Un article récent expose le concept « d’hyper-normalisation » et décrit un sentiment similaire à celui vécu par les soviétiques durant l’effondrement de l’URSS. « Les systèmes s’écroulent visiblement mais la vie continue. La dissonance est réelle. » Systems are crumbling – but daily life continues. The dissonance is real | Well actually | The Guardian “Ce que vous ressentez, c’est la déconnexion entre le fait de voir que les systèmes défaillent, que les choses ne fonctionnent pas… et pourtant que les institutions et les gens au pouvoir semblent l’ignorer et prétendent que tout va continuer à fonctionner comme avant.”
Il faut vraiment absolument bien le comprendre, c’est un fait majeur de la métaphysique et de l’ontologie (les deux disciplines qui constituent les fondations de toute la philosophie) :
L’inertie, l’adaptation inertielle et le déni de tout ce qui exige un changement sont au cœur de la condition humaine.
Comme l’Impermanence est le seul phénomène permanent dans l’Univers, c’est-à-dire LE phénomène universel principal (= le changement), c’est-à-dire le Réel lui-même (= le Réel = l’Impermanence universelle = le changement perpétuel), on peut simplifier ce constat en :
Le déni est au cœur de la condition humaine.
Le déni est probablement un avantage critique sélectionné par l’évolution.
Nous sommes dans le déni de tout ou presque :
– l’Absurde
– la Finitude (dont la Mort)
– le Tragique
– le Mal
– l’absence de deus ex machina
– la brièveté de la vie
– la Vie
– la Complexité
– le Déterminisme
– etc.
Ce déni existentiel fondamental est aussi un complexe (tissu) de récits culturels. La Culture (au sens le plus large = les sociétés et civilisations humaines et toute la Noosphère) est Le Grand Récit, l’Histoire que nous nous racontons à nous-mêmes, notre Cosmologie (nos cosmologies), et donc… nécessairement Le Grand Déni. La Culture est Le Grand Déni.
Revenons à l’empirique, au quotidien : chaque jour, partout, chez tout le monde, lorsque vous-même serez un peu plus lucide que d’habitude (un peu moins dans le déni, par exemple après une heure de méditation), vous observerez le déni omniprésent et éternel des Humains.
C’est l’attitude, la pensée, la réaction, le discours, l’action par défaut des êtres humains.
Nier la réalité, la dénier, refuser de changer, conserver l’inertie, s’adapter en changeant le minimum, par incréments, tant qu’on n’atteint pas un seuil de rupture (ce qui explique la course à la guerre, le parcours criminel, la Shoah, l’acceptation de l’esclavage et la montée lente des dictatures, chaque petit pas est le résultat de l’antagonisme entre l’Impermanence et le volant inertiel humain).
Appliqué aux grands défis de l’Humanité, cela invite à une conclusion assez cynique que le réveil est souvent tardif, incomplet, brutal, insuffisant et susceptible d’inversion, quant au changement, il ne surviendrait que contraint et forcé.
Et que l’être humain préfère souvent mourir que changer.
Et qu’il peut s’adapter à tout en conservant précieusement son inertie et son déni (l’esclavage par exemple, car se révolter sera un changement trop important).
Et qu’il passe son temps à (se) raconter des histoires pour préserver son illusion d’agentivité. (on changera demain)
Franchement, quand on lit les récits de la Shoah où certains espèrent contre vents et marées, et quand on voit les Gazaouis s’adapter à tout ou presque ce que leur fait subir Israël… On se souvient que le déni, et l’hyper-normalisation, pourraient bien constituer un « avantage évolutif ». Un mécanisme de survie pour traverser les effondrements.
Nous caricaturons ici bien-sûr en proposant un idéal-type de ce phénomène du déni et de l’hyper-normalisation, mais nous pensons qu’il s’agit d’une meilleure approximation du Réel, de la condition humaine, que les autres explications. C’est la baseline. Et après on peut regarder comment en dévier, comment éviter de rester dans ce volant inertiel humain.
Évidemment, les Humains et l’Humanité changent (ils sont partie à l’Impermanence eux aussi !) et peuvent changer vertueusement, en conscience. Un travail sur la lucidité est (encore) possible !
Traduction DeeplJosette – Article original paru le 20 mai 2025 sur The Next Wave
J’ai l’habitude de voir les écologistes et les futurologues parler des limites de la croissance (« The Limits to Growth »). Je suis moins habitué à voir des spécialistes de l’investissement mentionner des recherches liées aux limites de la croissance. C’est pourtant ce qu’a fait récemmentJoachimKlement dans sa lettre d’information quotidienne.
Bien entendu, quiconque écrit sur les limites de la croissance doit d’abord procéder à toutes les vérifications d’usage. En effet, la combinaison des mots « limites » et « croissance » dans le titre a suscité un grand nombre de réactions critiques, allant de la déformation pure et simple de l’ouvrage à l’incompréhension du modèle de dynamique des systèmes qui le sous-tend.
(Photo: The Club of Rome)
(J’ai édité un numéro spécial du bulletin « Compass » de l’APF qui revenait sur « The Limits to Growth ». Un article d’Ugo Bardi entre dans les détails de l’histoire de l’assaut contre « The Limits to Growth » au moment de sa publication).
Le scénario standard
Klement présente les choses de la manière suivante :
« Voici ce que le modèle prévoyait réellement. Les scientifiques du MIT ont modélisé trois scénarios [en réalité 13, y compris ces trois-AC] : le statu quo (ce qu’on appelait alors le « scénario standard »), un monde technologiquement amélioré où le progrès technologique élimine la plupart des limites à la croissance, et un monde stabilisé où nos économies évoluent vers un modèle durable (c’est-à-dire non consommateur de ressources) d’ici la fin du siècle. »
Le problème du « scénario standard » est que ses résultats à 50-60 ans n’étaient pas très bons. Ils suggèrent que la production industrielle mondiale commencera à décliner au milieu des années 2020 (calendrier des vérifications) et que la population mondiale commencera à décliner au milieu des années 2030.
Dans les années 2010, Graham Turner a examiné le scénario standard à la lumière des données sur les taux de croissance, comme nous le rappelle Klement, et a constaté qu’il correspondait bien à la réalité. Gaya Herrington a mis à jour cette recherche au début des années 2020 – comme le montre mon article Just Two Things, dont le lien se trouve ici – et l’adéquation est restée bonne.
