Arnaud Diemer
Et si on mettait en pratique la #décroissance ? Que l’on soit pour ou contre la décroissance, il faut admettre que les idées portées par les décroissants questionnent les individus que nous sommes. Dans un paysage économique où le collectif et la coopération ne sont pas de mises, il est utile d’avoir un projet de société qui repose sur des valeurs fortes, qui recentre notre attention sur les humains et non sur les choses. Passé cet enthousiasme, il faut maintenant mettre en pratique la décroissance, proposer des scénarios réalistes en mobilisant toutes les idées qui ont germé dans l’imaginaire collectif (sobriété énergétique, production citoyenne d’énergie, low tech, agroécologie, AMAP, circuits courts, régime alimentaire végétarien, mobilité douce, monnaies locales, baisse du temps de travail, allongement de la durée de vie des produits…).
Pour être opérationnel dans un scénario de décroissance, ces différents leviers doivent être reliés entre eux (analyse systémique), rattachés à un objectif (réduire notre empreinte environnementale tout en garantissant un certain niveau de vie) et illustrés par des grands principes (coopération, réciprocité, proximité, résilience…).
La modélisation (notamment modulaires) peut apporter un regard intéressant sur les forces en mouvement, toutefois le niveau de complexité est tel qu’il faudrait des années pour embrasser une telle dynamique (on atteint ici les limites de la modélisation 🙂 ). Dès lors, la quête du Graal ne réside pas dans la production d’un modèle qui va tout résoudre mais bien dans le développement d’une logique collective.
Ainsi, la production d’énergie citoyenne (notamment via la création d’une structure qui canalise l’épargne d’un groupe d’individus) est une réponse qui s’inscrit totalement dans la décroissance. Cela permet de produire ce dont on a besoin et de garder la maîtrise de sa consommation. Cette forme de décentralisation de l’énergie a sa place dans le futur modèle énergétique français. On peut imaginer les bienfaits de nombreuses initiatives via des boucles causales (circuit court, compost des déchets alimentaires, réseau de chaleur…), et ce dans les dimensions environnementales, sociales ou économiques (sans oublier la culture et la gouvernance).
Ayant utilisé le modèle #iSDG pour cerner la dynamique qui s’installe entre différents modules (population, alimentation…), il est possible d’amender ce modèle afin d’intégrer tous les enjeux auxquels nous sommes confrontés. Il est ainsi possible de comprendre les tenants et aboutissants d’une politique de 0 terres artificialisées ou encore les questions posées à un programme d’alimentation territoriale.
Si l’on suit les préceptes de la décroissance, sa mise en pratique devrait passer par la mise en place d’assises citoyennes sur les grands enjeux de société, assises non décrétées par l’Etat mais bien par les citoyens… La décroissance redeviendrait ainsi ce qu’elle a toujours été, un programme politique 🙂