Soirée conférence « Le Mensonge Total » avec Michaël Correia et Vinz Kanté








Traduction jmvh – article paru sur The Conversation
Les mauvaises nouvelles concernant le climat sont omniprésentes. L’Afrique est particulièrement touchée par le changement climatique et les phénomènes météorologiques extrêmes, qui ont un impact sur la vie et les moyens de subsistance de ses habitants.
Nous vivons dans un monde qui se réchauffe à un rythme sans précédent depuis le début des relevés. Pourtant, les gouvernements tardent à agir.
La conférence annuelle des parties sur le changement climatique () (COP30) aura lieu dans quelques mois. Les 197 pays membres des Nations unies étaient censés avoir soumis leurs plans climatiques nationaux actualisés à l’ONU avant février de cette année. Ces plans décrivent comment chaque pays réduira ses émissions de gaz à effet de serre conformément à l’accord international juridiquement contraignant de Paris. Cet accord engage tous les signataires à limiter le réchauffement climatique d’origine humaine à 1,5 °C maximum par rapport aux niveaux préindustriels.
Les gouvernements doivent également présenter leurs plans d’action nationaux pour le climat récemment mis à jour à la COP30 et montrer comment ils comptent s’adapter aux effets du changement climatique.
Mais jusqu’à présent, seuls 25 pays, représentant environ 20 % des émissions mondiales, ont soumis leurs plans, appelés « contributions déterminées au niveau national ». En Afrique, il s’agit de la Somalie, de la Zambie et du Zimbabwe. Il en reste 172 à présenter.
Les contributions déterminées au niveau national sont très importantes pour définir les engagements à court et moyen terme des pays en matière de changement climatique. Elles fournissent également une orientation qui peut éclairer les décisions politiques et les investissements à plus grande échelle. L’alignement des plans climatiques sur les objectifs de développement pourrait sortir 175 millions de personnes de la pauvreté.
Mais on peut considérer que seul l’un des plans soumis, celui du Royaume-Uni, est compatible avec l’accord de Paris.
Nous sommes des climatologues, et l’un d’entre nous (Piers Forster) dirige l’équipe scientifique internationale qui publie chaque année le rapport Indicateurs du changement climatique mondial. Ce rapport donne un aperçu de l’état du système climatique. Il s’appuie sur des calculs des émissions nettes de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale, de leur concentration dans l’atmosphère, de l’augmentation des températures au sol et de la part de ce réchauffement imputable à l’activité humaine.
Le rapport examine également l’intensification des températures et des précipitations extrêmes, l’élévation du niveau des mers et la quantité de dioxyde de carbone qui peut encore être émise avant que la température de la planète ne dépasse de 1,5 °C celle de l’ère préindustrielle. Ce point est important, car il est nécessaire de rester en dessous de 1,5 °C pour éviter les pires effets du changement climatique.
Notre rapport montre que le réchauffement climatique causé par l’homme a atteint 1,36 °C en 2024. Cela a fait grimper les températures mondiales moyennes (combinaison du réchauffement induit par l’homme et de la variabilité naturelle du système climatique) à 1,52 °C. En d’autres termes, le monde a déjà atteint un niveau de réchauffement tel qu’il ne peut plus éviter les effets significatifs du changement climatique. Il ne fait aucun doute que nous sommes en situation de danger.
Une planète dangereusement chaude
Bien que les températures mondiales aient été très élevées l’année dernière, elles n’avaient rien d’exceptionnel, ce qui est alarmant. Les données parlent d’elles-mêmes. Les niveaux record des émissions de gaz à effet de serre ont entraîné une augmentation des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde d’azote.
Il en résulte une hausse des températures qui grignote rapidement le budget carbone restant (la quantité de gaz à effet de serre pouvant être émise dans un délai convenu). À ce rythme, ce budget sera épuisé en moins de trois ans.¨
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Nous devons regarder la réalité en face : la fenêtre permettant de rester en dessous de 1,5 °C est pratiquement fermée. Même si nous parvenons à faire baisser les températures à l’avenir, le chemin sera long et difficile.
Dans le même temps, les phénomènes climatiques extrêmes s’intensifient, entraînant des risques et des coûts à long terme pour l’économie mondiale, mais aussi, et surtout, pour les populations. Le continent africain est aujourd’hui confronté à la crise climatique la plus meurtrière depuis plus de dix ans.
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Il serait impossible d’imaginer des économies fonctionnant sans un accès immédiat à des données fiables. Lorsque les cours boursiers s’effondrent ou que la croissance stagne, les responsables politiques et les chefs d’entreprise agissent de manière décisive. Personne ne tolérerait des informations obsolètes sur les ventes ou le marché boursier.
Mais en matière de climat, la rapidité du changement climatique dépasse souvent celle des données disponibles. Il est donc impossible de prendre des décisions rapides. Si nous traitions les données climatiques comme nous traitons les rapports financiers, chaque mise à jour catastrophique serait suivie d’une vague de panique. Mais alors que les gouvernements réagissent systématiquement face à un ralentissement économique, ils ont été beaucoup plus lents à réagir aux indications fournies par les principaux indicateurs climatiques, qui sont les signes vitaux de la Terre.
Ce qu’il faut faire maintenant
Alors que de plus en plus de pays élaborent leurs plans climatiques, il est temps que les dirigeants du monde entier affrontent les dures réalités de la science climatique.
Les gouvernements doivent avoir rapidement accès à des données climatiques fiables afin de pouvoir élaborer des plans climatiques nationaux actualisés. Les plans climatiques nationaux doivent également adopter une dimension mondiale. Cela est essentiel pour garantir l’équité et la justice. Par exemple, les pays développés doivent reconnaître qu’ils ont émis davantage de gaz à effet de serre et prendre l’initiative de présenter des efforts ambitieux en matière d’atténuation et de fournir des financements aux autres pays pour qu’ils puissent se décarboner et s’adapter.