Recalibrage du modèle
Un autre groupe de scientifiques a repris le modèle original World3 et l’a recalibré par rapport aux données les mieux ajustées, ce qui a donné lieu à l’article de Klement. « Recalibration of limits to growth : An update of the World3 model » (Recalibrage des limites à la croissance : une mise à jour du modèle World3), par Nebel et al, est publié en libre accès dans le Journal of Industrial Ecology.
L’objectif de cette démarche – comme ils le disent dans leur résumé – est
« de mieux correspondre aux données empiriques sur le développement mondial. »
Pour s’en assurer, l’article détaille leur méthode et leur approche, et donne notamment accès aux scripts Python qu’ils ont utilisés et qui ont été mis en ligne sur Github. Comme ils l’expliquent :
« Étant donné que le modèle a été calibré avec les capacités limitées en termes de puissance de calcul et de traitement des données en 1972, il semble intéressant de savoir dans quelle mesure un recalibrage du modèle est possible et quels sont les effets d’un tel recalibrage. La situation des données s’est énormément améliorée depuis lors. »
Dépassement et effondrement
Cela signifie que le modèle recalibré reflète les meilleures données actuelles disponibles.
Klement explique cette approche de la manière suivante :
« Si le modèle recalibré s’écarte sensiblement des prévisions des années 1970, nous avons progressé. Et compte tenu de la précision du modèle original, nous pouvons également être rassurés sur le fait que les progrès réalisés sont vraisemblablement réels et que nous avons vraiment prolongé la croissance économique dans le futur. »
Et les résultats de ce recalibrage ? Ils ne sont pas bons. Voici un autre extrait du résumé de l’article :
« Ce jeu de paramètres amélioré aboutit à une simulation World3 qui présente le même mode de dépassement et d’effondrement au cours de la prochaine décennie que le scénario original « business as usual » de la simulation standard LtG. »
Baisse de la production industrielle
Il convient de préciser les dimensions de ce dépassement et de cet effondrement. Il se trouve que l’article de Joachim Klement et l’article original contiennent des graphiques très utiles. J’ai reproduit ici les versions de Klement parce qu’elles sont plus faciles à lire, mais les originaux peuvent être téléchargés à partir de l’article original.
Le premier graphique concerne la production industrielle, pour laquelle la version recalibrée suit l’original au centimètre près. Est-ce important ? Klement fait l’habituel clin d’œil au fait que nous vivons dans une économie beaucoup plus axée sur les services qu’à l’époque où l’équipe de Limits a réalisé l’étude originale.
(Source : Nebel et al, 2023, adapté par Klement)
Le pic de la production alimentaire
Je n’en suis pas totalement convaincu. Comme l’observe David Mindell dans The New Lunar Society (j’ai une critique en cours), la production industrielle a des effets multiplicateurs significatifs sur d’autres activités économiques, même si cela est largement négligé par les économistes [p. 33]. Le diagramme actualisé de la population suit également de près le déclin observé au milieu des années 2030 dans la projection du scénario de base de Limits.
En ce qui concerne la production alimentaire, elle
« semble également atteindre un pic à peu près maintenant, ce qui indique que malgré la croissance continue de la population mondiale, nous connaissons une baisse de la production alimentaire mondiale. »
Retarder le pic
Il est donc possible d’imaginer que l’une des raisons pour lesquelles la population commence à diminuer est qu’il n’y a pas assez de nourriture pour tout le monde. Il est également possible d’imaginer que le pic plus élevé et le dépassement plus rapide résultent de l’intensification de l’agriculture et de la production alimentaire, c’est-à-dire de l’application de la technologie. Comme l’un des auteurs de « Limits », Dennis Meadows, l’a toujours souligné lorsqu’on lui a posé la question, la technologie peut retarder un pic, mais le krach est plus dur lorsqu’il arrive.
(Source : Nebel et al, 2023, adapté par Klement)
Le troisième graphique concerne la « pollution persistante », qui est un raccourci de modélisation pour une série d’externalités, y compris les émissions de CO2. Ici, à première vue, nous avons battu le modèle : la « pollution persistante » est actuellement beaucoup plus faible que le modèle standard World3. Mais étant donné qu’elle grimpe beaucoup plus haut et qu’elle se maintient beaucoup plus longtemps, il semble en fait qu’avec de meilleures données, il s’avère que les effets initiaux étaient moins graves mais que les retards dans le système étaient beaucoup plus importants que ce que le modèle original supposait.
(Source : Nebel et al, 2023, adapté par Klement)
La descente à partir de maintenant
Le dernier graphique permet d’assembler quelque chose à partir des données, ce qui n’a pas été fait dans le travail original, « The Limits to Growth », car le concept n’avait pas encore été développé. Mais il est possible d’assembler un indice de développement humain à partir des données et de le comparer au modèle original et à la version révisée. Le résultat n’est pas très bon.
(Source : Nebel et al, 2023, adapté par Klement)
C’est sur ce dernier graphique que Klement est le plus pessimiste, et je pense qu’il a de bonnes raisons de l’être :
« Si [ce graphique] est vrai, il indique que la civilisation humaine a atteint son apogée aujourd’hui et qu’à partir de maintenant, nous allons régresser au niveau mondial en termes de développement humain et de qualité de vie. Alors que certains pays continueront à s’améliorer, d’autres pays et la planète dans son ensemble commenceront à régresser, pour finalement retomber, d’ici la fin du siècle, à des niveaux de développement humain et de qualité de vie similaires à ceux de 1900. »
Point de basculement
La conclusion générale des auteurs de l’article est la suivante :
« Les résultats du modèle indiquent clairement la fin imminente de la courbe de croissance exponentielle. La consommation excessive de ressources par l’industrie et l’agriculture industrielle pour nourrir une population mondiale croissante épuise les réserves au point que le système n’est plus viable. La pollution est à la traîne de la croissance industrielle et n’atteint son maximum qu’à la fin du siècle. Les pics sont suivis d’une forte diminution de plusieurs caractéristiques. »
Les auteurs notent également que ce sont les ressources, et non la « pollution », qui sont à l’origine de ce tournant :
« Cet effondrement interconnecté… qui se produira entre 2024 et 2030 est dû à l’épuisement des ressources, et non à la pollution. »
Ils émettent également une mise en garde intéressante. En effet, le modèle World3 fonctionne grâce à un ensemble de connexions qui existent dans un environnement de croissance. Dans un environnement en déclin, elles sont susceptibles de se reconfigurer de différentes manières. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de déclin, mais que les lignes actuelles du modèle qui le décrivent ne suivront peut-être pas tout à fait les mêmes schémas.
