Activistes climatiques : les citoyens ne doivent pas nous aimer !

Miser davantage sur le sabotage


Traduction (corp de l’article) – « deepl » + Josette – de « Klimaaktivist: Bürger müssen uns nicht mögen » paru le 16 juin 2022 dans ZDFheute.


Le mouvement climatique est frustré. L’activiste Tadzio Müller réfléchit à des actions radicales et au sabotage. Il s’agira moins de se faire aimer de la société.

Le mouvement climatique veut reprendre de l’élan cet été. Deviendra-t-il plus radical ?

Après deux ans de pandémie de COVID-19, le mouvement climatique en Allemagne a perdu de son élan. Outre les grèves scolaires de Fridays for Future, il existe également des groupes plus radicaux comme « Ende Gelände » (en français : jusqu’ici et pas plus loin) et « Aufstand der letzten Generation » (en français : la révolte de la dernière génération). Ces derniers sont connus pour leurs blocages d’autoroutes. En tant que cofondateur d’Ende Gelände, Tadzio Müller est un représentant de ce courant plus radical.


ZDFheute : La protection du climat n’avance que lentement, même sous le nouveau gouvernement fédéral. A quel point est-ce frustrant pour le mouvement climatique ?


Tadzio Müller : C’est extrêmement frustrant. Si l’on regarde les 30 dernières années de politique climatique, on ne peut qu’être frustré. Tous les gouvernements ne veulent que faire avancer la croissance économique. Nous occultons le fait que notre quotidien sape les fondements de la vie de tous les êtres humains. C’est un gâchis éthique.

« Nos actions au sein de Ende Gelände n’ont pas contribué à ce qu’il y ait une sortie du charbon avant 2038. Même les grandes manifestations de Fridays for Future n’ont pas encore conduit à une plus grande protection du climat. »

– Tadzio Müller, militant pour le climat


ZDFheute : Et comme on n’a pu secouer personne, le mouvement climatique réfléchit-il maintenant à de nouvelles formes d’action ?

Müller : Ende Gelände a élargi le consensus d’action pour cette année. Cette année, des formes d’action sont également possibles dans lesquelles les infrastructures des énergies fossiles sont mises hors service à l’issue de l’action. En même temps, les rumeurs au sein de Fridays for Future sont nombreuses en faveur du recours à des formes d’action plus radicales.

Le Dr. Tadzio Müller est politologue et activiste depuis des décennies. Il est cofondateur de l’organisation anti-charbon Ende Gelände, dont le groupe berlinois est classé à l’extrême gauche par l’Office régional de protection de la Constitution. Jusqu’en 2021, il a travaillé comme conseiller climatique à la fondation Rosa Luxemburg. Dans la newsletter « Friedliche Sabotage » (sabotage pacifique), il élabore des stratégies pour le mouvement climatique. Dans une interview très remarquée avec le « Spiegel », il a mis en garde en 2021 contre l’émergence d’une « RAF verte » (Ndt: Rote Armee Fraktion / Fraction Armée Rouge verte).

ZDFheute : Cela signifie qu’à la base, il y a une envie de devenir plus radical. Faut-il de la violence et des actes de sabotage pour réveiller la société ? 

Müller : J’ai trébuché sur la notion de violence. Il ne peut pas y avoir de violence contre les choses. Le groupe « Letzte Generation » est déjà un groupe de ce genre, qui choisit bien sûr l’escalade, mais pas une escalade violente. Il y a un certain fétichisme dans le débat qui fait que lorsqu’on entend escalade et radicalisation, on pense toujours immédiatement à la violence. La mise hors service de pelleteuses à charbon ou d’engins de construction pour un gazoduc n’est pas de la violence, mais de la légitime défense dans le cadre d’une urgence climatique justifiable.

« Se focaliser sur la question de savoir s’il est violent de dévisser une vis sur une pelleteuse est un acte naïf de refoulement. »
Tadzio Müller, militant pour le climat


ZDFheute : Et où fixez-vous alors la limite ? 


Müller : La mise en danger de vies humaines doit être absolument exclue.


ZDFheute : On dirait que Fridays for Future a perdu de son influence dans le mouvement face à des groupes plus radicaux comme Letzte Generation.


Müller : Fridays for Future est l’hégémon du mouvement. Mais un mouvement social ne se compose pas d’un seul acteur, il a plusieurs ailes. Il y avait Martin Luther King, il y avait bien sûr aussi Malcolm X et les Black Panthers.


ZDFheute : Mais ils se battent tout de même pour le même groupe de supporters ?  

Müller : Le groupe Letzte Generation a la plus grande résonance médiatique. Il est petit, capable d’agir et a fait quelque chose de nouveau. La nouveauté est toujours excitante. Le problème de Fridays for Future est que l’impact des manifestations et des grèves scolaires individuelles est désormais faible. L’organisation a connu une croissance incroyable depuis 2019. Il est tout à fait compréhensible que l’on ait besoin de se recentrer quelque peu pour développer de nouvelles idées.

Le mouvement climatique a été démobilisé pendant deux ans par le COVID-19. Le mouvement social a besoin de la rue, de la masse, de l’opinion publique. C’est ce qui nous fait vivre, c’est notre base de pouvoir. Chez Fridays for Future et Ende Gelände, des discussions sont en cours sur des actions plus efficaces. C’est pourquoi je pense que l’été sera chaud.

ZDFheute : Et que va dire la société en général de ces actions plus radicales ?

« Il n’y a pas qu’en Allemagne que de plus en plus d’actions du mouvement climatique ne visent pas à être appréciées de la société. Jusqu’à présent, cela ne nous a pas valu des fleurs. »
Tadzio Müller, militant pour le climat


Müller : Nous verrons des actions qui ont moins pour objectif de convaincre de l’importance de la protection du climat. Mais plutôt des actions qui augmentent les coûts de la normalité destructrice du climat. Il y aura des actions qui iront au-delà du répertoire existant. Je ne peux pas encore dire à quoi elles ressembleront, car elles doivent toujours être planifiées de manière cachée en raison de l’aspect transgression de la loi.