En Afrique, l’ONU organise la Semaine du climat de la CCNUCC à Addis-Abeba en septembre. Outre la préparation de la COP30, des sessions seront consacrées à l’accès au financement climatique et à la garantie d’une transition juste et équitable vers zéro émission de carbone d’origine humaine d’ici 2050 (zéro net). Le sommet vise également à soutenir les pays qui travaillent encore sur leurs plans climatiques nationaux.
Si les contributions déterminées au niveau national sont mises en œuvre, le rythme du changement climatique ralentira. Cela est essentiel non seulement pour les pays – et les économies – qui sont actuellement en première ligne dans la lutte contre le changement climatique, mais aussi pour le bon fonctionnement de la société mondiale.
Seuls cinq pays du G20 ont soumis leurs plans pour 2035 : le Canada, le Brésil, le Japon, les États-Unis et le Royaume-Uni. Or, le G20 est responsable d’environ 80 % des émissions mondiales. Cela signifie que la présidence actuelle de l’Afrique du Sud au G20 peut contribuer à faire en sorte que le monde donne la priorité aux efforts visant à aider les pays en développement à financer leur transition vers une économie à faible intensité de carbone.
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Un autre facteur préoccupant est que seules 10 des contributions nationales actualisées ont réaffirmé ou renforcé leur engagement à abandonner les combustibles fossiles. Cela signifie que les plans climatiques nationaux de l’Union européenne, de la Chine et de l’Inde seront essentiels pour évaluer leur capacité à jouer un rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique et à maintenir les objectifs de l’accord de Paris en matière de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C. De nombreux autres pays examineront attentivement les engagements pris par ces pays avant de soumettre leurs propres plans climatiques nationaux.
Les données contenues dans notre rapport aident la communauté internationale à comprendre non seulement ce qui s’est passé ces dernières années, mais aussi ce à quoi il faut s’attendre à l’avenir.
Nous espérons que ces pays et d’autres soumettront des plans ambitieux et crédibles bien avant la COP30. S’ils le font, cela permettra enfin de combler le fossé entre la simple reconnaissance de la crise climatique et la prise de mesures décisives pour y remédier. Chaque tonne d’émissions de gaz à effet de serre compte.
deepltraduction Josette – article original « The IPCC: Can it regain its credibility?«
Une Terre froissée symbolise les défis environnementaux urgents, tels que le changement climatique et les catastrophes naturelles
Une bonne politique climatique repose sur une bonne science climatique. Et une bonne science climatique repose sur le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC*) depuis sa création par les gouvernements en 1988.
Le GIEC est composé de dizaines de milliers de scientifiques issus de dizaines de pays, qui couvrent les multiples facettes du « pourquoi » et du « comment » du changement climatique. Il établit une ligne consensuelle dans des rapports (*) volumineux publiés tous les cinq ou six ans. Il a si bien rempli cette mission qu’il a reçu en 2007 le prix Nobel de la paix aux côtés de l’ancien vice-président Al Gore.
Les détracteurs du GIEC le jugent beaucoup trop lent, toujours en retard de plusieurs années sur la réalité de ce qui se passe en première ligne de notre climat en mutation, et beaucoup trop sensible aux pressions politiques brutales des États pétroliers et de l’industrie des combustibles fossiles. Cependant, si vous recherchez une manifestation institutionnelle de ce à quoi ressemble une bonne science dans la pratique, le GIEC est considéré par beaucoup comme la référence en la matière.
Au fil des ans, il s’est familiarisé avec les attaques des climatosceptiques (les rangs serrés des partisans de la théorie de la Terre plate ont été sommairement écartés par le GIEC au fil des ans), des scientifiques indépendants plus radicaux (avec lesquels il a maintenu une position polie de « désaccord respectueux ») et des militants pour le climat, qu’il ignore de manière plutôt condescendante.
Mais le GIEC est aujourd’hui en grande difficulté, face à un adversaire bien plus redoutable : l’élite mondiale des actuaires ! (site des Actuaires français ici) La profession la plus aride, la plus poussiéreuse et la plus incontestablement autoritaire au monde a décidé de concentrer toute sa puissance de feu sur le GIEC, et les retombées pourraient (et devraient !) transformer le monde de la science climatique.
En janvier 2025, sans tambour ni trompette, l’Institute and Faculty of Actuaries (Institut et Faculté des Actuaires) a publié son rapport « Planetary Solvency: Finding our Balance in Nature » (*) (Solvabilité planétaire : trouver notre équilibre dans la nature), en partenariat avec des scientifiques de l’université d’Exeter. Ce rapport critique vivement les prévisions économiques orthodoxes, qui estiment que l’impact d’une augmentation moyenne de la température de 3 °C d’ici la fin du siècle serait d’environ 2 % du PIB annuel. « Ces estimations sont tout simplement erronées, plutôt que vaguement correctes, et ne tiennent pas compte du risque de ruine. » Les experts en gestion des risques de l’institut ont réévalué avec diligence les risques associés à des impacts tels que les incendies, les inondations, les sécheresses, les augmentations de température et l’élévation du niveau de la mer jusqu’en 2050 et jusqu’à la fin du siècle.
Il est désormais fort probable que nous connaitrons une augmentation moyenne de la température d’au moins 2 °C d’ici 2050 – un résultat qualifié de « catastrophique » par les auteurs du rapport. Prenez une bonne inspiration et réfléchissez aux impacts prévus de cette augmentation de 2°C :
Deux milliards de décès potentiels d’ici 2050. C’est dans seulement 25 ans. Et pour finir, sachant que nous sommes actuellement sur une trajectoire de statu quo qui mènera à une augmentation de la température d’au moins 3,7 °C d’ici 2100, la contraction du PIB passe alors à 50 % et le nombre de décès prévus à 4 milliards.
