2. Des experts sont disponibles pour commenter.

La réunion d’approbation débutera par une cérémonie d’ouverture à 10h00 (CET) le lundi 14 février 2022. La cérémonie d’ouverture d’une heure sera diffusée en direct et comprendra des allocutions du président du GIEC, de hauts fonctionnaires du Programme des Nations Unies pour l’environnement. , l’Organisation météorologique mondiale et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques. La cérémonie d’ouverture est ouverte à tous. Le reste de la réunion d’approbation ( 14-25 février 2022 ) sera fermé au public et aux médias.

[1] Climate Change 2021: The Physical Science Basis, la contribution du groupe de travail I au sixième rapport d’évaluation. Voir le chapitre 1 sur le contexte et le cadrage.

Article original : https://www.greenpeace.org/international/press-release/52057/new-ipcc-climate-report-add-pressure-action-justice/

L’écologie politique est-elle soluble dans le gaz ?

Paul Blume

Coup de gueule

Curieuse rentrée politique que nous nous apprêtons à vivre.

On pourrait croire qu’après les alertes accrues des scientifiques quand à l’agenda climatique, cette thématique occuperait une place centrale, sinon pour l’ensemble des forces politiques, au moins pour celle qui donne si souvent des leçons aux autres quand on parle d’environnement.

Surtout que cet été a été parsemé d’exemples concrets de ce que peut signifier la réalité d’un dérèglement climatique. Sécheresses, incendies, inondations, …

Et bien non. Que du contraire. Le climat n’est même pas dans le top des préoccupations des verts. Des autres partis politiques non-plus d’ailleurs.

Que dit la science ? Qu’à force d’attendre, de tergiverser, de reporter les échéances, notre budget carbone – cette quantité que l’humanité peut encore brûler avant que tout ne devienne incontrôlable – se réduit comme peau de chagrin.

Autrement dit, là où les efforts étaient qualifiés d’énormes en 2015 – année des accords de Paris – ils deviennent gigantesques.

Et le soutien de l’Europe à la filière « gaz » ne convainc absolument pas.

L’idée semble séduisante, surtout aux financiers en mal de reconversion. On atténuerait l’augmentation des émissions de GES (Gaz à effet de serre) en utilisant un fossile réputé en émettre un peu moins. Avec pour objectif de faire « mieux qu’avant ».

Sauf que nous ne sommes pas dans une course au meilleur score, mais face à une course d’obstacles incontournables. Pour éviter les pires scénarios, « faire mieux » est totalement insuffisant. Le budget carbone est tout sauf élastique.

Si l’adaptation de nos vies aux contraintes environnementales est un débat éminemment politique, la problématique climatique elle-même n’est que physique, chimie, science… Des murs, non négociables.

Peut-être est-ce pour cela que l’on préfère chez les verts passer du temps à débattre « communautarisme », « droit des femmes à manifester sans les hommes », « port du foulard », … plutôt que d’aborder sur le fond les contraintes … environnementales !

Ce constat pourrait paraître anecdotique, tant l’ensemble des forces politiques belges évitent le cœur du sujet.

Mais, il est dramatique. Nous sommes sur une trajectoire mortifère et l’ensemble du personnel politique refuse de freiner. Pire, des ministres vertes – climat et énergie – poussent sur champignon. Mettent les gaz…

Ecolo publie en cette rentrée politique des photos de militantes souriantes, de militants satisfaits. Toutes et tous semblent accepter que leurs fins de vie et l’avenir de leurs enfants soient consumés du fait de la politique soutenue par leur organisation.

Seules 2 députés européens se seront opposés au plan climat européen. Merci à vous.

Honte à celles et ceux qui abandonnent l’ONU, le GIEC, les jeunes pour le climat, les grands-parents pour le climat et autres organisations conscientes de l’urgence.

Vous souhaitez faire quelque chose de positif ? Arrêtez de programmer des centrales au gaz. Maintenant.

Si vous n’êtes pas en capacité de comprendre l’importance de ce geste, ne venez pas vous mélanger aux manifestations prévues cet automne. Vous n’y avez plus votre place.