Une dernière remarque de ma part. Les économistes sont surexcités lorsque quelqu’un mentionne la « décroissance », et des compagnons de route tels que l’Institut Tony Blair traitent la politique climatique comme s’il s’agissait d’une sorte de discussion politique typique des années 1990. Le fait est que nous allons connaître la décroissance, que nous pensions ou non que c’est une bonne idée. Les données dont il est question ici concernent en fait le point de basculement à la fin d’une courbe exponentielle de 200 à 250 ans, du moins dans les régions les plus riches du monde. La seule question est de savoir si nous gérons la décroissance ou si nous la laissons arriver. Cette question n’est pas neutre. Je ne sais pas laquelle des deux options est la pire.
–
Une version de cet article a également été publiée sur ma lettre d’information Just Two Things.
Republication de l’article paru le 20 mai 2025 sur The Next Wave
I’m used to environmentalists and futurists writing about The Limits to Growth. I’m less used to seeing investment writers mention research that’s linked to The Limits of Growth. But that’s what Joachim Klement didin his daily newsletter recently.
Of course, anyone who writes about Limits of Growth has to do all the usual disclaimers first. This is because the combination of the words “limits” and “growth” in the title produced a lot of critical responses, on a range from straight-up hatchet jobs which misrepresented the book, to people who didn’t appear to understand the systems dynamics model that sat behind it.
(Photo: The Club of Rome)
(I edited a special edition of the APF newsletter Compass that looked back at Limits to Growth. There’s an article in there by Ugo Bardi that goes into the detail of the history of the assault on Limits when it was published.)
Standard run
Klement puts it this way:
Here is what the model actually predicted. The scientists at the MIT modelled three scenarios [actually 13, including these three–AC]: business as usual (what was then called ‘standard run’), a technologically enhanced world where technological progress eliminates most limits to growth, and a stabilised world where our economies shift to a sustainable (i.e. non-resource consuming) model by the turn of the century.
The trouble with the ‘standard run’ is that its 50-60 year outcomes weren’t that good. They suggest that global industrial output will start to decline in the mid-2020s (checks calendar), and that global population will start to decline in the mid-2030s.
In the 2010s, Graham Turner looked at the standard run against out-turn data, as Klement reminds us, and found it a good fit. Gaya Herrington updated this research in the early 202s—as per my Just Two Things piece linked here—and it was a still a good fit.
Recalibrating the model
Now another group of scientists have gone back to the original World3 model and recalibrated it against the best fit data, which is what has prompted Klement’s article. ‘Recalibration of limits to growth: An update of the World3 model’, by Nebel et al, is published open access in the Journal of Industrial Ecology.
The point of doing this is—as they say in their abstract—is
to better match empirical data on world development.
For assurance, the article goes into detail about their method and their approach, including access to the Python scripts they have used, which have been posted on Github. As they explain:
Since the model was calibrated with the limited capabilities in terms of computing power and data processing in 1972, it seems interesting to what extent a recalibration of the model is possible and what are the effects of such a recalibration. The data situation has improved enormously since then.
Overshoot and collapse
What this means is that the recalibrated model reflects the best available current data.
Klement explains the approach this way:
If the recalibrated model deviates significantly from the forecasts of the 1970s, we have made progress. And given the accuracy of the original model, we can also take some comfort that any progress we made is likely to be real and we have truly extended economic growth further into the future.
And the outcomes of this recalibration? Well, they’re not good. Again from the abstract to the article:
This improved parameter set results in a World3 simulation that shows the same overshoot and collapse mode in the coming decade as the original business as usual scenario of the LtG standard run. [My emphasis]
Industrial production decline
It is worth spelling out the dimensions of this overshoot and collapse. As it happens, there are some handy charts both in Joachim Klement’s article and in the original paper. I’ve reproduced Klement’s versions here because they are easier to read, but the originals are downloadable from the original article.
The first chart is for industrial production, where the recalibrated version tracks the original to the centimetre, pretty much. Does this matter? Klement does the usual wave towards the fact that we live in a much more services-based economy than we did even when the Limits team did the original study.
(Source: Nebel et al, 2023, adapted Klement)
Peaking food production
I’m not completely convinced of this. As David Mindell observes in The New Lunar Society (I have a review in the works), industrial production has significant multiplier effects on other economic activity, even if this is largely overlooked by economics [p33]. The updated population diagram also follows closely the decline in the mid-2030s that is seen in the Limits base case projection.
On food production, it
also seems to be peaking right about now indicating that despite continuous growth in the global population, we are experiencing declining global food production.
Delaying the peak
So it’s possible to imagine that one of the reasons why population starts to decline is because there isn’t enough food to go around. It’s also possible to imagine that the higher peak, and faster overshoot, is a result of the intensification of agriculture and food production, which is about the application of technology. As one of the Limits’ authors, Dennis Meadows, always insisted when asked, technology can delay a peak, but the crash comes harder when it comes.
(Source: Nebel et al, 2023, adapted Klement)
The third chart here is for ‘persistent pollution’, which is a modelling shorthand for a range of externalities including CO2 emissions. Here, on the face of it, we have beaten the model: ‘persistent pollution’ is currently much lower than the World3 standard run. But given that it climbs much higher, and hangs around for much longer, it actually just seems that with better data it turns out that initial effects were less severe but the delays in the system were much greater than the original model assumed.
(Source: Nebel et al, 2023, adapted Klement)
Downhill from here
The last chart assembles something from the data that wasn’t done in the original Limits to Growth work because the concept hadn’t been developed. But it is possible to assemble a Human Development Index from the data, and reference it against the original model and the revised version. It doesn’t come out well.
(Source: Nebel et al, 2023, adapted Klement)
On this last chart, Klement is most depressed, and I think with good reason:
If [this chart] is true, it says that today is peak human civilisation, from now on we are going backward on a global level in terms of human development and quality of life, While some countries will continue to improve, other countries and the planet as a whole will start to go backward, ultimately dropping back to similar levels of human development and quality of life as in 1900 by the end of this century.