ZDFheute : Attendez-vous beaucoup de compréhension de la part d’un gouvernement fédéral auquel participent les Verts ?

Müller : En Allemagne, la lutte pour le climat est d’abord une lutte contre l’industrie automobile. Tout gouvernement est d’abord un gouvernement automobile, quels que soient les partis qui le composent. Bien sûr, il est plus facile de faire pression sur les Verts en tant que mouvement climatique que sur ce bloc fossile qu’est le SPD.

ZDFheute : Revenons aux manifestations de 1987 contre la piste ouest de l’aéroport de Francfort. Elles sont allées si loin que deux policiers ont été abattus.


Müller : Venir maintenant avec cette histoire de piste de décollage ouest est absurde. Regardez à quel point le mouvement climatique est incroyablement pacifique face à la méga-crise mondiale. Il n’y a même pas eu de jets de pierres lors de grandes manifestations. Qu’il puisse y avoir des tirs sur des policiers dans quelques mois est absurde.


ZDFheute : Et qu’est-ce que cela signifie pour vous qu’Ende Gelände est surveillé par l’Office fédéral de protection de la Constitution à Berlin ?

Müller : L’Office fédéral de protection de la Constitution est une institution bien plus douteuse qu’Ende Gelände. Ne la considérons pas comme une source objective.

« On veut délégitimer le mouvement climatique en l’accusant d’être extrémiste. Est extrémiste la politique qui construit des centrales à gaz en situation d’urgence climatique. »
Tadzio Müller, militant pour le climat


ZDFheute : Que devrait-il se passer pour que vous puissiez dire à l’automne que l’été a été un succès pour le mouvement de protection du climat ?


Müller : Le mouvement doit montrer qu’il est capable d’agir. Il doit y avoir une légitimation des formes d’action radicales. Nous devons être perçus comme un facteur de pouvoir contre lequel certaines politiques ne peuvent pas être imposées.


Les questions ont été posées par Nils Metzger.


Bilan de santé

Pol Troshô

été 2022

Chère consœur,

Cher confrère,

Comme convenu, voici le bilan de santé de :

L’Humanité

Age : évalué à quelque 2,5 millions d’années (*).

Taille : en progression constante, la taille culmine actuellement à près de 8 milliards (*).

Poids : 287 millions de tonnes (*) – Excédent de poids : 18,5 millions de tonnes (*).

Historique des pathologies : guerres militaires et économiques (*), pandémies, épidémies & troubles sanitaires (*), Fièvres (*), Intempéries (*), Famines (*), Pauvreté (*), …

Pathologies majeures : perte de biodiversité (*), risques de Collaps (*), pollutions (*), perte de qualité de l’Eau (*), perte de Fertilité des sols (*), pression climatique exponentielle (*), dépérissement des Mers et Océans (*), état des Forêts (*), état de l’Amazonie (*), …

Dépendances pathogènes : dépendance aux énergies fossiles (*), aux plastiques (*), au pesticides (*), à la croissance (*), …

Thérapies fortement conseillées : décroissance (*), sobriété (*), un socle de subsistance (*), utiliser les Low-Tech (*), l’Agriculture biologique et la permaculture (*), …

Thérapies déconseillées (n’ont pas démontré leur efficacité – risques de perte de temps) : éco-socialisme (*), éco-féminisme (*), anti-capitalisme (*), écologie décoloniale (*), croissance verte (*), …

Expertises conseillées : ONU (*), GIEC (*), … Ressources complémentaires (*)

Recevez, chère consœur, cher confrère, l’expression de mes sentiments distingués.

Les (*) sont proposés par l’Observatoire


« Votre voyage est-il vraiment nécessaire ? »

OA - Liste
par Philippe DEFEYT, économiste

« Is your journey really necessary ? ».

Cette incitation à la responsabilité personnelle a figuré sur diverses versions d’une affichette collée dans les stations du métro londonien et les gares ferroviaires britanniques lors de la seconde guerre mondiale.


Quatre traits essentiels caractérisent une économie de guerre :

  1. Une part (beaucoup plus) importante des ressources nationales consacrée aux dépenses militaires.
  2. Une planification autoritaire de nombreuses activités.
  3. Un rationnement de certains produits.
  4. La recherche de l’autonomie là où c’est possible et d’un soutien extérieur là où c’est nécessaire.

L’expérience du Royaume-Uni en 1940-45 a montré toute l’importance du soutien populaire pour transformer en profondeur l’économie ; celle-ci a connu une croissance exceptionnelle (+21% entre 1938 et 1941!).

Tous les leviers possibles ont été activés pour porter ce gigantesque effort de guerre : du transfert massif de main-d’œuvre et équipements vers la production hautement stratégique de chasseurs de combat jusqu’à la promotion de potagers de quartier (les fameux Victory gardens), de la fin d’activités comme la production de jouets à l’augmentation de 50% des surfaces cultivées, du recyclage massif jusqu’à des rationnements là où c’était incontournable (matières grasses, thé, lard, œufs…), des changements massifs des consommations alimentaires (beaucoup moins de viande et beaucoup plus de pommes de terre) aux petites économies quotidiennes…

Au total, selon l’historienne Lizzie Collingham, « la Grande-Bretagne termina la guerre avec une population mieux nourrie et en meilleure santé que dans les années 1930 et avec des inégalités nutritionnelles réduites. »

Il semble que « le système de rationnement resta populaire jusqu’à la fin de la guerre, 77 % des Britanniques s’en déclarant satisfaits en 1944 » ; Jean-Baptiste Fressoz considère que c’est « parce qu’il était perçu comme juste (même si les riches avaient accès aux restaurants de luxe qui échappaient au rationnement). »