Climat : panser nos plaies, penser la catastrophe et repenser nos sociétés

Nicolas van Nuffel
Président de la Coalition climat

Après un mois de juillet émaillé par les catastrophes en Belgique et ailleurs dans le monde, le premier chapitre du sixième rapport du GIEC est venu ajouter ce lundi des éléments d’explication scientifique au drame que nous avons vécu. Côté politique, si les lignes ont bougé depuis quelques années, l’heure n’est certainement pas à l’autosatisfaction : il va nous falloir agir plus vite, plus fort et plus solidairement pour traverser le siècle qui vient en garantissant une vie digne à chacune et chacun. L’heure est venue de sonner la mobilisation générale. La Coalition Climat a déposé une centaine de propositions sur la table du monde politique, qui n’attendent que d’être mises en débat, pour passer, enfin, à l’action.

41 personnes ayant perdu la vie en Belgique, près de 200 ailleurs en Europe. Des milliers d’autres ayant tout perdu ou presque : maison, lieu de travail, investissements de toute une vie, souvenirs personnels. Des régions entières sinistrées, pour longtemps. C’est le bilan tout provisoire d’un été 2021 qui restera dans l’histoire comme celui où le dérèglement climatique a, pour la première fois, frappé notre pays de façon aussi spectaculaire.

Et ce cas est loin d’être isolé : partout dans le monde, les indices se multiplient, plus spectaculaires les uns que les autres. Au début de l’été, ce sont 700 personnes qui sont décédées au Canada des suites du dôme de chaleur qui a poussé les températures à près de 50°C ; au Groenland, des températures records entraînent actuellement une fonte record de la calotte glaciaire ; en Méditerranée, les incendies se multiplient, et ont déjà fait près de 100 victimes rien qu’en Grèce ; à Madagascar, 400 000 personnes souffrent actuellement d’une famine liée à une sécheresse exceptionnellement prononcée. De plus, derrière les chiffres des catastrophes visibles, ce sont des centaines de millions de personnes vivant dans les zones semi-désertiques, les deltas des grands fleuves ou, tout simplement, les paysannes et paysans du monde entier, dont les conditions de subsistance sont, lentement mais sûrement, mise en danger par le réchauffement climatique. Des zones entières s’apprêtent à devenir tout simplement inhabitables, et l’on ne parle pas uniquement du cas emblématiques des petits Etats insulaires : la ville de Lagos, deuxième du continent africain, pourrait être submergée d’ici 2100. Avec pour conséquence la multiplication des personnes déplacées ou réfugiées.

Bien entendu, comme on le répète à chaque événement extrême, il n’est pas possible d’établir un lien de causalité absolu entre le réchauffement climatique et une inondation, une canicule, un typhon en particulier. Pas plus que l’on ne peut que difficilement établir de lien individuel entre la consommation de tabac ou de pesticides et l’apparition d’un cancer. Mais les rapports nous en avertissent depuis trois décennies : le réchauffement de notre atmosphère s’accompagne d’une exacerbation des phénomènes météorologiques extrêmes, avec comme conséquence une multiplication des catastrophes. A ce titre, le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) vient renforcer les conclusions portées depuis trente ans : selon ce rapport, l’influence de l’activité humaine sur le réchauffement de l’atmosphère des océans et des terres est désormais « sans équivoque ». Quant aux conséquences de ce réchauffement, le degré de certitude quant à leur attribution est variable, mais en augmentation constante.

Est-il trop tard pour agir ?

L’été que nous vivons le démontre, il est trop tard pour éviter des conséquences graves pour les sociétés humaines ; cependant, il est encore temps pour éviter que celles-ci deviennent irréversibles. Et, à ce titre, chaque dixième de degré comptera. Le rapport publié par le GIEC en 2018 nous permet de garder une lueur d’espoir, et celui dont la parution a démarré ce 9 août le confirme : il est encore possible de maintenir le réchauffement aux alentours de la barre des 1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, mais à la stricte condition d’opérer des changements sociétaux d’une ampleur inconnue depuis ladite Révolution industrielle. Sans quoi, dans le pire des scénarios, le réchauffement pourrait s’élever, au XXIIe siècle, à 4,4°C (voire 5,7°C, selon l’estimation la plus pessimiste). C’est donc bien à un chantier totalement inédit que nous devons nous atteler et ce, d’autant plus que la crise climatique vient s’ajouter à une crise tout aussi menaçante liée à l’effondrement de notre biodiversité.

Alors que faire ?