La définition de la « solvabilité planétaire » donnée par l’institut est fascinante :
La « solvabilité planétaire » évalue la capacité actuelle du système terrestre à soutenir notre société et notre économie humaines. De la même manière qu’un régime de retraite solvable est un régime qui continue à fournir des pensions, un système terrestre solvable est un système qui continue à fournir les services naturels dont nous dépendons, à soutenir la prospérité actuelle et à garantir un avenir sûr et juste.
Le problème est que le GIEC, au nom des citoyens de la planète Terre, n’évalue pas les risques de la même manière que les gestionnaires de régimes de retraite évaluent les risques pour leurs clients.
Les risques liés au changement climatique non atténué et aux phénomènes naturels ont été largement sous-estimés. Les pratiques mondiales de gestion des risques pour les décideurs politiques sont inadéquates, et nous avons accepté des niveaux de risque beaucoup plus élevés que ce qui est généralement admis.
Je ne suis pas sûr que le GIEC appréciera d’être qualifié de « précisément faux plutôt que vaguement juste », surtout lorsqu’il se plongera dans les détails de cette critique dévastatrice. Il est essentiellement accusé de :
1. S’appuyer sur une science excessivement restrictive et réductionniste, basée sur des « preuves » rétrospectives, sans aucune capacité à faire face à l’incertitude et à une analyse des risques plus sophistiquée.
2. Ne pas tenir compte de la science des points de basculement critiques : « attendre la certitude » quant à savoir si ces écosystèmes critiques vont basculer ou non, c’est risquer la ruine.
3. Utiliser des méthodologies lentes et statiques, ce qui signifie que ses évaluations des risques sont peu fréquentes et semblent incapables de prendre en compte les preuves irréfutables que le climat change beaucoup plus rapidement que ne l’indiquent ses évaluations.
4. Donner aux gouvernements une fausse assurance (et donc très dangereuse) que l’ampleur des dommages causés à l’économie mondiale par une augmentation moyenne de la température de 2 °C avant la fin du siècle sera « gérable », à environ 1,5 % du PIB mondial. C’est là que l’institut accuse le GIEC d’être « totalement dans l’erreur ».
Je suis sûr que le GIEC fournira une réponse en temps voulu. Lorsqu’il le fera, il devra tenir compte d’un autre rapport tout aussi accablant rédigé par des scientifiques de l’Institut pour les risques climatiques de l’Université de Nouvelle-Galles du Sud, qui confirme l’hypothèse des actuaires selon laquelle les risques financiers ont été sous-estimés, simplement parce que les modèles d’évaluation intégrée du GIEC, sur lesquels il s’appuie depuis des décennies, sont incapables de saisir les risques majeurs, que les actuaires qualifient de risques « peu probables mais aux conséquences catastrophiques ».
Comme l’a déclaré le professeur Andy Pitman (*), l’un des coauteurs de ce rapport :
C’est dans les situations extrêmes que les choses se concrétisent. Il ne s’agit pas de températures moyennes. Dans un avenir plus chaud, nous pouvons nous attendre à des perturbations en cascade de la chaîne d’approvisionnement, déclenchées par des événements météorologiques extrêmes dans le monde entier.
C’est bien sûr ce qui se passe déjà, sous nos yeux, en temps réel, pays après pays.
Alors, cette confrontation obscure entre les passionnés du climat et les actuaires adeptes des chiffres a-t-elle une incidence sur le monde réel ? Absolument ! Si le GIEC continue de fournir aux gouvernements des évaluations sérieusement biaisées des risques climatiques, leur offrant toutes les variantes imaginables de couvertures réconfortantes qui nous protègent de la « vérité toute entière » sur l’accélération du changement climatique, alors il n’y a littéralement aucun moyen pour que les gouvernements apportent des réponses opportunes et proportionnées à la crise.
Et nous en paierons tous le prix.
Entre-temps, la résurgence du déni climatique aux États-Unis, alimentée par la détermination de l’administration Trump à tuer les industries vertes en plein essor, a déjà des conséquences prévisibles.
Entre autres, les grandes banques américaines se sentent libérées de leurs efforts timides pour contribuer aux objectifs de décarbonisation Net Zero, et sont trop impatientes de se dégager de la Net Zero Banking Alliance (*) et d’autres exercices de greenwashing de ce type. Interprétant les signes politiques, Morgan Stanley a récemment déclaré : « Nous nous attendons désormais à un réchauffement climatique de 3 °C », sans même mentionner les conséquences économiques d’un tel réchauffement, d’autant plus qu’il y a énormément d’argent à gagner sur la voie de l’apocalypse.
Un article récent publié dans Politico commentait un « rapport de recherche banal de Morgan Stanley (*) sur l’avenir des actions dans le secteur de la climatisation ». Le « marché mondial du refroidissement » représente déjà 235 milliards de dollars, et les analystes de Morgan Stanley s’attendent désormais à ce qu’il connaisse une croissance annuelle de 7 % au lieu de 3 %, alors que le monde continue de se réchauffer ! Comme l’a dit le militant pour le climat Bill McKibben (*), « confrontés à la probabilité de l’enfer, ils cherchent un moyen de vendre des climatiseurs au diable ».
Nous pouvons nous attendre à beaucoup plus de ce genre de choses, avec les conseils d’innombrables gestionnaires d’actifs et banques sans scrupules sur « comment fonctionner de manière rentable alors que les températures grimpent et que les effets du changement climatique s’aggravent » – comment les riches peuvent continuer à s’enrichir aux dépens de la fin de la vie sur Terre.
Et au cas où vous auriez déjà relégué au fond de votre esprit cette analyse de l’Institut et Faculté des actuaires, permettez-moi de vous rappeler que dans un monde réchauffé de 2 °C, le PIB se contractera de plus de 25 %, avec « des évènements de mortalité humaine massive entrainant plus de 2 milliards de décès ».