Le secteur des transports n’a pas échappé aux contraintes d’une économie de guerre. Les orientations prises montrent l’étendue de la palette de mesures possibles : augmentation du volume du fret transporté, suppression de certains trajets (par exemple les traditionnels trains de vacances vers les côtes), priorité aux transports de ressources essentielles, rationnement puis arrêt des livraisons de carburants pour les voitures individuelles (un ménage sur dix était motorisé), unité de management des compagnies ferroviaires, retrait de voitures-restaurant pour décourager certains déplacements mais aussi le maintien de services de transport de personnes, certes bondés mais sans rationnement (sauf au tout début de la guerre) ; c’est ici que l’appel à la responsabilité évoqué en début de chronique prend tout son sens.

Nous sommes en guerre aussi, mais notre société n’est pas prête à l’assumer et donc à faire les efforts nécessaires. Cette guerre c’est celle de la transition écologique et et du défi climatique en particulier ; elle est, en outre, pour un temps, compliquée par la guerre militaire en Ukraine et ses conséquences.

La comparaison avec l’expérience de la seconde guerre mondiale est riche d’enseignements, même s’il faut éviter des lectures par trop orientées.

Trois conditions apparaissent comme essentielles pour réussir « un effort de guerre » :
• le sens de l’urgence et de la nécessité d’agir est la base de la dynamique sociétale ;
• des leaders inspirés sont indispensables, qui doivent travailler ensemble (sans nier pour autant des divergences de vues) ;
• on ne peut en sortir sans une bonne dose de planification et d’orientations et priorités fortes, claires, évidentes.

Une fois ces conditions rencontrées, tous les moyens sont bons à mobiliser, petites ou grandes mesures, coercitives et incitatives. On notera encore, dernier enseignement, que cette période sombre a été traversée grâce à des mesures équitables, vécues comme telles ; elle a de ce fait pavé le chemin vers un état-providence renouvelé.

A la lecture de ces enseignement on peut dire, à l’instar de François Gemenne, que « c’est mort » . Certainement, mais qu’elle soit offensive (économies d’énergies carbonées) ou défensive (lutte contre les retombées du réchauffement), cette guerre doit de toute manière être menée et gagnée.

Est-ce vraiment si difficile de planifier les programmes publics pour donner la priorité aux investissements énergétiques (offensifs comme défensifs) ; tous les investissements publics (ronds-points, maisons communales, nouvelles maisons de repos…) sont-ils indispensables à court-moyen terme, surtout quand il y a pénuries de capacités de production ? Est-ce vraiment si difficile d’orienter les productions agricoles ? Est-ce vraiment si difficile de recentrer les budgets sociaux sur une allocation logement-énergie ? Est-ce vraiment si difficile d’activer des mesures quick-win comme la limitation des vitesses sur routes et autoroutes ? Est-ce vraiment si difficile de mobiliser de manière forte toutes les ressources organiques possibles pour faire du bio-gaz ? Est-ce vraiment si difficile d’engager les wallons à économiser l’eau dès à présent ? Est-ce vraiment si difficile de limiter les déchets ? Est-ce vraiment si difficile de simplifier radicalement procédures, démarches… pour permettre à chacun de se concentrer sur l’essentiel ? Est-ce vraiment si difficile de consommer moins de viande ou de renoncer à certains déplacements accessoires ?

Il semble que oui, malheureusement.


Cet article est paru précédemment dans l’Echo

Pétition pour le bilan carbone obligatoire des projets industriels et immobiliers en Wallonie

proposé par Laetitia


Pour l’intégration obligatoire d’un bilan carbone dans le dossier des gros projets immobiliers et industriels !

Nous sommes un petit groupe de citoyens qui militons actuellement pour rendre obligatoire le bilan carbone complet pour les grands projets immobiliers et industriels en Wallonie.

Pour cela, nous utilisons le système de pétition officiel du Parlement, un processus citoyen prévu dans le cadre du droit de pétition (article 28 de la Constitution). L’objectif est d’atteindre 1000 signatures avant juillet pour obtenir une audition auprès de la Commission compétente. Les signataires doivent avoir plus de 16 ans, résider en Wallonie et s’identifier via la plateforme d’authentification fédérale (itsme, lecteur de carte ID + code PIN, ou token).

Lien : https://www.parlement-wallonie.be/pwpages?p=petition-detail&id=247

S’il est facile de trouver 1000 personnes qui soutiennent notre demande, il est plus difficile d’obtenir qu’elles signent effectivement. La procédure est complexe et en plusieurs étapes (se connecter, créer un compte, retourner à la pétition pour signer) et beaucoup de personnes ne vont pas jusqu’au bout, parfois sans le savoir.

Votre signature est d’autant plus précieuse, et nous vous remercions pour votre contribution !

Pourquoi signer cette pétition ?

À tous les niveaux de pouvoir, de l’Europe à la Région concernée, des engagements ont été pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de plus de moitié d’ici 2030 et atteindre la neutralité carbone (zéro émissions nettes) en 2050. Pour avoir une chance d’atteindre ces objectifs, il faut mettre en place rapidement des dispositifs contraignants qui permettent d’évaluer d’abord l’impact, puis la pertinence des aménagements et projets au regard de la trajectoire climatique visée. Or, il n’existe pour le moment aucune obligation en ce sens, et lorsqu’un bilan carbone est présenté, il exclut souvent le scope 3 (émissions indirectes), ce qui fait qu’un aéroport n’y compte pas les avions, qui sont pourtant sa première source d’émissions. 

Notre demande vise à combler ce manque, et sa mise en pratique permettra aux citoyens de mieux proposer des alternatives qui réduiraient les émissions de CO2 de ces projets.