A court terme, il nous faut bien sûr panser les plaies. La solidarité incroyable à laquelle on a assisté dans les jours qui ont suivi la catastrophe de juillet doit se poursuivre dans la durée. Au-delà des initiatives individuelles, c’est en tant que société que nous devons trouver des solutions durables pour toutes les personnes sinistrées : logements salubres, vêtements, meubles, nourriture font partie des besoins de première nécessité, ainsi que l’appui aux entreprises sinistrées et aux travailleurs et travailleuses dont les emplois sont en danger. A plus long terme, il nous faudra reconstruire autrement et pour ce faire, nous avons besoin de donner à l’Etat, notre principal outil d’action collective, les moyens de faire face et de garantir la justice sociale. Les inondations du mois de juillet l’ont montré en touchant avant tout les quartiers populaires : justices sociale et climatique sont désormais profondément intriquées, les deux dimensions devant être abordées comme les deux faces d’une même pièce.

Mais panser ne suffit pas, il nous faudra aussi prendre le temps de penser la catastrophe et de repenser notre société.

Premièrement, en prenant les mesures nécessaires pour accompagner les indispensables changements de comportements, ainsi qu’en accélérant les investissements visant à mettre fin à l’économie du carbone bien avant 2050, pour cesser d’alimenter la principale source du dérèglement climatique. A la suite des impressionnantes mobilisations des années 2018 et 2019, on a assisté à une première évolution de la part du monde politique : du Green Deal européen au plan belge de reconstruction post-Covid-19 en passant par les accords de gouvernement aux différents niveaux de pouvoir, la promesse d’une plus grande ambition est enfin au rendez-vous. Mais les promesses ne suffisent plus : il va falloir faire plus vite, plus fort et plus solidaire si nous voulons respecter l’Accord de Paris. Des moyens plus importants doivent être libérés, de manière à réaliser dès aujourd’hui les investissements massifs permettant de rendre la transition écologique et sociale irréversible dans les dix ans qui viennent.

Deuxièmement, il nous faut prendre acte du fait qu’atténuer le réchauffement ne suffit pas : les dernières semaines nous montrent que nous entrons désormais dans le temps de l’adaptation. Quels que soient nos efforts pour en limiter l’impact, nous devons désormais vivre avec ce dérèglement, en cherchant à en diminuer au maximum les conséquences sociales. Cela demande, entre autres, de repenser notre urbanisme en profondeur, de manière à prévenir les catastrophes : mettre en place une gestion intégrée du cycle de l’eau, limiter la bétonisation, mais aussi isoler massivement nos logements, en commençant par ceux des personnes les plus vulnérables, de manière non seulement à diminuer la consommation énergétique, mais à limiter les effets des vagues de chaleur qui se multiplieront dans les décennies à venir.

Troisièmement, la solidarité ne peut s’arrêter à nos frontières. Par respect pour les droits humains mais aussi pour permettre à nos enfants de traverser le siècle qui vient dans un monde plus sûr, il nous faut absolument éviter que le dérèglement ne prenne des proportions irréparables dans les pays les plus affectés, qui sont aussi les plus pauvres. La solidarité internationale n’est ni un luxe, ni un acte de charité, elle est aujourd’hui une condition indispensable pour faire face à la crie que nous affrontons. La Belgique doit donc, enfin, se montrer à la hauteur de ses engagements internationaux, en dégageant les moyens nécessaires à l’aide publique au développement et au financement climatique prévus dans l’Accord de Paris. Ceci d’autant plus qu’aux dimensions de limitation des émissions et d’adaptation vient s’en ajouter une autre : celle de l’indemnisation des pertes et préjudices des victimes de catastrophes, qui fera l’objet de débats lors de la COP de Glasgow en novembre prochain.

Enfin, ces différentes dimensions n’ont de sens que dans une approche systémique, qui cesse de traiter la question climatique comme un silo parmi d’autres, mais fasse de celle-ci l’opportunité pour repenser nos sociétés en profondeur afin de réconcilier les dimensions économique, sociale et environnementale, toutes indispensables à la construction de sociétés durables. Il nous faut accepter de mettre en route un changement majeur de nos modes de production et de consommation, et donc par définition de nos modes de vie. Ceci impliquera sans doute des inconforts à court terme, mais est aussi l’occasion d’améliorer notre qualité de vie. La Coalition Climat appelle depuis des mois à la mise en chantier d’un Green New Deal au niveau belge et international et a déposé une centaine de propositions en ce sens, dont le sérieux a été salué par tous les bords politiques.

