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Penser la temporalité du mouvement écologiste à partir du « Débat du siècle », grand oral Twitch de la présidentielle 2022 - Diffusé sur Twitch en mars 2022, « Le Débat du siècle » réunit plusieurs candidat·es à l’élection présidentielle française.Porté par quatre asso-ciations, ce dispositif médiatique est ici envisagé comme une action collective qui s’inscrit dans le mouvement social écologiste. L’article interroge la construction et le déploiement de ce mouvement à partir de la temporalité : celle du « délai », matérialisée par l’expression de l’urgence et l’effort de mise à l’agenda médiatique et politique.
Il n’existe pas à ce jour de démonstration de faisabilité de la transition énergétique. Le débat sur l’affranchissement des sociétés thermo-industrielles de leur dépendance aux hydrocarbures ne s’articule qu’autour de modèles, de scénarios, d’observations sur des sous-systèmes de l’industrie mondialisée de « production » d’énergie. En 2022, le développement des énergies dites de substitution (ENS : principalement éoliennes, panneaux photovoltaïques et centrales nucléaires) ne freine toujours pas l’exploitation des énergies fossiles. La « symbiose » des énergies reste la norme, plutôt que la substitution. La tentation est grande de simplement déclarer les simulations encore imprécises, les mesures lacunaires et de conserver l’espoir que recherche et progrès finiront par réouvrir le champ des possibles. Mais le mal semble plus profond. L’hypothèse de la faisabilité d’une transition énergétique n’a jamais été posée. Ou plutôt, si la science a de longue date étudié les limites physiques au développement, en parti
Dans l’immense puzzle qu’il nous faut assembler pour préserver l’avenir de l’humanité, une pièce pourrait tout changer : celle du droit des générations futures, qu’Émilie Gaillard propose d’intégrer à l’ensemble de nos systèmes juridiques. Une approche du droit en trois dimensions, que cette juriste, maître de conférences à Sciences Po Rennes et coordinatrice générale de la chaire d’excellence CNRS Normandie pour la paix prône depuis 2008.
La planète Terre, la création, ce monde dans lequel la civilisation s’est développée, qui est doté de schémas climatiques que nous connaissons et de rivages stables, ce monde est en péril imminent. Ce n’est qu’au cours des dernières années que l’urgence de la situation s’est cristallisée. Nous disposons désormais de preuves évidentes de la crise, grâce aux informations toujours plus détaillées sur la manière dont la Terre a réagi, au fil de son histoire, aux forces perturbatrices : de manière très sensible, avec un certain décalage dû à l’inertie de la masse océanique.
Nous sommes tous des passagers d’un nouveau Titanic. Toutefois, contrairement à celui de 1912, les officiers et la plupart des passagers de ce superbe transatlantique sont au courant. Ils savent que si le nouveau Titanic continue son cours actuel, il va immanquablement heurter un iceberg et couler. L’iceberg s’appelle « Changement climatique ». 2 Certains des officiers ont posé la question d’un changement de cours. « Trop cher » leur a-t-on répondu : il faudrait indemniser les passagers, etc., bref, de grosses dépenses. On a cependant pris la résolution de réduire l’allure, mais elle n’a guère été appliquée. Pendant ce temps, dans la luxueuse Classe affaires, l’orchestre joue et les passagers dansent. En Classe économique les gens suivent avec passion, à la télévision, le championnat de football. Un groupe de jeunes indignés protestent, et exigent une autre route, mais leur voix est couverte par le bruit de l‘orchestre et de la télévision.
Démocratiser l’entreprise, voici le leitmotiv qui traverse les travaux d’Isabelle Ferreras. Professeure de sociologie à l’Université catholique de Louvain et présidente de l’Académie royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique, elle réfléchit depuis le début des années 2000 aux principes de gouvernement des entreprises en interrogeant la place qu’y occupent les travailleurs et travailleuses.
Protéger l'avenir de l'avenir, voilà un nouvel alpha et omega lancé à la science juridique depuis l'environnementalisation du droit. Cette problématique, jusqu'alors inconnue du droit, et de manière plus marquée en droit privé, soumet les concepts, notions, principes et logiques juridiques à de multiples tensions, si ce n'est à de profondes transformations. Assurément, le premier cliché de la planète pris depuis l'espace en 1972 par la NASA a considérablement contribué à générer et à accélérer l'avènement spontané, à l'échelle planétaire, d'une véritable conscience environnementale.