C’est d’ailleurs ce qu’a fait l’association des Shifters avec le projet de PAD Médiapark à Bruxelles, et nous nous en inspirons.

the shifters bilan carbone

Bilan Carbone du projet PAD MédiaPark – pdf


Transnistrie ?

Source : transcription d’une question / réponse parue dans Le Monde (ici)


Bonjour et merci pour votre travail. Je tente ma question, bien que je ne sois pas abonné. Pouvez-vous nous donner les dimensions de la Transnistrie ? Vous présentez des cartes, vous nous dites que la population est de 500 000 habitants, c’est très bien, mais on ne voit qu’une mince bande coincée entre la Moldavie et l’Ukraine sans pouvoir estimer sa longueur et sa largeur, et donc le danger que ce territoire peut représenter pour cette dernière. Quant à la Moldavie, ils ont adopté le Roumain comme langue officielle, il y a longtemps un Roumain nous avait dit que la Moldavie était rattachée à la Roumanie avant-guerre (WW II) puis avait été annexée par Staline, mais les Moldaves n’ont-ils donc jamais demandé le rattachement à la Roumanie depuis l’éclatement de l’URSS ? Merci pour votre bienveillance envers un pauvre petit vieux non-abonné.

Transnistrie sur wikipedia (ici)


Bonjour,

Large de 45 kilomètres et longue de 450 kilomètres de long, la Transnistrie couvre un territoire d’un peu plus de 4 100 kilomètres carrés entre le fleuve Dniestr, à l’ouest, et la frontière ukrainienne, à l’est.

Pour comprendre les logiques géopolitiques à l’œuvre entre Moldavie et Transnistrie, il faut remonter avant 1992, date à laquelle la Transnistrie a fait sécession. Les frontières de l’actuelle Moldavie sont issues de la chute de l’URSS, en 1991, année où le pays a acquis son indépendance, en même temps que la plupart des autres anciennes Républiques socialistes soviétiques, dont l’Ukraine. Dans les siècles qui ont précédé, ce territoire a cependant été écartelé entre plusieurs puissances, dont les mémoires portent encore la trace.

La principauté de Moldavie, dont la population était roumanophone, existe depuis le milieu du XIVe siècle. Après avoir été vassale de l’Empire ottoman aux XVIe et XVIIe siècles, elle a été divisée en deux en 1812, lorsque l’Empire russe en a conquis la partie orientale, baptisée la Bessarabie. Les frontières de ce territoire sont proches de celle de l’actuelle Moldavie, sans la Transnistrie. Après la première guerre mondiale, la Bessarabie rejoint le royaume roumain, tandis que le territoire correspondant à la Transnistrie reste au sein de ce qui devient l’URSS. Cette dernière crée en 1924 une République autonome soviétique socialiste moldave (RASSM), qui inclut le territoire transnitrien et s’étend à l’est, dans une partie de l’actuelle Ukraine.

Il s’agissait d’une « entité modèle destinée à attirer les populations de Moldavie roumaine et des travailleurs venus de toute l’Union soviétique autour d’une nouvelle capitale, Tiraspol, et d’un projet de modernisation et d’industrialisation », selon Catherine Durandin, historienne spécialiste de la Roumanie, professeure émérite à l’Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco). Une situation créant, de fait, une fracture entre un espace « moldave roumain sous contrôle de Bucarest » et la « RASSM soviétisée ».

Entre 1940 et 1944, la Bessarabie est tour à tour sous occupation soviétique, puis à nouveau intégrée à la Roumanie alliée d’Hitler, avant d’être fusionnée avec la RASSM pour devenir une république socialiste soviétique jusqu’en 1991, date de son indépendance. Si un élan proroumain a bien existé à cette période, le courant unioniste est aujourd’hui minoritaire, selon Catherine Durandin, et il n’a plus été question, pour la Moldavie, de s’unir à la Roumanie.

INFOGRAPHIE LE MONDE

Boum, quand mon p’tit drone fait boum

OA - Liste
Paul Blume

Tout a changé depuis hier
Et la rue a des yeux qui regardent aux fenêtres
Y a du lilas et y a des mains tendues
Sur la mer le soleil va paraître
Charles Trenet – 1938 (*)

Les drones

On se souvient des reportages sur ces militaires américains qui les pilotent dans le monde entier depuis leurs postes de commande aux États-Unis. Des « gamers » tueurs. Travail psychologiquement dur, paraît-il.

Il y des drones de toutes les tailles. Avec caméra, électronique et/ou armement embarqué.

La genèse de ces véhicules sans pilote est plus longue que l’on ne pourrait le penser. Mais, c’est une autre histoire.

Celle qui nous intéresse, c’est celle d’engins actuels, de plus en plus perfectionnés, fabriqués et vendus de tous les côtés.

En Ukraine

L’une des stars de la défense militaire ukrainienne est d’origine turque. Nommé Bayraktar (voir références), il est craint des Russes pour ses performances anti-chars.

Turquie qui, considérée comme très liée à Moscou, laisse vendre ces engins à l’Ukraine, en pleine guerre…

Mais, la miniaturisation permet l’émergence d’autres formes d’engins pilotés à distance.

Au départ, cela ressemble à des jouets pour grands.

Semblables à ceux utilisés dans l’agriculture pour l’analyse des sols, le cinéma, la sécurité, le transport de transplants, … ou le pilotage sportif.

Les plus petits sont livrés en kit et sont relativement bon marché.

Munis de caméras, ces engins permettent d’espionner le voisinage … ou les positions précises d’objectifs ennemis dans le cadre d’un conflit armé.

Ce qui n’a pas échappé à un collectif nommé Nebesna Kara (« Châtiment céleste »), « des amateurs enthousiastes [qui] fabriquent discrètement des drones létaux destinés à être utilisés sur le front de la guerre contre la Russie » (voir références).