Qu’attend-on ?

Les rapports scientifiques montrent à la fois l’urgence d’agir, la possibilité de trouver des solutions et les opportunités que celles-ci représentent pour nous permettre de réinventer notre prospérité. L’heure est venue de sonner la mobilisation générale face à ce qui représente le chantier du siècle. En tant que citoyennes et citoyens, nous serons au rendez-vous. Le 10 octobre, nous descendrons dans la rue, en amont du prochain sommet mondial pour le climat, pour rendre hommage aux victimes de l’été et appeler à l’action. Nous espérons y être en nombre, mais nous espérons aussi et surtout, dès aujourd’hui, que notre message soit enfin entendu. Pour que l’été de deuil que nous sommes en train de vivre marque le début du basculement vers un monde plus juste et plus durable.

Article republié avec l’accord de l’auteur – original

De pandemie en de historische overstromingen vereisen zo snel mogelijk nieuwe verkiezingen


Paul Blume (co-animateur de l’Observatoire de l’Anthropocène) – Dominique Bruyère – Corentin Crutzen – Laurent Lievens (Dr. Maitre de conférence UCL) – Michel Rabinowicz (Résiliences Métamorphoses) – Geneviève Warland (professeure) – Jonathan Guévorts (professeur de science)

Vertaling : Josette – texte Fr


De staat heeft tot taak de rechten en vrijheden van de burgers te waarborgen: recht op leven, gezondheid en een veilige en gezonde omgeving, vrijheid om een waardig en authentiek menselijk leven te leiden. In ruil voor deze burgerlijke vrijheden geven de burgers hun absolute vrijheid op en krijgen ze de plicht de wetten en de bevelen van de staat te gehoorzamen. Het is de naleving van dit sociaal contract, dat bestaat uit wederzijdse rechten en verantwoordelijkheden, die de basis vormt voor de legitimiteit van de uitoefening van het gezag van de staat over de burgers. De politici staan hiervoor garant. Als de staat of de burgers in hun wederzijdse plichten falen, stort het gezag van de staat in. Het soevereine volk, van wie alle machten uitgaan, heeft de plicht om van regering te veranderen om zo het sociale contract te herstellen.

Overal ter wereld zijn de rampen veroorzaakt door onze niet-duurzame economie en levensstijl niet meer te tellen. Dat is voor iedereen duidelijk. We weten nu allemaal dat onze staat weinig of niets doet om onze samenleving duurzaam te maken. Te weinig, te laat, verkeerde aanpak en soms zelfs olie op het vuur gooien. We worden meegesleurd door de golven van de ecocide die momenteel aan de gang is. In België, na de hittegolven die in één zomer in ons land al aan 1.400 mensen het leven hebben gekost, na een aanvankelijk rampzalige aanpak van een pandemie die meer dan 25.000 doden heeft veroorzaakt -zonder ook maar een dag van nationale rouw!-, werden de voorbije 48 uur huizen, voertuigen, menselijke en dierlijke slachtoffers meegesleurd door het kolkende water van de overstromingen. De balans van de schade moet nog worden opgemaakt. In 48 uur tijd kan nu al een politieke conclusie worden getrokken die identiek is aan die welke voor de pandemie geldt: de totale onvoorbereidheid van onze staat. In de laatste 48 uur werd nogmaals het bewijs geleverd dat onze staat, zoals hij is samengesteld, zoals zijn openbare instellingen zijn opgevat en zoals hij vandaag wordt bestuurd door de politieke klasse die nu aan de macht is, niet in staat is om de urgenties van de 21e eeuw aan te pakken. Onlangs werd de Belgische staat door de rechtbank veroordeeld voor zijn gebrek aan actie op het vlak van klimaat. We weten nu wat het vreselijke resultaat is van deze misdadige inertie.

Vandaag beschermt de staat niet langer ons leven als burgers. Vandaag respecteert de staat niet langer het sociale contract dat ons aan hem bindt. Vandaag is het gezag van de staat, dat van de executieven die aan de macht zijn, niet langer legitiem. We hebben het recht om in opstand te komen en betere regeringen te eisen.