Je me demande ce que le GIEC aura à dire sur le monde réchauffé de 3 °C de Morgan Stanley ?
reprise d’un post paru sur le profil Facebook de Jean-Marc Jancovici rédigé par Adrien Couzinier
Texte original : A Formula to Keep the Science Flame Burning
8 juillet 2025, James Hansen
Sensibilité climatique
Les trois méthodes d’analyse – paléoclimat, observations satellites et modélisation climatique – indiquent une sensibilité climatique nettement plus élevée que la meilleure estimation du GIEC de 3 degrés Celsius ; notre meilleure estimation est de 4,5 degrés Celsius.
Remarque : 4,5 °C se situe dans la plage très probable définie par le GIEC. « Sur la base de multiples sources de preuve, la plage très probable de la sensibilité climatique à l’équilibre est comprise entre 2 °C et 5 °C » (GIEC AR6 WG1 SPM A.4.4).
Inaction gouvernementale
Mes interactions avec le gouvernement révèlent des décennies d’échec pour prendre des mesures sensées, peu coûteuses, et efficaces pour répondre aux besoins énergétiques et au changement climatique. Le problème vient des intérêts financiers particuliers, notamment l’industrie des combustibles fossiles et le complexe militaro-industriel, qui influencent les politiques.
Militarisme
Le militarisme tend à créer des ennemis permanents et empêche la coopération mondiale nécessaire pour faire face au changement climatique.
La science elle-même est menacée aujourd’hui, d’une manière que je pensais désormais impossible : la tentative du président Trump de fermer les laboratoires climatiques et d’arrêter la collecte des données climatiques constitue une nouvelle menace qui mérite une attention particulière.
Les scientifiques qui voient et comprennent la menace doivent s’exprimer.
Expliquer ce cri d’alarme est simple : dépasser les +1,5°C va créer beaucoup, beaucoup de malheurs et monter au-delà va les augmenter pour chaque dixième de degré en +.
Avec une sensibilité climatique + élevée, ce franchissement de niveau de malheur supplémentaire va se faire assez rapidement.
De plus, il est très peu probable que nous puissions revenir en arrière. Cet état délabré risque donc de durer des siècles : nous devons l’éviter à tout prix.
(Extraits : par adrien Couzinier)
L’article original
Références
Reprise d’un post LinkedIn d’Hélène Grosbois – titre obsant
Les modèles climatiques utilisés par le GIEC, même les plus avancés tels CMIP6, intègrent les puits de carbone, mais le font de manière très incomplète et largement idéalisée.
Ces modèles incluent des composantes biogéochimiques du sol et océaniques qui simulent le cycle du carbone dans les océans à travers des processus tels que la photosynthèse du phytoplancton, la respiration, la reminéralisation, la sédimentation, et la circulation océanique profonde.
Cependant, ils s’appuient le plus souvent sur des paramètres calibrés à partir de moyennes historiques, en supposant une stabilité fonctionnelle du plancton océanique et de ses capacités de fixation du carbone. Ce qui est malheureusement faux.
Depuis plus d’un demi-siècle, des recherches scientifiques ont pourtant démontré un déclin massif et continu de la biomasse du sol et phytoplanctonique mondiale, avec une perte estimée en moyenne à 1% par an depuis les années 1950, comme l’a démontré l’étude de Boyce et al. publiée dans Nature en 2010, soit 70% en 70 ans, rien d’étonnant puisque ces ordres de grandeurs sont observés aussi sur la terre ferme pour les vertébrés et les invertébrés.
Ce déclin en lien avec les pesticides (*) est pourtant parfaitement connu et documenté depuis les années 70 (et avant en réalité). Les poisons toxiques que sont les pesticides, atteignent les milieux marins par ruissellement, transport atmosphérique, et affectent non seulement le Vivant qui fait du sol un puit de carbone, mais aussi la productivité du phytoplancton, et également la biodiversité et la dynamique du zooplancton qui en dépend autrement dit, pratiquement l’intégralité de la vie océanique.
Malgré la connaissance de ces effets dans certains rapports du GIEC, notamment le Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère (SROCC, 2019), la dégradation continue de la pompe biologique à carbone n’est pas intégrée quantitativement dans les modèles climatiques globaux.
Autrement dit, les simulations utilisées pour établir les trajectoires climatiques futures reposent implicitement sur l’hypothèse que le puits océanique fonctionnera de manière relativement stable à moyen et long terme. Il n’existe à ce jour, dans les modèles de scénarisation du GIEC, aucun couplage dynamique explicite entre l’usage global des pesticides et la dégradation progressive du réseau trophique planctonique et du sol. Cela conduit à une surestimation de la capacité d’absorption des sols et des océans en CO₂ anthropique, et donc à une sous-estimation du réchauffement et/ou des risques de rétroactions.
Ainsi, l’extermination globale de la biodiversité et de ses puits de carbone associés par les pesticides n’est pas prise en compte.
Parce que, dois-je le préciser, exterminer le Vivant, c’est exterminer le climat.
Tout comme le Vivant est malade, nous sommes malades et les puits de carbone aussi sont malades, empoisonnés par les pesticides.
Le non-dépassement de 1,5 degré de réchauffement climatique global a toujours été une chimère
Paris, décembre 2015 : objectif 2°C max. ! i
Lors de la COP21ii à Paris en décembre 2015, le Président français François Hollande, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius (Président de la COP) et le secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-moon placent la barre de l’objectif de la conférence très haut. Il s’agit d’obtenir un accord autour d’un réchauffement contenu à + 2° maximum. Si possible à + 1,5° iii.
Le succès politique et diplomatique est sans égaliv. L’accordv sera signé.
Voici ce qu’en dit le regretté Hubert Reevesvi en 2016 :
«C’est un succès politique. Quand on sait la difficulté à se mettre d’accord dès que les participants à une discussion deviennent de plus en plus nombreux, c’est un véritable exploit que d’avoir réussi à obtenir un accord, le samedi 12 décembre 2015, des 195 États participant à la conférence. C’est donc une date historique. À la fois, contenir le réchauffement global de la planète sous le seuil de 2 °C, et surtout le maintenir à 1,5 °C, c’est un accord jugé ambitieux, et c’est un objectif irréaliste. Aucune mesure contraignante n’étant décidée, cet objectif ne pourrait être atteint que par miracle. Chacun sait que les miracles sont rarissimes. Donc croire au miracle ne suffira pas : il faudra, il faut agir.»vii
Tout est dit.