Lestés de grenades ou autre armes létales ad hoc, voilà nos « dronichoux » devenus de véritables petites machines de guerre, sophistiquées, maniables, précises et relativement bon marché.

D’autant plus que la communauté ukrainienne des pilotes sportifs de drones apporte la connaissance, assure le montage, et que des financements participatifs allègent la facture.

Il ne fait vraiment pas bon être chauffeur de char en Ukraine ces temps-ci.

Quant aux conséquences globales …

Nous en sommes donc là !

Un peu de bricolage, un financement relativement faible et une communauté – quels que soient ses objectifs – est susceptible d’aller larguer de la peinture ou une grenade, en passant par des confettis ou des cailloux, sur quelle que cible que ce soit.

Il semble urgent de revoir les conditions des assurances familiales …

Surtout, les enfants, ne tentez rien sans en parler à des adultes ! Ne tentez rien, en fait !

Côté organisation de la protection de nos centrales nucléaires ou au gaz, de nos zones industrielles « Seveso » ou non, ne pas oublier que dorénavant :

Boum. Les p’tits drones font boum boum.


Références :


Demain n’est pas l’avenir d’hier

Paul Blume

A observer l’incroyable vitesse à laquelle nombre de présupposés se fracassent contre les événements ces dernières années, on se demande comment ils sont si peu remis en cause. Ou, à tout le moins, fortement adaptés.

Nous sommes passés en quelques décennies de l’espoir de lendemains toujours meilleurs à la succession globale de périodes de fortes précarisations de nos sociétés.

Du rapport Meadows à l’actuelle période de guerre, de la création des premiers mouvements écologistes aux rapports de plus en plus alarmants sur le climat, sans oublier l’effondrement de la biodiversité et le gigantisme des pollutions diverses. 

Difficile de croire que le temps d’une vie, on puisse se retrouver dans une situation à ce point délabrée.

Et pourtant.

Le constat global d’une forme d’énorme crise en cours se partage de plus en plus. Et les grilles d’analyses classiques, datant des siècles précédents, nous aident de moins en moins à en comprendre les ressorts.

La faute au capitalisme ?

L’anti-capitalisme classique, outil connu des combats contre l’engrenage des in-équités et inégalités sociales, ne prend que trop peu en compte les questions de croissance et ses conséquences sur le vivant. Le risque de plus en plus avéré que les contraintes du réel entraînent à très court terme un déclin, une décroissance subie, une récession non-temporaire, soit une réduction drastique du « gâteau » à se partager, implique de revoir la copie.

L’évitement des contraintes liées aux stocks des ressources et aux conséquences environnementales de leurs exploitations par nos sociétés prolonge les comportements collectifs issus de la période d’expansion de l’économie industrielle.

Capitalisme ou pas, la problématique de l’équité sociale ne se réglera plus (même temporairement) par des mesures de sorties de conflits sociaux « par le haut ». La croissance négative implique d’innover.

L’écueil social est de plus évident. « Fin du monde » et « fin du mois » conjugués ensemble augurent plus d’un chaos que d’un avenir révolutionnaire.

Si l’analyse du rapport des forces sociales reste centrale, les réponses potentielles aux mécanismes des inégalités ne sont plus les mêmes qu’au 19ième siècle.

Il est urgent d’adapter les logiciels de la solidarité sociale et des sécurités sociales.

Du revenu universel aux ressources de base garanties, des pistes de réflexions ont été lancées. Face au tsunami économique et social qui s’annonce de plus en plus proche, ces débats doivent aboutir.

Sans doute sous des formes diverses selon les environnements socio-économiques. Mais avec la volonté d’établir des socles minimas d’apports concrets sur les plans nutritionnel, sanitaire, culturel, sécuritaire, etc …

Accepter la critique positive des formes traditionnelles de combat social, ne pas s’enfermer dans des idéologies fermées, c’est accepter l’opportunité de voir naître des formes luttes autour des rapports sociaux mieux adaptées aux réalités environnementales, climatiques et systémiques. Il est urgent d’oser.

La faute à l’Occident !

Autre mantra culpabilisant dont l’obsolèité se révèle ces dernières années.

Si d’aucunes et d’aucuns cherchent à raison d’autres modes de vie, il serait injuste d’oublier que ce « mode de vie occidental » fortement contesté est également fortement recherché, jalousé.

Est-ce d’ailleurs encore le caractère occidental qu’il importe d’évoquer ou les spécificités précises de consumérisme, de compétition, d’iniquité, de course à la croissance.

Le débat est devenu global en même temps que la globalisation de l’économie.

Cette globalisation s’altère dans une conflictualisation des priorités économiques par les grandes forces géostratégiques. Cela transparaissait déjà sur les marchés de l’énergie avant la guerre sur le sol ukrainien. Depuis, cela s’amplifie rapidement.

De plus, les modes de vie dans les grandes villes asiatiques – par exemple – sont à certains égards plus « occidentalisés » que dans certaines villes moyennes de l’Europe orientale. En Amérique latine, à Santiago, capitale du Chili, on utilisait la téléphonie hertzienne bien avant Bruxelles, capitale de l’Europe.

Au cœur même de l’Occident, une démarche de cohabitations entre religions, langues, traditions culturelles y compris extra-européennes fait son chemin. Très laborieusement, mais inexorablement. Une nouvelle Europe occidentale plus solidaire serait-elle possible ?

D’ailleurs, qu’est-ce que l’Occident aujourd’hui ? Que sera-t-il d’ici une demi-douzaine d’années ?

A ce propos également, il serait plus judicieux de pointer les côtés mercantiles, techno-centrés, consuméristes, égoïstes, … que d’utiliser une vieille rengaine souvent rabâchée comme argument des critiques de la « démocratie » et de l’« impérialisme ».