Ce texte est un témoignage rendant compte, à travers quatre trajectoires biographiques, de la façon dont nous, trois enseignants-chercheurs en sociologie et une étudiante aux parcours très différents, avons été amenés à travailler ensemble sur l’effondrement.
Le roi néoclassique est nu, mais le prétendant à sa succession est-il bien légitime ? Le champ des économistes présente en effet un certain air de famille avec les intrigues d’une série télévisée fantastique à la mode, avec une même aspiration à gouverner, une intolérance au pluralisme et une tendance à brouiller les frontières entre science et politique [Fourcade, Ollion et Algan, 2015], à ceci près que les affrontements y sont plus feutrés. En l’occurrence, la famille régnante depuis près de quatre décennies, les néoclassiques, souffre d’une sérieuse crise de légitimité, face au constat maintes fois répété de l’irréalisme tant de ses hypothèses [Keen, 2014 [2001]] que de ses prédictions et ses apories face à certains enjeux primordiaux, à commencer par l’écologie et le dérèglement climatique [Pottier, 2016]. La nature ayant horreur du vide (contrairement à certains auteurs, voir Klein et Romero, 2007), il se trouve heureusement un successeur tout désigné pour reprendre le flambeau de « science [lugubre] nor
Depuis quelques années, un catastrophisme renouvelé, centré sur la notion d’« effondrement », gagne du terrain parmi les discours consacrés à la question écologique. En nous appuyant essentiellement sur le volet numérique d’une enquête en cours sur les formes collectives hésitantes qui se constituent autour de la conviction catastrophiste, nous nuancerons les inquiétudes sur son caractère dépolitisant, en montrant qu’elle pousse à chercher des appuis collectifs pour surmonter l’impuissance et l’isolement, et pour soutenir des parcours d’autodidaxie astreignants.
La relation au sein de l’entreprise est despotique. Or l’entreprise est le siège du rapport capital/travail, la pierre d’angle du capitalisme et par là un lieu hautement politique. Défendre une démocratie qui s’étende à l’entreprise est un moyen de provoquer une mutation structurelle de nos sociétés. Un outil de cette évolution pourrait être le bicamérisme économique.
Chapître V. De la potentialité démocratique du travail à la démocratisation de l’entreprise - Isabelle Ferreras - Ce chapitre cherchera à identifier, de manière empiriquement fondée, ce que signifie travailler dans le contexte contemporain de l’économie de services des démocraties capitalistes, afin de réfléchir ensuite aux conséquences organisationnelles et institutionnelles de cette réalité.
Aujourd’hui, la nécessité d’adopter de nouveaux indicateurs au-delà du PIB est largement reconnue. La croissance économique semble de plus en plus difficilement refléter l’épanouissement des sociétés, confrontées à la complexe articulation de crises sociale, économique et écologique. De nombreux indicateurs sont actuellement mis en débat. Aucun consensus, toutefois, ne semble émerger sur un bon candidat – ou groupe de candidats – à la succession du PIB.
Le néolibéralisme ne peut pas être réduit à une simple idéologie conservatrice. Pour comprendre son pouvoir de séduction, il faut analyser sa dimension utopique, qui le distingue d’ailleurs du libéralisme classique.
L’essence de la crise écologique de notre époque, c’est que cette société est en train de défaire littéralement l’œuvre de l’évolution du vivant. Il est banal de dire que l’humanité n’est que l’un des fils du tissu de la matière vivante. Il est sans doute plus important de souligner aujourd’hui, à ce stade avancé où nous en sommes, combien l’humanité est liée à la complexité et à la diversité de la vie, combien le bien-être et la survie de l’espèce dépendent d’une très longue évolution de l’organique en des formes toujours plus complexes et plus interdépendantes.
Les principales caractéristiques du lithium sont : sa forte réactivité électrochimique, sa chaleur massique, la plus élevée de tous les solides, son faible coefficient d’expansion thermique (dilatation). 2 Ces propriétés uniques destinent le lithium à un vaste champ d’applications, dont les principales sont les suivantes :
La nécessité d'aller "au-delà du PIB" est aujourd'hui largement reconnue [Gadrey et Jany-Catrice, 2012], ce dont témoignent de nombreuses initiatives nationales et locales à travers le monde [Chancel et al., 2014]. ...