L’accord est très ambitieux. A la hauteur des enjeux. Mais l’objectif est irréaliste, dès le départ.
Dans un communiqué de l’AFP repris par la RTBF en 2016viii , on peut lire :
« La mention du 1,5°C dans l’accord a été un combat des pays les plus exposés au changement climatique, mais beaucoup d’experts doutent de sa faisabilité. »
Et aussi :
« L’accord ne comprend pas d’objectif contraignant décliné par pays, … Chaque pays s’est fixé ses propres objectifs de réduction des émissions pour 2025 ou 2030.».
« La réalisation de ces plans d’actions nationaux éviterait les catastrophiques +4/5°C prévisibles en l’absence de politiques climatiques, mais met encore la planète sur une trajectoire toujours extrêmement dangereuse de +3°C. »
« Dans l’accord, la première révision obligatoire est prévue en 2025, une date bien trop tardive pour respecter le 2°C. » (sic)
10 ans plus tard, la messe est dite.
La « première révision obligatoire » est sans appel. Après compilation des données les plus récentes, un groupe d’une soixantaine de scientifiques publie une mise à jour d’indicateurs clés du système climatiqueix.
Voici ce qu’en dit Valérie Masson-Delmottex, l’une des participantes à ces travaux :
« Le budget carbone résiduel pour limiter le réchauffement à 1,5°C avec 50% de chance s’épuise rapidement (…) et correspond à environ 3 ans d’émissions de CO2 au niveau actuel (130 Gt). C’est un rappel à la réalité des faits : les efforts engagés depuis l’Accord de Paris (il y a 10 ans) n’ont pas été suffisants pour limiter le réchauffement à 1,5°C. » xi
Si ce constat met fin à l’objectif de rester sous les 1,5° de réchauffement, il reste intéressant de se souvenir que sa faisabilité n’était pas consensuelle.
Et cela dès 2015xii.
Sylvestre Huetxiii écrit dans Le Monde à propos de ce qu’il appelle l’ouverture [politique] aux pays vulnérables :
« C’est probablement une erreur. Parce qu’elle ne s’appuie pas sur une analyse scientifique et débouche, pour cette raison, sur une impasse. Il n’y a rien de pire qu’un objectif chiffré et précis, mais inatteignable, dans un combat de long terme. A ne pas confondre avec une utopie mobilisatrice. Or, ce que disent les scientifiques, comme le climatologue Jean-Louis Dufresne du Laboratoire de météorologie dynamique (Institut Pierre Simon Laplace), c’est que les 1,5°C sont déjà dans l’atmosphère ».
Et de continuer par :
« Même un hara-kiri général ne permet pas de respecter 1,5°C… ».
« …, même si, hypothèse d’école, totalement farfelue et irréaliste, les hommes cessaient demain matin d’émettre tout gaz à effet de serre – pour cela il faudrait que nous passions tous de vie à trépas sans délai – la température de la planète continuerait de s’élever de quelques trois dixièmes de degré. »xiv.
2018 – Parution du rapport GIEC sur les impacts et les trajectoiresxv
La parution en 2018 du rapport du GIEC sur les effets d’un réchauffement de 1,5 °C des températures mondiales [re] montre la taille des enjeuxxvi et déjà premiers les manquements aux engagementsxvii tombent.
Pour certains « Il est encore possible de faire le nécessaire pour rester en dessous, ou en tout cas de le dépasser à peine puis d’y revenir »xviii, d’autres évoquent « l’illusion démobilisatrice du scénario à 1,5°C »xix.
En 2020, cinq années à peine après les accords de Paris, émane du monde académique une inquiétude fondamentale avec une lettre publique explicite :
« Seule une discussion sur l’effondrement permettra de s’y préparer »xx.
« En tant que scientifiques et universitaires du monde entier, nous appelons les décideurs politiques à s’engager ouvertement face au risque de perturbation, voire d’effondrement, de nos sociétés. Cinq ans après l’accord de Paris sur le climat, nous n’avons pas réussi à réduire nos émissions de carbone, et nous devons maintenant en tirer les conséquences. »
Toujours en 2020, la baisse des activités humaines liée au Covid19 entraîne réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) qui ne durera pas.
« Ça y est, le monde est de retour à l’avant-Covid-19 pour les émissions de GES »xxi écrit Yohan Demeure au début de l’année suivante.
En 2021, des scientifiques de renom mettent en garde contre « l’effroyable avenir au niveau de l’extinction de masse » et le dérèglement climatiquexxii.
Et d’affirmer :
« que le monde ne saisit pas l’ampleur des menaces que constituent la perte de biodiversité et la crise climatique. La planète est confrontée à un « avenir épouvantable d’extinction de masse, de déclin sanitaire et de bouleversements climatiques », qui menacent la survie de l’humanité en raison de l’ignorance et de l’inaction… ».
« … les gens n’ont toujours pas saisi l’urgence des crises de la biodiversité et du climat. »
Le 1er août 2022, dans une revue scientifique américainexxiii un collectif des climatologues réputés affirme :
« …il existe de nombreuses raisons de penser que le changement climatique pourrait entraîner une catastrophe mondiale. L’analyse des mécanismes à l’origine de ces conséquences extrêmes pourrait contribuer à galvaniser l’action, à améliorer la résilience et à informer les politiques, y compris les réponses d’urgence. »xxiv.
Toujours en 2022, des chercheurs identifient « 425 « bombes carbone » qui pourraient réduire à néant la lutte contre le dérèglement climatique »xxv. Selon ces travauxxxvi, ces projets, s’ils étaient menés à terme, pourraient à eux seuls dépenser le budget carbone déterminé à la conférence de Paris.