Mort à l’impérialisme ?

Mot d’ordre des manifestations anti-américaines pendant la guerre du Vietnam ou en Amérique latine face à l’interventionnisme économique et politique du géant nord-américain, pour ne citer que ces exemples, la qualification d’impérialiste se décline aujourd’hui au pluriel.

L’impérialisme s’est démocratisé. Tout qui en a les moyens tente sa chance. Continuer à affirmer qu’il n’y aurait qu’un impérialisme américain n’est plus crédible.

La Chine convoite les ressources africaines, lorgne dangereusement sur Taïwan. La Russie fait parler les armes.

Quant à l’impérialisme américain, tendance toujours présente, il a changé de nature. Au moins depuis la présidence d’Obama avec l’expression d’un moindre interventionnisme que son successeur a amplifié.

Qualifier précisément chaque acte impérialiste serait plus juste que de continuer à utiliser un vocable fourre-tout. Il est urgent d’apprendre à contextualiser. A envisager la complexité.

La démocratie, outil dépassé ?

La question, qui aurait mis en colère les résistants au sortir de la deuxième guerre mondiale, est posée régulièrement, entre autre, dans les générations « climat ».

A chaque recul sur de trop minces avancées, la colère monte contre un système qui semble incapable de répondre aux urgences. Et la notion même de démocratie en prend pour son grade.

Un phénomène qui rejoint les tendances anti-système des « gilets jaunes ».

Les inquiets de la fin du mois et de la fin du monde partagent de plus en plus un sentiment d’inefficacité d’une caste politique qui refuse de rendre leurs préoccupations prioritaires à la gestion quotidienne de l’économie mondialisée.

La crise sanitaire mondiale et la guerre en Ukraine amplifient fortement cette tendance. On gère l’urgence immédiate en reportant à plus tard des enjeux pourtant majeurs et cruciaux.

Émissions exponentielles de gaz à effet de serre et paupérisation galopante semblent devoir devenir les incontournables des années à venir.

Autre critique récente du système démocratique européen est l’absence de représentation politique plaçant la sobriété et la solidarité au cœur des choix économiques et politiques.

L’ensemble des représentations élues placent leurs propositions dans un cadre de croissance continuée.

Aucune volonté de présenter les enjeux de la survie de la vie sur la planète terre comme priorité absolue n’apparaît autrement qu’anecdotiquement dans les parlements nationaux.

Est-ce une raison de jeter le bébé démocratie avec l’eau du bain du « business as usual » ?

La démocratie se doit d’être retravaillée en permanence. Si elle déçoit, il convient de la réinventer.

Cela prend du temps et demande un taux de conscientisation qui ne progressera sans doute pas facilement dans un contexte de quotidienneté de plus en plus difficile.

Mais, c’est le moins mauvais des modes de gouvernance disait Churchill. Quand on voit les pratiques liberticides des autocraties de par le monde, difficile de dire le contraire.

La valise commune face à l’effondrement.

Parmi les images reçues au début de l’agression de l’Ukraine par les armées de Poutine, celles de la préparation des sacs. Pour la cave, pour fuir, pour aller combattre.

Que garder dans nos sacs collectifs ? Où porter notre attention ? Quelles valeurs promouvoir ?

Pour les attentifs de l’étude des chocs systémiques, beaucoup de propositions existent, en fait.

Sur le plan des low-technologies, de la gestion des communs, de la gestion de sobriétés solidaires, de l’agriculture, des politiques de l’Anthropocène, des résiliences locales, …

Et des valeurs. Sobriété, entraide, solidarité, empathie…

Il est temps d’arrêter de se référerez à des slogans. D’essayer d’interpréter correctement la réalité, dans sa complexité, pour s’adapter au mieux.


Il y a de la poutine dans le gaz…

Paul Blume

La poutine est un plat de la cuisine québécoise composé, dans sa forme classique, de trois éléments …

L’invasion par la Russie de l’Ukraine marque une étape importante dans un processus d’amplification rapide des risques d’effondrement de nos sociétés industrielles.

Si ce constat évoqué par quelques observateurs de notre anthropocène n’est pas la préoccupation immédiate la plus importante, les implications systémiques de ce conflit font malgré tout déjà l’objet de fortes inquiétudes.

Les marchés de l’énergie, déjà fortement secoués par les impacts de plus en plus visibles des contradictions de la « transition énergétique »1, seront sans aucun doute impactés pour longtemps par cette guerre aux portes de l’Europe.

Sans oublier les marchés de toute une série de ressources diverses dont les céréales, mais pas que…2

Pour l’instant, il semblerait que tout scénario d’utilisation d’armes nucléaires soit écarté.3 C’est déjà ça.

Comme lors d’autres conflits, des actions se mettent en place pour aider les populations ukrainiennes. On ne désespère pas de voir celles-ci s’amplifier.

Reste la question de « la solidarité entre les peuples ». Débat qui dans sa formulation peut paraître dater d’une autre époque, mais qui pourrait bien devenir une des clefs de l’adaptation aux événements dramatiques qu’annoncent les politiques énergétiques et climatiques dans le monde. 4

Pour rappel, le prochain rapport du Giec sort lundi prochain…


1 L’énergie du déni – Vincent Mignerot

2 https://obsant.eu/listing/?iti=14459|14456|14452|14449|14460|14481|14462%7C14489

3 André Dumoulin (IRSD): « L’enjeu ukrainien ne vaut pas une guerre nucléaire« 

4 https://obsant.eu/focus-climat/



La corruption morale et la tempête morale parfaite

Cédric Chevalier

Pourquoi nous n’avons rien fait pour le climat, pourquoi nous continuerions à ne rien faire, en nous sentant bien droit dans nos bottes – le scénario du pire du philosophe Gardiner