L’idée d’un « au-delà du PIB » (« Beyond GDP ») semble désormais bien ancrée dans le paysage intellectuel et politique de la majorité des pays de l’OCDE et d’une frange croissante de pays hors OCDE [Boarini et Mira D’Ercole, 2013 ; NDP Steering Committee, 2013]. La mise en œuvre d’un tel objectif se heurte en revanche à l’absence de modèle alternatif consensuel qui permettrait de donner sens, orientation et cohérence à la nébuleuse des enjeux divers qu’un au-delà du PIB entend intégrer [Cassiers et al., 2011].
Afin de lutter efficacement contre le changement climatique en temps de crise et plus généralement engager une transition socialement juste vers une société durable, démystifier l’histoire dominante et de créer un nouveau récit semble indispensable. La recherche suggère de produire un récit formulé de façon cohérente et mémorable, utilisant des métaphores capables de susciter des émotions.
Après avoir analysé la littérature dédiée à l'adaptation au changement climatique et montré que la résilience est le concept qui doit être adopté pour réduire le risque de maladaptation, nous introduisons un outil dédié à l'évitement de la maladaptation à l'échelle de projets d'investissement. Cet outil évalue les projets sur quatre thèmes principaux : la ressource en eau, la ressource énergétique, la dépendance structurelle et la dépendance fonctionnelle des acteurs de la chaîne de valeur du projet au changement climatique. Il pourrait représenter une première étape vers l'adoption d'une démarche complémentaire de l'étude d'impact environnemental...
ue nos actions aient une incidence sur les générations à venir ne fait guère de doute. Doit-on pour autant en répondre ? Et envers qui ? La théorie classique, fondée sur la réciprocité entre sujets de droit, ne nous permet pas de le penser. Mais le droit évolue pour donner corps à l’idée de droit des générations futures. Reste à préciser comment les défendre.
Le travail salarié ne connaît pas la démocratie. Une fois franchi le seuil de l’entreprise, le citoyen devient un « facteur travail » soumis aux décisions des seuls apporteurs en capital. Pourtant, l’histoire occidentale nous a appris les bases institutionnelles du processus de démocratisation : le système bicaméral. Innovation majeure, il a rendu le gouvernement légitime, raisonnable et intelligent sous la responsabilité conjointe des deux Chambres. Gouverner le capitalisme commencerait donc par mettre en place un « bicamérisme économique » : une Chambre des représentants des apporteurs en capital, une Chambre des représentants des investisseurs en travail, un gouvernement responsable devant les deux Chambres.
Les crags, Carbon Rationing Action Groups, forment un réseau de collectifs locaux dont les membres se réunissent pour tenter de réduire ensemble leurs émissions individuelles de ges, en se soumettant à un rationnement volontaire. Ils revendiquent un pragmatisme apolitique et se justifient en citant parfois le pic du pétrole, et toujours le changement climatique. Ce mouvement créé en 2005 en Grande-Bretagne est en progression et comporte aujourd’hui environ 600 membres inscrits, dans une trentaine de villes.
Pourquoi travaille-t-on ? Pour le salaire mais pas seulement. À partir d'une enquête ethnographique réalisée auprès des caissières de supermarchés en Belgique, Isabelle Ferreras montre que le travail inscrit les travailleurs dans un espace public, et combien il est animé par une aspiration à la justice. Contrairement à ce que l'on ne cesse de répéter sur la fin du travail et la dépolitisation des travailleurs, elle démontre que le travail, à l'heure de la flexibilité, est source de sens et d'engagement. Il est une expérience de nature proprement politique.
L’approche interdisciplinaire de l’action en faveur de l’environnement fait débat. Dans cet article, les chercheurs du groupe de Recherche en gestion sur les territoires et l’environnement (RGTE) présentent les principes qui fondent leur démarche et lui donnent sa cohérence et son originalité. Ainsi explicités et synthétisés, ceux-ci n’en peuvent que mieux être soumis à la discussion.