Tipping point
The overall conclusion by the article’s authors is:
[T]he model results clearly indicate the imminent end of the exponential growth curve. The excessive consumption of resources by industry and industrial agriculture to feed a growing world population is depleting reserves to the point where the system is no longer sustainable. Pollution lags behind industrial growth and does not peak until the end of the century. Peaks are followed by sharp declines in several characteristics.
They also note that the cause of this turning point is resources, not ‘pollution’:
This interconnected collapse… occurring between 2024 and 2030 is caused by resource depletion, not pollution.
They also have an interesting caveat. This is that the way the World3 model works is a through a set of connections that exist within an environment of growth. In an environment of decline, they are likely to reconfigure themselves in different ways. That doesn’t mean that there won’t be a decline—just that the current lines in the model that describe it may not follow quite the same patterns.
But one final note from me. Economists get over-excited when anyone mentions ‘degrowth’, and fellow-travellers such as the Tony Blair Institute treat climate policy as if it is some kind of typical 1990s political discussion. The point is that we’re going to get degrowth whether we think it’s a good idea or not. The data here is, in effect, about the tipping point at the end of a 200-to-250-year exponential curve, at least in the richer parts of the world. The only question is whether we manage degrowth or just let it happen to us. This isn’t a neutral question. I know which one of these is worse.
Traduction perplexity – article original paru sur phys.org
Historical and future projections of global climate and carbon cycle states. Credit: Nature Communications
Avez-vous déjà pensé à ce qui se passerait si toute la vie dans l’océan disparaissait ? Une étude récente explore ce scénario extrême pour comprendre comment la biologie océanique façonne le climat passé, présent et futur.
L’océan joue un rôle crucial dans la régulation du climat terrestre. Il constitue un immense réservoir de carbone qui absorbe environ 25 % des émissions humaines, contribuant ainsi à maintenir un niveau relativement bas de CO₂ dans l’atmosphère. Mais que se passerait-il si toute la vie marine – du plus petit plancton à la plus grande baleine – disparaissait ? Une étude récente se penche sur ce scénario extrême afin de révéler le rôle essentiel que joue la biologie océanique dans l’atténuation du changement climatique.
La vie marine aide à stocker le carbone dans l’océan. Le plancton et d’autres organismes vivants consomment du carbone près de la surface de l’océan et, lorsqu’ils meurent, ils coulent dans les profondeurs, emportant avec eux le carbone issu de l’atmosphère. Ce processus est appelé la pompe biologique à carbone.
Mais quelles seraient les conséquences si toute la vie marine disparaissait ?
Les chercheurs Jerry Tjiputra, Damien Couespel et Richard Sanders, tous affiliés à NORCE et au Bjerknes Centre, ont utilisé le Norwegian Earth System Model (NorESM) pour simuler précisément ce scénario dans leur étude « Marine ecosystem role in setting up preindustrial and future climate », publiée dans Nature Communications.
Un lien souvent négligé
Dans une expérience de simulation, les chercheurs ont gardé les conditions aussi réalistes que possible, tandis que dans l’autre, ils ont supprimé toute vie marine. Comme prévu, l’élimination de la vie marine a entraîné une augmentation significative des niveaux de CO₂ atmosphérique, d’environ 50 %.
« Mais la simulation a montré que, dans un scénario où toute la vie marine est éradiquée, les écosystèmes terrestres absorberaient environ la moitié du carbone que l’océan ne peut plus capter sans la vie marine », explique le chercheur Damien Couespel.
« Nous savons depuis longtemps que la pompe biologique à carbone joue un rôle crucial pour maintenir les niveaux de CO₂ atmosphérique bas. Cependant, la plupart des études ont négligé l’interaction avec les écosystèmes terrestres. Notre recherche suggère que les écosystèmes terrestres compensent si la vie marine est éradiquée et que la capacité de l’océan à absorber le CO₂ est ainsi limitée », ajoute Jerry Tjiputra, auteur principal de l’étude.
Remise en question des idées reçues
Pour comprendre l’importance de la vie marine dans la capacité de l’océan à absorber les émissions humaines, les chercheurs ont également mené des simulations du climat terrestre avant l’ère industrielle (avant 1850) et les ont comparées à une simulation des émissions futures.
Cela a été réalisé avec et sans vie marine.
« Dans tous les cas, beaucoup plus de CO₂ resterait dans l’atmosphère si toute la vie marine était supprimée. Cela s’explique par le fait que, sans organismes vivants pour consommer le carbone à la surface de l’océan, la teneur en carbone à la surface est bien plus élevée. Cela limite la capacité de l’océan à absorber davantage de CO₂ », explique Jerry Tjiputra.
« Nos résultats remettent donc en cause le paradigme selon lequel l’absorption du carbone par l’océan est principalement dictée par des processus physiques et chimiques, plutôt que biologiques. Un océan sans vie verrait sa capacité d’absorption des émissions de carbone réduite », affirme Damien Couespel.
Dans ce scénario extrême, nous connaîtrions un réchauffement plus rapide et plus intense, avec le risque de déclencher d’autres processus susceptibles d’amplifier encore le réchauffement.
Un scénario instructif
Tjiputra et ses collègues reconnaissent que l’absence totale de vie dans l’océan est un scénario extrême, mais ils estiment que l’étude a apporté des enseignements précieux.
« Nous avons appris que la vie marine et terrestre collaborent pour réguler notre climat et que la vie marine joue un rôle clé dans l’évolution du changement climatique. Notre recherche souligne clairement le lien entre la protection des écosystèmes marins et la lutte contre le changement climatique.
Un océan en bonne santé nous fait gagner du temps. Les dégâts causés aux écosystèmes marins peuvent accélérer considérablement le changement climatique d’origine humaine et compliquer davantage la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. Préserver la fonction des écosystèmes marins est essentiel pour atténuer le changement climatique et ses risques associés », conclut Jerry Tjiputra.
More information: Jerry F. Tjiputra et al, Marine ecosystem role in setting up preindustrial and future climate, Nature Communications (2025). DOI: 10.1038/s41467-025-57371-y
En cuisine, il y en a de fantastiques. Couper, mélanger, pétrir, chauffer, … Souvent polyfonctionnels, agrémentés de multiples accessoires, les robots sont parfois nos amis. Mais pas toujours.