On savait déjà les mille et une raisons de « ne rien faire » par rapport au climat. On a depuis quelques années une démonstration des arguments qui viennent s’ajouter à « l’argumentaire de l’inertie » :

  • il y a une crise financière, on a d’autres priorités
  • il y a une pandémie, on a d’autres priorités
  • il y a une crise économique, on a d’autres priorités
  • il faut reconstruire la Wallonie après les inondations, on a d’autres priorités
  • il y a des élections, on a d’autres priorités
  • l’identité de la nation est menacée (sic), on a d’autres priorités
  • Nabilla a montré un bout de sein sur TF1, on a d’autres priorités
  • les prix de l’énergie sont très élevés, on a d’autres priorités
  • il y a une guerre en Ukraine, on a d’autres priorités
  • on doit augmenter les budgets d’armement de l’OTAN, on a d’autres priorités

« D’autres priorités » que la transition écologique vers la société soutenable. « D’autres priorités » que la déclaration d’un « État d’Urgence écologique » [« Déclarons l’état d’urgence écologique« ].

Ce n’est donc jamais le bon moment, depuis les premiers ravages de la révolution industrielle, pour concevoir une société et une économie soutenables.

On remarquera que plusieurs des crises citées supra sont causées par … l’Écocide planétaire.

La faute éthique/morale principale, à mon sens, est celle-ci, elle a été décrite par Hans Jonas. Il s’agit d’une transgression permanente de sa règle d’or : « agis de telle manière que ton action soit compatible avec la permanence d’une vie authentique (humaine) sur Terre ».

Cette règle signifie que face à un risque infime de perte totale (extinction de l’humanité, extinction massive du vivant), on ne peut rien opposer comme argument justifiant l’inaction.

Ce n’est donc pas tant que « dans les années 1980, on ne comprenait pas bien le phénomène climatique », ou que « dans les années 2000, il fallait protéger la croissance économique ». C’est que dès que nous avons eu le premier soupçon suffisamment crédible scientifiquement que les gaz à effet de serre pouvaient menacer l’espèce humaine / le vivant sur Terre (un risque arbitrairement supérieur à zéro est suffisant pour enclencher la règle d’or de Jonas : 2%, 1%, 0,5%, 0,01%… à l’humanité d’arbitrer le risque acceptable d’extinction mais Hans Jonas estime que c’est … 0,000…). Dès ce moment-là, qu’on peut aussi arbitrairement cerner dans l’histoire (1970-80 +- 10 ans comme intervalle de confiance ;-), la société humaine aurait dû interdire les émissions de gaz à effet de serre au motif qu’elles menaçaient l’espèce humaine et le vivant sur la Terre. A charge de démontrer l’innocuité de ces gaz avant de relever l’interdiction. Voilà ce qu’aurait fait une humanité rationnelle au niveau scientifique (probabiliste) et éthique.

Voilà ce que nous n’avons pas fait.

C’est la « corruption morale » décrite par le philosophe Gardiner.

Et aujourd’hui, après ce « péché écologique originel », nous entrons dans autre chose, de pire, la « tempête morale parfaite ». Dans la dynamique systémique, les « phénomènes d’effondrement » génèrent le renforcement de la dépendance au sentier : plus ça merde, plus c’est la merde, plus on doit ramasser la merde, moins on a des « ressources sociétales » pour arrêter de faire caca partout. A un stade ultime, le temps résiduel est entièrement attribué à la survie face aux catastrophes, et plus du tout à la « mitigation » de l’empreinte écologique.

Au stade ultime de l’éthique : la survie de la génération présente est tellement menacée par la catastrophe en cours que l’éthique justifie de sacrifier entièrement les générations futures non encore nées au seul profit du présent.

Ce qui signifierait qu’on peut éthiquement brûler tous les combustibles fossiles pour « refroidir les générations présentes », car il n’y a plus d’autre option éthique utile au temps actuel. Déjà, certains pays d’Extrême-Orient brûlent des combustibles fossiles pour « climatiser » les rues (sic) lors des canicules à plus de 40°C, il en va de même pour des usines de désalinisation de l’eau de mer, fonctionnant au fossile. Continuer à brûler les combustibles fossiles « pour protéger les générations présentes des catastrophes climatiques », signifie le sacrifie de facto les générations futures. Chaque génération au temps t peut faire ce calcul éthique, la situation ne fait qu’empirer pour chaque génération t+1 qui a son tour sacrifie la génération t+2, etc. En pouvant parfaitement le justifier d’un point de vue éthique, puisqu’elle « n’a d’autre choix pour protéger les vivants ». Et cette course à l’abîme peut continuer jusqu’à extinction certaine de l’humanité.

C’est le moment où l’entièreté des ressources sociétales sera attribuée à « l’adaptation » et 0 euros pour la « mitigation ». Voilà le fameux stade de la « tempête morale parfaite » décrit par le philosophe Gardiner, le moment où l’éthique justifie de sacrifier toutes les générations futures sur l’autel du présent, parce qu’il n’y a plus aucune marge de manœuvre.

Pour aller plus loin, l’article du philosophe Gardiner qui fait l’hypothèse que la corruption morale explique notre inertie, et que nous risquons d’entrer dans un scénario où l’adaptation empêche toute stratégie de mitigation, sur une base éthique recevable, le comble de la fatalité tragique :

A Perfect Moral Storm: Climate Change, Intergenerational Ethics and the Problem of Moral Corruption (ceu.edu)


Voir le dernier ouvrage de l’auteur : Terre en vue !


Une intéressante aventure documentaire

Publiée sur Facebook, voici l’histoire de l’entrée en « documentation écologique » de Louis Schmidt.