De meerderheden die aan de macht zijn, alsook hun regeringsakkoorden, zijn achterhaald omdat ze niet in staat zijn om gepast te reageren op de noodsituaties van de 21e eeuw. Partijvoorzitters, leiders van de executieven en regeringsploegen zijn collectief verantwoordelijk voor de herhaaldelijke rampen die ons land teisteren en voor de duizenden slachtoffers die blijven vallen.

Reeds meer dan 50 jaar hameren wetenschappers, intellectuelen en activisten op dezelfde boodschap. De voorbije drie jaar trekken ze zelfs aan de alarmbel, hierin maar zwakjes bijgestaan door de pers. Voor hen is de wetenschap duidelijk: zonder een totale hervorming van de manier waarop ons bestuur, onze instellingen, onze economie, ons grondgebied en onze levensstijl functioneren, zal de ernst van de rampen alleen maar toenemen en zal het jaarlijks aantal slachtoffers dramatisch oplopen.
België is niet aangepast aan de 21e eeuw. Het land is niet veerkrachtig, is niet voorbereid: het is dodelijk kwetsbaar, door het gebrek aan actie en de inertie van de staat.

We moeten de ecologische noodtoestand afkondigen alsook de algemene mobilisatie van de burgers en de overheid. Alles moet opnieuw worden bekeken: huisvesting, stadsplanning, ruimtelijke ordening, milieu- en waterbeleid, landbouwbeleid, mobiliteit en transport, energie, lokaal en regionaal bestuur, civiele bescherming, hulpdiensten, de capaciteit van de media om
de 21e eeuw te begrijpen. Elke vertraging in de ecologische, sociale, economische en democratische transitie en veerkracht komt vandaag overeen met een exponentiële en ongetwijfelde toename van het aantal doden in ons land in de komende 50 jaar.

Daarom moeten de Belgische regeringen aftreden en moeten er na een breed maatschappelijk debat nieuwe verkiezingen worden gehouden om zo nieuwe coalities te smeden op basis van nieuwe regeringsakkoorden die de ecologische urgentie van de 21e eeuw eindelijk ernstig nemen. Een grondwetgevende vergadering moet de Belgische staat hervormen en de burgers de gelegenheid geven om deel te nemen aan het politiek debat. De overheid moet in staat worden gesteld om de
openbare dienst te verzekeren en moet voldoende middelen krijgen om de transitie te begeleiden.
De pers moet stoppen met de ernst van de situatie te verbloemen.
De burgers moeten hun verantwoordelijkheid opnemen en van de staat het respect eisen
dat ze verdienen.

20 07 2021

La pandémie et les inondations historiques exigent de nouvelles élections dans les meilleurs délais


Paul Blume (co-animateur de l’Observatoire de l’Anthropocène) – Dominique Bruyère – Corentin Crutzen – Laurent Lievens (Dr. Maitre de conférence UCL) – Michel Rabinowicz (Résiliences Métamorphoses) – Geneviève Warland (professeure) – Jonathan Guévorts (professeur de science)
Nl versie


Le rôle de l’Etat est de garantir les droits et les libertés des citoyens : le droit à la vie, à la santé et à un environnement sain et sûr, la liberté de mener une vie digne et authentiquement humaine. En échange de ces libertés civiques, les citoyens abandonnent leur liberté absolue et acquièrent le devoir d’obéir aux lois et aux injonctions de l’État. C’est le respect de ce contrat social, fait de droits et de responsabilités réciproques, qui fonde la légitimité de l’exercice de l’autorité de l’État sur les citoyens. Les femmes et hommes politiques en sont les garants. Si l’État ou les citoyens faillissent à leurs devoirs mutuels, l’autorité de l’État s’effondre. Le peuple souverain, dont tous les pouvoirs émanent, a le devoir de changer de gouvernement pour rétablir le contrat social.