Par « robots », on entend aussi ces programmes d’intelligence artificielle capables d’inonder un réseau social de fausses informations. Un quart des tweets climato-sceptiques serait l’œuvre de robots, écrivait Marie-Amélie Carpio dans National Geographic en … 2020.
X s’appelait Twitter, nous étions en pleine pandémie, l’IA s’apprêtait à envahir la planète.
L’année suivante, le monde s’interroge sur les armes létales autonomes. Les « Robots tueurs » font l’objet de débats à l’ONU (*).
Depuis, tout s’emballe.
Du côté des sciences médicales, l’IA permet déjà de faire reculer des barrières en termes de diagnostique, de dépistage de virus, d’accès aux connaissances et de leur partage, de recherche fondamentale, de conception de nouveaux médicaments, … mais aussi de créer des neurotoxines susceptibles de faire disparaître l’humanité (*).
Côté grand public, l’IA répond à des questions d’examen, crée des images, dialogue avec qui le souhaite. L’IA devient un outil quasi quotidien pour certains d’entre nous.
En entreprises, ce sont les agents d’IA (*) qui s’apprêtent à remplacer des services entiers. L’impact sur l’emploi n’est pas encore mesuré mais s’annonce énorme (*).
Entreprises où la robotisation existait déjà. L’IA vient ajouter de la précision, de la plasticité dans les processus. Parfois, cette collaboration robot / IA provoque quelques surprises un peu effrayantes. Dont la mort d’un homme durant l’inspection d’un robot en Corée du Sud en 2023 (*).
Avec les perfectionnements de l’intelligence artificielle et les progrès en robotique, d’autres évolutions sont en marche, dont les robots humanoïdes.
Il existe déjà des humanoïdes composés du même nombre d’articulations et de muscles que nous. Un véritable exploit technologique.
On nous promet : des assistants en hôpital, des chiens, des serveurs, des assistants ménagers, … bref une collection de robots à usage domestique. Ils sont estimés à potentiellement 3 milliards en 2060 ! Un marché qui suscite bien des investissements (*).
Sans compter le domaine militaire avec les drones, les chiens tueurs, les humanoïdes de combat, les avions, bateaux, sous-marins et autres engins pilotés par IA.
Le recours potentiel en ressources (*) et en énergie (*) de ce « secteur d’activité » implique d’accroître fortement le rythme d’investissement dans l’extraction de celles-ci.
La demande en minerais, eau (*), énergie liée aux usages de l’IA et des robots s’ajoute à celle d’autres usages digitaux (réseaux sociaux, stockage de données,…)(*) et à celle de la Transition énergétique (*).
Est-ce tenable ?
Nous assistons à l’émergence d’une nouvelle bulle spéculative de grande ampleur. Une course aux investissements alimentée par la promesse de profits et de l’avènement espéré d’un monde techno-centré sans plus aucune limite. Une dystopie 2.zéro-futur.
Mettre en perspective cette trajectoire actuelle avec les recherches scientifiques en matière de gestion des ressources, de l’énergie, des pollutions, du réchauffement climatique, de l’effondrement de la biodiversité, c’est prendre la mesure de risques concrets d’effondrement de nos sociétés. A court terme.
Un robot infirmier viendra-t-il à notre chevet ?
Tableau des principales IA (généré par IA) Il existe aujourd’hui de nombreuses intelligences artificielles (IA) développées par des entreprises, des laboratoires de recherche ou des consortiums open source. Voici un aperçu des principales IA et de leurs développeurs :
🧠 IA Générales de Traitement du Langage (LLM) 1. ChatGPT Développeur : OpenAI Technologie : GPT-3.5, GPT-4, GPT-4-turbo (selon la version) Utilisation : Chat, génération de texte, code, assistance générale. 2. Gemini (anciennement Bard) Développeur : Google DeepMind Technologie : Gemini 1, 1.5 Utilisation : Réponses conversationnelles, recherche, intégration dans les produits Google. 3. Claude Développeur : Anthropic Technologie : Claude 1, 2, 3 Utilisation : Chat, génération de contenu, rédaction, alignement éthique. 4. Mistral Développeur : Mistral AI (startup française) Technologie : Mistral 7B, Mixtral Utilisation : Modèles open-source, flexibles pour divers cas d’usage. 5. LLaMA Développeur : Meta (Facebook) Technologie : LLaMA 2, LLaMA 3 Utilisation : Open-source, recherche et intégration produit (Meta AI). 6. Command R / R+ Développeur : Cohere Technologie : Optimisé pour le « retrieval-augmented generation » (RAG) Utilisation : IA conversationnelle avec récupération de documents.
🎨 IA pour la génération d’images 1. DALL·E Développeur : OpenAI Utilisation : Génération d’images à partir de texte. 2. Midjourney Développeur : Midjourney, Inc. Utilisation : Illustrations artistiques très détaillées. 3. Stable Diffusion Développeur : Stability AI (et communauté open source) Utilisation : IA générative libre pour images. 4. Imagen Développeur : Google DeepMind Utilisation : Recherche avancée en génération d’images.
🔊 IA vocales 1. Whisper Développeur : OpenAI Utilisation : Reconnaissance vocale, transcription multilingue. 2. VALL-E, Voicebox Développeur : Microsoft, Meta Utilisation : Synthèse vocale, clonage de voix.
🤖 Autres types d’IA Tesla Autopilot / FSD (Tesla) – Conduite autonome AlphaFold (DeepMind) – Prédiction de structure de protéines Grok (xAI d’Elon Musk) – IA conversationnelle sur X/Twitter Perplexity AI – IA conversationnelle orientée recherche avec sources
Une majorité silencieuse de la population mondiale souhaite une action climatique plus forte. Il est temps de se réveiller.
Mark Hertsgaard & Kyle Pope
deepltraduction Josette – article original paru dans The Guardian
Environ 89 % des citoyens souhaitent que leurs gouvernements fassent davantage pour lutter contre la crise climatique, mais ils ne savent pas qu’ils constituent la majorité.
Le Guardian s’associe à des dizaines de rédactions du monde entier pour lancer le projet 89 % et mettre en évidence le fait que la grande majorité de la population mondiale souhaite une action en faveur du climat.
Une superpuissance dans la lutte contre le réchauffement climatique se cache à la vue de tous. Il s’avère que l’écrasante majorité de la population mondiale – entre 80 % et 89 %, selon un nombre croissant d’études scientifiques évaluées par des pairs – souhaite que ses gouvernements prennent des mesures plus énergiques pour lutter contre le changement climatique.