Mise en contexte – Mon entrée dans l’écologie

Louis Schmidt

Juillet 2019. Je commence à peine ma première expérience professionnelle. Un soir, je tombe sur une vidéo d’un certain Jean-Marc Jancovici que je vois de plus en plus dans mon fil LinkedIn. C’est la première vidéo de son cours des Mines (le fameux, disponible ici). Je prends une claque. Sensibilisé à l’écologie sans m’y être intéressé de près, je comprends que je n’y comprends absolument rien. Que je n’ai pas forcément les bonnes clés de compréhension du problème.

Commence alors pour moi une odyssée passionnante à la découverte de l’écologie, sous toutes ses formes. J’y entre par le biais du climat et de l’énergie (Janco oblige…) mais je comprends rapidement que le problème – certes j’en avais entendu parlé, mais pas compris intimement – est bien plus large : biodiversité, pollutions, déchets, surpêche, plastique, finitude des ressources etc. J’en passe, et je ne parle même pas des problèmes sociaux et (géo)politiques qui vont avec, qui sont bien entendu clés pour comprendre et traiter ces enjeux.

Ce moment a marqué une vraie révolution intérieure, avec ses moments de doute, de remise en question, de colère. Des discussions houleuses avec ma famille, mes amis. Une perte de sens dans mon stage.

Qu’à cela ne tienne, le sujet me passionne et me motive tellement que je me mets à le travailler et à y réfléchir sur mon temps libre. Rapidement, j’essaye de travailler de manière structurée (merci la prépa): je prends des notes, j’enregistre ce que je lis au fur et à mesure (grâce aux fonctionnalités de LinkedIn et Facebook notamment). Alors je fais ça pendant 1 an et demis. Cela nous amène en janvier 2021.

Un petit saut dans le temps – Ma bibliothèque perso

Janvier 2021 donc. Je sors de 18 mois consécutifs de stage et j’entame 8 mois de pause, de « césure personnelle », d’année sabbatique, avant de reprendre les cours en septembre. C’est le moment où je me mets vraiment à structurer mon travail. Tous les articles que j’ai effectivement lus ou pas encore mais enregistrés comme potentiellement intéressants (l’immense majorité, malheureusement, tombe dans cette seconde catégorie…), je les rassemble, les classes, les catégorises à l’aide d’un classeur Airtable (sorte d’Excel plus ludique). Cela me prend du temps, mais je me dis que ça me servira pour la suite.

Et voilà que je me retrouve avec une bibliothèque d’environ 300 contenus (articles, vidéos, podcasts, rapports etc.) qui va me servir pour la suite, pour chercher des infos, me renseigner sur des sujets que je ne maîtrise pas encore (l’agriculture par exemple) ou creuser ceux que je maîtrise mieux (l’énergie, et oui, c’est par là que j’ai fait ma « conversion »).

Alors oui, ça fait beaucoup. Ca fait même un peu boulimique de l’information, je vous l’accorde. Mais l’idée n’est pas tant de tout lire (chose impossible pour n’importe qui de normalement constitué ou qui fait autre chose de sa vie que de lire), que d’avoir à disposition ces ressources, pour le jour où j’en aurai envie, le temps, le besoin.

En parallèle je lis des bouquins, suis des MOOCs, regarde toutes les vidéos du génial Reveilleur (allez-y c’est une perle de pédagogie)… Et comme je fais pas tout ça que pour moi, je mets à jour mon compte LinkedIn avec ce que j’ai fait pendant ces quelques mois.

La bibliothèque de la transition…

Au fil des mois, j’en parle avec des amis, qui me disent (certains) être intéressé par l’idée et m’en demandent l’accès. Avec plaisir ! Si je peux sensibiliser, tant mieux ! Alors je le fais.

Quelques temps plus tard, je reçois un message me demandant conseil pour se lancer (à fond) dans l’écologie. Alors j’explique rapidement ce que j’ai fait, les bouquins, la bibliothèque, les fiches… Et là, surprise : la personne me demande l’accès à la bibliothèque.

Au début je suis un peu récalcitrant. Ca m’a quand même demandé des heures et des heures de veille, de classification, d’assemblage, cette bibliothèque. Alors je trouvais ça un peu osé de me demander le fruit de mon travail, mon petit bébé, sans me connaître. Puis j’ai réfléchis 2 secondes – un poil plus mais pas beaucoup je vous jure car cela tombait sous le sens en fait – si je fais tout ça, c’est pour partager passion de l’écologie et pour sensibiliser (j’étais aussi devenu animateur de la fresque du climat en parallèle). Alors qu’à cela ne tienne, – oui, ça fait bien deux fois que j’utilise cette expression dans ce court article – je décide de partager ma bibliothèque via un post LinkedIn. Il a son petit succès : plus d’une centaine de personne la consultent.

Alors il y a quelques temps, j’ai décidé d’améliorer cette bibliothèque : autant d’un point de vue des contenus disponibles, que de la quantité disponible. Vous pouvez désormais y trouver les contenus référencés par thèmes, mais aussi par média : Articles, rapports, podcast, newsletters, livres, sources d’informations… Je vous laisse aller observer et j’espère que c’est réussi – ça m’a pris pas mal de temps je l’avoue…

Et je me suis dit qu’il serait bon d’en faire un outil collaboratif.

… un projet collaboratif

J’y ajoute même un guide d’utilisation (1re table) et je me dis : je suis certainement pas le seul à faire ce genre de choses, suivre l’actualité, regarder des rapports, des vidéos, chercher des podcasts… Alors pourquoi pas proposer aux autres de contribuer à cette bibliothèque ? Et bah allons-y !

Vous pouvez maintenant le faire (ici) via un questionnaire ; je me chargerai de trier les contributions si besoin et si un jour la charge devient trop grosse, je solliciterai peut-être votre aide !

Voilà, c’est tout pour moi, j’espère que cet article vous aura plus et que cette bibliothèque vous (nous) sera utile et n’hésitez pas à me contacter si vous avez la moindre question !


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