En 2023, James Hansenxxvii, figure emblématique de la recherche sur le climat aux États-Unis, prévient déjà du dépassement inévitable des 1,5° degrèsxxviii.
Ce qu’évoque également Xavier Fettweisxxix :
« Pour la première fois depuis l’ère préindustrielle (1850-1900), le fameux seuil de +1.5°C a été atteint ou presque (+1.48°C signalé par Copernicus (*) à l’échelle globale pulvérisant le précédent record (2017) de +0.17°C. Depuis juillet 2023, c’est en fait tous les jours ou presque que la température bat les précédents records journaliers avec des anomalies à l’échelle globale atteignant parfois les +2°C ces derniers mois. »xxx.
La dichotomie entre les discours volontaristes (on y arrivera) et réalistes (on n’en fait pas assez) continuera et prendra une tournure politique en 2023 en France avec le plan d’adaptation à un réchauffement de 4° à la fin du siècle.
Sur le blog du think tank « Terra Nova », Marine Braudxxxi questionne :
« Adapter la France à +4°C : lubie politique ou nécessité fondée sur la science ? ».
Et d’évoquer les réactions :
« Scandale chez certains dans l’opposition qui reprochent au ministre d’abandonner l’atténuation, incompréhension chez quelques partenaires internationaux qui s’interrogent sur ce que cela signifie des ambitions de la France dans la baisse des émissions de gaz à effet de serre, mais… large soutien de la sphère environnementale, des ONG aux scientifiques. Ils considèrent en effet que la responsabilité du Gouvernement est bien de regarder en face la réalité du changement climatique et de préparer le pays à affronter ses conséquences, tout en faisant tout pour réduire drastiquement les émissions de gaz à effet de serre et limiter ainsi le réchauffement que nous aurons à subir. »xxxii.
Mais, que pense la communauté scientifique de l’avenir climatique? C’est la question que The Guardianxxxiii a posé à 380 climatologues de renom.
« Terrifiés mais déterminés à continuer à se battre »xxxiv écrit Damian Carrington en mai 2024.
Toujours sous la plume de Damian Carrington dans The Guardianxxxv des experts affirment « … que de nombreux signes vitaux de la Terre ont atteint des records extrêmes […] l’avenir de l’humanité est en jeu ! »xxxvi.
Avons-nous atteint « Le Point de Non-Retour » ? C’est la question que pose Bill McGuirexxxvii dans un article intitulé : « À quel point le Monde est-il proche d’un changement climatique irréversible ? »xxxviii.
On peut y lire : « Notre compréhension des points de basculement climatiques a considérablement évolué au cours des deux dernières décennies. Il y a vingt ans, ils n’étaient considérés comme des menaces sérieuses que si et quand un réchauffement global non atténué augmentait la température moyenne de la planète (par rapport à l’ère préindustrielle) de 4°C ou plus. Aujourd’hui, nous savons que des éléments essentiels du système climatique pourraient basculer à la suite d’une augmentation de la température mondiale d’un peu plus de 1°C… »
Notre avenir climatique pourrait être comparé à une épreuve de saut en hauteur.
Quels que soient les efforts fournis, si la barre tombe, l’essai est recalé.
Mais, au lieu de descendre la barre pour le saut suivant, la hauteur de la barre (la taille de l’effort à réaliser) est relevée ! L’objectif suivant devient le dixième de degré supérieur.
Et plus le temps passe, plus la taille de l’effort augmente pour des résultats escomptés – en terme de viabilité planétaire – de moindre qualité.
Les « limites planétaires » sont biens réelles ! xxxix
2025, l’année Trump …
Sauf à vivre en dehors de toute information, il est difficile de ne pas se rendre compte que l’année a mal commencé.
Dès janvier « Donald Trump a amorcé … une marche arrière toute dans la lutte contre le changement climatique, mettant en péril les efforts mondiaux pour le freiner. »xl.
Parmi les mesures prises, celles qui s’attaquent directement à la science en général, à celle du climat en particulier.
« L’administration Trump supprime le soutien à la recherche scientifique aux États-Unis et à l’étranger qui contient un mot qu’elle trouve particulièrement gênant, à savoir « climat « », écrit Oliver Milman dans The Guardianxli dès le mois de février.
… et de la désinformation
Et comme si l’ensemble du panorama n’était pas déjà fort sombre, il faut compter avec une désinformation de taille XXL. Contre laquelle « la résistance s’organise enfin », écrit Eva Morel fin mars : « Au Brésil, à quelques mois de la COP30, la naissance d’une coalition mondiale de lutte contre la désinformation climatique » xlii.
A l’évidence, les efforts à consentir pour limiter le réchauffement ne sont pas à l’agenda.
Une réelle limitation des activités économiques fortement génératrices de gaz à effet de serre ne fait partie d’aucun business plan, d’aucun programme politique.
L’assise électorale des causes environnementales s’est rétrécie.
L’émergence d’une conscience collective suffisamment large des enjeux se fait attendre.
SUV, voyages en avion, intelligence artificielle, … les consommations non-indispensables explosent.
En 2023, James Hansen, déclarait :
« Les vagues de chaleur record qui ont frappé les États-Unis, l’Europe, la Chine et d’autres pays ces dernières semaines ont renforcé « le sentiment de déception que nous, scientifiques, n’ayons pas communiqué plus clairement et que nous n’ayons pas élu des dirigeants capables d’une réponse plus intelligente ».