En tant que cofondateurs d’une association à but non lucratif qui étudie la couverture médiatique du changement climatique, nous avons été surpris par ces résultats. Et ils constituent une vive réfutation des efforts de l’administration Trump pour attaquer tous ceux qui se préoccupent de la crise climatique.
Depuis des années, et plus particulièrement en cette période politique difficile, la plupart des reportages sur la crise climatique sont défensifs. Les personnes qui soutiennent l’action en faveur du climat se voient implicitement dire – par leurs élus, par l’industrie des combustibles fossiles, par la couverture médiatique et le discours des médias sociaux – que leur point de vue est minoritaire, voire marginal.
Ce n’est pas ce que révèle la nouvelle étude.
L’étude la plus récente, intitulée People’s Climate Vote 2024, a été réalisée par l’Université d’Oxford dans le cadre d’un programme lancé par les Nations unies après l’accord de Paris de 2015. Dans les pays les plus pauvres, où vivent environ quatre habitants de la planète sur cinq, 89 % des citoyens souhaitent une action climatique plus forte. Dans les pays riches et industrialisés, environ deux personnes sur trois souhaitaient une action plus forte. Si l’on combine les populations riches et pauvres, « 80 % [des personnes dans le monde] souhaitent que leur gouvernement prenne davantage de mesures en faveur du climat ».
Le Yale Program on Climate Change Communication – qui, avec son partenaire, le George Mason University Center for Climate Change Communication, est sans doute la référence mondiale en matière d’études d’opinion sur le climat – a publié de nombreuses études qui vont dans le même sens : la plupart des gens, dans la plupart des pays, souhaitent une action plus énergique face à la crise climatique.
Un angle supplémentaire fascinant de 89 % a été documenté dans une étude publiée par Nature Climate Change, qui note que l’écrasante majorité mondiale ne sait pas qu’elle est la majorité : « Les individus du monde entier sous-estiment systématiquement la volonté d’agir de leurs concitoyens », indique le rapport.
Nous pensons que le décalage actuel entre la volonté citoyenne et les actions des gouvernements équivaut à un déficit démocratique
En d’autres termes, une majorité écrasante de personnes souhaite une action plus forte contre le changement climatique. Mais pour l’instant, cette majorité climatique mondiale est une majorité silencieuse.
Prises dans leur ensemble, ces nouvelles recherches remettent en cause les idées reçues sur l’opinion concernant le climat. À l’heure où de nombreux gouvernements et entreprises hésitent à éliminer rapidement les combustibles fossiles à l’origine de chaleurs, d’incendies et d’inondations meurtrières, le fait que plus de huit êtres humains sur dix sur la planète souhaitent que leurs représentants politiques préservent un avenir vivable offre une lueur d’espoir bien nécessaire. La question est de savoir si et comment ce sentiment de masse peut se traduire par une action efficace.
Que se passerait-il si cette majorité climatique silencieuse se réveillait, si ses membres comprenaient combien de personnes, tant dans des pays lointains que dans leurs propres communautés, pensent et ressentent la même chose qu’eux ? Comment les actions de cette majorité – en tant que citoyens, consommateurs, électeurs – pourraient-elles changer ? Si le récit actuel dans les médias et les réseaux sociaux passait du repli et du désespoir à la confiance en soi et à l’objectif commun, les gens passeraient-ils du statut d’observateurs passifs à celui de façonneurs actifs de leur avenir commun ? Dans l’affirmative, quels types d’actions climatiques exigeraient-ils de leurs dirigeants ?
Telles sont les questions qui animent le projet 89 %, une initiative médiatique d’un an qui a été lancée cette semaine. L’association journalistique à but non lucratif que nous dirigeons, Covering Climate Now, a invité les rédactions du monde entier à rendre compte, indépendamment ou ensemble, des majorités climatiques constatées dans leurs communautés.
Qui sont les personnes qui composent les 89 % ? Étant donné que le soutien à l’action climatique varie selon les pays (74 % aux États-Unis, 80 % en Inde, 90 % au Burkina Faso), ce soutien varie-t-il également en fonction de l’âge, du sexe, de l’affiliation politique et du statut économique ? Qu’attendent les membres de la majorité climatique de leurs dirigeants politiques et communautaires ? Quels sont les obstacles qui se dressent sur leur chemin ?
La semaine de couverture médiatique qui a débuté mardi sera suivie par des mois de reportages supplémentaires qui exploreront d’autres aspects de l’opinion publique sur le changement climatique. Si la plupart des membres de la majorité climatique n’ont pas conscience d’être la majorité, ne réalisent-ils pas non plus que le désamorçage de la crise climatique est loin d’être impossible ? Les scientifiques affirment depuis longtemps que l’humanité possède les outils et le savoir-faire nécessaires pour limiter la hausse des températures à l’objectif ambitieux de l’accord de Paris, à savoir 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels. Ce qui fait défaut, c’est la volonté politique de mettre en œuvre ces outils et d’abandonner les combustibles fossiles. Le projet 89 % culminera avec une deuxième semaine commune de couverture avant la réunion des Nations unies sur le climat, la Cop30, qui se tiendra au Brésil en novembre.
Bien qu’il soit impossible de savoir combien de rédactions participeront à la couverture de cette semaine, les premiers signes sont encourageants. Le journal The Guardian et l’agence de presse Agence France-Presse ont rejoint le projet en tant que partenaires principaux. Parmi les autres rédactions qui proposent une couverture, citons les magazines Nation, Rolling Stone, Scientific American et Time aux États-Unis, le journal National Observer au Canada, le radiodiffuseur mondial Deutsche Welle en Allemagne, le journal Corriere della Sera en Italie, le journal Asahi Shimbun au Japon et la collaboration multinationale Arab Reporters for Investigative Journalism, dont le siège est en Jordanie.
Nous pensons que le décalage actuel entre la volonté publique et l’action gouvernementale constitue un déficit démocratique. Ce déficit peut-il être comblé si la majorité climatique prend conscience de son existence ? Les gens éliraient-ils des dirigeants différents ? Achèteraient-ils (ou n’achèteraient-ils pas) des produits différents ? Parleraient-ils différemment à leur famille, à leurs amis et à leurs collègues de travail de ce qui peut être fait pour construire un avenir plus propre et plus sûr ?
