La France à plus 4°

Météo-France a rassemblé dans un rapport une synthèse scientifique […] décrivant le futur climatique de l’Hexagone et de la Corse.

Ci-dessous, la reprise d’un post Linkedin de Jean-Marc Jancovici présentant ce travail.

Jean-Marc Jancovici

Le climat se réchauffe. Il va continuer à le faire. Alors le gouvernement français a demandé aux acteurs du pays de réfléchir à la manière de « s’adapter » à une hausse de la température moyenne en France de 4°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui correspond à une hausse planétaire de +3 °C environ.

La température monte en effet plus vite sur les continents que sur les océans, et par ailleurs l’Europe se réchauffe actuellement deux fois plus vite que la moyenne planétaire.

Que peuvent signifier ces 4°C de hausse nationale si l’on essaye de devenir un peu concret ? Combien de canicules et avec quelles valeurs atteintes, de jours de sécheresse, de précipitations intenses, de risques d’incendie, etc ?

C’est à ces questions que Météo France tente de répondre dans un rapport tout juste paru (*).

Les principales conclusions sont les suivantes :
  • – en 2100 des températures supérieures à 40 °C pourront se produire tous les ans à peu près partout sur le territoire, et les 50 °C dépassés en de nombreux endroits. Il faut s’attendre à 10 fois plus de jours de vagues de chaleur.
  • – les nuits chaudes, au-delà de 20 °C, pourront se produire 120 fois par an sur le littoral méditerranéen
  • – le gel se réduira à une quinzaine de jours en moyenne sur la France. Le risque de dégâts sera important si il se produit à des stades végétatifs avancés.
  • – les pluies intenses augmenteront de +15 % en moyenne, et jusqu’à +20 % sur la moitié nord du pays.
  • – l’évapotranspiration potentielle de la végétation augmenterait de 20% en France… si la végétation est toujours là !
  • – il y aura 1 mois supplémentaire de sol sec dans la moitié nord et jusqu’à 2 mois dans la moitié sud. Les sécheresses deviendront fréquentes en été et se poursuivront souvent en automne. La sécheresse estivale de 2022 deviendra un événement ordinaire. Certains événements de sécheresse pourront même s’étaler sur plusieurs années consécutives.
  • – le risque élevé d’incendie s’étendra régulièrement à tout le territoire. Les régions de la Loire au Bassin parisien connaîtront la situation actuelle de l’arrière-pays méditerranéen.
  • – le nombre de jours de neige au sol en hiver (enneigement supérieur à 5 cm) se réduira drastiquement sur tous les massifs. Cela ne va pas contrarier que les skieurs : c’est tout le système hydrologique aval qui sera impacté.

Question : que signifie de « s’adapter » à ce contexte ? Peut-on « adapter » des forêts et des cultures (et manger reste la base de tout le reste du PIB, y compris la défense !) à des canicules estivales permanentes et un climat plus aride ?

Peut-on « adapter » notre civilisation actuelle à beaucoup moins d’eau ? A des bâtiments endommagés ?

Il est évident que cela va passer par des pertes non compensées et de très nombreuses surprises très désagréables. Mais il est tout aussi évident que plus on y pense à l’avance, et mieux on se sortira des difficultés.


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