« Cela signifie que nous sommes de sacrés imbéciles », a déclaré M. Hansen à propos de la lenteur de la réponse de l’humanité à la crise climatique. « Nous devons y goûter pour y croire « .xliii
Difficile de lui donner tort.
i https://obsant.eu/entrees/20150922paris2degre.pdf
ii https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Paris_de_2015_sur_les_changements_climatiques
iii https://www.lemonde.fr/planete/article/2015/06/05/rechauffement-le-seuil-limite-des-2-c-est-trop-eleve_4647811_3244.html
iv https://obsant.eu/entrees/20151214_2015tournant.pdf
v https://obsant.eu/entrees/20151212cop21accordasignerFR.pdf
vi https://obsant.eu/une-signature/?aut=Hubert%20Reeves
vii https://obsant.eu/entrees/20160513reeves.pdf
viii https://www.rtbf.be/article/climat-a-quoi-s-engagent-les-signataires-de-l-accord-de-paris-9447343
ix https://www.earth-system-science-data.net/about/news_and_press/2025-06-19_indicators-of-global-climate-change-2024-annual-update-of-key-indicators-of-the-state-of-the-climate-system-and-human-influence.html
x https://obsant.eu/valerie-masson-delmotte/
xi https://www.linkedin.com/posts/val%C3%A9rie-masson-delmotte-b03926206_bonjour-avec-60-scientifiques-de-54-institutions-ugcPost-7341428396897271809-qYrd/
xii https://obsant.eu/entrees/20131202cop21limiterhorsportee.pdf
xiii https://obsant.eu/sylvestre-huet/
xiv https://obsant.eu/entrees/20151204_cop21_2ou1_5.pdf
xv https://obsant.eu/entrees/20181024giec.pdf
xvi https://obsant.eu/entrees/20181008giec5.pdf
xvii https://obsant.eu/entrees/20181102europe.pdf
xviii https://obsant.eu/entrees/20181010giec6.pdf
xix https://obsant.eu/entrees/20181102giec.pdf
xx https://obsant.eu/blog/2020/12/08/seule-une-discussion-sur-leffondrement-permettra-de-sy-preparer/
xxi https://sciencepost.fr/ca-y-est-le-monde-est-de-retour-a-lavant-covid-19-pour-les-emissions-de-ges/
xxii https://obsant.eu/blog/2021/01/19/des-scientifiques-de-renom-mettent-en-garde/
xxiii https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2108146119
xxiv https://obsant.eu/blog/2022/08/03/climate-endgame/
xxv https://obsant.eu/entrees/20220515co2.pdf
xxvi https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0301421522001756?via%3Dihub
xxvii https://obsant.eu/james-hansen/
xxviii https://obsant.eu/blog/2024/01/12/le-rechauffement-de-la-planete-depassera-le-seuil-de-15c-cette-annee-selon-un-ancien-scientifique-de-la-nasa/
xxix https://obsant.eu/xavier-fettweis/
xxx https://obsant.eu/blog/2024/04/15/2023-records-climatiques/
xxxi https://tnova.fr/contributeurs/marine-braud/
xxxii https://tnova.fr/ecologie/climat/adapter-la-france-a-4-c-lubie-politique-ou-necessite-fondee-sur-la-science/
xxxiii https://www.theguardian.com/environment/ng-interactive/2024/may/08/hopeless-and-broken-why-the-worlds-top-climate-scientists-are-in-despair
xxxiv https://obsant.eu/blog/2024/05/14/terrifies-mais-determines/
xxxv https://www.theguardian.com/environment/2024/oct/08/earths-vital-signs-show-humanitys-future-in-balance-say-climate-experts
xxxvi https://obsant.eu/blog/2024/10/15/signes-vitaux/
xxxvii https://billmcguire.substack.com/p/the-point-of-no-return-how-close
xxxviii https://obsant.eu/blog/2024/10/25/le-point-de-non-retour/
xxxix https://sciencepost.fr/le-point-de-rupture-de-la-septieme-limite-planetaire-a-ete-frole/
xl https://www.connaissancedesenergies.org/afp/trump-annonce-une-marche-arriere-toute-sur-laction-climatique-250120-0
xli https://obsant.eu/blog/2025/02/26/trump-casse-le-climat/
xlii https://vert.eco/articles/au-bresil-a-quelques-mois-de-la-cop30-la-naissance-dune-coalition-mondiale-de-lutte-contre-la-desinformation-climatique
xliii https://obsant.eu/blog/2023/07/20/nous-sommes-des-imbeciles/
L’opinion de Mark Lynas – deepltraduction Josette – un article de Damien Gayle paru dans The Guardian
Mark Lynas a passé des décennies à faire pression pour que l’on agisse sur les émissions de gaz à effet de serre, mais il affirme aujourd’hui que la guerre nucléaire est une menace encore plus grande.
Le dérèglement climatique est généralement présenté comme la menace la plus importante et la plus urgente que l’homme fait peser sur l’avenir de la planète aujourd’hui.
Mais qu’en serait-il s’il existait une autre menace, plus grave, causée par l’homme et susceptible d’anéantir non seulement la civilisation humaine, mais aussi la quasi-totalité de la biosphère, en un clin d’œil ?
À l’heure où vous lisez ces lignes, environ 4 000 armes nucléaires sont prêtes à effectuer une première frappe dans l’hémisphère nord, soit une puissance de feu atomique suffisante pour tuer jusqu’à 700 millions de personnes rien qu’avec les explosions et les brûlures.
Et ce n’est qu’un début. Les explosions et les incendies – sans précédent sur Terre depuis la collision avec la comète qui a entraîné l’extinction massive du Crétacé – enverraient suffisamment de suie dans la stratosphère pour recouvrir le globe d’une ombre impénétrable. L’absence de lumière signifie l’absence de photosynthèse, qui est à la base des réseaux alimentaires planétaires. Sans chaleur, la surface de la Terre plongerait dans un hiver glacial qui durerait des années.
Tel est le message de Mark Lynas, un écrivain britannique qui, depuis vingt ans, s’efforce d’aider les gens à comprendre la science du dérèglement climatique tout en les incitant à prendre des mesures pour réduire les émissions de carbone. Mais après trois ans de recherche pour un nouveau livre, publié le mois dernier, il considère maintenant que la guerre nucléaire est une menace encore plus grande.