La première étape pour répondre à ces questions est de donner une voix à la majorité climatique silencieuse. C’est ce qui se produira, enfin, cette semaine dans les médias du monde entier.
Mark Hertsgaard et Kyle Pope sont les cofondateurs de la collaboration journalistique mondiale Covering Climate Now.
Ces dernières années, l’évidence de la Transition énergétique est remise en cause sous différents aspects. Quid des ressources ? Des pollutions engendrées par l’extraction de celles-ci ? Dans quel contexte économique et social ? Pour quel projet de société ?
Vincent Mignerot, auteur de L’Énergie du déni, s’interroge sur l’absence de travaux scientifiques argumentant la faisabilité de cette transition. Avec Le Réveilleur, ils proposent que les chercheurs s’expriment : la transition énergétique est-elle basée sur des concepts solides ? Un débat passionnant à suivre.
obsant.eu
Le contenu de cet article est contesté voir remarque
En 2025, la transition énergétique et la décarbonation peinent à faire leurs preuves. Les émissions de CO2 battent tous les records, la croissance économique ne repart pas et les « dynamiques locales de transition » ne parviennent pas à s’affranchir du marché mondialisé, et carboné à 80%, des ressources, des produits manufacturés et des valeurs. Dans ce contexte, il est légitime d’ouvrir un débat sur la faisabilité concrète de la transition énergétique et de la décarbonation.
Rodolphe MEYER, créateur de la chaîne de vulgarisation scientifique 𝘓𝘦 𝘙é𝘷𝘦𝘪𝘭𝘭𝘦𝘶𝘳, recherche, afin de débunker mon travail, « des personnes qui ont essayé de faire comprendre [mes] erreurs de physique et/ou d’épistémologie ». Je suis également en quête de contradiction, afin que nous nous assurions bien, collectivement, que la transition énergétique n’aggrave pas la situation économique et n’augmente pas les risques écologiques !
Voici le lien vers l’appel à contribution de Rodolphe, ainsi que vers les échanges avec d’autres interlocuteurs motivés par le sujet : https://lnkd.in/ddM8i8MS
Comme le souhaite Rodolphe, le mieux serait que des chercheurs du domaine alimentent eux-mêmes ce débat, à partir de la littérature qui garantirait que la substitution des énergies est possible pour les sociétés thermo-industrielles.
Les échanges pourront être engagés, par exemple, à partir de ces questions, délicates mais nécessaires :
➡️ Pour quelle raison a-t-il été accepté que la prescription de la transition énergétique n’ait pas présenté, jusqu’à aujourd’hui, le matériel censé attester de la possibilité physique d’opérer cette transition (les modèles ne pouvant faire office de garantie d’applicabilité de leurs conclusions, voir : https://lnkd.in/gc-cVpfh) ?
➡️ Est-ce que les chercheurs, et le public qui les écoute, accepteraient que la biologie, les mathématiques, l’anthropologie, l’histoire, la médecine, la chimie, etc. ne présentent pas les connaissances acquises, ou les théories sur lesquelles ces disciplines s’appuient, qui motivent leurs explorations et, parfois, leurs propres prescriptions pour la société ?
Pour transmettre des sources scientifiques validant la transition énergétique : contribution@definenergie.tech
Au plaisir de ces échanges !
Remarque : Sur LinkedIn fin avril, Rodolphe Meyer conteste l’affirmation de Vincent Mignerot concernant cet appel à contribution :
Ah non cet appel ne vise pas à debunker ton travail. C’est juste une curiosité pour savoir de qui tu te fous ouvertement de la gueule quand tu dis que tout ce qu’on t’a répondu c’est que « les canards et les sèches cheveux c’est la même chose » parce qu’on sait tous les deux (mais pas que !) que tu as eu beaucoup d’autres éléments de réponse !
Que tu fasses ce gigantesque homme de paille qui sert de titre et d’intro de la vidéo est une honte pour toi et pour Limit.
Début avril, des professionnels de la santé et des scientifiques, publient une carte blanche pour s’insurger contre les propos de la ministre wallonne de l’Agriculture concernant les pesticides i.
En cause, des déclarations jugées « erronées, inexactes, voire mensongères »…
Le débat n’est ni local, ni récent.
La ministre, également agricultrice, souhaitant modérer les critiques des scientifiques contre des molécules considérées comme indispensables pour la rentabilité des exploitations agricoles.
Les scientifiques luttant depuis longtemps pour attirer l’attention sur les conséquences bien réelles pour la santé humaine et pour l’environnement liées à l’usage de ces polluants.
On peut comprendre le désarroi de l’exploitant agricole, soumis aux pressions du secteur agro-industriel en termes de production et de rentabilité. Mais, cela ne peut amener à ignorer les résultats des études menées sur ces polluants.
A commencer par le secteur lui-même, victime de ses propres pratiques. Ce qu’explicite un article de Stéphane Horel : « « Agriculteurs intoxiqués » : dans toute l’Europe, les malades des pesticides abandonnés à leur sort » paru dans Le Monde en 2022 ii.
Maladie de Parkinson, différents cancers, en France une association de Phyto-Victimes a été créée le 19 mars 2011. Par des professionnels du monde agricole…iii.
Parmi les victimes des pesticides, les enfants. Ce que montre déjà les analyses d’urines réalisées en Belgique en 2019 à l’initiative de Testachats. Sur les 84 enfants âgés de 2 à 15 ans originaires de toutes les régions le constat est sans appel : « tous les échantillons urinaires contiennent des traces de pesticides »iv.
Plus généralement, si l’on croise les mots-clefs « enfant » et « pesticide » dans notre base de données, on obtient des références explicites quant au caractère dangereux de ces polluants : liste pesticides & enfants .
Et certains de ces polluants sont éternels… Les PFAS. Les rivières, le cycle de l’Eau, l’environnement sont bien pollués à partir de pratiques agricoles v.
Citoyennes et citoyens ont un intérêt direct à une information scientifique autour des politiques agricoles. Les conséquences de certaines pratiques font partie des risques biens réels pour la santé humaine.
S’il est dans l’air du temps de s’affranchir des « contraintes » des politiques environnementales, il est urgent de rappeler que les enjeux sont bien notre santé et l’état de notre environnement.