Les catastrophes causées par notre économie et nos modes de vie insoutenables s’amoncellent partout dans le monde. Nous le savons tous désormais. Nous savons tous désormais que notre État ne fait rien, ou presque pour que notre société devienne soutenable. Trop peu, trop tard, à côté de la plaque, quand il ne jette pas de l’huile sur le feu. Nous sommes emportés par les flots de l’écocide en cours. En Belgique, après des canicules qui ont déjà tué 1.400 personnes en un été dans notre pays, après une gestion initiale catastrophique d’une pandémie qui a causé plus de 25.000 morts -sans aucun deuil national !-, ces dernières 48h ont charrié, maisons, véhicules, victimes humaines et animales dans la fureur des flots. Le bilan des dégâts reste à tirer. Ces dernières 48h, un bilan politique peut déjà être tiré, identique à celui qui vaut pour la pandémie : l’impréparation totale de notre Etat. Ces dernières 48h, une nouvelle preuve a été apportée que notre État, tel qu’il est constitué, telles que sont conçues ses institutions publiques et tel qu’il est gouverné aujourd’hui, par la classe politique actuellement au pouvoir, se montre incapable de se hisser à la hauteur des urgences du XXIe siècle. Récemment, l’État belge a été condamné par la justice pour défaut d’action en matière climatique. Voilà, nous connaissons tous maintenant le résultat cruel de cette inertie criminelle.

Aujourd’hui, l’État ne protège plus notre vie à nous, les citoyens. Aujourd’hui, l’État ne respecte plus le contrat social qui nous lie à lui. Aujourd’hui, l’autorité de l’État, celle des exécutifs au pouvoir, n’est plus légitime. Nous sommes fondés à nous révolter et à exiger de meilleurs gouvernements.

Les majorités au pouvoir, ainsi que leurs accords de gouvernements sont caducs, car ils ne sont pas formés pour apporter une réponse satisfaisante aux urgences du XXIe siècle. Les présidents de parti, les chefs d’exécutifs, et les équipes gouvernementales sont collectivement responsables des catastrophes répétées que subit notre pays, et des milliers de victimes qui ne cessent de s’additionner.

Pourtant, comme le martèlent les scientifiques, les intellectuels et les activistes depuis plus de 50 ans, avec de plus en plus d’alarme ces trois dernières années et malgré la mollesse de la presse,, les sciences sont univoques : sans une refonte totale du fonctionnement de notre gouvernance, de nos institutions, de notre économie, de notre territoire et de nos modes de vie, la gravité des catastrophes ne va faire que s’amplifier et le nombre annuel de victimes, exploser.

La Belgique n’est pas adaptée au XXIe siècle, elle n’est pas résiliente, elle n’est pas préparée : elle est mortellement vulnérable, à cause de l’inaction et de l’inertie de l’État.

Il faut déclarer l’état d’urgence écologique et la mobilisation générale des citoyens et des pouvoirs publics. Tout est à repenser : le logement, l’urbanisme, l’aménagement du territoire, la politique de l’environnement et de l’eau, la politique agricole, la mobilité et les transports, l’énergie, la gouvernance locale et régionale, la protection civile, les services de secours, la capacité des médias à comprendre le XXIe siècle. Tout délai dans la transition et la résilience écologique, sociale, économique et démocratique équivaut aujourd’hui à une augmentation exponentielle et certaine du nombre de morts dans notre pays dans les 50 prochaines années.

C’est pourquoi les gouvernements belges doivent démissionner et de nouvelles élections doivent être organisées après un débat sociétal de grande ampleur, pour forger de nouvelles coalitions sur la base de nouveaux accords de gouvernement, prenant enfin au sérieux l’urgence écologique du XXIe siècle. Une assemblée constituante doit réformer l’État belge et permettre aux citoyens de participer à la délibération politique. Les pouvoirs publics doivent être mis en état d’assurer le service public et dotés de moyens suffisants pour accompagner la transition. La presse doit cesser l’euphémisme sur la gravité de la situation. Les citoyens doivent prendre leurs responsabilités et exiger de l’État le respect qui leur revient.

20 juillet 2021

Des éléphants sur la table

Paul Blume

«L’éléphant est sur la table» se dit d’un sujet évident, important, voir incontournable, pour lequel les protagonistes développent des stratégies d’évitement. (*)


Malgré une période délétère qui a vu un Président fou tenter de bloquer l’application des accords de Paris sur le climat (2015 – lien), la thématique semble enfin être devenue une priorité mondiale.

Bien évidemment, des lobbies tentent d’inverser cette tendance. Mais l’heure est bien aux débats de politiques ambitieuses, tant au niveau international qu’européen.

Plans, lois, législations, accords, rencontres, conférences, … donnent une impression de compétition vertueuse.
Et voici nos pachydermes qui s’invitent. Trônant silencieusement sur les tables.