« Il n’existe aucune possibilité d’adaptation à la guerre nucléaire », a déclaré M. Lynas. « L’hiver nucléaire tuera la quasi-totalité de la population humaine. Il n’y a rien à faire pour s’y préparer et rien à faire pour s’adapter lorsqu’il survient, parce qu’il se produit en l’espace de quelques heures.
« Il s’agit d’un risque existentiel bien plus catastrophique que le changement climatique. »
M. Lynas a commencé à travailler sur la guerre nucléaire en 2022, peu après l’invasion massive de l’Ukraine par la Russie. Comme beaucoup de personnes nées à l’époque de la guerre froide, il connaissait le concept de l’hiver nucléaire, c’est-à-dire l’impact environnemental probable d’un échange thermonucléaire mondial. Mais ce qui est ressorti de ses recherches est bien plus terrifiant.
Alors que le reste du monde oubliait progressivement la menace nucléaire, les chercheurs ont commencé à appliquer les nouveaux modèles de la science du climat – les mêmes que ceux utilisés pour prédire la menace croissante d’un dérèglement climatique – afin de comprendre ses implications dramatiques.
« L’incendie des villes est le mécanisme qui provoque l’hiver nucléaire », a déclaré M. Lynas. « La suie est transportée par des nuages pyrocumulonimbus – de gros nuages d’orage générés par les incendies – qui la pompent, comme une cheminée, dans la stratosphère.
« Une fois qu’elle a dépassé la tropopause, dans la stratosphère, il ne peut plus pleuvoir. Et comme elle est de couleur foncée, elle capte le soleil, se réchauffe et s’élève de plus en plus. Il fait probablement totalement noir à la surface pendant des semaines, voire des mois ».
La température descend rapidement en dessous du point de congélation. Et elle y reste pendant des années. « Il n’y aura plus jamais de récolte pour l’humanité. La nourriture ne poussera plus jamais. Le temps que le soleil réapparaisse et que les températures remontent, en l’espace d’une dizaine d’années, tout le monde sera mort. »
Quelle est la probabilité de ce scénario ? Personne ne serait assez fou que pour déclencher une guerre nucléaire ? En fait, selon M. Lynas, c’est possible. Après tout, les États-Unis ont utilisé des armes nucléaires contre des civils au Japon en 1945 et, depuis lors, le monde s’est trouvé à plusieurs reprises à quelques minutes d’une guerre nucléaire, que ce soit par accident ou par esprit de guerre.
Aujourd’hui, les États-Unis et la Russie ont adopté des doctrines de première frappe qui menacent d’utiliser des armes nucléaires même en cas d’attaques conventionnelles (la Chine, notamment, a une politique de « non-utilisation en premier »).
Pendant ce temps, les armes nucléaires continuent de proliférer. Les États-Unis et la Russie détiennent les arsenaux les plus importants, avec environ 12 000 armes à eux deux. La Chine est en train de rattraper son retard, avec un arsenal estimé à 500 armes en 2024. La Grande-Bretagne, la France, Israël, l’Inde, le Pakistan et la Corée du Nord sont également armés. L’Iran est apparemment sur le point de mettre au point sa propre arme, une étape que les observateurs craignent qu’il ne soit plus enclin à franchir après les attaques israéliennes de la semaine dernière. [l’article date d’avant l’opération Midnight Hammer]
Le risque d’erreur est également élevé. Si les systèmes d’alerte précoce américains se déclenchaient, la doctrine nucléaire américaine donnerait six minutes à Donald Trump pour décider s’il s’agit d’un problème (ce qui s’est déjà produit) ou pour réagir en conséquence. La Russie disposerait d’un système de « main morte » qui lancerait automatiquement des missiles balistiques au cas où ses propres structures de commande et de contrôle seraient désactivées.
Que peut-on donc faire ? Pour commencer, nous pourrions cesser de l’ignorer. M. Lynas appelle à la renaissance d’un mouvement antinucléaire d’une ampleur comparable à celle du mouvement climatique actuel, bien qu’il ait des critiques à formuler à l’égard des mouvements antérieurs de ce type.
« Du côté des réussites, il y avait des personnes très dévouées qui ont consacré toute leur vie à cette question, en très grand nombre », a-t-il déclaré. « Mais c’était aussi un mouvement politiquement très, très à gauche, très hippie, du type mouvement pour la paix – des espaces réservés aux femmes. Et ce genre de choses, bien sûr, signifie que toute personne politiquement centriste ou de droite n’est pas impliquée.
« Et si vous avez une base politique très étroite dans votre mouvement, vous aurez un taux de réussite très faible. »
Lynas rejette le désarmement nucléaire unilatéral, qu’il considère comme naïf, et soutient – contrairement aux précédents militants antinucléaires – que l’énergie nucléaire non seulement ne constitue pas une menace, mais qu’elle pourrait même être un avantage considérable pour la civilisation humaine, notamment en raison de son potentiel de production d’énergie à faible teneur en carbone.
Néanmoins, certaines de ses suggestions sont assez radicales, y compris le fait de traiter tous les membres de la chaîne de commandement des « neuf États nucléaires », depuis les dirigeants jusqu’au bas de l’échelle, comme des criminels de guerre potentiels, soumis à des restrictions légales et à des sanctions dans les États qui choisissent de ne pas détenir d’armes nucléaires.
Malgré toutes ces sombres possibilités, M. Lynas voit de l’espoir – et dans des endroits inhabituels. « Trump a le mérite de bousculer les choses d’une manière qui pourrait conduire à un résultat plus positif », a-t-il déclaré. Tout comme il a fallu un autre président républicain, Ronald Reagan, pour donner le coup d’envoi du désarmement américain et soviétique dans les années 1980, M. Trump pourrait faire ce que les démocrates, désireux de prouver leur force, ne pouvaient – ou ne voulaient – pas faire.
« Et vous savez, peut-être que sa bromance avec [Vladimir] Poutine et Kim Jong-un ou autre les amènera à la table des négociations ».
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