Nous savons aujourd’hui que 3M savait depuis les années 70 au moins que les molécules perfluorées qu’elle fabrique sont « éternelles » et toxiques. Les responsables de l’entreprise savent et pendant des années, ils ont prétendu le contraire, à peine édulcoré leur publicité. Ils ont multiplié les usages et les volumes produitsi. Nous sommes ici face à un comportement toxique similaire à ce qui a déjà été largement démontré pour le tabac et l’amiante : l’industrie est au courant des effets néfastes de son produit mais pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or, cette information est dissimulée, atténuée, combattue dans la presse par la manipulation de la science, de l’information.
Là où la situation est différente, c’est que le tabac est surtout toxique pour ceux qui le consomment et que ses effets s’arrêtent en grande partie lorsque l’on arrête de fumer ou si l’on arrêtait globalement d’en produire. Pour l’amiante, le produit est difficile à enlever de là où on l’a placé, le nettoyage est dangereux mais les volumes sont de l’ordre du gérable et surtout l’amiante est inerte et essentiellement concentrée de par les applications qui en ont été faites.
Dans le cas de 3M et des produits perfluorés qu’elle disperse à large échelle depuis 75 ans, la situation est différente, les produits sont utilisés dans des usages dispersifs et gardent leurs propriétés toxiques pour une durée indéterminée mais très longue, au point qu’on les nomme éternelles. Les produits se retrouvent dans nos objets du quotidien mais aussi dans nos alimentsii. Et comme ils sont lipophiles, ils s’accumulent dans les graisses des omnivores et des carnivores que nous sommes.
Les estimations les plus récentes estiment qu’il ne sera pas possible de dépolluer les terres contaminées en Flandreiii, et probablement partout dans le monde. Le cout économique et le volume de terre et d’eau à traiter sont tout simplement trop importantsiv. On peut bien sûr traiter les endroits les plus pollués, ou y interdire la vie, à l’image de ce qui fût fait autour de Tchernobyl, mais on ne peut pas imaginer se débarrasser des molécules.
Or, chacune de ces molécules peut potentiellement mettre en péril la santé d’un être vivant, et plusieurs fois au cours de sa vie éternelle. Les quantités nécessaires pour avoir un effet sur la santé sont infinitésimales. Poursuivre leur production nous emmène chaque jour un peu plus vers une terre stérile. Dans ce contexte, nous allons devoir apprendre à vivre avec les molécules déjà dispersées, adopter des pratiques qui réduisent notre exposition individuelle et leur impact sur notre santé.
Au niveau individuel, nous devons tenter de réduire notre exposition en réduisant les sources d’exposition directes les plus fortesv et en particulier pour les femmes et hommes qui souhaitent peut-être avoir des enfants un jour, en ce y compris les enfants. A défaut de pouvoir nettoyer, l’action collective la plus urgente est de bannir leur usage au niveau législatif, en particulier dans les applications domestiques, à commencer par les pesticides, les usages culinaires et cosmétiques et les textiles. L’homme a vécu des milliers d’année sans PFAS, nous pouvons rapidement passer à une économie sans PFAS sans craindre l’extinction de l’espèce humaine. Mais pour cela, il faut un peu de courage politique pour mettre l’humain avant le profitvi.
Météo-France a rassemblé dans un rapport une synthèse scientifique […] décrivant le futur climatique de l’Hexagone et de la Corse.
Ci-dessous, la reprise d’un post Linkedin de Jean-Marc Jancovici présentant ce travail.
Jean-Marc Jancovici
Le climat se réchauffe. Il va continuer à le faire. Alors le gouvernement français a demandé aux acteurs du pays de réfléchir à la manière de « s’adapter » à une hausse de la température moyenne en France de 4°C par rapport à l’ère préindustrielle, ce qui correspond à une hausse planétaire de +3 °C environ.
La température monte en effet plus vite sur les continents que sur les océans, et par ailleurs l’Europe se réchauffe actuellement deux fois plus vite que la moyenne planétaire.
Que peuvent signifier ces 4°C de hausse nationale si l’on essaye de devenir un peu concret ? Combien de canicules et avec quelles valeurs atteintes, de jours de sécheresse, de précipitations intenses, de risques d’incendie, etc ?
C’est à ces questions que Météo France tente de répondre dans un rapport tout juste paru (*).
Les principales conclusions sont les suivantes :
– en 2100 des températures supérieures à 40 °C pourront se produire tous les ans à peu près partout sur le territoire, et les 50 °C dépassés en de nombreux endroits. Il faut s’attendre à 10 fois plus de jours de vagues de chaleur.
– les nuits chaudes, au-delà de 20 °C, pourront se produire 120 fois par an sur le littoral méditerranéen
– le gel se réduira à une quinzaine de jours en moyenne sur la France. Le risque de dégâts sera important si il se produit à des stades végétatifs avancés.
– les pluies intenses augmenteront de +15 % en moyenne, et jusqu’à +20 % sur la moitié nord du pays.
– l’évapotranspiration potentielle de la végétation augmenterait de 20% en France… si la végétation est toujours là !
– il y aura 1 mois supplémentaire de sol sec dans la moitié nord et jusqu’à 2 mois dans la moitié sud. Les sécheresses deviendront fréquentes en été et se poursuivront souvent en automne. La sécheresse estivale de 2022 deviendra un événement ordinaire. Certains événements de sécheresse pourront même s’étaler sur plusieurs années consécutives.
– le risque élevé d’incendie s’étendra régulièrement à tout le territoire. Les régions de la Loire au Bassin parisien connaîtront la situation actuelle de l’arrière-pays méditerranéen.
– le nombre de jours de neige au sol en hiver (enneigement supérieur à 5 cm) se réduira drastiquement sur tous les massifs. Cela ne va pas contrarier que les skieurs : c’est tout le système hydrologique aval qui sera impacté.
Question : que signifie de « s’adapter » à ce contexte ? Peut-on « adapter » des forêts et des cultures (et manger reste la base de tout le reste du PIB, y compris la défense !) à des canicules estivales permanentes et un climat plus aride ?
Peut-on « adapter » notre civilisation actuelle à beaucoup moins d’eau ? A des bâtiments endommagés ?
Il est évident que cela va passer par des pertes non compensées et de très nombreuses surprises très désagréables. Mais il est tout aussi évident que plus on y pense à l’avance, et mieux on se sortira des difficultés.