L’éléphant de Gaz.

Les gaz à effet de serre (GES) n’ont pas tous les mêmes caractéristiques. Certains disparaissent relativement rapidement. D’autres ont un impact plus important pour une quantité fortement moindre. Etc…

Et, pas de chance pour nous, les caractéristiques du dioxyde de carbone (CO2) sont telles que l’arrêt immédiat de leurs émissions n’impliquerait pas leur disparition à court ou moyen terme. La réponse du système n’est pas immédiate. L’inertie est telle que l’on parle de décennies entre émissions et impact sur le climat.

Ajoutons à cela que nous sommes déjà arrivés bien trop près du plafond de sa condensation au-dessus de nos têtes. Les scientifiques parlent d’une limite au-delà de laquelle le processus deviendra totalement incontrôlable.

Dit autrement, il ne s’agit pas d’avoir la meilleure des politiques acceptables, mais bien d’une obligation de résultat.

Nous ne jouons pas le chrono aux 100 mètres, mais la barre au saut à la perche.

Un effort un peu trop faible ? Échec total …

L’éléphant des Fossiles.

Le lien entre dioxyde de carbone et énergies fossiles implique que l’effort le plus important porte sur nos consommations de charbon, pétrole et gaz. Ce qui pose la question des alternatives et de la capacité de celles-ci à répondre à nos demandes en énergie.

Là aussi, le dossier semble en grande partie ignoré. Il n’y aura pas de substitution de sources d’énergie dans une proportion suffisante pour alimenter nos modes de vie actuels.

La démonstration est physique et non contestée.

Raison, peut-être, pour laquelle économistes et politiques l’ignorent ? S’abstiennent d’en parler et finissent par ne plus en tenir compte ? Quand ils la comprennent…

On continue donc à nous promettre à la fois une réduction drastique du recours aux fossiles et un accès abondant à l’énergie.

Incompétence ? Mensonge ? Évitement en tout cas.

L’éléphant découplage.

A chaque augmentation de point de croissance économique correspond une augmentation du recours aux énergies fossiles. Et ce malgré le recours à d’autres sources dites propres.

Si la corrélation n’est pas vérifiée à 100 % sur de courtes périodes, elle se révèle intransigeante sur le temps long.

La croissance des richesses, du bien-être reste intimement liée à l’accès aux énergies fossiles.

D’où la question du découplage. Comment et dans quelle mesure serions-nous capables de désolidariser la courbe de nos consommations d’énergies fossiles de la courbe de production de nos biens et services ?

Aujourd’hui, ce découplage est tellement réduit que personne ne prend le temps d’en expliquer l’importance. Encore un évitement.

Chaque applaudissement d’un point de croissance est un applaudissement à la consommation du fossile et par conséquent au réchauffement climatique.

Quand la croissance baisse, on n’applaudit plus. Souvenons-nous de l’année économique 2020 …

L’éléphant catastrophe.

Quand des scientifiques essaient de présenter les conséquences d’un réchauffement de plus de 2° ou 3°, la terminologie utilisée ne correspond rapidement plus à nos standards de confort.

Si l’importance de la thématique semble, enfin, prévaloir, l’appréciation de la réalité reste bien en-dessous des risques réels.

On parle de réductions drastiques des zones habitables, des terres cultivables, des zônes de pêche.

On parle de successions de plus en plus récurrentes de périodes extrêmement chaudes, voir mortelles.

On parle de successions d’inondations, de sécheresses, de catastrophes dites « naturelles ».

Et cela dans un avenir proche.

Le temps presse pour s’attaquer à la crise climatique, avertit l’ONU: « Nous sommes au bord du précipice ».(*)

Sur quelles tables ces éléphants ?

Ces éléphants, et d’autres évitements, trônent sur des tables diverses.

Celles des institutions internationales, des grands acteurs financiers, de l’Europe, des Etats-Unis, des pays riches et de leurs plans de croissance, leurs accords commerciaux internationaux, leurs investissements planétaires,…

Celle de la France de Macron dont le traitement des propositions de l’assemblée citoyenne attire les foudres des écologistes français.

Celle des écologistes belges qui prônent les centrales au gaz et la 5G.

Incompétence ? Ignorance ? Peur ? Politiques à court terme ?

Évitements, en tout cas.